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Pour en finir avec les comités FemmesAnonyme, Mercredi, Octobre 19, 2005 - 21:35
feministesCVM@yahoogroups.ca
De la nécessité d’une lutte autonome Pour en finir avec les comités Femmes « Et c’est finalement le sexe, sujet tabou par excellence, qui divise les femmes. Celles qui n’ont pas d’ami soupçonnent celles qui en ont un de se compromettre pour « garder » leur homme. Celles qui ont un homme dans leur vie craignent les « indépendantes », mais puisque la libération sexuelle fait partie de l’idéologie de la gauche, elles n’ont aucun moyen d’exprimer leur crainte. Elles répugnent à reconnaître leur oppression, de peur de voir menacées leurs relations avec leur homme. » (Revue Partisans, spécial "Libération des femmes année zéro", page 43, numéro 54-55, juillet-octobre 1970.) Supposons une organisation de gauche, composée de divers comités (anti-raciste, femmes, bouffe, logement, queer, etc.), tenus ensemble par un comité exécutif. Dans les postes importants (comité exécutif), l’on retrouvera les hommes-blancs. Ceux-ci peuvent avoir la peau non-blanche et/ou pas-de-phallus. Par contre, leur façon d’être sera celle de l’homme-blanc (autoritaire, patriarcal, etc.). Celleux qui sont des non-hommes et des non-blancs ont trois choix : soit illes sont l’amiE des gens importants, soit illes s’impliquent dans le comité « identitaire », soit illes deviennent des hommes-blancs et s’impliquent dans les postes importants. D’une façon ou d’une autre, illes s’intégreront à une structure qui n’est pas faite ni par ni pour eux-elles, tentant, au mieux, de la réformer. Les non-hommes et les non-blancs restent, dans tous les cas, subordonnéEs au fonctionnement de l’organisation. D’où vient la colère ? Nous sommes enragéEs de voir ce qui se passe, quotidiennement, dans nos vies et dans celles des autres : la misère, l’ennui, l’impuissance, la discrimination, l’exploitation se lisent sur les visages des gens dans la rue, dans nos miroirs, dans nos journaux. Les organisations qui revendiquent, qui militent ne font qu’imposer un autre intermédiaire, un autre mur, empêchant la communication directe de nos joies, de nos rages, de nos désirs. Tout en voulant émanciper et élever le niveau de vie des oppriméEs, ces organisations ne font qu’augmenter leur dépendance, face à l’État ou au patron en premier, face à l’organisation militante en deuxième lieu. Pour lutter contre mon exploitation (l’esclavage salarié), je dois m’impliquer dans mon organisation (le syndicat). Il arrive toujours un certain point où nous ne voyons plus comment lutter sans cet intermédiaire. À ce moment, nous commençons à travailler autant pour nuire au patron par le biais du syndicat que pour la simple survie du syndicat. Or, pas de syndicat sans patron. C’est ainsi que, dans cette histoire, il n’y aura pas d’abolition des rôles d’exploitation. Dans le cas des comités Femmes, c’est pire. Ces comités sont, le plus souvent, de petits ministères de la condition féminine, et ce que le comité fait au sein de l’organisation ne doit jamais dépasser celle-ci, sinon ce serait la mort de l’organisation. Ainsi, on s’y contente, la plupart du temps, d’apporter des revendications, des ajustements, des campagnes Femmes comme un simple ajout à ce qui existe déjà, et non comme un dépassement. Et dans la lutte, cela devient complexe : pour lutter contre le patron, je dois m’organiser en syndicat, et pour amener des points femmes soit dans le syndicat soit contre le patron, je dois créer un comité Femmes, qui sera encore subordonné à tout le reste, au lieu d’avoir une vie propre et autonome. Ça devient lourd. De la difficulté de partir de soi Je regarde l’état du mouvement des femmes, en 2005, au Québec, et je suis triste. Bien que nous ayons affirmé, depuis longtemps, que le privé est politique, nous avons toujours autant de difficultés à nous réunir, entre femmes, pour simplement parler de nos existences. Le