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Les États-Unis et les autres grandes puissances veulent dicter l'avenir du Népal

Eric Smith, Jeudi, Avril 27, 2006 - 00:42

A World to Win News Service

Le 25 avril 2006. A World to Win News Service. Le peuple du Népal s'est exprimé clairement. Sa volonté, un manifestant l'a énoncée en ces termes: "Nous allons brûler la couronne et ensuite, nous allons diriger le pays!" Mais les puissances étrangères, avec les États-Unis à leur tête, ont tramé ce que le Parti communiste du Népal (maoïste) a qualifié de "complot pour écraser le peuple népalais".

Le 24 avril au soir, le roi Gyanendra a fait une apparition imprévue sur les ondes de la télé. Son attitude et son allure générale montraient bien que la décision qu'il devait annoncer venait tout juste de lui être imposée, à quelques heures de ce qui s'annonçait comme la plus imposante manifestation jamais vue dans toute l'histoire du Népal. Des millions de personnes -- bien plus que la population entière de la capitale -- étaient en effet attendues mardi à Katmandou, où elles devaient converger vers le palais royal. Au cours de sa brève allocution, le monarque a annoncé son intention de re-convoquer le parlement qu'il avait lui-même dissous en 2002. Le lendemain matin, l'alliance des sept partis parlementaires à l'origine du mouvement de protestation (qu'ils ont lancé avec l'appui des maoïstes) s'est réunie afin de se prononcer sur la proposition du roi. La foule s'est alors rassemblée devant la résidence de l'ancien premier ministre G.P. Koirala, où les leaders des sept partis étaient réunis. Les manifestantes et manifestants ont scandé des slogans exigeant des partis qu'ils ne capitulent pas ni ne trahissent tous ces gens qui venaient de consentir tant de sacrifices au cours des 19 journées précédentes. Mais les parlementaires ne les ont pas écoutéEs. Les dirigeants des sept partis ont plutôt choisi de récupérer leurs sièges au parlement et de ramener Koirala à son poste.

Ce retour au statu quo d'il y a quatre ans n'est pourtant pas ce à quoi les millions de personnes qui se sont soulevées au cours des dernières semaines aspiraient. Ce dénouement est plutôt contraire à la volonté clairement exprimée par les manifestantes et manifestants, qui souhaitaient l'abolition immédiate de la monarchie; la plupart des observateurs et observatrices ont d'ailleurs reconnu que c'est cette revendication qui fut l'élément moteur du mouvement de masse. Le PCN(M) a réagi à la décision des sept partis en disant qu'il s'agissait d'une "erreur historique, qui viole l'esprit de l'entente en douze points" que ces mêmes partis avaient signée avec les maoïstes au mois de novembre dernier. Tout en appelant à la poursuite de la grève générale et des manifestations, le PCN(M) a annoncé que l'Armée populaire de libération allait bloquer les routes donnant accès à Katmandou et aux capitales de districts.

Il est clair que l'annonce faite par le roi, et son acception subséquente par l'alliance des sept partis, sont le résultat des manœuvres réalisées par les États-Unis et leurs principaux partenaires. Quelques minutes après la proclamation royale, la BBC rapportait que le marché avait été "manigancé par les diplomates étrangers". Le secrétaire d'État adjoint Richard Boucher s'est ouvertement vanté de ce que les diplomates américains "ont été en contact avec tout le monde à Katmandou -- l'ensemble des joueurs, les partis politiques et le roi", et qu'ils avaient également servi d'intermédiaires auprès des autres pays.

Bien plus que de l'ingérence

Une première manœuvre visant à sauver le roi avait d'abord été tentée vendredi le 21 avril, alors que la vague de mobilisation était en train de le faire chanceler. Gyanendra avait alors offert aux sept partis de désigner un premier ministre. Cette proposition n'aurait évident rien changé à son pouvoir absolu.

