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COBP-Affaire Mohamed Anas: Un policier tue un jeune marocain à Côte-Des-NeigesAnonyme, Jeudi, Janvier 5, 2006 - 14:13
Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP)
Jeudi le 1er décembre 2005 vers 7h20 du matin, Mohamed Anas, 24 ans, a été abattu de deux balles par un agent du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) sur l’Avenue Kent près de la rue Côte-Des-Neiges, dans des circonstances plus que suspectes. Les membres des communautés marocaine et musulmane de Montréal sont sous le choc et exigent des réponses aux nombreuses questions qui restent sans réponse encore aujourd’hui. Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) exprime sa solidarité avec les proches de la victime et dénonce ce qui ressemble malheureusement à un nouveau cas de bavure policière et de profilage racial. Mohamed, qui est né au Maroc, était résident permanent au Canada depuis 1991. La dernière personne à l’avoir vu en vie est l’imam qui l’a vu quitter la mosquée vers 6h35, après la prière matinale. Mohamed rentrait chez lui, à quelques pas de là, mais ne s’est jamais rendu. Il a reçu une balle à l’épaule droite, une autre en plein cœur et son corps montrait aussi des blessures au front et au nez, comme s’il avait été plaqué au sol. Il portait une djellaba, un turban et une barbe, ce qui fait croire que son apparence est la cause de sa mort injustifiée. Mohamed a été tué sur les lieux d’une perquisition à laquelle il n’était pas lié. Celle-ci faisait partie d’une vaste opération policière, menée conjointement par le SPVM, la SQ, la GRC et possiblement aussi le FBI, qui incluait aussi six autres perquisitions. D’après les médias, 5 personnes ont été arrêtées et devront faire face à 244 accusations de fraude pour une affaire de détournement de cartes de crédit pour acheter de l’essence.(1) Ces individus étaient d’abord soupçonnés par les autorités de fabriquer des faux passeports et d’être liés au « terrorisme international », mais la division anti-terroriste de la SQ aurait par la suite nié ces allégations.(2) Le lendemain du drame, le Journal de Montréal publiait la version policière : Mohamed est présenté comme un « déséquilibré » qui aurait poignardé un policier au cou et à la jambe avant d’être abattu par celui-ci.(3) Or, le père de Mohamed Anas, Mohamed Bennis, et les gens qui le connaissaient affirment qu’il n’était pas armé ni agressif et encore moins déséquilibré. Pour eux, il avait « une réputation impeccable » et « les allégations de la police contre lui sont complètement incompatibles avec sa personnalité et son caractère ».(4) D’habitude, les enquêtes sur des morts d’hommes aux mains du SPVM sont confiées à la SQ, mais comme celle-ci était impliquée dans l’opération c’est la Police de la Ville de Québec qui est chargée d’enquêter sur les circonstances entourant la mort de Mohamed. Quand son père a téléphoné aux policiers le lendemain du drame il s’est fait répondre que l’affaire était « close », puis quand il les a rencontrés à Québec ils lui ont dit qu’ils attendaient le rapport du coroner avant de commenter l’affaire. La police aurait néanmoins parlé de trois témoins directs de la mort de Mohamed. La femme de Samir Benlakhlef, qui a été arrêté pour fraude juste avant le drame, dit qu’elle a entendu les deux coups de feu et vu le policier qui se tenait la jambe.(5) Pour des raisons de « sécurité » paraît-il, le père n’a pas pu voir le policier blessé, qui serait sorti de l’hôpital le jour même. Celui-ci n’aurait que 25 ans et serait donc inexpérimenté. Le père de Mohamed n’a pas pu voir non plus ni le fameux couteau, ni les cassettes vidéo des caméras de surveillance de l’édifice Bell qui ont pu filmer la scène mais qui d’après la police ne sont pas « exploitables ». En plus d’engager un cabinet d’avocats, le père de Mohamed et le groupe Atlas Média ont mis sur pied un Collectif de Soutien dans le but de savoir la vérité sur la mort de Mohamed.(6) Par ailleurs, le Conseil Canadien en Relations Islamo-Américaines (CAIR-CAN) et le Conseil Musulman de Montréal (MCM) ont tous deux demandé par voie de communiqués la tenue d’une enquête publique sur les circonstances entourant la mort de Mohamed Anas. Les deux groupes de défense des droits des musulmans expriment leur inquiétude face à ce qui ressemble à un cas de profilage racial.(7) Le MCM affirme que « la communauté musulmane de Montréal a hâte de savoir ce qui est réellement arrivé car elle est très inquiète à propos de cet incident et se sent moins en sécurité dans les rues de Montréal. » L’organisation demande au Maire de Montréal, au Ministre de la Sécurité Publique et au Chef du SPVM de « réaffirmer encore une fois leur engagement pour une politique de tolérance zéro envers toute forme de racisme et de profilage racial. » Le président du MCM, Salam Elmenyawi, espère avoir des « réponses honnêtes en franches très bientôt » et que « cet incident ne va pas envenimer les relations entre la police et la communauté musulmane. »(8) Parmi les nombreuses questions qui restent sans réponse, la principale est : que s’est-il passé entre 6h35 et 7h20, alors qu’un jeune musulman habillé de manière traditionnelle se trouvait au milieu d’une opération policière potentiellement liée au terrorisme? Ensuite, le fait que Mohamed avait des blessures au visage et que le policier ait été blessé à la jambe laisse croire qu’il aurait été interpellé et maîtrisé au sol avant d’être abattu. Enfin, le fait que la police refuse de montrer les cassettes vidéo, le policier blessé et le couteau renforce la thèse d’une bavure policière et laisse croire que la police tente maintenant de cacher ce qui s’est réellement passé (ce qu’on appelle un cover-up). La question du profilage racial est aussi extrêmement importante dans le contexte actuel de « guerre au terrorisme », où tous les musulmans sont soupçonnés d’être des terroristes et où des agents du Service Canadien de Renseignement de Sécurité (SCRS) harcèlent les arabes et les musulmans pour qu’ils espionnent leur propre communauté. S’ils refusent, ils risquent d’être arrêtés sans accusations, sur la base de soupçons et de preuves secrètes, détenus indéfiniment et déportés vers la torture, comme les 5 personnes présentement ciblées par un certificat de sécurité au Canada, dont Adil Charkaoui.(9) Dans ce contexte, Mohamed a-t-il été victime de la paranoïa ou du zèle d’un jeune policier qui a préféré tirer avant de poser des questions en voyant un jeune musulman sur la scène de la perquisition? Le COBP s’engage à appuyer les efforts de sa famille et de sa communauté pour savoir la vérité afin que les coupables soient traduits en justice. Cette lutte nécessitera une mobilisation qui dépasse les seules communautés marocaine et musulmane. D’ailleurs, cette affaire s’est passée à Côte-Des-Neiges, un quartier où les jeunes et les immigrantEs font face tous les jours au harcèlement policier. C’est une raison de plus qui fait que nous devrions tous et toutes nous sentir concernéEs par les abus policiers et leur impunité. Une injustice contre une personne est une injustice contre tous, c’est pourquoi la solidarité demeure notre meilleure et notre seule arme pour exiger la vérité et la justice. Collectif Opposé à la Brutalité Policière - (514) 859-9065 - c...@hotmail.com - www.copb-mtl.com (1) Hugo Meunier, « Jeune homme abattu par un agent, le père croit à une bavure policière », 8 décembre 2005 : www.cyberpresse.ca/article/20051208/CPACTUALITES/512080438/CPACTUALITES
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