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La 142 dans le secteur public ne doit pas passer!

Anonyme, Jeudi, Mars 16, 2006 - 12:59

Le Marxiste-Léniniste

Entrevue avec Angélick Filion, représentante syndicale à la condition féminine du syndicat des employés du centre hospitalier de l'université de Montréal (SECHUM), Montréal

LML: Le gouvernement du Québec a lâchement adopté la loi spéciale 142 contre les travailleurs du secteur public en décembre 2005, imposant les conditions de travail à ces travailleuses et travailleurs jusqu'en 2010. Pouvez-vous nous en parler?

AF: La loi 142 est la loi qui régit maintenant nos conditions de travail, une partie de celle-ci s'applique depuis le 15 décembre et le reste entrera en vigueur à la mi-avril. Elle représente la négation du droit des travailleurs à la négociation de leurs conditions de travail. La loi 142 est particulièrement vicieuse et pernicieuse pour les 500 000 travailleuses et travailleurs touché(e)s dans le secteur de la santé et des services sociaux. Elle l'a été particulièrement envers la CSN et la Fédération de la santé et des services sociaux. Pourquoi? Avant que le décret ne soit imposé le 15 décembre 2005, il y a eu de nombreux jeux de négociation où beaucoup d'offres ont été déposées à d'autres organisations mais pas à la FSSS. Selon le président de la fédération, c'était volontaire car la FSSS est reconnue pour être la plus combative. Elle représente 50% des travailleurs de la santé et des services sociaux au Québec (soit 105 000 membres) dont 80% sont des femmes. Avant le décret, la FSSS avait la meilleure convention collective du réseau. Maintenant, elle se retrouve avec la pire convention. C'est une manière de diviser. Le gouvernement a été très démagogique. Il a biaisé l'opinion publique en prétendant avoir réussi à signer avec la majorité des organisations sans expliquer que majorité d'organisations ne signifie pas majorité de travailleurs. Il n'a pas non plus dit que les autres organisations avaient signées avec un couteau sous la gorge, celui du décret à venir.

La loi 142 change beaucoup de choses. Il est encore difficile d'en mesurer toutes les conséquences puisque nous n'avons pas encore le vécu de tout ce qu'elle implique. La loi touche entre autres les salaires, un gel de salaire de 2 ans et neuf mois et 8% sur 4 ans. Elle touche aussi, les griefs, l'assurance salaires, les banques de libérations syndicales, etc. soit ce qui est resté à la table de négociation nationale.

Je vous donne des exemples de changement. Avec les griefs, c'est la politique de «Qui perd paie». Avant c'était l'employeur qui assumait les frais d'arbitrage. Maintenant, c'est la partie perdante qui doit assumer les frais de l'arbitre. Si on s'entend à l'amiable, les frais sont partagés moitié-moitié. C'est une façon de nous mettre les menottes. C'est très choquant. Il y a beaucoup de motifs et de gestes posés qui méritent griefs, mais plus de la moitié sont perdus. Dans ce contexte, avec la politique de «qui perd paie», c'est une menace d'endettement et de faillite, un engrenage pour nous appauvrir si nous désirons nous battre sur le front des griefs.

En décembre 2003, le gouvernement a adopté sous bâillon une foule de lois anti-ouvrières et anti-sociales dont la loi 30 sur la désaccréditation des organisations syndicales dans la santé. Nous sommes passés de 64 unités d'accréditation à seulement 4: (1) infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes (2) secteur paratechnique, services auxiliaires et métiers, (3) secteur bureau (4) secteur professionnels. Clairement, cela signifie qu'avant nous pouvions avoir jusqu'à 64 syndicats pour nous représenter dans le même hôpital. Nous avions la possibilité de s'associer avec les unités d'accréditation que nous choisissions; maintenant les plus gros remportent le vote. Par exemple, les infirmières auxiliaires avaient leurs propres unités d'accréditation et étaient syndiquées CSN, mais elles sont peu nombreuses. En étant accrédité avec l'unité 1, leur vote n'a plus le poids qu'il avait, elles sont donc devenues FIIQ malgré elles.

En plus des quatre unités d'accréditation créées, le gouvernement a imposé la fusion des syndicats ensemble. Par exemple, au CHUM, il y avait le syndicat de l'hôpital Notre-Dame (STTHND-CSN), celui de l'Hôtel-Dieu (STTHDM-CSN) et celui de St-Luc (SSHSL-CSQ), en plus de la FIIQ et de l'APTS. Lors du vote, tout cela a été changé. Il y a eu la fusion: le SECHUM (syndicat des employés du Centre hospitalier de l'Université de Montréal). Trois syndicats avec des méthodes de fonctionnement et des cultures complètement différentes ont été regroupés. De nouvelles élections ont dû être organisées, de nouvelles équipes créés et tout cela dans la période qui a été l'adoption de la loi 142. C'est un contexte très difficile.