Depuis deux siècles et demi, et même si le Népal est devenu une soi-disant "monarchie constitutionnelle" en 1951, le véritable pouvoir politique est toujours resté entre les mains du roi et de son armée. En 1990, un puissant mouvement de masse a forcé le palais royal à accepter la formation d'un parlement et la nomination d'un premier ministre, mais le roi s'est assuré d'en garder le contrôle. Le roi actuel (Gyanendra) a d'ailleurs nommé et démis les premiers ministres à son gré, depuis son accès au trône en 2002. Sans aucune honte, il n'a pas hésité à s'accaparer tous les pouvoirs, en réalisant son coup de force du 1er février 2005. Dans ce cadre, la nomination d'un nouveau premier ministre ne serait aucunement venu restreindre ses pouvoirs absolus -- et encore moins la simple remise en poste d'un ancien premier ministre.

Néanmoins, les porte-parole des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Union européenne, de la Chine, de l'Inde, ainsi que le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan ont tous recommandé aux partis d'opposition d'accepter la proposition du roi. Ce dernier s'est d'ailleurs dit "profondément réconforté" par ce soutien unanime. L'ambassadeur britannique Keith George Bloomsfield est l'un de ceux qui ont rencontré les responsables des sept partis, tout de suite après l'allocution du roi, afin de les enjoindre d'accepter son offre. Il devait ensuite déclarer: "Les partis considèrent la proposition du roi insuffisante, mais nous croyons quant à nous qu'il s'agit d'une bonne base à partir de laquelle nous pourrons aller de l'avant." Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères des États-Unis, Sean McCormick, fut quant à lui beaucoup plus direct, lorsqu'il a déclaré: "Nous exhortons les partis à lui répondre positivement et rapidement, et à choisir un premier ministre."

Ce faisant, ces individus ont fait bien plus que de s'ingérer dans les affaires intérieures du Népal. Pour paraphraser un vieux cliché qui n'a sans doute jamais été plus approprié, on peut dire que ces bandits ont présenté aux partis d'opposition une offre que ceux-ci ne pouvaient refuser. Les gouvernements que ces diplomates représentent sont en fait la principale raison qui explique pourquoi la monarchie est encore debout. Non seulement contrôlent-ils l'économie de ce pays dépendant, mais ils exercent sur lui d'intenses pressions politiques. On peut facilement imaginer quelles sortes de menaces -- ouvertes ou pas -- les diplomates ont fait peser sur les dirigeants des partis d'opposition. Le seul fait que l'ambassadeur britannique ait osé les rencontrer tous ensemble pour leur dicter la marche à suivre constitue en soi un véritable scandale, qui témoigne du statut humiliant du Népal. S'il fallait que des gouvernements étrangers s'essaient à dicter leur ligne de conduite aux dirigeants du Parti républicain ou ceux du Parti travailliste en Grande-Bretagne, ils seraient accueillis par un énorme éclat de rire -- ou sinon par des salves d'artillerie.

En outre, tout ce ballet diplomatique s'est déroulé avec en toile de fond la menace voilée, mais non moins réelle, d'une intervention militaire étrangère.

Sauf que le lendemain, plutôt que de reculer, le mouvement de masse s'est au contraire intensifié. Au fur et à mesure que les manifestations prenaient de l'ampleur et que les combats de rue s'intensifiaient, il est devenu évident que la population n'allait jamais avaler la proposition du roi. Des centaines de milliers de personnes, dont certaines avaient marché une journée entière pour s'y rendre, se sont rassemblées sur le périphérique qui ceinture la capitale, se massant en particulier aux intersections à partir desquelles le palais royal est accessible. Elles y ont été accueillies par les barbelés, les chars d'assaut et les forces de sécurité mobilisées par le roi, auxquelles le régime avait donné l'ordre de "tirer pour tuer". La foule a lancé une pluie de pierres et de briques sur la police et les militaires, et les gens se sont mis à arracher et à détruire tous les panneaux et symboles représentant la monarchie qui leur tombaient sous la main, avec lesquels ils ont ensuite allumé d'immenses feux de joie. Quelque 300 000 personnes ont également participé à une manifestation similaire dans la ville de Dang, tandis que d'autres rassemblements immenses prenaient place partout ailleurs au pays, notamment à Chitwan et Pokhara. Partout, les manifestantEs ont été accueilliEs par des gaz lacrymogènes, des coups de lathi (il s'agit de longues matraques de bambou), des balles de caoutchouc, et parfois même par des balles réelles. Les autorités hospitalières rapportent que plus de 270 personnes ont été blessées le 22 avril seulement, rien qu'à Katmandou; à cette date, au moins 14 personnes avaient en outre perdu la vie à l'échelle du pays. La Société népalaise des droits de la personne (Nepalese Human Rights Society) affirme qu'au moins 3 000 personnes ont été embarquées dans des camions militaires et conduit dans des casernes, pour y être battues et torturées. Le même groupe fait également état de nombreuses disparitions. Néanmoins, après cinq jours de couvre-feux diurnes et de combats affreusement inégaux, les journalistes et autres témoins affirmaient que les gens semblaient plus déterminés que jamais à continuer le combat. Le lendemain, des groupes de jeunes ont notamment réussi à se frayer un chemin et à se rendre à quelques centaines de mètres à peine du palais royal.

