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Anti - sémitisme : Les mots ont un sens.

Anonyme, Mardi, Mars 28, 2006 - 06:39

Anti - sémitisme : Les mots ont un sens.

Al Beck.

Mars 2006.

(Albeck est un architecte suisse aux lointaines origines syriennes)

Au fil de mes lectures plusieurs idées me sont venues au sujet de l’antisémitisme dont l'une que je vous soumets ici et qui me semble autant porteuse que difficile à mettre en place sans doute.

Mais tout d'abord, connaissez-vous l'article publié par "L'Organisation sioniste mondiale" sur "les plans stratégiques d'Israël pour les années 80" où il est dit : (1)

"En tant que corps centralisé, l'Égypte est déjà un cadavre, surtout si l'on tient compte de l'affrontement de plus en plus dur entre musulmans et chrétiens. Sa division en provinces géographiques distinctes doit être notre objectif politique pour les années 1990, sur le front occidental.

Une fois l'Égypte ainsi disloquée et privée de pouvoir central, des pays comme la Libye, le Soudan, et d'autres plus éloignés, connaîtront la même dissolution. La formation d'un État copte en Haute-Égypte, et celle de petites entités régionales de faible importance, est la clef d'un développement historique actuellement retardé par l'accord de paix, mais inéluctable à long terme.

En dépit des apparences, le front Ouest présente moins de problèmes que celui de l'Est. La partition du Liban en cinq provinces... préfigure ce qui se passera dans l'ensemble du monde arabe. L'éclatement de la Syrie et de l'Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces États.
Les structures ethniques de la Syrie l'exposent à un démantèlement qui pourrait aboutir à la création d'un État chi'ite le long de la côte, d'un État sunnite dans la région d'Alep, d'un autre à Damas, et d'une entité druze qui pourrait souhaiter constituer son propre État - peut-être sur notre Golan - en tout cas avec l'Houran et le nord de la Jordanie... Un tel État serait, à long terme, une garantie de paix et de sécurité pour la région. C'est un objectif qui est déjà à notre portée.

Riche en pétrole, et en proie à des luttes intestines, l'Irak est dans la ligne de mire israélienne. Sa dissolution serait, pour nous, plus importante que celle de la Syrie, car c'est lui qui représente, à court terme, la plus sérieuse menace pour Israël."

Et cette déclaration d'Ariel Sharon?

"We control America"."Every time we do something you tell me America will do this and will do that . . . I want to tell you something very clear: Don't worry about American pressure on Israel. We, the Jewish people, control America, and the Americans know it." (2)

Pour en revenir à l'idée mentionnée plus haut, elle concerne l'accusation « d'antisémitisme » jetée à tout va dès qu'il devient impératif de faire taire les voix qui remettent en cause la politique raciste de l'état israélien. Ou justement dois-je plutôt dire... la politique ANTISEMITE du gouvernement israélien...

Voyez-vous où je souhaiterai porter le débat ?

Je m'explique... Je suis sidéré des informations sur la question "sémite" et "antisémite", que l’on peut lire ça et là. Je suis sidéré à double titre :

De l’usage qui est fait du terme « antisémite » pour faire taire, comme nous l’avons vu de si nombreuses fois, toutes tentatives de critiques, même constructives, envers l’état israélien.
De la grossière manipulation opérée sur le sens de ce mot, sous prétexte que des auteurs anti-juifs, auraient utilisé le terme sémite comme synonyme de juif en forgeant l’adjectif antisémite !

Suivant cette logique qui m’échappe (du point de vue linguistique !), pourquoi « sémite » ne signifierait-il pas exclusivement « juif » ?!!!

Lorsque l’on définit un terme d’une certaine façon, n’est-il pas logique que l’ajout de la particule « anti » ne puisse signifier autre chose que l’opposition à cette même signification ?

Définition du dictionnaire de L’Académie française, 8th Edition (1932-5) :

ANTI. Préfixe emprunté du grec qui sert à former de très nombreux mots composés, en y introduisant le sens d'opposition. Ainsi l'on dit Antiscorbutique, en parlant des Remèdes contre le scorbut. On trouvera dans le Dictionnaire ceux de ces mots composés qui sont le plus en usage.

Le même dictionnaire, quelques mots plus loin, donne :

ANTISÉMITE. adj. des deux genres. Qui a rapport à l'antisémitisme. Propagande antisémite.

Il s'emploie aussi comme nom. Un antisémite, une antisémite, Celui, celle qui professe l'antisémitisme.

ANTISÉMITISME. n. m. Lutte contre les Juifs.

Alors que pour sémite nous lisons :

SÉMITE. (Page 2:576)

SÉMITE. n. des deux genres. Celui, celle qui appartient à la race dont on fait remonter l'origine à Sem. Un sémite. Adjectivement, Le type sémite.

