|
eXXXpressions, le livre, et eXXXpressions en direct, le filmNicole Nepton, Vendredi, Avril 28, 2006 - 07:38 (Reportage ind. / Ind. news report | Droits / Rights / Derecho | Femmes / Women / Mujeres | Resistance & Activism) En mai 2005, se rassemblaient 250 travailleuses et travailleurs du sexe et militant-es du monde entier lors du Forum XXX. Cette rencontre leur permettait de tracer l'histoire et le portrait de leurs mouvements respectifs, de développer des perspectives communes et de dégager des stratégies d'action futures pour promouvoir et défendre leurs droits et libertés fondamentales. Suite au Forum XXX, Stella présente eXXXpressions, le livre, et eXXXpressions en direct, le film, une compilation des présentations, discussions, stratégies et mémoires du forum. Travailleuses du sexe debouttes! Sans précédent au Québec, le Forum XXX de mai 2005 permettait de consolider le soutien communautaire par et pour les travailleuses du sexe et de s’attaquer au stigmate qui entache les personnes qui font le travail du sexe. Essentiellement, ce forum allait être un moyen de contrer les effets de la marginalisation en permettant à 250 personnes ayant une expérience de travail dans l’industrie du sexe ou œuvrant dans des organismes qui offrent des services aux travailleuses du sexe, ainsi qu'à leurs allié-es, d’échanger et de discuter entre elles. Ensemble, les participant-es en provenance des quatre coins du monde allaient faire un bilan collectif du mouvement des travailleuses et travailleurs du sexe, développer une vision commune des actions entreprises et penser des stratégies d’action pour le futur. Au Canada, deux grandes conférences internationales avaient déjà impliqué des travailleuses et travailleurs du sexe. En 1985, la conférence intitulée "Challenging Our Images: The Politics of Pornography and Prostitution" avait lieu à Toronto. Cette rencontre faisait suite aux travaux déposés dans les années 1980 par le Comité Badgley sur les infractions sexuelles à l’égard des enfants et des jeunes et par le Comité Fraser sur la pornographie et la prostitution. Souhaitant tirer des conclusions de ces travaux, des femmes et des féministes organisaient une conférence entre travailleuses du sexe et féministes. Suite à cette rencontre, beaucoup de dissensions ont émergé. Ces retombées négatives ont instauré un important clivage entre les groupes de femmes qui exercent le travail du sexe et les autres groupes de femmes. Puis en 1996, la conférence intitulée Quand le sexe travaille/When Sex Works avait lieu à l’UQÀM. Elle visait à regrouper les personnes dont les études ou le travail concernent la prostitution et d’autres formes de travail du sexe, entre autres dans le but de nourrir la recommandation de la décriminalisation de la prostitution soumise au gouvernement canadien à la fin de la conférence. Suite à cette conférence était créé le Comité permanent montréalais sur la prostitution de rue et la prostitution juvénile. Par ailleurs, les travailleuses et travailleurs du sexe ont déploré que leurs besoins et préoccupations n’avaient pas été adéquatement reflétés ni dans les contenus ni dans l’organisation de la rencontre. Rappelons qu'ils étaient peu nombreux à cette conférence à la participation hétérogène. De là naissait aussi la Coalition pour les droits des travailleuses et des travailleurs du sexe de Montréal. Afin d’éviter les écueils rencontrés lors de ces précédentes conférences, le Forum XXX abordait prioritairement des questions d’intérêt pour les personnes qui exercent le travail du sexe et inscrivait leurs besoins au centre de toutes les étapes de son développement et de sa réalisation. À la lecture des eXXXpressions, il est clair que cet événement a permis aux personnes qui travaillent dans l’industrie du sexe de nommer leurs conditions de vie et de travail, d’améliorer leurs capacités d’action, de contrôle, de résistance et d’autonomie, et de développer un réseau plus solide. L’évolution d’un contexte social solidaire nécessite de légitimer les personnes qui font le travail du sexe en accroissant leurs capacités, en rehaussant leur intégration dans la communauté, en améliorant leur accès à des services judiciaires, communautaires et de santé, et en facilitant l’émergence de représentations sociales non stigmatisantes. Malheureusement, à cet égard, la situation actuelle est inquiétante puisque bon nombre de sociétés ont tendance à regarder le "problème de la prostitution" sous toutes sortes d’autres angles (moral, idéologique, déviance, criminalisation, stigmate, sensationnalisme) que celui des personnes qui en font l’exercice, et ce, sans nécessairement établir les interconnexions entre les déterminants structurels de la santé, comme les stéréotypes et les lois, et la santé des personnes qui travaillent dans l’industrie du sexe. Une meilleure compréhension de la globalité des enjeux auxquels font face les travailleuses du sexe