C'est ce qui explique que le roi et les grandes puissances qui le soutiennent aient dû revenir avec quelque chose d'autre, pour finalement amener les sept partis à trahir les espoirs des millions de Népalaises et de Népalais, et rompre avec les maoïstes. La déclaration du gouvernement des États-Unis qui a tenu à "saluer le courage et la détermination du peuple du Népal dans sa lutte pour la démocratie" était plus qu'hypocrite. Ceux qui ont tenté de contrecarrer la volonté clairement exprimée par la population sont bien mal placés pour donner des leçons à propos de la "démocratie". Ces "félicitations" n'étaient en fait qu'une façon de dissimuler les nombreux efforts consacrés par les États-Unis, pour imposer une solution à la crise politique népalaise qui satisfasse leurs propres intérêts, au détriment de ceux du peuple du Népal.

Les partis parlementaires face au roi

Historiquement, les sept partis parlementaires ont toujours appuyé la monarchie, jusqu'à l'année dernière, quand le roi a déposé le premier ministre. En 1980, alors que le pays avait connu un autre soulèvement de masse anti-monarchiste, le palais avait réussi à l'arrêter en tenant un référendum sur les pouvoirs du roi. Gyanendra, qui n'était alors qu'un jeune prince, avait manigancé une gigantesque fraude, au moment de la compilation des suffrages. Les sept partis avaient néanmoins accepté les résultats du référendum. Il s'agit là d'un exemple historique qu'il faudra certes garder en mémoire, lorsque le même Gyanendra et les mêmes partis évoqueront bientôt la tenue d'un nouveau référendum. De la même manière, l'idée d'élaborer une nouvelle constitution dans le cadre du maintien de l'ancien régime n'apparaît pas tellement crédible elle non plus. Gyanendra n'a jamais accepté d'avoir les mains liées par la constitution de 1990. La dernière fois qu'il a viré le parlement en 2002, il avait ensuite justifié son refus de le restaurer en invoquant le fait que le terme prévu par la constitution était échu. (La guerre populaire et les campagnes de boycott lancées ensuite par les maoïstes ont rendu impossible la tenue d'un nouveau scrutin.) Pourtant, il vient d'annoncer la restauration du même parlement, sept ans après son élection, en faisant fi cette fois-ci des subtilités de la constitution...

En novembre dernier, le PCN(M) et les sept partis parlementaires se sont entendus autour d'un programme appelant à la fin de la monarchie, la convocation d'une assemblée constituante et l'établissement d'une république démocratique. Dans les jours précédents la grève générale amorcée le 6 avril, les maoïstes ont annoncé officiellement leur appui au mouvement et leur décision de suspendre leurs activités militaires dans la région de la capitale, afin de couper court aux arguments du roi qui s'apprêtait à utiliser ce prétexte pour attaquer les manifestantEs pacifiques. L'ampleur des manifestations qui se sont ensuite succédé ont créé une situation délicate pour l'alliance des sept partis. Ceux-ci ont subi d'énormes pressions de la part de leurs propres bases militantes, en particulier après que le régime eut intensifié ses attaques répressives. Le 22 avril, la presse rapportait ces propos, tenus par un manifestant, qui semblent bien résumer l'état d'esprit qui régnait dans la rue: "Nous sommes le peuple du Népal. Si les partis concluent un marché avec le roi, nous allons manifester contre eux également. Pour nous, c'est fini: nous ne voulons plus de monarchie." Une foule nombreuse entourait la salle de réunion où les diplomates étrangers venaient tour à tour transmettre leurs ordres aux partis parlementaires, lançant ainsi un avertissement à leurs leaders de ne pas trahir la population en lutte. Le 25 avril, à la "fête de la victoire" organisée par les partis parlementaires en lieu et place de la grande manifestation qui était initialement prévue, plusieurs ont choisi de marcher quand même vers le palais, comme les jours précédents, en scandant des slogans comme "Gyanendra, voleur, quitte le pays immédiatement!" et en jurant de rester dans la rue.

