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Mythes et réalités au sujet d’une décriminalisation de la prostitution

Anonyme, Mercredi, Octobre 19, 2005 - 22:44

Concertation des Luttes contre l’Exploitation Sexuelle

Décriminaliser la prostitution chez nous, qu’est-ce que ça veut dire?
Une réponse progressiste aux préoccupations de la collectivité en matière de prostitution.
6 Mythes, 6 réponses.

Décriminaliser la prostitution chez nous, qu’est-ce que ça veut dire?

Décriminaliser la prostitution signifie que toutes les lois concernant la prostitution seraient abolies. En d’autres mots, acheter une femme deviendrait, socialement et légalement, l’équivalent d’acheter un paquet de cigarettes. La prostitution sous toutes ses formes – de rue, escorte, bordel, massages – serait légalement accueillie comme légitime. Des proxénètes de partout dans le monde deviendraient les nouveaux entrepreneurs de nos villes.
La décriminalisation de la prostitution ferait augmenter toutes les formes de prostitution : légale, illégale et semi-légale.

La décriminalisation ne ferait rien pour la sécurité physique et affective des femmes dans la prostitution : quel que soit son statut juridique, la prostitution demeure extrêmement nocive pour toutes les personnes qui la vivent.

On tente parfois de faire une distinction entre une prostitution légalisée ou simplement décriminalisée. Du point de vue des prostituées elles-même, il existe très peu de différences entre les deux. Il s’agit dans les deux cas d’une prostitution parrainée par l’État. Dans la prostitution légalisée, c’est l’État qui devient le proxénète, le « pimp », par ses taxes et ses impôts. Dans la prostitution décriminalisée, ce sont les pimps qui conservent ce contrôle, qu’il s’agisse des pimps de bar, des pimps de club de strip-tease, des pimps chauffeurs de taxi ou des pimps de rue. Qu’il s’agisse de la prostitution décriminalisée ou de la prostitution légalisée, le « client » est fondamentalement accueilli à titre de consommateur. La décriminalisation de la vente de femmes par les pimps et de l’achat de femmes par les clients équivaut à une promotion et à une exploitation commerciale des réalités qui amènent les femmes à la prostitution et qui s’y reproduisent systématiquement, soit le viol et le trafic sexuel d’enfants et de femmes.

Il n’est pas plus possible d’« améliorer un peu » la prostitution qu’il n’est possible d’« améliorer un peu » l’esclavage. La prostitution est une institution profondément nocive. À qui nuit-elle surtout? À la femme ou à l’enfant qui est prostituée. Ces personnes y sont blessées au plan psychologique et au plan physique: il existe des milliers de témoignages à cet effet.

Une réponse progressiste aux préoccupations de la collectivité en matière de prostitution

Les recommandations que s’apprête à déposer un groupe de travail fédéral sur la prostitution où siègent des représentant-es du Bloc québécois, des Libéraux et du NPD endossent les intérêts de « l’industrie du sexe », sous le prétexte cynique d’aider les femmes à éviter la stigmatisation liée à une arrestation. Mais les véritables bénéficiaires d’une telle décriminalisation seraient les clients, les pimps et les trafiquants. Faut-il arrêter ou pénaliser les femmes qui sont dans la prostitution? Non, absolument pas. La quasi-totalité des femmes dans la prostitution y sont comme solution de dernier recours : elles ne « choisissent » pas les viols rémunérés de la prostitution de la façon dont l’on choisit un métier comme celui de radiologiste.

Les recherches menées par des psychologues comme Madame Melissa Farley (www.prostitutionresearch.com – le site d’une organisation à but non lucratif à l’origine du présent texte) nous apprennent que 95% des personnes qui sont dans la prostitution souhaitent de façon urgente y échapper. Il est temps d’offrir de véritables choix aux femmes, aux hommes et aux jeunes qui sont dans la prostitution. Elles et ils nous disent avoir besoin de logements stables, de services sociaux, de traitements médicaux et de formation professionnelle. Voilà ce que ces personnes sont en droit de recevoir – pas une décriminalisation de leurs exploiteurs. Devrions-nous arrêter et sanctionner les pimps, les clients, les entremetteurs et les trafiquants qui utilisent les femmes dans la prostitution et tirent profit de leur vente? Oui. Il est clair que ce sont les auteurs de l’exploitation sexuelle et de la violence qui doivent être sanctionnés, pas les femmes.

