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L'HISTOIRE DE LA MISERE DU PEUPLE DE PALESTINEAnonyme, Vendredi, Avril 21, 2006 - 06:53
RUBY BIRD
L’HISTOIRE DE LA MISERE DU PEUPLE DE PALESTINE PREMIERE PARTIE Nous pouvons remonter à l’occupation égyptienne pour observer la transformation sociale et économique de la Palestine. De 1831 à 1840, le territoire se constituait en une entité autonome. Les registres fiscaux ottomans et le recensement de 1849 montrent que la population totalisait 350 000 habitants répartis dans 650 villages et 13 villes. Elle était musulmane sunnite à 85%, 11% de Chrétiens et 4% de Juifs, vivant essentiellement à Jérusalem, Hébron, Safad et Tibériade. Une augmentation sensible survint à la fin du siècle. 470 000 habitants selon le recensement entre 1881 et 1893. Il en ressort un essor économique conjugué à une amélioration de la sécurité intérieure ainsi que d’un mouvement en provenance des régions frontalières. Cette croissance se maintient jusqu’en 1914. La population approche alors des 750 000, sans que l’immigration juive ne la modifie sensiblement. 50 000 colons juifs arrivent durant cette période. Ils viennent surtout de Russie fuyant les pogroms qui se multiplient ou la répression pour activités antitsaristes surtout en 1905. L’épreuve de force entre les puissances occidentales et la Turquie date d’avant le 19ème siècle. Mais c’est au début du siècle que commence le processus de démembrement de l’Empire ottoman. La Palestine connaît l’expansion des missions religieuses anglaises, allemandes, françaises, américaines et russes, ainsi que celles des chantiers archéologiques dans le cadre d’une renaissance des études bibliques. Les missions donnent des enseignements dans leur propre langue. Ainsi, les Palestiniens connaissent très tôt les bienfaits de la scolarisation étendue et de la maîtrise des langues. Si les Palestiniens profitent de ces opportunités, c’est aussi parce que leur société est apte à les accueillir sans crainte d’être dissoute dans la foulée. Ce pays se vit comme une entité pluraliste, sur la base d’une cohabitation de ses composantes, toutes communautés religieuses confondues. L’expérience d’une majorité de sunnites, homogène et surtout sûre d’elle-même, y est pour beaucoup. Le pays est dominé par une puissance étrangère et la personnalité des Palestiniens leur permet de na pas céder sur le plan particulier dans antagonismes interreligieux. L’essor économique soulève une question, jusque-là secondaire car sans incidence directe sur la position des dominants, de la propriété juridique des terres. Les notables tournent les nouvelles lois financières « modernes » édictées entre 1858 et 1867 pour obtenir des titres de propriétés sur leurs anciens fermages. Ils réclament subitement le remboursement des dettes accumulées au fil des ans par les communautés villageoises. Ces derniers n’ont d’autre choix que d’inscrire leurs terres au nom de leurs créanciers. Et le système palestinien particulier de gestion collectif des terres, le mushâ séculaire, est frappé de plein fouet. Il manque cependant l’essentiel : un appareil d’Etat. Les élites palestiniennes s’en chargent de façon très active en réalisant l’existence d’un danger et assez spécifique : le projet sioniste de Théodor Herzl qui vise à créer un foyer national juif en Palestine. Contre le sionisme, les élites palestiniennes organisent la résistance, créent des associations patriotiques, lancent dès la fin du siècle des attaques contre les colonies juives, fondent une presse qui informe l’opinion des périls. Les nationalistes participeront au congrès général syrien à Damas en juin 1919. Ils éliront un Comité exécutif arabe, le premier organe de direction du Mouvement National Palestinien, et se désigneront eux-mêmes comme « Arabes de Palestine », une façon de se proclamer Arabes et Palestiniens ? En 1917, Khalil al-Sakâkînî déclara « Ils veulent acquérir la Palestine, cœur des contrées arabes et maillon central entre la presqu’île arabique et l’Afrique. Ils visent la destruction de ce maillon et la division de la Nation arabe pour empêcher son unité. Au peuple d’être conscient qu’il possède une terre et une langue. Si tu veux mettre un peuple à mort, coupe-lui la langue et occupe sa terre. » Lors du premier conflit mondial, la Turquie s’est rangée aux côtés de l’Allemagne. Les troupes anglaises articulent leur conquête du Proche-Orient sur les percées de la Révolte Arabe. Les assurances anglaises d’indépendance faites aux Arabes s’ils se rangent aux côtés des Alliés n’empêchent pas le Ministre des Affaires Etrangères britannique, Arthur Balfour, de promettre le 2 novembre 1917 dans une lettre adressée à Lord Rothschild que « le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer National pour le peuple juif. Les troupes anglaises entrent à Jérusalem le 11 décembre. Le pays est entièrement occupé en 1918 et est placé sous l’administration militaire britannique. La guerre n’est pas terminée, mais les Palestiniens perçoivent, comme tous les Arabes, que la promesse des Alliés de l’Indépendance ne sera pas du tout tenue. Le partage selon l’accord secret SYKES-PICOT en 1916 commence à prendre forme. L’intermède de la proclamation avortée du royaume arabe par Fayçal à Damas en 1920 achève de les convaincre que les frontières modernes vont délimiter non point des Nations indépendantes, mais de nouvelles colonies qui n’osent pas avouer leur nom. La Conférence de Paris pose en 1919 le principe de système mandataire pour l’ensemble du