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Dollar US contre Euro: Une bataille pour la domination mondiale

léniniste-trotskyste, Samedi, Octobre 15, 2005 - 16:53

Dollar US contre Euro : Une bataille pour la domination mondiale

(Paru en anglais sous le titre de « US dollar versus Euro: A struggle for global domination » dans le numéro 16-30/2005 du mois d’avril de l’organe du Parti communiste du Canada, People's Voice, ce texte est un extrait tiré d’un article rédigé par Dipak Basu et publié originalement dans l’organe du Parti communiste de l’Inde People's Democracy)

Par Dipak Basu

La domination des États-Unis dans le monde repose actuellement sur deux piliers – sa supériorité militaire écrasante et le rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale. Il est de plus en plus évident que la guerre en Irak consistait à préserver le second pilier – le rôle du dollar – plutôt que le premier, le rôle militaire. Dans le rôle du dollar, le pétrole représente un facteur stratégique. Les États-Unis se sont relevés de la Seconde Guerre mondiale comme étant la seule superpuissance, avec un solide potentiel industriel et les plus grandes réserves d’or de toutes les nations du monde. Le rôle du dollar étant intimement lié à celui de l’or.

L’étalon de change-or a commencé à s’effondrer aussitôt que l’Europe a pu se remettre économiquement sur pied et qu’elle est devenue, dès le milieu des années 60, une puissante exportatrice. Cette puissance économique en croissance au sein de l’Europe occidentale coïncide avec l’essor des déficits publics des États-Unis, au moment même où l’administration Johnson intensifiait la guerre tragique du Viêt-nam.

Au cours des années 60, la France, suivie par d’autres pays, a commencé à demander de l’or de la Réserve fédérale des États-Unis. Dès le mois de mai 1971, le drainage de l’or de la Réserve fédérale des États-Unis a pris des allures alarmantes. Même la Banque d’Angleterre s’est associée à la Banque centrale de France pour demander de l’or des États-Unis en échange de leurs dollars. L’administration Nixon opta donc pour l’abandon complet de l’or, instaurant un système de monnaies flottantes en août 1971.

La hausse soudaine de 400 % des prix du pétrole en 1973 par l’OPEP a eu pour effet de créer une énorme demande du dollar US. Les pays importateurs de pétrole, de l’Allemagne à l’Argentine, en passant par le Japon, ont donc dû avoir à exporter en dollars afin de payer leurs nouvelles factures onéreuses liées à l’importation de pétrole.

Les pays de l’OPEP se sont alors vus inondés de leurs nouveaux dollars du pétrole. À leur tour, les banques étasuniennes et anglaises utilisant les dollars de l’OPEP, les ont prêtés sous la forme d’obligations en eurodollars ou en prêts, à des pays du tiers monde voulant à tout prix emprunter des dollars pour financer les importations de pétrole. Ainsi, les banques de l’OPEP, de Londres et de New York ont recyclé des centaines de milliards de dollars, en les retournant dans les pays emprunteurs du tiers monde.

La crise de la dette du Tiers Monde a débuté au moment où, vers la fin de 1979, Paul Volcker et la Réserve fédérale des États-Unis ont unilatéralement haussé les taux d'intérêt aux États-Unis pour essayer de sauver le dollar à la baisse. Après trois années de taux d'intérêt élevés record aux États-Unis, le dollar « a été sauvé ». Ce qui a eu pour conséquence d’étouffer économiquement tous les pays en voie de développement sous ces taux d'intérêt élevés des États-Unis sur leurs emprunts en pétrodollars.

Afin de faire respecter le remboursement de la dette aux banques de Londres et de New York, celles-ci ont demandé au FMI d’intervenir en tant qu’« agent de recouvrement » du monde. Les dépenses publiques en matière de santé, d'éducation et de bien-être ont donc radicalement été réduites par ordre du FMI, pour que les banques s’assurent d’obtenir le prompt remboursement de leurs pétrodollars.

Le « consensus de Washington » du FMI avait été mis sur pied en vue de faire respecter le recouvrement draconien des dettes de certains pays du tiers monde, pour les forcer à rembourser les dettes en dollars et ainsi empêcher toute indépendance économique des pays du sud et ce, afin de sauver les banques étasuniennes et de maintenir la valeur du dollar. Durant les années Reagan, cette phase se basait sur le déclin économique des niveaux de vie, en les détériorant d’une façon jamais vue auparavant à travers le monde. Durant les années 80 et plus particulièrement les années 90, les politiques du FMI ont détruit la croissance économique nationale et brisé les marchés libres, en vue de mondialiser des multinationales qui cherchaient une production bon marché par la sous-traitance.

L’essor de l’Europe depuis 1990

La dissolution de l’Union des républiques socialistes soviétiques et l’émergence d’une nouvelle Europe unifiée et de l’Union monétaire européenne au début des années 90, a commencé à présenter un tout nouveau défi à l’hégémonie étasunienne.

De plus en plus, Washington voit l’Eurolande, et particulièrement la « Vieille-Europe » de l’Allemagne et de la France, comme la menace stratégique la plus grande. Au cœur de cette nouvelle phase se cache une guerre entre le dollar et la nouvelle eurodevise pour la domination mondiale.