SÉMITIQUE. adj. des deux genres. Qui a rapport aux Sémites. Les races sémitiques. Les langues sémitiques sont l'hébreu, l'arabe, le syriaque, etc. Plusieurs des langues sémitiques, comme le chaldéen, le phénicien, n'existent plus aujourd'hui.

Le Trésor de la langue française quant à lui nous apprend :

ANTI-, préf.

I. Le composé signifie « qui est contre la notion désignée par la base »; c'est un adj. (substantivable) formé à partir d'un adj. ou d'une loc. adjectivable formée à partir d'un substantif.

A. Le composé est un adj. formé à partir d'un adjectif.

1. Il signifie « qui est hostile au système d'idées ou d'opinions caractérisé par l'adj. de base », ou, quand il est substantivé, « la personne hostile à... ».

Ainsi Anti-sémite doit signifier suite à cette définition « hostile au sémite »… Une série d’exemples éloquents est donnée dans cette même rubrique :

« Outre les mots figurant à la nomenclature, cf. les composés de fréquence 2 relevés dans le corpus littér. du TLF :

anti(-)autrichien, (anti autrichien, anti-autrichien) anti(-)bolchévique, (anti bolchévique, anti-bolchévique) antibonapartiste, anti-bourbonien, antiboulangiste, anti(-)bourgeois, (anti bourgeois, anti-bourgeois) anti(-)capitaliste, (anti capitaliste, anti-capitaliste) anti(-)catholique, (anti catholique, anti-catholique) anti-classique, anti(-)communiste, (anti communiste, anti-communiste) anti(-)dreyfusard, (anti dreyfusard, anti-dreyfusard) antidreyfusiste, antimarxiste, anti(-)mystique, (anti mystique, anti-mystique) antinapoléonien, anti-nazi, anti(-)romantique, (anti romantique, anti-romantique) anti-russe, anti(-)soviétique(anti soviétique, anti-soviétique)

anti- + dér. en -isme :

anti(-)capitalisme, (anti capitalisme, anti-capitalisme) anti(-)catholicisme, (anti catholicisme, anti-catholicisme) anti-communisme, antidreyfusisme, anti(-)germanisme, (anti germanisme, anti-germanisme) anti(-)jésuitisme,(anti jésuitisme, anti-jésuitisme) »

Or voilà que pour antisémite la définition devient :

ANTISÉMITE, adj. et subst.

A. Emploi adj. [En parlant d'actions menées par des hommes, ou des hommes qui les mènent] Qui fait preuve d'antisémitisme, qui est hostile à la race juive

Je n’insisterai pas sur la notion de « race juive » utilisée dans cette définition…

Je pourrai encore citer d’autres définitions, mais le propos est suffisamment clair je pense…

Alors par quel miracle, par quelle courbure de langue et quel formidable tour de passe-passe en est-on arrivé à exclure les 272,4 millions d’arabes (chiffres de 2000), musulmans et chrétiens, de leur spécificité sémite dans le mot « anti-sémite », au « profit » des 13 millions d’âmes composant la population juive mondiale (selon le rapport annuel du bureau israélien des statistiques du 24.09.2003) ?!!!!

Je ne comprends pas que de telles déformations et erreurs de base ne fassent pas l’objet de critiques ouvertes de la part des intellectuels, écrivains et journalistes… la question est pourtant simple, mais les enjeux sont énormes à mon sens, du moins à cette part peut-être trop naïve en moi, réclamant déjà une justice des mots !

Je ne parle pas d’affrontements verbaux et de débats stériles, où finalement quiconque osera s’attaquer à cette question se verra grossir les rangs des damnés labellisés « antisémites »… Je parle d’une réappropriation de ce mot, de la restitution de sa signification réelle, au regard du bon sens et des règles étymologiques de base !

Mais comment y parviendrait-on et quel en est l’intérêt finalement ?!

1. Il suffit d’utiliser ce terme à bon escient et ce ne sont pas les occasions qui manquent. La politique israélienne à l’égard des Palestiniens est une politique d’apartheid, raciste et cruelle ! Elle est anti-palestinienne et par conséquent ANTISEMITE ! Voilà ce qu’il faut dire ! L’état israélien mène des actions terroristes ANTISEMITE ! Les membres de son gouvernement tiennent des propos anti-arabes et donc ANTISEMITES ! Lorsque des journalistes, des auteurs ou des politiques tiennent des discours anti-arabes, des voix doivent se lever et crier « votre discours est antisémite monsieur ! », « mais je n’ai rien dit contre la communauté juive ! », « si monsieur ! Juifs et Arabes sont frères et sémites ! Vous critiquez un Juif pour ce qu’il est, vous êtes antisémite ! Vous critiquez un Arabe pour ce qu’il est, vous êtes aussi antisémite ! Il est vrai que selon certaines études controversées, seuls les Juifs Séfarades -15% de la communauté juive - seraient d’origine sémite… ce qui voudrait dire que juif n’égale pas sémite pour autant et que par conséquent, la définition actuelle faisant d’un antisémite quelqu’un d’hostile aux Juifs devient doublement fausse !

