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Tchad-Sénégal: Le dictateur Hissène Habré doit être jugé pour crimes.Anonyme, Mercredi, Novembre 30, 2005 - 15:22
LEY-NGARDIGAL Djimadoum
"La Justice a chiffré en 1992 le sombre bilan des années Habré à « plus de 40 000 victimes dont 4.000 identifiées nommément, plus de 80.000 orphelins, plus de 30 000 veuves et plus de 200 000 personnes se trouvant, du fait de cette répression, sans soutien moral et matériel ». La plupart des exactions furent perpétrées par la terrifiante police politique de Habré, la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), dont les directeurs ne rendaient des comptes qu’à Hissène Habré et appartenaient tous à sa propre ethnie, les Goranes" PARIS,LE 20 NOVEMBRE 2005 OBJET:AFFAIRE HISSÈNE HABRÉ LETTRE OUVERTE À SON EXCELLENCE EXCELLENCE MONSIEUR LE PRÉSIDENT, Les regards du peuple martyr du Tchad et celui du monde entier sont orientés depuis bientôt une semaine vers votre pays et sa justice. Excellence Monsieur le Président, nous ne relaterons pas ici, les innombrables crimes contre l’humanité commis par l’Ex-Président Hissène Habré en 7 ans de règne de 1982 à 1990. Cependant, nous soumettons à votre profonde conscience les extraits du rapport sur les crimes de Hissène Habré, - tout d’abord en tant qu’être humain, puis en votre qualité de juriste et Homme de lois (Avocat à la Cour d'Appel de Dakar, Membre de l'Académie Internationale de Droit Comparé de stockholm-suède, Membre de l'International Academy of Trial Lawyers, Expert/consultant International), - en votre qualité de l’un des rares Présidents du Pré-carré français démocratiquement élu par le Peuple sénégalais. Dans ce Pré-carré français où les hold-up électoraux présidentiels sont érigés en système politique avec pérennisation des pouvoirs autocratiques, criminels et dictatoriaux ( la figure représentative de cette espèce de dirigeants criminogènes, est le Général-Président Idriss Déby, ancien bras droit droit de Hissène Habré, et responsable de la mort de plus 25.000 morts en 15 ans de règne selon les rapports provisoires des ADH), - et enfin en votre qualité de Président du Sénégal, qui est régulièrement cité en exemple comme modèle de démocratie réussie sur le continent africain. Quelques extraits du rapport de la Commission d’Enquête du Ministère tchadien de la Justice de 1992 vous édifieraient au mieux sur les faits. Les effroyables crimes de Hissène Habré y ont été stigmatisés : - « Le régime de Hissène Habré, de 1982 à 1990, fut marqué par de graves et constantes violations des droits de l’homme. Par périodes et en procédant à des arrestations collectives et des meurtres de masse, l’ancien tyran a persécuté différents groupes ethniques dont il percevait les leaders comme des menaces à son régime, notamment les Sara et d’autres groupes sudistes en 1984, les Arabes, les Hadjaraï en 1987 et les Zaghawa en 1989. Même si le nombre exact des victimes reste à ce jour inconnu, la Commission d’Enquête du Ministère tchadien de la Justice a chiffré en 1992 le sombre bilan des années Habré à « plus de 40 000 victimes dont 4.000 identifiées nommément, plus de 80.000 orphelins, plus de 30 000 veuves et plus de 200 000 personnes se trouvant, du fait de cette répression, sans soutien moral et matériel ». La plupart des exactions furent perpétrées par la terrifiante police politique de Habré, la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS), dont les directeurs ne rendaient des comptes qu’à Hissène Habré et appartenaient tous à sa propre ethnie, les Goranes. » - Une des rescapées Madame Khadidja Hassan Zidane arrêtée et relâchée plusieurs fois, a totalisé environ une année de détention accompagnée de tortures à l’électricité dans les locaux de la DDS. - le jeune Clément Abaïfouta, alors jeune bachelier qui rêvait de devenir Médecin afin de servir son pays, avait le tord d’avoir eu pour oncle un opposant, le Professeur Facho Ballam. Ce lycéen qui s’apprêtait à s’envoler pour l’Allemagne afin de suivre les études médicales, a été arrêté dans la nuit du 12 juillet 1985 par des hommes en tenue militaire. Il fut embarqué pour une destination inconnue. - Djimadoumadji N'garkete Bainde, l'un des Tchadiens qui ont déposé une plainte contre M. Habré en Belgique en 2001, affirme que le régime de l'ancien président est responsable de la mort de 29 membres de sa famille. Ces trois extraits de témoignage des rescapés du camp de la mort qu’était la piscine de la DDS, témoignent si besoin est, de la nature criminogène de l’Ex- Président Hissène Habré, qui, par ses actes gravissimes, ont heurté la conscience collective de tous les Tchadiens. En effet, toutes les familles ont été victimes de ces années de plomb. Excellence Monsieur le Président, votre déclaration à RFI le 11.11.2005 « Je ne sais pas ce qu'il va en advenir, c'est à la cour à décider et moi je suivrai la cour d'appel », a-t-il ajouté. « Mais je ne ferai rien sans consulter l'Union africaine (UA), parce que ce n'est pas un problème du Sénégal, c'est un problème africain », inquiète le peuple martyr du Tchad, victime de la tyrannie du Dictateur Habré. En effet, il est de notoriété publique que la plupart de ces Présidents, spécialistes des hold-up électoraux et qui gouvernent par la coercition, les assassinats, la délation, la corruption et la terreur, appelleraient incontestablement à la non-extradition de Hissène Habré en Belgique. De plus, votre