Un roi totalement soumis aux puissances étrangères

Pendant des décennies, les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Inde ont financé et armé la monarchie. Les trois pays ont prétendu interrompre cette aide, après que le roi eut démis le premier ministre en février 2005; néanmoins, les rencontres à haut niveau se sont poursuivies entre le commandement de l'Armée royale et les forces armées américaines.

Après avoir soutenu la première offre faite par Gyanendra le 21 avril, l'Inde a cru bon d'assouplir sa position, en ajoutant que son appui au roi ne serait peut-être plus inconditionnel. Mais il est clair que l'Inde n'a aucunement l'intention d'abandonner sa domination économique, politique et culturelle sur le royaume du Népal. Avec la réinstallation du premier ministre Koirala -- qui provient du Parti du congrès pro-indien -- l'Inde considère vraisemblablement que ses intérêts à court terme sont assurés. Mais il est probable, toutefois, qu'elle considère que les relations anciennes et étroites qui unissent l'Armée royale du Népal à l'armée indienne offrent une bien meilleure garantie, à plus long terme.

Que le roi Gyanendra leur plaise ou pas comme individu, les impérialistes et l'Inde ont toujours cru, du moins jusqu'à maintenant, que la monarchie demeurait le meilleur rempart contre la révolution au Népal.

Et peu importe comment les choses évolueront dans les prochaines semaines: les États-Unis et leurs partenaires resteront déterminés, en tout premier lieu, à sauvegarder le vieil appareil d'État -- et en particulier l'Armée royale. En n'hésitant pas à faire couler le sang du peuple, le commandement de l'Armée royale vient de prouver une fois de plus qu'il est un fidèle garant de l'ordre ancien. Les représentants des pays occidentaux et les tyrans régionaux ne se gênent aucunement pour avouer les vraies raisons qui les ont poussés à agir comme ils l'ont fait au cours des derniers jours. Au moment où le conflit entre le palais royal et les partis parlementaires commençait à s'envenimer, l'ambassadeur américain au Népal, James Moriarty, a ouvertement pressé le roi et les partis à s'unir, en lançant l'avertissement suivant: "Il n'est pas question de permettre aux maoïstes de prendre le pouvoir!" On sait que le gouvernement américain a placé le PCN(M) sur sa liste des "organisations terroristes" -- comme si le mouvement révolutionnaire dirigé par les maoïstes, qui mobilise des millions de gens, avait quoique ce soit à voir avec une organisation comme al-Qaida! Le 7 avril, le secrétaire d'État adjoint Richard Boucher est allé encore plus loin en disant: "Ces maoïstes, ce sont des gens mauvais! Je pense qu'on doit travailler autant qu'on peut à faire pression sur le roi pour qu'il restaure la démocratie et encourager les partis à demeurer ensemble, afin de mettre en place une démocratie fonctionnelle. Ainsi, on pourra supprimer les maoïstes de la société népalaise [littéralement, 'to expunge the Maoists from Nepali society']. Je pense que cette attitude est partagée par tous les gouvernements de la région, y compris le gouvernement indien."

"Supprimer les maoïstes": n'est-ce pas là un appel quasi ouvert à un carnage de masse? Cela rappelle trop bien la "suppression" du million de présumés communistes qui ont été assassinés en Indonésie, après le coup d'État sponsorisé par la CIA en 1965, tout comme les programmes d'extermination menés par la CIA dans les campagnes du Vietnam ou encore, les massacres qui se sont produits au Chili après que les États-Unis eurent porté le général Pinochet au pouvoir en 1973.

