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Le brûlot de Lulu et cie: un manifeste bourgeoisAnonyme, Lundi, Octobre 24, 2005 - 14:37
Arsenal-express
La parution, mercredi dernier, du manifeste "Pour un Québec lucide", par lequel l'ex-chef charismatique du PQ, Lucien Bouchard, a choisi de reprendre du service sur la scène politique, aura fortement embarrassé ses anciens collègues qui se disputent actuellement la course à la chefferie du Parti québécois. Selon Bernard Landry, ce manifeste n'est "ni de droite, ni de gauche: c'est un manifeste québécois". En vérité, c'est bel et bien un manifeste *bourgeois*, qui reflète les intérêts généraux de la classe dominante et transcende les divisions artificielles que son système politique entretient habituellement entre la "gauche" et la "droite". La parution, mercredi dernier, du manifeste "Pour un Québec lucide", par lequel l'ex-chef charismatique du PQ, Lucien Bouchard, a choisi de reprendre du service sur la scène politique, aura fortement embarrassé ses anciens collègues qui se disputent actuellement la course à la chefferie du Parti québécois. L'un après l'autre, les André Boisclair, Pauline Marois et Richard Legendre ont tenté de se dissocier des propositions ouvertement pro-capitalistes et anti-populaires mises de l'avant dans le manifeste même si, sur le fond, ils y adhèrent sans doute à 100% (disons, à 99% et des poussières, pour être plus exact). Les grandes idées qu'on y retrouve ("grandes" au sens de "générales", parce qu'on ne peut certainement pas dire qu'elles soient glorieuses), ces gens-là les ont toutes défendues lorsqu'ils étaient au Conseil des ministres: on n'a qu'à se rappeler la fameuse politique du "déficit zéro" mise de l'avant par le même Bouchard au milieu des années 1990, avec l'appui enthousiaste des Marois et Boisclair et le soutien implicite, sinon explicite, de tout le Parti québécois. La différence, c'est que les politicienNEs qui exercent le pouvoir ou qui aspirent à l'exercer bientôt doivent s'assurer d'y mettre les formes. Leur rôle étant de faire passer et d'implanter les politiques qui serviront les intérêts de la classe dominante tout en maintenant la paix sociale nécessaire à la bonne conduite des affaires de la bourgeoisie, ils et elles ont l'habitude (c'est d'ailleurs pour ça qu'on les paie!) de se livrer à toutes sortes de contorsions, de mensonges et de turpitudes pour tromper la majorité de la population -- ceux et celles qu'on exploite et qui n'ont pas un mot à dire sur la direction de la société mais dont on a besoin des votes, à tous les quatre ans, pour maintenir l'illusion de la "démocratie représentative". Les signataires du manifeste étant libérés de cette obligation, ils et elles peuvent s'exprimer bien plus ouvertement, en disant tout haut ce que la bourgeoisie pense et manigance tout bas. Car que dit, justement, leur document -- par ailleurs bien peu consistant -- d'une dizaine de pages? Essentiellement, que "le Québec" (lire : la bourgeoisie québécoise) fait face à de nouveaux défis (déclin démographique et concurrence internationale exacerbée) et que l'intérêt bien compris de "nos" capitalistes exige que l'État s'adapte et modifie son action en conséquence. Les propositions concrètes qui en découlent (dégel des frais de scolarité, augmentation des taxes à la consommation, hausse substantielle des tarifs d'électricité, affaiblissement généralisé des conditions de travail sous couvert de "flexibilité", etc.) ne constituent vraiment rien de nouveau: elles ont toutes été mises de l'avant, à un moment donné ou à un autre, par les gouvernements qui se sont succédés au pouvoir depuis une vingtaine d'années. Et elles vont d'ailleurs dans le sens des politiques défendues si laborieusement par l'actuel gouvernement libéral "dirigé" (sic) par Jean Charest. Ces propositions peuvent se résumer, grosso modo, en une seule phrase, qui synthétise tout le programme actuel de la bourgeoisie impérialiste: *faire payer les travailleurs, les travailleuses et les pauvres pour la crise du capitalisme*. Quand Lucien Bouchard déclare, en entrevue au magazine Le Point, que "le système nous a bien servis et qu'il faut maintenant faire des sacrifices", il dit en fait une grande vérité et un pieux mensonge (ce dernier par omission): il est en effet parfaitement exact de dire que la classe bourgeoise, dont il fait partie (car c'est bien là le sens du "nous" qu'il utilise), a toujours été bien servie par le système. Par contre, ce qu'il omet de préciser, c'est que les sacrifices dont il parle, ce ne sont évidemment pas les grands bourgeois comme lui qui les feront. Car qu'est-ce que ça pourrait bien leur foutre, à tous ces riches représentantEs du Québec inc., que les frais de scolarité et les tarifs d'électricité augmentent? Ils et elles ont à l'évidence les moyens de payer. Et si les travailleurs et travailleuses voient leurs salaires baisser, ces gens-là n'en souffriront certainement pas; bien au contraire, ils verront leurs profits augmenter d'autant! Certaines personnes, qui ne jurent que par le modèle de "consensus social et national" qui caractérise le Québec, ont déploré que les signataires du manifeste, qui sont tous liés, d'une façon ou d'une autre, à la grande bourgeoisie, n'aient pas daigné s'associer quelque personnalité identifiée à la "gauche" officielle et traditionnelle. L'ancien Premier ministre Bernard Landry, qui n'en finit plus de se penser chef du PQ, s'est plaint que le manifeste, bien que "généralement exact et pertinent, manque des nuances qu'un Fernand Daoust ou un Gérald Larose auraient pu y apporter" (!). Landry a tout de même insisté pour dire que ce torchon est "bienvenu et pertinent". Selon lui, ce manifeste n'est "ni de droite, ni de gauche: c'est un manifeste québécois" (déclaration faite sur les ondes de la Première chaîne de la SRC). En vérité, c'est bel et bien un manifeste *bourgeois*, qui reflète les intérêts généraux de la classe dominante et transcende les divisions artificielles que son système politique entretient habituellement entre la "gauche" et la "droite". En ce sens, nous avons toutes les raisons de le répudier, et surtout de rejeter et de tasser du chemin les marchands d'illusion qui essaieront de nous faire croire qu'on pourrait avoir un Québec "solidaire", "citoyen" ou partisan du "bien commun" (?!), tout en restant bien ancré dans le bateau du capitalisme. Si ce bateau coule, comme le craignent Lucien Bouchard et ses amiEs, alors tant mieux! Ce sera bien fait pour eux. D'ailleurs, ne serait-il pas temps qu'on s'organise pour leur donner un petit coup de main et les aider à se noyer? _____ Article paru dans Arsenal-express, nº 69, le 23 octobre 2005. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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