La grève générale de quatre jours entamée jeudi dernier au Népal afin d'exiger la fin de la monarchie et le départ du roi Gyanendra vient de se transformer en grève illimitée. Les sept partis parlementaires qui sont à l'origine du mot d'ordre de grève viennent en effet d'annoncer que celle-ci se poursuivra jusqu'à la capitulation pure et simple du monarque.

Depuis jeudi, toutes les manifestations sont interdites au Népal. Un couvre-feu quasi permanent a même été décrété dans la plupart des villes. La police a systématiquement attaqué tous les rassemblements de masse, faisant au moins trois morts et plus de 800 arrestations. L'ensemble des activités (écoles, transport, commerces...) demeurent paralysés, dans ce qui apparaît comme une véritable épreuve de force entre la monarchie et les forces démocratiques.

Le mot d'ordre de grève a reçu l'appui du Parti communiste du Népal (maoïste). Celui-ci a décrété un cessez-le-feu unilatéral dans la vallée centrale autour de Katmandou, afin de permettre au mouvement démocratique de manifester et contrecarrer les menaces du régime royal, qui souhaitait utiliser le prétexte de la "violence maoïste" pour réprimer les protestataires.

Parallèlement, l'Armée populaire de libération dirigée par le parti maoïste a mené plusieurs opérations spectaculaires contre les quartiers généraux ennemis situés en périphérie de la vallée centrale de Katmandou. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des centaines de rebelles ont attaqué le quartier général du district de Sarlahi, situé à 120 km au sud-est de la capitale, y détruisant le poste de police, les bureaux administratifs du gouvernement et la caserne de l'armée royale. Les combattantes et combattants en ont également profité pour libérer près de 130 prisonnières et prisonniers et procéder à l'arrestation d'une vingtaine de criminels représentant le vieux régime. Une douzaine de militaires appelés en renfort pour repousser l'assaut de la guérilla ont perdu la vie lorsque l'hélicoptère de type MI-17 dans lequel ils prenaient place a été abattu par les rebelles.

Une attaque similaire a ensuite eu lieu vendredi soir dans le district de Kapilvastu, situé plus à l'ouest. Encore là, les rebelles maoïstes ont libéré plus de 110 prisonnières et prisonniers. Les combats ont été extrêmement intenses, alors qu'une quinzaine de membres de l'Armée populaire de libération et au moins 24 membres des forces de sécurité du régime ont perdu la vie.

À moins d'un revirement improbable, l'avenir d'une des deux dernières monarchies absolues qui règnent encore sur la planète se joue actuellement au Népal: le sort du roi fasciste Gyanendra sera vraisemblablement jeté au cours des prochains jours -- sinon des prochaines heures.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 93, le 9 avril 2006.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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