En tout cas, être anti-sioniste n’est pas être anti-sémite, anti-arabe ou anti-juif !

2. L’intérêt de la chose est de mettre un terme à l’utilisation abusive de cette accusation infamante lancée contre quiconque ose dire quoique ce soit sur Israël ou sur le soutien aveugle que son gouvernement peut recevoir de l’extérieur, de sorte a « redéfinir naturellement » ceux qui critiquent les doctrines politiques de ce pays en critiques anti-sionistes ! Lorsque l’on ne pourra plus utiliser le mot antisémite abusivement il faudra bien trouver un autre adjectif plus approprié… anti-israélien ? Non, pas si l’on veut être objectif et juste ! Et taxer quiconque osant faire une critique politique d’Israël d’anti-juif sera perçu comme abusif de façon flagrante !

Ainsi et certainement après d’âpres luttes et agressions subies en tout genre, arriverons-nous peut-être à corriger cet état de fait, qui a pris des proportions monumentales et dont les conséquences aujourd’hui nous condamnent au silence, à « cultiver notre propre jardin » sans pouvoir se soucier de son voisin, faute se voir coller l’étoile jaune de l’antisémitisme !

C’est peut-être naïf de ma part, mais je me dis que si de plus en plus de personnes influentes faisaient l’effort, à l’instar de Dieudonné, de rétablir l’équilibre des mots, nous pourrions enfin rétablir un début de justice et tout ça sur la base d’un tout petit mot, mais tellement lourd de conséquences… Imaginez la réaction en chaîne si ce mot ne peut plus être utilisé pour bâillonner comme c’est le cas maintenant…

Dites moi cher lecteur ce que vous en pensez franchement ?

Al Beck

1) "Kivounim" (« Orientations ») Jérusalem, ndeg. 14, ndeg. de février

1982. Pages 49 à 59.

2) Israeli Prime Minister, Ariel Sharon, October 3, 2001.



Sujet: 
Les dénégations du réel on un sens, également
Auteur-e: 
Maxg
Date: 
Ven, 2006-04-14 03:26

Al Beck déploie de petits trésors d'érudition pour montrer "qu'on nous ment" à propos de la signification du mot "antisémitisme".

Il confond (volontairement?) une éthymologie effectivement déficiente avec l'utilisation réelle du mot: le mot "antisémitisme" a été inventé dans le but même designer une hostilité aux Juifs, aux seuls juifs, et n'a jamais désigné d'hostilité à une autre catégorie de personnes, ni été utilisé pour désigner une hostilité envers qui que ce soit d'autre. C'est comme ça. Ce n'est pas parce que "Tomber dans les pommes" est une expression idiote, basée sur la confusion entre "pammes" et "pommes" qu'elle ne signifie pas "s'évanouir".

L'historique complet de l'émergence du mot antisémitisme est donné à la page suivante: L’« antisémitisme » : une hostilité contre les Juifs.

http://www.phdn.org/antisem/antisemitismelemot.html

Maxg


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Sujet: 
À Maxg
Auteur-e: 
patc
Date: 
Mer, 2006-04-19 13:18

Votre commentaire fait preuve d'anti-AlBeck.

Je trouve que l'essai d'Al Beck est très sensé.

Vous dites que le mot a été inventé (par qui, déjà?) pour désigner une réalité, un phénomène, qui est l'hostilité à l'égard des Juifs.

Ce que l'auteur prétend, c'est que cette invention est, à la base, une manipulation du langage qui ne se repose ni sur l'étymologie juste du terme "sémite" ni, partant, sur une représentation juste du phénomène décrit par le mot, soit l'hostilité à l'égard des Juifs.

Le mot "antisémitisme" est donc, depuis sa conception, employé à mauvais escient.

Si le mot a été conçu spécifiquement pour décrire le phénomène d'hostilité à l'égard des Juifs, il est d'autant plus érroné et devient de facto la marque d'une manipulation du langage (consciente ou non), qui ne trouve aucune excuse rationnelle.

Il me semble que le terme anti-juif est suffisamment clair pour désigner le phénomène d'hostilité à l'égard des Juifs. Tout comme le terme anti-sioniste désigne l'hostilité à l'égard de l'idéologie sioniste.

Pourquoi alors tirer du néant un néologisme ambigü qui n'apporte rien d'autre que de la confusion étymologique? Dans quel intérêt?

Et si, comme le prouve l'histoire, l'emploi courant du terme antisémite est par définition érroné, quel mal y a t-il a vouloir en rectifier l'usage?

Il me semble que nous tirerions un avantage collectif à identifier et corriger les mauvais usages du langage qui ont un effet direct sur l'histoire et la compréhension du monde. Ça n'est ni un effort antisémite, ni anti-juif ou antisioniste.

Juste pro-rectitude étymologique.


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