L’armée canadienne est bien placée pour savoir que ce qui caractérise les avions militaires survolant l’Afghanistan, ce n’est pas qu’ils puissent à l’occasion transporter un Premier ministre canadien cherchant à vendre une guerre à ses concitoyens, c’est qu’on ne sait jamais s’ils vont larguer des bombes ou de l’aide humanitaire.

La mission des soldats canadiens partage cette même ambiguïté schizoïde qui heureusement n’arrive pas encore à totalement camoufler l’immoralité de la guerre au terrorisme initiée par G.W. Bush

Il s’agit d’une mission légitime de pacification nous dit S.Harper. Mais il ne faut pas s’y laisser prendre, car depuis le 11 septembre, la « pacification » n’est décidément plus qu’un mot d’une novlangue (nécessaire à la pensée double ) que le dividu doit posséder pour pouvoir faire la paix et la guerre en même temps.

Répétons-le encore une fois, une guerre contre des « combattants illégaux » n’est pas une opération de police légale, mais une guerre ambiguë qui ne reconnaît même pas à ses adversaires le statut d’ennemis ni d’ailleurs celui de criminels ayant le droit d’être jugés, comme c’est flagrant pour les prisonniers de Guantanamo.

Bref, si nous ne voulons pas risquer de nous retrouver un jour complice de crime contre l’humanité, il faudrait peut-être commencer à réfléchir sur la posture morale d’un État ou les citoyens ne peuvent plus croire au bien fondé de la politique de leur gouvernement sans perdre soit leur honnêteté, soit leur intelligence.

Ce n’est pas seulement parce que des soldats canadiens risquent de se faire tuer qu’il faut être contre la guerre anti-talibans, c’est aussi parce que des soldats canadiens risquent de tuer des talibans et des innocents.

Disons franchement à Harper que nous ne nous laisserons pas berner par sa propagande belliqueuse et que nous pouvons le faire tomber très rapidement s’il s’obstine à vouloir faire plaisir à Bush au mépris de la morale la plus élémentaire.

L.M.