Ce qui existait n'existait plus. La loi 30, en plus de briser nos syndicats généraux et de les recomposer arbitrairement en quatre catégories déterminées, a provoqué la plus longue période d'allégeance syndicale en pleine période de renouvellement des conventions collectives. Quoi de mieux pour paralyser la négociation et diviser le mouvement syndical.

La loi 30 a aussi touché directement la question des libérations syndicales. Au SECHUM, soit 3 hôpitaux regroupant 4 200 membres, il y a maintenant 16 permanents dans nos locaux comparé à 21 avant la fusion. Avec la loi 142 qui s'ajoute, le nombre de libération va diminuer davantage, soit jusqu'à 80% applicable à partir d'avril 2006.

La même situation de fusions a été imposée en régions. Laval a un nouveau syndicat avec 18 points de services. En Gaspésie, 17 à 20 points de service sur des centaines de kilomètres ont été regroupés. Alors s'il faut tenir une assemblée générale, avec des gens au quatre coins d'une région ...!! Cela crée beaucoup de désorganisation et d'insatisfaction. Les membres ne voient plus leurs représentants qui jonglent avec le fardeau des dossiers sur plusieurs sites. Ils ne les connaissent pas car ils viennent souvent des autres sites avec lesquels ils ont étés fusionnés et ils ne se sentent pas défendus. C'est ce que le gouvernement voulait créer.

Les négociations au niveau local vont débuter en avril 2006. Cela signifie la négociation de 26 points, soit plus de 50% de notre convention collective touchant, entre autres, l'affichage des postes, l'ancienneté, les vacances, etc. Cette importante partie de notre convention collective était, jusqu'à maintenant, négociée au national par une équipe expérimentée, ce qui accordait les mêmes conditions de travail à l'ensemble des syndiqués d'une même organisation. Une période d'un an a été fixée par le gouvernement pour que les syndicats locaux s'entendent avec leurs employeurs pour les négociations locales sans quoi, l'une ou l'autre des parties peut demander à un arbitre de trancher. Cet arbitre a déjà le mandat de choisir la convention la moins coûteuse et il ne peut prendre des éléments des deux demandes, c'est une ou l'autre. On peut deviner laquelle sera choisie et estimer que la convention locale sera aussi décrétée, mais dans un an seulement. Selon la loi 142, durant cette partie d la négociation, les travailleurs n'ont pas le droit de grève, ni le droit d'altérer, de ralentir ou de diminuer leurs activités normales de travail sous peine de lourdes amendes pouvant aller jusqu'à 500$ par jour ou partie de journée pour un salarié, 35 000$ pour un représentant syndical et 125 000$ pour l'organisation.

LML: Quelles sont les perspectives pour votre organisation dans la prochaine période?

AF: Il est évident que ne pouvons laisser ce gouvernement continuer cette dictature. La CSN entreprendra toutes les démarches juridiques appropriées pour faire invalider cette loi abjecte. Nous avons aussi voté un plan d'action qui a pour objectif de retrouver le droit à la négociation de notre convention collective et de faire en sorte que tous les travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux soient traités équitablement dans leurs droits et avantages, peu importe l'organisation syndicale à laquelle ils appartiennent.

Nous tenterons d'essouffler ce gouvernement jusqu'aux prochaines élections. Nous devons premièrement informer la population de cette injustice flagrante par tous les moyens possibles; rencontrer les médias nationaux, régionaux et de quartiers, écrire des lettres d'opinions dans les journaux, participer aux tribunes téléphoniques, publicités télévisées, etc. Nous portons déjà le symbole du x orange qui dénoncent notre refus d'accepter la loi 142 et nous invitons l'ensemble de la population sensible à notre cause à le porter aussi, comme nous l'avons fait pour les étudiants avec le carré rouge. Des comités de lutte prennent naissance dans chacun des syndicats locaux, ils ont le mandat de faire des actions directes auprès des dirigeants d'établissement, députés d'arrondissement, conseils d'administration, etc. Des actions d'envergure nationale s'organisent aussi pour le 14 mars (lors de la réouverture de l'Assemblée nationale), le 1er mai et en juin. Il y aura en mars une campagne de cartes postales. Nous n'excluons pas la possibilité d'une grève illégale, nous en réévaluerons la possibilité en juin, mais nous devons d'abord panser nos plaies et nous réorganiser localement.



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