éventuelle décision d’appliquer la décision qui serait arrêtée par vos pairs, serait considéré comme un désaveu de votre part de la justice sénégalaise et un blasphème pour les milliers des morts tchadiens. Certains compatriotes africains par tradition séculaire d’hospitalité (la Téranga), au nom de la défense de la dignité africaine ou par pitié pour l’Ex-dictateur, s’opposent à l’extradition de Hissène Habré vers la Belgique. La Téranga sénégalaise a été malheureusement dévoyée par certains pour des raisons inavouées et inavouables. Ni la Téranga, ni une quelconque religion ne sauraient protéger un criminel de la trempe de Hissène Habré , ni s’accommoder d’une situation qui relève d’un marchandage politique sur le dos du peuple tchadien profondément meurtri et assassiné. Chaque Africain conscient, peu soit-il, conviendrait que le noir depuis la traite négrière organisée par l’Europe et qui a duré 4 siècles (XVI ème au XIX ème, a touché environ 100 millions de victimes), suivie par la colonisation puis aujourd’hui par le néo-colonialisme de l’occident. Ce sont là une véritable tragédie pour notre continent qui portera à jamais les séquelles et stigmates. Les humiliations, le racisme, les discriminations, le mépris (plus de 50 noirs morts dans les incendies à Paris au printemps et en été derniers dans des immeubles vétustes, sans que cela ne puisse susciter des réactions dignes des politiques suite à la mort des être humains, et les récents drames des immigrés noirs des enclaves espagnols de Ceuta et Melila…) dont les noirs sont victimes partout à travers le monde des blancs, ne peuvent que susciter révolte, dégoût et mieux encore une révolution socialiste radicale pour la libération de l’Afrique, la mère patrie des peuples noirs et de sa diaspora. Ces mêmes puissances impérialistes occidentales, qui se targuent de démocratie, sont les géniteurs des petites créatures criminelles et dictatoriales qui oppriment nos peuples. Hissène Habré et Idriss Déby en sont d’excellents spécimens. Monsieur le Président, de ce qui précède nous pouvons comprendre la réticence de certains Africains à l’extradition du dictateur Hissène Habré vers la Belgique. Pour ces derniers, une telle extradition ressemblerait fort bien à une infantilisation du noir, toujours inapte à se prendre en charge mais prompts à exécuter les ordres du Maître blanc. 1- Le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) créée par la résolution 2- La Cour spéciale pour la Sierra Leone, instituée par la résolution 1315 du Un additif spécial aux statuts de l’un de ces deux juridictions internationales existantes, permettrait de juger d’urgence Hissène Habré dont les victimes, leurs avocats et la justice Belge ont les dossiers fins prêts depuis 5 ans. Les géniteurs et complices extérieurs, notamment les puissances impérialistes occidentales et les membres des réseaux obscurs telle que la Françafrique, devraient aussi répondre de leur participation et complicité de génocides et de crimes contre l’humanité. Excellence Monsieur le Président, nous vous rappelons au demeurant, que l’engagement que vous avez pris à travers votre déclaration d’avril 2001, où vous avez déclaré publiquement que vous donnez un mois à Habré pour quitter le Sénégal, nous réconforte et espérons que vous résisterez à la pression de « l’internationale dictatoriale africaine » qui pressent d’ors et déjà le sort qui sera réservé à ses Membres. Ils répondront aussi un jour de leurs crimes contre l’humanité et autres forfaitures devant la justice africaine. La déclaration d’incompétence pour juger Habré pour des crimes commis à l’étranger par la Cour de Cassation de Dakar en mars 2001 ne saurait longtemps résister à l’épreuve des faits et des propositions telles que les nôtres susmentionnées. Nous osons encore espérer que votre pays et vous-même respecterez les obligations internationales découlant de la ratification en 1986 de la Convention internationale des Nations Unies contre la Torture. En effet, la Convention contre la Torture, stipule que tout Etat signataire doit poursuivre ou extrader l’auteur présumé d’actes de torture à l’étranger et qui se trouve sur son territoire. Excellence Monsieur le Président, votre pays le Sénégal a été aussi parmi les premiers pays à avoir ratifié les statuts de la nouvelle Cour Pénale Internationale (CPI). Votre engagement personnel pour la cause de la paix et de la justice sur notre continent, donne espoir à notre Peuple martyrisé par la dictature de Hissène Habré. Nous osons encore espérer que La Chambre d'accusation de la Cour d'Appel se prononcera pour l’extradition et que le jugement aura lieu à la mémoire des 40.000 morts et des 80.000 orphelins dont l’auteur est Hissène Habré. Excellence Monsieur le Président, vous-même, votre pays et les juges entreraient dans la postérité et le panthéon de la justice universelle et du droit international, si vous Hissène Habré est jugé. Vous avez par conséquent la lourde responsabilité historique de sauver l’honneur des peuples africains et noirs. Dans l’espoir que les cris de lamentations et de lourd deuil porté par notre peuple martyr, puissent trouver un écho favorable, je vous prie d’agréer, Excellence Monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée et celle des remerciements anticipés des victimes de la tyrannie de Hissène Habré. Le Secrétaire Général de l’ACTUS |
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