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Témoignage d’un ex-syndicaliste en colère (troisième partie)

Anonyme, Vendredi, Janvier 6, 2006 - 15:44

Un fait important : on a changé les directions syndicales mais çà n’a rien donné puisque pendant la moitié de mes 30 ans de militantisme, la présidence de l’Alliance a été assumée par des trotskistes, ex-gauchistes et autres. Ces dirigeants, malgré l’intégrité de certains, sont tombés dans le réformisme, le légalisme et la collaboration de classe : la structure syndicale et sa logique les ont pris au piège.

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Nous publions en cinq parties la brochure Du syndicalisme critique
à la critique du syndicalisme. En voici la troisième partie.

Du syndicalisme critique
à la critique du syndicalisme

Les congrès

J’aimerais vous faire part de quelques congrès de la CSQ qui ont eu lieu au cours des dernières années et de la participation de l’Alliance à ces congrès.

Pour commencer, il me faut brièvement expliquer la préparation à ces congrès. D’abord le
CA choisit parmi l’ensemble des profs une cinquantaine de personnes déléguées pour le congrès et c’est l’assemblée de personnes déléguées qui approuve la liste suggérée par le CA. Ainsi, l’Assemblée Générale ne se trouve en aucune façon consultée sur cette délégation. Des mandats très larges pour la délégation peuvent être votés par l’Assemblée Générale. Mais, ce qui est significatif, c’est ce qui se passe au sein de la délégation de l’Alliance au congrès même. Les Conseils d’Administration de l’Alliance, sauf un, ont toujours interdit le vote libre des personnes déléguées lors du congrès, exception faite sur des sujets peu importants(1) . D’ailleurs, la plupart des syndicats CSQ font la même chose. Plusieurs personnes déléguées m’ont souvent dit qu’elles se sentaient traitées comme des enfants au congrès. Mes nombreuses présences à ces congrès m’ont permis de me rendre compte que l’exécutif de la CSQ a le terrain libre pour presque toujours faire comme il l’entend. Par exemple, j’ai été témoin de résolutions au congrès contre la participation à des comités gouvernementaux mais la centrale décidait quand même d’y participer sous prétexte d’obtenir de l’information.

Les syndicats sont tellement crédibles auprès de la bourgeoisie que, par exemple, l’Alliance a souvent bénéficié d’une suite luxueuse à l’hôtel pendant la durée des congrès, que ce soit à Montréal ou à Québec. Ainsi, les négociateurs de notre qualité de vie bénéficient quasiment à tout coup d’une suite gratuite, de la même façon que les congrès bourgeois d’hommes d’affaires. C’est une preuve que les syndicats sont vraiment bien intégrés au capitalisme pour qu’on leur fasse des cadeaux de la sorte!

Les profs ont besoin de luttes mais pas de syndicats

Printemps 1987, la CECM (devenue la CSDM) a voulu fermer le centre pour adultes St-Paul ce qui aurait entraîné, par effet de bumping, la mise à pied d’enseignantes et enseignants précaires. En Assemblée Générale des profs du centre Ste-Croix, nous prenons la décision très majoritaire de débrayer illégalement comme moyen de pression. Les étudiants adultes décident de la même chose en appui. Le côté syndical n’a pas assez d’information pour agir. Cette excuse, qui revient souvent, est régulièrement le prétexte du syndicat pour retarder les luttes et/ou les saboter. Pendant la grève illégale, nous allons donc manifester devant les bureaux de la CECM. Le syndicat ne fait rien et les profs du centre St-Paul ne font rien non plus parce que leur délégué attend le mot d’ordre du syndicat. Résultat? Grâce à notre lutte, le centre St-Paul n’a pas fermé et nous n’avons pas eu de coupures de salaires, profs et élèves adultes.

En contrepartie, quelques années plus tard, la CECM a voulu fermer le centre pour adultes Père-Marquette. Il y avait là une quarantaine de profs qui enseignaient à temps plein ou à temps partiel. Un groupe d’enseignantes et d’enseignants dont je faisais partie, décide d’organiser et de préparer l’occupation de ce centre. Près d’une cinquantaine d’enseignantes et enseignants de différents centres, et d’autres sans travail, sont prêts à y participer.

La présidente de l’Alliance, une ex-gauchiste, à qui j’ai confié ce que nous voulions faire comme action, est entrée dans une fureur noire. Elle nous dit, à cet instant, qu’elle n’allait jamais appuyer publiquement ce geste, jugeant que l’action était vaine, qu’elle ne servait à rien et qu’il pourrait y avoir de la violence policière. Elle conseilla plutôt de laisser faire le syndicat : il y aurait une action appuyée par celui-ci. Alors, nous lui avons fait plus ou moins confiance(2) l’occupation a été abandonnée et remplacée par une quête symbolique devant les bureau de la CECM pour trouver de l’argent afin d’être en mesure de réouvrir le centre. Il n’y a eu aucune assemblée générale pour mobiliser les profs. Est-ce qu’il faut que je vous dise que finalement le centre a fermé et que les profs ont perdu leur emploi? Cette défaite est à mettre en parallèle avec la victoire contre la fermeture du centre St-Paul; l’une contrôlée par le syndicat qui échoue lamentablement et l’autre victorieuse qui a « battu le fer quand il est chaud », en étant directement menée par la base des profs et des étudiants.

J’aimerais mentionner différentes interventions syndicales que j’ai pu faire à l’Alliance. À l’époque, on peut dire que ces interventions étaient appréciées puisque l’Alliance formait alors un courant d’opposition à la CSQ, courant qu’elle ne forme d’ailleurs plus du tout. Sous le mandat de la présidente à la CSQ, Lorraine Pagé, la centrale tombe ouvertement dans le partenariat. Mes interventions, à cette époque, consistaient à critiquer la CSQ qui avait accepté la proposition de l’État de négocier par “cas de résolution de problèmes



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