De par leur accord ferme avec l’Arabie saoudite, étant le plus grand producteur de pétrole de l'OPEP, Washington assure que le pétrole, un produit essentiel à l'économie de toute nation, la base de tout transport et la majeure partie de l'économie industrielle, ne pourra s’acheter qu’en dollars sur les marchés mondiaux. En 1975, l’OPEP accepte officiellement de vendre son pétrole uniquement en échange de dollars. Un accord secret militaire des États-Unis permettant d'armer l'Arabie Saoudite en était la contrepartie. Jusqu'à novembre 2000, aucun pays de l'OPEP n'avait osé enfreindre la règle du prix en dollars. Aussi, à condition que le dollar soit la devise la plus forte, peu de raison leur permettait de violer la règle. Puis, les Français et d'autres membres de l'Eurolande ont fini par convaincre Saddam Hussein de défier les États-Unis, en leur vendant le pétrole de l'Irak pour de la nourriture, non en dollars, mais uniquement en échange d’Euros. Si la situation avait continué ainsi, elle aurait créé un vent de panique parmi les banques centrales étrangères et les producteurs de pétrole de l'OPEP qui se seraient empressés de liquider les dollars.

Durant les mois qui précédèrent la dernière guerre en Irak, des conseils dans ce sens se sont faits entendre de Russie, d'Iran, d'Indonésie et même du Venezuela. En avril 2002, un représentant officiel iranien de l'OPEP Javad Yarjani, répondant à l'invitation de l’EU en Espagne, a fourni une analyse détaillée de la façon dont l’OPEP dans un proche avenir pourrait vendre son pétrole à l’EU en euros, et non en dollars. L'invasion de l'Irak était la façon la plus simple de fournir un avertissement préventif sérieux à l’OPEP ainsi qu’à d’autres pays, afin qu’ils abandonnent l’idée de laisser le système des pétrodollars pour un autre basé sur l’euro.

Pour autant qu’environ 70 pour cent du commerce mondial se fasse en dollars, c’est le dollar qui demeure la devise que les banques centrales accumulent comme réserves. Puisque le pétrole est un produit essentiel pour toutes les nations, le système des pétrodollars, qui existe à l’heure actuelle, exige l’accumulation de surplus commerciaux énormes en vue de constituer des surplus en dollars.

C’est la même situation pour tous les pays à l’exception d’un - les États-Unis, qui a le contrôle sur le dollar et l’imprime à sa volonté. Du fait qu'aujourd'hui la plupart de tout le commerce international se fait en dollars, tout un chacun vise à maximiser des surplus en dollars de leur commerce d'exportation.

La dette extérieure des États-Unis

Les déficits du commerce extérieur des États-Unis, de même que la dette nette ou le passif nets sur de comptes à l’étranger étaient bien au-dessus des 22 % du PIB en 2000, et se sont ensuite élevés rapidement. En 1999, l'année où la rage des sociétés point-com a atteint son apogée, la dette nette des États-Unis envers les pays étrangers s’élevait à environ 1,4 billion de dollars. Jusqu’à 1989, les États-Unis jouaient le rôle de créancier net, gagnant plus des investissements étrangers que de ce qu'ils versaient en intérêt sur des bonds du Trésor des autres éléments d’actifs étasuniens. Mais depuis 1990, les États-Unis sont devenus une nation débitrice nette du monde atteignant la coquette somme de 3,7 billions de dollars.

Avec le déficit annuel d’un compte courant (principalement commercial) d'environ 500 milliards $ (près de cinq pour cent du PIB), les États-Unis doivent pouvoir importer pour une valeur d’au moins 1,4 milliards $ ou arriver à y déposer cette somme chaque jour, afin d’éviter un effondrement du dollar et de maintenir les taux d'intérêt assez bas pour soutenir l'économie des entreprises accablées par le poids de leurs dettes.

Cette dette nette augmente à un rythme dramatique. Si la France, l’Allemagne, le Japon, la Russie et de nombreux autres pays producteurs de pétrole membres de l’OPEP ne convertissaient qu’une petite partie de leurs réserves de dollars en euros, en vue d’acheter des obligations d’Allemagne à partir de la France par exemple, les États-Unis ferait alors face à une crise qui pourrait détruire leur économie.

L’avenir du statut unique de la superpuissance étasunienne dépend de la prévention de la menace qui peut surgir d'Europe et d'Asie et plus particulièrement de l'Eurolande. Ainsi, les raisons cachées en vue de décider de l’adoption d’un « changement de régime » en Irak, devaient anticiper cette menace. L'Irak constituait donc une pièce d'échecs dans ce jeu stratégique d'importance capitale, un des enjeux les plus grands.

L’invasion de l’Irak

Ce combat des pétrodollars contre les pétroeuros, qui s’est amorcé en Irak, est loin d’être terminé. L'euro a été créé par des stratèges géopolitiques français, à la suite de l'effondrement de l’Union des républiques socialistes soviétiques, en vue d’établir un monde multipolaire. Le but consistait à équilibrer l’accablante domination des États-Unis dans les affaires mondiales. Une alliance entre Paris, Moscou et Berlin allant de l'Océan atlantique jusqu’en l’Asie pouvait laisser prévoir des limites à la puissance des États-Unis.