est essentielle. Construire cette compréhension était le filon de la trame générale de la programmation du Forum XXX. eXXXpressions est divisé en quatre parties, chacune reflétant un moment privilégié du Forum XXX. À travers ces pages, les actes des conférences prononcées sont agrémentés d’une cinquième partie intitulée "Bons baisers du forum" qui contient des illustrations, des coupures de presse et d’autres souvenirs cocasses laissés par des militant-es, sympathisant-es et allié-es de passage à Montréal du 18 au 22 mai 2005. La première partie du document rend compte de la seule session du forum ouverte au public. La conférence intitulée "Travailleuses du sexe au-delà des frontières" visait à faire connaître l’expertise internationale de militantes québécoises, françaises, indiennes et australiennes. Près de 700 personnes ont assisté à cette conférence d’ouverture où les panélistes dressaient le portrait de la situation des travailleuses du sexe dans leurs pays respectifs, présentaient un bilan de leurs expériences de soutien et d’organisation et identifiaient des perspectives d’avenir pour le mouvement des travailleuses du sexe sur le plan des conditions de vie, de travail et de santé. Les présentations étaient entrecoupées de performances humoristiques des Debby Doesn't Do It For Free. Le reste de la programmation du Forum XXX était réservé aux participant-es et s’organisait autour de trois grands axes de discussion, afin de dégager des pistes d’actions individuelles et collectives sur les différents facteurs qui ont un impact sur la santé. La deuxième partie d’eXXXpressions, "Moi et mon travail", porte sur la façon dont les stratégies individuelles peuvent nourrir des actions collectives visant à améliorer la santé, la sécurité et le respect de la dignité des travailleuses et travailleurs du sexe. On y souligne l’importance qu’occupent les expériences personnelles, la diversité des réalités vécues et les différents rôles occupés dans les milieux de vie et de travail. Les trois textes présentés en plénière viennent du Québec, d’Israël et de la Thaïlande. Chacun apporte une vision de l’action individuelle et exprime comment celle-ci peut entraîner des changements et des transformations dans le discours social dominant et la réalité du travail du sexe. Ensuite figure une synthèse des discussions soulevées en atelier par les participant-es face à ce thème. Les éléments discutés touchent à la fierté, au "coming out", à la santé personnelle et à la sécurité au travail, et à la voix des clients. La troisième partie, "Travail du sexe et société", met en lumière l’environnement social à l’intérieur duquel s’exerce le travail du sexe et la façon dont les travailleuses et travailleurs du sexe réagissent face au discours social dominant. Des conférencières de l’Inde, de l’Argentine et du Canada ont partagé leur perception du contexte social face au travail du sexe et les moyens qu’elles ont utilisés pour répondre et résister à la stigmatisation, à la discrimination et à la violence. En atelier, les participant-es ont réfléchi sur l’importance qu’occupe la diversité et la culture des travailleuses du sexe. La synthèse des discussions évoque comment changer les attitudes que la société entretient à l’égard du travail du sexe et différentes stratégies d’organisation et de mobilisation personnelles et collectives. La quatrième partie, "Lois, politiques et droits de la personne", porte sur les mesures de contrôle social qui ont un impact sur les conditions de vie et de travail des travailleuses et travailleurs du sexe. Ce sont des invité-es de France, de Nouvelle-Zélande et de la Suède, trois pays ayant subi récemment des changements législatifs importants, qui offrent un regard critique sur leurs contextes législatifs respectifs. Le panel rend compte également des stratégies qu’ils ont développées pour améliorer la situation. Les discussions en atelier sur ce thème ont relevé des questions de langage, de réformes juridiques et de responsabilité sociale pour mieux respecter les droits humains, y compris le droit à la santé, à la sécurité et à la dignité. Finalement, la conclusion d’eXXXpressions donne un aperçu des retombées immédiates du forum à partir des évaluations recueillies auprès des participant-es et des membres de Stella. Claire Thiboutot esquisse quelques-unes des leçons apprises par Stella et par le mouvement des travailleuses et travailleurs du sexe du Québec et du Canada. Il appartient maintenant aux travailleuses et travailleurs du sexe de poursuivre la lutte et de faire vivre ce rendez-vous au-delà de ces pages. Source : Introduction de Maria Nengeh Mensah pour le comité organisateur du Forum XXX, eXXXpressions, 04.2006 > Aussi offert en anglais : eXXXpressions: Forum XXX Proceedings and Live eXXXpressions: Sex Workers Stand Up in Montreal! Pages reliées :
eXXXpressions
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|