pays. La Conférence San Remo confie la Palestine aux Anglais en avril 1920. L’Angleterre est aussi en charge de la Transjordanie, tandis que la France hérite du mandat sur la Syrie et le Liban. Approbation par la Société des Nations en juillet 1922 du mandat britannique qui entre en vigueur le 29 septembre 1923. Arthur James Balfour est le père de la déclaration qui promet le soutien de la Grande-Bretagne à l’établissement d’un Foyer National Juif en Palestine. Longuement et secrètement négociée, cette promesse au mouvement sioniste fait de ce dernier un allié privilégié des Anglais en Palestine. Elle sert surtout les intérêts locaux de la Grande-Bretagne qui projette déjà en 1917 d’hériter de la Palestine. Lord Balfour en juin 1919 « La Palestine est un cas unique. Nous traitons non point avec les souhaits de la communauté existante, mais recherchons consciemment à reconstituer en Palestine une nouvelle Communauté et à y édifier définitivement une autre majorité numérique dans l’avenir. » Vis-à-vis des Palestiniens, l’Angleterre a une politique classiquement coloniale. Pas de place pour une indépendance palestinienne. Vis-à-vis des Colons juifs, son jeu est plus compliqué. Des courants de l’administration et de la société anglaise sont favorables à la création d’un Etat Juif et on en côtoie d’autres qui voient dans le développement de cette Communauté, un instrument de domination locale et régionale. Le sionisme est un mouvement atypique. Basé sur le « Rédemption de la Terre » et le regroupement des Juifs, il entend résoudre la « question juive » par l’établissement d’un Etat exclusivement juif. Son accomplissement dépend du déplacement des P0alestiniens vers d’autres territoires. La mainmise sur les terres palestiniennes occupent une grande part de l’activité de diverses associations de colonisation. Un Fonds National, fondé dès 1901, est chargé de l’achat de terres devant devenir juives, inaliénablement, et n’être exploitées que par le travail juif. Les achats se font surtout sous certaines conditions. Sous le Mandat, près de 18,7% de la propriété totale juive est acheté à des propriétaires juifs, 10% prélevés sur le domaine public sont cédés pour 99 ans par les Anglais, 40% sont acquis auprès de propriétaires arabes non-palestiniens (Libanais et Syriens). Le reste, soit 32% est acheté à de grands propriétaires palestiniens absentéistes ou à de petits paysans en difficulté. Les quotas en immigration juive, sa réglementation, sa répression ou son encouragement par les Anglais au fil de leurs intérêts, la revendication des Juifs de la rendre illimitée, celle des Palestiniens de la stopper et d’interdire les ventes des terres aux sionistes, ce sont des questions soulevées en permanence sous le Mandat. En 1948, environ 1 400 000 Palestiniens, la Communauté juive est de 600 000, dont 463 000 sont nés hors Palestine. Le flux des immigrants juifs culmine entre la montée du nazisme et le début de la guerre : 204 000 immigrés arrivent entre 1933 et 1939. Bien des évènements préparent et annoncent la rupture de 1936 : les découvertes de cargaisons d’armes envoyées aux colons juifs ; le rassemblement autour des grandes villes des paysans expulsés, la tension de la population devant l’immigration massive des Juifs ; la fondation de partis et d’organisations arabes, après le rejet de toutes les demandes politiques légalement présentées au Haut Commissaire… La période de 1936-1939 va voir la fusion des contestations régionales ou sectorielles dans un soulèvement à dimension nationale. Elle demeurera dans les consciences comme l’événement fondateur du Mouvement National Palestinien. A la suite d’accrochages sanglants avec la population juive, un appel national à la grève est lancé par les Palestiniens à Jaffa le 21 avril. Le lendemain, la quasi-totalité des villes et des villages palestiniennes constituent leurs comités de grève. Une Commission Supérieure Arabe est formée. 150 délégués représentant 22 villes et leurs régions annoncent leurs revendications : un arrêt de l’immigration, la prohibition de la vente des terres et l’octroi de l’Indépendance. Les autorités répondent par plus de répression. Alors, secteur par secteur, la Palestine instaure le boycott de l’Etat. A partir du mois de mai, la grève s’accompagne d’incidents armés. La riposte anglaise ne se fait pas attendre et va culminer le 18 juin à Jaffa. La vieille ville est vidée, puis rasée. Pendant six mois, les Palestiniens avaient vécu avec leurs pouvoirs et leurs contradictions, une sorte de préfiguration d’une patrie débarrassée de la colonisation. Le Mouvement Sioniste le comprend Pleinement. C’est à partir de 1936, que la Haganah (branche militaire du Mouvement Sioniste) commence à s’organiser en véritable armée et que les quartiers demeurées mixtes disparaissent. Le 7 juillet 1937, la Commission Royale préconise le partage de la Palestine en un Etat juif, comprenant 33% des territoire et incluant Haïfa, la Galilée et la Plaine côtière au nord d’Ashdoud, un Etat arabe rattaché à la Transjordanie et des enclaves mandataires comprenant Jérusalem. Elle prévoit le transfert forcé d’une partie de la population palestinienne de l’Etat juif. Les sionistes accueillent favorablement le plan, tout en se déclarant insatisfaits de la portion du territoire qui leur est allouée. Les Palestiniens le rejettent. A partir de septembre 1937, une véritable guerre oppose les Palestiniens aux troupes coloniales.
Journaliste Indépendante
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