Cette nouvelle menace d'une politique de l’euro menée par les Français, de concert avec l'Irak et d'autres pays, a poussé certains groupes dans l’établissement de politiques étasuniennes à commencer à réfléchir sur la façon de prévenir toute menace sur le système des pétrodollars et ce, bien avant que Bush ne devienne président.

En septembre 2000, le Projet pour un nouveau siècle américain (PNAC) a publié une importante étude de politique : Rebuilding America's Defenses: Strategies, Forces and Resources for a New Century. [Reconstruire les défenses de l'Amérique : Stratégies, forces et ressources pour un siècle nouveau.]

Cet ouvrage sert de fondement au « Livre blanc » présidentiel de septembre 2002, « The National Security Strategy of the United States of America » [Stratégie de sécurité nationale des États-Unis d'Amérique]. L’article du PNAC soutient un « modèle permettant de maintenir la suprématie mondiale des États-Unis, en empêchant l'établissement d'une grande puissance rivale et en modelant l’ordre de sécurité internationale d’après les principes et les intérêts étasuniens ». La « Grande stratégie étasunienne doit se poursuivre aussi loin que possible dans l'avenir. » De plus, les États-Unis doivent « décourager les nations industrielles avancées de défier notre leadership ou même d’aspirer à un plus grand rôle sur le plan régional ou mondial. »

En 2000, le PNAC était formé des membres suivants : Dick Cheney et son épouse, Lynne Cheney, ainsi que l’assistant néo-conservateur de Cheney, Lewis Libby; Donald Rumsfeld et son secrétaire adjoint, Paul Wolfowitz [nommé par Bush pour diriger la Banque mondiale].

Cette organisation se composait également du chef du Conseil de sécurité nationale du Moyen-Orient, Elliott Abrams, de John Bolton du Département d'État [ambassadeur des États-Unis comme désigné à l'ONU]; Richard Perle et William Kristol. De même que l'ancien vice-président de Lockheed-Martin, Bruce Jackson et l’ancien chef de la CIA, James Woolsey faisaient partie de l’équipe, en plus de Norman Podhoretz, un autre fondateur. Woolsey et Podhoretz parlent ouvertement de « Troisième Guerre mondiale ».

La plupart de ces personnes sont également membres d'un groupe étasunien, le Comité américain pour la paix en Tchétchénie (ACPC), qui soutient les terroristes tchétchènes contre la Russie. Il devient de plus en plus évident, pour plusieurs, que la guerre en Irak ne consiste qu’à préserver la domination mondiale étasunienne, mais l'Irak n’en est pas la fin.

Les sociétés Exxon et British Petroleum ont investi en force dans les anciennes républiques soviétiques de l'Azerbaïdjan, du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Kazakhstan afin d’éliminer l'influence russe dans ces pays. Le Kazakhstan et la mer Caspienne recèlent des gisements de pétrole parmi les plus grands au monde. Les gisements de pétrole russes se situent en Tatarstan (une province majoritairement musulmane) et en Sibérie.

Quelques gisements de pétrole se trouvent en Tchétchénie, mais l'importance que revêt la Tchétchénie repose sur le fait que les principaux oléoducs et gazoducs des gisements de pétrole russes et kazakhs traversent la Tchétchénie.

Ainsi, si la Tchétchénie se séparait de la Russie, cela affecterait la capacité de la Russie d'exporter le pétrole et le gaz naturel vers le marché européen. L'indépendance de la Tchétchénie préparerait le terrain pour une réaction en chaîne dans les autres provinces de majorité musulmane en Russie, et plus particulièrement le Tatarstan.

La séparation de la Tchétchénie et celle du Tatarstan réduirait à un niveau bas les gisements de pétrole brut de la Russie, étant donné que ceux de la Sibérie se trouvent situés dans les régions les plus inhospitalières du monde. Par conséquent, la Russie deviendrait un pays très pauvre sans aucune importance militaire. C'est la raison pour laquelle les États-Unis soutiennent le terrorisme tchétchène contre la Russie.

L'invasion de l'Irak était donc une chose nécessaire dans le but d’assurer deux objectifs. Le premier étant l’occupation du deuxième plus grand gisement de pétrole au Moyen-Orient, assurant ainsi d’une part les futures ressources pétrolières des États-Unis et d’autre part, le commerce du pétrole en dollars.

Le deuxième objectif consiste à effrayer tout autre pays de même penser à dissocier le dollar US d’avec le commerce du pétrole. Dissocier le commerce du pétrole d’avec le dollar amoindrirait le statut particulier de ce dollar et la capacité économique des États-Unis d'acheter des biens et services presque gratuitement du reste du monde et afin d’y arriver, forcer les pays ayant un excédent commercial envers les États-Unis de leur prêter de l'argent. Ce qui aurait pour effet, indubitablement, de détruire l'économie des États-Unis qui est construite sur de l'argent emprunté.



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