MYTHE : La décriminalisation va mettre fin à la prostitution illégale. RÉALITÉ: Des études démontrent le contraire. En Australie et en Nouvelle-Zélande, la décriminalisation a entraîné une augmentation de la prostitution illégale, clandestine et de rue. De plus, la décriminalisation encourage le trafic sexuel vers ces pays où la prostitution est banalisée.
MYTHE : Si la prostitution était décriminalisée, les propriétaires de bordels accrédités n’engageraient pas d’immigrantes illégales, de mineures ou de victimes du trafic sexuel. RÉALITÉ: La décriminalisation accroît la prostitution de mineures. Ce fait a été amplement documenté aux Pays-Bas depuis l’institution de prostitution en bordel. Les pimps – propriétaires de bordels, d’agences d’escortes et de salons de massage – veulent gagner de l’argent. Ils ne se préoccupent pas de savoir si une femme est illégale, mineure ou victime d’un trafic. Les pimps, les trafiquants, les entremetteurs et particulièrement les clients se précipitent n’importe où l’industrie de la prostitution est autorisée à fructifier.
MYTHE : Si la prostitution était décriminalisée, cela éliminerait les pimps en offrant aux prostituées d’autres options de travail. RÉALITÉ: La prostitution n’est pas un travail, c’est une violation des droits de la personne. C’est souvent un viol rémunéré. Il s’agit d’une expérience intrinsèquement nocive et déshumanisante. Pour la presque-totalité des personnes qui s’y trouvent, la prostitution est tout le contraire d’une gamme d’options éducatives et professionnelles. La plupart des femmes qui sont dans la prostitution y sont arrivées uniquement en l’absence d’autres solutions. Elles n’ont pas de logement stable, sont dans l’urgence pour répondre aux besoins de leurs enfants ou payer leurs études et elles manquent souvent d’instruction. Imaginez le scénario suivant: des orienteurs professionnels recommandant à des femmes d’apprendre à se prostituer pour survivre. Eh bien! cela s’est produit en Nouvelle-Zélande où la prostitution a récemment été décriminalisée.
MYTHE : La décriminalisation contribuerait à la santé mentale des prostituées parce que celles-ci ressentent de l’isolement et de la honte. RÉALITÉ: Ce n’est pas le statut juridique de la prostitution qui cause ces préjudices, mais la prostitution elle-même. Plus une femme passe de temps dans la prostitution – légale ou illégale – plus elle subit des torts psychologiques. La honte et l’isolement persistent même quand la prostitution est décriminalisée ou légalisée. Aux Pays-Bas, les femmes refusent de s’enregistrer comme prostituées légales parce qu’elles ont honte d’être reconnues comme prostituées, et ce même si l’enregistrement leur permettrait de retirer des prestations de retraite. Quel que soit le statut juridique de la prostitution, les femmes ne souhaitent pas être prostituées et en ont honte. Est-ce que les femmes qui sont dans la prostitution méritent d’être traitées sans respect ou stigmatisées? Bien sûr que non. Cependant, la prostitution entraîne inévitablement que l’on vous traite comme un objet dans lequel n’importe qui peut se masturber impunément.
MYTHE : Si la prostitution était décriminalisée, les prostituées seraient plus à l’abri du viol et des agressions physiques. RÉALITÉ: Les lois actuelles permettent déjà aux femmes de dénoncer à la police les agressions physiques et les viols. Le problème est que le mépris à l’égard des prostituées demeure identique, que la prostitution soit légale ou illégale. Les femmes sont violées tout autant dans la prostitution d’escorte et de bordel que dans la prostitution de rue, nous disent plusieurs études. Presque tous les gens qui sont dans la prostitution ont subi des viols dans l’enfance, avant d’y entrer. L’inceste et le viol constituent le camp d’entraînement où est définie la condition de prostituée.
MYTHE : La décriminalisation de la prostitution économiserait beaucoup d’argent parce que la police n’aurait pas à effectuer d’arrestations. RÉALITÉ: La décriminalisation a entraîné de coûteux recours en justice parce que personne ne veut voir la prostitution « dumpée » par un règlement de zonage dans son quartier ou à proximité des écoles de ses enfants. Les bordels abritent d’autres formes de criminalité, comme l’évasion fiscale. Les pimps ne vont pas abandonner simplement les profits massifs qui font partie intégrante de l’industrie.

Proposons à nos députés et conseillers municipaux une nouvelle législation qui offre une vraie justice sociale aux personnes sexualisées et marginalisées en raison de leur genre, de leur race, de leur âge ou de leur pauvreté.

Concertation des Luttes contre l’Exploitation Sexuelle (CLES) la_c...@yahoo.com http://sisyphe.org/article.php3?id_article=1800

Article identifiant la Concertation des Luttes contre l’Exploitation Sexuelle


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