Un nouveau système politique, et une société nouvelle

Ce sont les progrès de la guerre populaire initiée en 1996 sous la direction du Parti communiste du Népal (maoïste) qui ont préparé le terrain à la crise politique et au soulèvement urbain actuels. Sur le champ de bataille, les forces révolutionnaires ont infligé plusieurs défaites majeures à l'Armée royale. Dans la plupart des zones rurales, elles ont balayé les hommes de main du régime et mis en place un nouveau pouvoir politique de masse. Ce faisant, elles ont su gagner l'appui de millions de gens, dans tous les milieux.

Dans un communiqué publié le 17 avril (i.e. avant la première allocution du roi), le PCN(M) affirmait: "Les forces actuellement mobilisées doivent garder en tête que le mouvement actuel vise rien de moins qu'une restructuration en profondeur de l'État, et non seulement un simple ajustement du pouvoir... Il est évident que l'État de nouvelle démocratie qui émergera bientôt ne sera pas basé sur le système parlementaire tel qu'il existait avant le 1er février 2005, et même avant le 4 octobre 2002: il s'agira d'une république démocratique et multipartite, qui assurera une large participation des paysans pauvres et des ouvriers au sein du pouvoir d'État; l'autonomie des nationalités opprimées, des régions et du peuple Madhesi [une nationalité particulièrement opprimée, basée sur le plateau du Terai, à l'est, près de la frontière indienne]; le droit à l'autodétermination ainsi que des mesures spécifiques pour combattre l'oppression des femmes et des dalits [les soi-disant 'intouchables']; le droit fondamental à l'éducation, à la santé et au travail; la redistribution des terres selon le principe 'la terre à ceux et celles qui la travaillent' et la fin des rapports féodaux; le développement d'une industrie nationale et d'une économie autosuffisante; et plus encore." Le communiqué mettait également les gens en garde, implicitement, contre "la tendance fatale [des partis parlementaires] à nier la guerre populaire qui se poursuit depuis 10 ans, qu'on constate souvent à l'intérieur du mouvement actuel, et la tendance à ne parler de 'restauration de la démocratie' que de manière abstraite, ce qui revient au statu quo".

Ce dont le Népal a besoin -- et ce que les impérialistes et les autres puissances qui l'oppriment sont déterminées à empêcher, à n'importe quel prix -- c'est d'un nouveau système politique et une société nouvelle. Et cette nouvelle réalité a déjà commencé à émerger dans les campagnes. Sous le nouveau pouvoir politique révolutionnaire, les femmes ont commencé à jouer un rôle actif, voire même un rôle dirigeant, sur un pied d'égalité avec les hommes, dans la direction et la transformation de la société; le système des castes est battu en brèche; de nouveaux rapports sociaux égalitaires se développent; des républiques autonomes ont été créées dans des régions où on retrouve des nationalités opprimées depuis des siècles par la couronne et par le "centre". Les maoïstes mobilisent les gens pour qu'ils transforment leurs vies, en s'attaquant aux facteurs qui sont à la base même du mouvement de masse actuel et qui ont fait du Népal l'un des pays les plus pauvres de toute la planète: l'emprise des classes féodales et de leur système social, centré sur la monarchie, et la subordination économique et politique du pays aux exploiteurs étrangers.

Lorsqu'il a déclenché la guerre populaire, le PCN(M) a choisi d'emprunter le chemin vers la révolution de démocratie nouvelle, qui est inextricablement liée à l'étape suivante -- le socialisme et la révolution mondiale. Pour atteindre ce but, il faut d'abord établir la démocratie nouvelle, démolir le vieil État et en construire un nouveau dans lequel le peuple exercera le pouvoir, sous la direction du parti et grâce à la puissance de l'Armée populaire de libération.

C'est précisément un changement de la sorte, radical, que les États-Unis, les grandes puissances et les autres pays impérialistes s'efforcent de freiner, parce qu'ils savent très bien ce que cela signifierait pour le Népal et pour l'ensemble des peuples du monde. Ces pays qualifient les mouvements de libération de "terroristes", pour la simple et bonne raison que ces mouvements les terrifient. Et c'est également pour cette raison que tous ceux et toutes celles qui souhaitent ardemment la libération et qui s'opposent aux grandes puissances tyranniques doivent appuyer le peuple du Népal, qui mène cette révolution en avançant pas à pas.

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