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Troupes canadiennes, hors d'Afghanistan!Eric Smith, Lundi, Mars 13, 2006 - 22:13
Arsenal-express
Avec le déploiement de détachements supplémentaires qui ont porté la quantité de ses troupes à plus de 2 300, l'armée canadienne a officiellement pris le relais de l'armée américaine dans la direction de la Force internationale d'assistance à la sécurité mise sur pied par l'OTAN, qui coordonne actuellement l'occupation militaire étrangère en Afghanistan. C'est le brigadier général David Fraser qui a été mandaté pour assurer le commandement des forces de l'OTAN, officiellement jusqu'en novembre, après quoi les Pays-Bas sont censés prendre le relais. Il semble toutefois évident que les troupes canadiennes sont maintenant là pour rester -- bien plus longtemps, en tous cas, que ce qui était officiellement prévu au départ. Le chef d'état-major à la Défense, Rick Hillier, évoque même ouvertement la probabilité d'un engagement sur le terrain qui pourrait s'étendre jusqu'à une dizaine d'années. Les quelque 2 300 militaires canadiennes et canadiens se trouvent donc maintenant à Kandahar, principale ville du sud afghan également considérée comme un bastion de l'ancien régime des talibans, où ils ont d'ailleurs reçu la visite de Stephen Harper, qui a choisi d'y faire son premier voyage officiel depuis son élection au poste de Premier ministre le 23 janvier dernier. Certains y voient le signe d'un changement de cap fondamental dans la politique extérieure canadienne, mais il faut bien voir que la décision de participer à l'occupation de l'Afghanistan a été prise bien avant l'élection des conservateurs, par le gouvernement libéral précédent. Au-delà des considérations dites "humanitaires" qui sont surtout destinées à préserver l'image "pacifiste" du Canada (on parle ici de la distribution de stylos et de ballons de soccer), le rôle des militaires canadiens consiste essentiellement à neutraliser et à écraser la résistance du peuple afghan à l'occupation impérialiste, et à favoriser la mise en place d'un État croupion qui servira les intérêts des grandes puissances étrangères ayant contribué au renversement de l'ancien régime des talibans. Déjà, les militaires et membres du personnel canadiens ont commencé à être la cible de tirs de roquettes, d'attentats suicide et même, dans un cas, d'une attaque à coups de hache de la part d'un jeune Afghan issu d'une famille de la paysannerie pauvre. Hier encore, une mine a explosé à 800 mètres à peine de l'endroit où se trouvait le chef d'état-major Hillier, venu en Afghanistan pour préparer la visite de Stephen Harper. Il va sans dire que la décision du Canada de participer à l'occupation impérialiste de l'Afghanistan ne fait pas l'unanimité au pays. Il y a trois ans, lorsque l'armée américaine a déclenché son offensive meurtrière en Irak, le gouvernement canadien avait cédé aux pressions exercées par les centaines de milliers de manifestantes et de manifestants qui s'étaient mobiliséEs d'un bout à l'autre du pays. Le Premier ministre de l'époque, Jean Chrétien, avait alors réussi le tour de force de gagner l'appui d'une majorité de Québécoises et de Québécois (!) en annonçant que le Canada ne participerait pas à la soi-disant "coalition" mise sur pied par l'impérialisme US. Plusieurs envisagent maintenant avec effroi ce qu'il adviendra de "nos militaires" au cours des prochaines semaines et des prochains mois. Les partis d'opposition -- dont le Parti libéral -- demandent en outre la tenue d'un débat à la Chambre des communes sur la poursuite des opérations. Il est vrai, dans une certaine mesure, que le déploiement des troupes canadiennes en Afghanistan constitue un certain changement, ne serait-ce qu'à l'image un peu "fleur bleue" que le Canada a coutume de projeter. Cette fois-ci, l'armée canadienne n'intervient pas pour "maintenir la paix", mais carrément pour tuer, comme l'exprimait d'ailleurs clairement le même Rick Hillier, dès l'été dernier. Mais venant de partis qui ont toujours soutenu -- et qui continuent à soutenir -- l'engagement du Canada en Afghanistan, cette demande d'un "débat public" relève de l'hypocrisie la plus vile. Les soldats canadiens actuellement déployés en Afghanistan ne sont pas "nos" militaires: ce sont les représentants et les gendarmes d'un ordre mondial injuste -- celui de la domination de la majorité des pays et des peuples de la planète par une poignée de grands pays riches -- contre lequel il est parfaitement légitime et nécessaire de résister. Les soldats canadiens -- pas plus que leurs homologues états-uniens -- ne vont aucunement libérer les masses afghanes du joug de l'oppression et de l'exploitation: bien au contraire, leur rôle est de défendre et renforcer un régime qui n'a vraiment rien de démocratique et qui représente essentiellement les intérêts des féodaux, des trafiquants de drogue, des seigneurs de guerre et des puissances impérialistes qui souhaitent s'établir à demeure dans ce pays. Samedi le 18 mars prochain, à l'occasion du troisième anniversaire du déclenchement de la sale guerre de l'impérialisme US en Irak, des manifestations auront lieu dans plusieurs villes du monde pour exiger la fin de l'occupation, incluant une trentaine de villes au Canada. À Montréal, le collectif Échec à la guerre (http://www.echecalaguerre.org), qui organise la manifestation (rassemblement à 12h30 au Square Dorchester), a décidé de manière très opportune d'en profiter pour exiger le retrait immédiat des troupes canadiennes d'Afghanistan. Chose certaine, tant qu'elles y resteront et qu'elles fouleront aux pieds la souveraineté des peuples qui composent ce pays, elles mériteront chacun des tirs, chacune des balles et toutes les charges d'explosifs que les groupes qui poursuivent la résistance leur réserveront! _____ Article paru dans Arsenal-express, nº 89, le 12 mars 2006. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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