privé ayant déjà été théorisé, nous nous contentons, trop souvent, d’appliquer ces théories à nos vies, en espérant s’en sortir de façon individuelle, en prouvant que nous aussi, on peut faire tel ou tel truc masculin, ou confronter tel ou tel homme sur ses attitudes patriarcales. Nous voulons à tout prix investir les structures masculines (de la bureaucratie où nous sommes plus souvent secrétaires que présidente, jusqu’aux manifestations où nous tenons les banderoles au lieu de faire les discours, jusqu’aux discussions musclées où nous écoutons plus que nous parlons) pour ne pas être exclues de ce monde patriarcal qui nous exclue. La « libération sexuelle », supposée libérer la femme, ne nous fait que multiplier les complexes. Nous accumulons les relations car nous sommes contre le couple, nous prenons la pilule pour ne pas être enceintes sans remettre en question notre sexualité centrée sur la pénétration, nous refoulons les jalousies et les amours pour ne pas avoir l’air d’une femme qui veut enfermer son homme. Et surtout, nous ne nous parlons jamais de tout ça. Ce serait cracher sur les luttes du passé... L’homme trouve avantage à cette situation. Moi, je dis moi J’ai longtemps été répugnée, dégoûtée par les mouvements, multiples et divers, des femmes. Dans ma vie, aucune fierté d’être une femme. La femme, en tant que genre, m’énerve. Elle veut être belle à faire peur, intelligente mais pas plus que son homme, elle veut des enfants mais rester mince, se raser ou pas non pas dans la mesure où ça lui plaît ou non, mais dans la mesure où ça plaira ou pas à son homme, se faire exploiter par un patron, par un prof, parce que d’autres femmes se sont battues pour le droit au travail, parce qu’avant elle ne le pouvait pas et donc que c’est nécessairement une libération, elle veut magasiner mais ne veut pas suivre la mode car elle est unique et différente, libérée sexuellement elle lit des magazines féminins remplis de trucs pour mieux faire des pipes, elle veut être forte tout en restant sexy. D’une certaine façon, c’est le pire de la féminité ET le pire de la masculinité. Pourquoi des gens voudraient se regrouper autour de ce statut, sans vouloir l’abolir ? Il va falloir apprendre à dire Moi, je dis moi. Il va falloir se raconter en tant que femme, pour exister en tant qu’individue, ne serait-ce qu’à nos propres yeux. Tout, dans ce monde, nous enlève la possibilité d’exister en tant qu’individue, toujours étant attachée à un autre être. Il va falloir se raconter nos vies de femmes, nos paroles de chairs qui n’entrent pas dans les statistiques, dans les procédures, dans les calculs, pour seulement commencer à se sentir vivre. Pour la création d’un mouvement autonome des femmes Un monde qui nous exclue ne nous inclura que s’il en tire un plus grand avantage. En légalisant l’avortement et la contraception, le patriarcat dispose de plus de femmes accessibles en tout temps. En faisant travailler les femmes, le capitalisme a augmenté, d’une part, la production, de l’autre, la consommation. Pour des victoires permanentes, nous devons nous opposer au système. Notre seule revendication sera son abolition. Nous devons nous constituer en machine de guerre autonome. L’individuE véritablement libre et autonome ne naît qu’au sein d’une collectivité véritablement libre et autonome, et vice-versa. « Vivre dans cette société, c’est au mieux y mourir d’ennui. Rien dans cette société ne concerne les femmes. » (Valerie Solanas, SCUM Manifesto, 1967.) Ce monde est un monde d’hommes. Nous voulons abolir toute domination, pour se découvrir et se créer en tant que sujets libres. Pour y parvenir, nous utiliserons les moyens qui ont déjà fait leurs preuves : la non-mixité, les lieux autogérés. Nous créerons notre propre monde, qui sera déjà la fin de l’ancien, dont nous n’avons plus rien à attendre, pour, au dernier moment, le détruire. C’est une invitation.
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