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L'élu tant attenduPierre-Luc Daoust, Mercredi, Novembre 16, 2005 - 01:24
Pierre-Luc Daoust
Réaction personnelle concernant le résultat de la course à la direction du Parti québécois Le résultat était fort prévisible, mais Lyne Marcoux l'a confirmé ce soir: les membres du Parti québécois ont choisi André Boisclair pour les mener. C'est donc ainsi que se termine cette interminable course à la chefferie. Et il en était temps. Car les idées ne brassaient plus. En fait, ont-elles brassé? Une course complètement ratée Loin de moi l'idée que personne n'a suggéré quoi que ce soit de concret. Les candidats que les médias ont relégué à l'arrière-plan ont sans aucun doute été les plus productifs à cet effet. De la façon de faire la souveraineté à la vision des services publics et des priorités sociales, les méthodes et idées sont sorties en masse. Malheureusement, très nombreux sont les membres péquistes et les citoyens spectateurs à avoir été aveuglés par les histoires de drogue entourant les deux meneurs de la course. Est-ce qu'un chef ou une cheffe de parti ayant déjà violé la loi peut légitimement prendre le siège de Premier ministre? Il est innacceptable que cette question ait pris toute la place. À l'avant-plan de la course, a-t-on parlé concrètement de solutions à apporter au système de santé? Non. Au réseau d'éducation? Non. Au régime d'aide sociale? Non. La course à la chefferie du parti, la première depuis 20 ans, aurait dù relancer bien des débats, surtout sur des sujets concernant les politiques controversées du gouvernement de Jean Charest. Pensons à la gestion des négociations avec les employés du secteur public, processus auquel un gouvernement péquiste pourrait devoir faire face. Pensons également à la sous-traitance et aux partenariats public-privé, dont les piètres performances ont été démontrées aux élections du 6 novembre. Mentionnons les modifications au Code du travail passées sous la censure de la loi du baillon. Relevons les compressions budgétaires effectuées dans l'aide financière aux études et l'élévation des restrictions d'accès à ce régime, ainsi que les coupures dans l'aide sociale. Bien sûr que les positions entourant ces sujets relèvent du parti entier et non uniquement du chef, mais ce dernier a une influence monstre sur les membres qu'il représente ainsi que sur les députés péquistes, car c'est lui qui choisit à quel député il accorde le privilège d'être porte-parole de telle ou telle spécialité ou, en situation de pouvoir, ministre de tel ou tel ministère. Les militants n'échappent pas à cette influence car trop souvent ils se laissent manipuler en se disant que les membres d'en haut ont l'expérience et un meilleur jugement. C'est comme ça que Lucien Bouchard a pu accélérer le virage à droite du Parti québécois et que Jean Charest a pu pousser le Parti libéral du Québec encore plus à droite qu'il ne l'était. Cet élément qu'est l'influence met donc en valeur toute l'importance d'élire un chef dont les idéaux personnels cadrent bien avec ceux du parti, car c'est la meilleure façon de vaincre l'adversaire en débat. Entendons-nous que si André Pratte, éditorialiste en chef de La Presse, allait représenter le Parti communiste révolutionnaire en débat, ça ne serait pas très crédible et surtout, peu efficace. C'est donc une erreur qui coûtera très cher aux militants progressistes mais facilement aveuglés du PQ de ne pas avoir analysé les idéaux politiques des candidats et de s'être laissé guider par la caméra des journalistes des médias de masse. Une division à prévoir... et à empêcher! L'élection d'André Boisclair apporte un autre problème. Considéré comme étant de la droite par beaucoup de monde, surtout chez les jeunes, André Boisclair ne sera pas capable de rallier derrière lui les militants sociaux-démocrates qui ont vu en cette course au leadership un espoir pour recentrer le parti. Ces électeurs se tourneront majoritairement vers le parti que seront Option citoyenne (OC) et l'Union des forces progressistes (UFP) une fois réunis. Qui plus est, le Parti Québécois n'aura plus le monopole de l'option souverainiste, car les militants UFPistes auront enfin ce qu'il leur manquait en 2003 pour montrer à la population que le PQ n'est pas le seul parti souverainiste: un visage connu. Avec Françoise David comme représentante de l'OC-UFP, il n'y aura plus seulement les militants qui écouteront le discours social-démocrate, mais aussi une partie des messieurs-et-mesdames-tout-le-monde qui ont besoin d'un gros nom pour entendre des mots. L'OC-UFP pourra donc aller chercher une portion du vote progressiste. L'ennui pour le PQ est que ce vote se situe généralement chez lui. Rares sont les progressistes qui brandissent la bannière du PLQ. C'est donc le PQ qui subira le plus de dommages de l'émergence de l'OC-UFP, et ce, pour une histoire de chef n'inspirant pas confiance aux militants de centre et de gauche. En réduisant le vote d'un parti pouvant être fort au profit d'un autre qui devra prendre plusieurs années et élections pour se faire connaître, et qui donc demeurera faible pour quelques temps, on assistera à une division du vote non-libéral, ce qui laissera la voie grande ouverte au PLQ pour prendre à nouveau le pouvoir et continuer le travail de privatisation et de destruction qui est déjà amorçé. L'épée de Damoclès est en place C'est donc dans une grave et dangereuse ambiance de guerre au sein de l'opposition aux néolibéraux du PLQ et de l'Action démocratique que la route vers la fin du mandat libéral se poursuivra. Tout ça à cause d'un choix complètement aveugle. Le PQ pourra difficilement obtenir le ralliement de l'OC-UFP à cause des trop larges divergences d'opinion entre les porte-paroles. À moins d'un miracle, on a plus de chance de voir les joueurs des Canadiens de Montréal et des Bruins de Boston se serrer dans leur bras après un blanchissage que de voir une fusion électorale des deux partis souverainistes. C'est donc un défi énorme qui attend André Boisclair et les militants qui demeureront au PQ, car du succès de ce ralliement risque de dépendre le sort du PQ aux prochaines élections.
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