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L'islamophobie et les tribunaux musulmans

internationaliste, Lundi, Septembre 26, 2005 - 09:33

La question des tribunaux islamiques en Ontario et au Québec a soulevé une campagne d'hystérie alors que les tribunaux religieux existent depuis 1991 en Ontario pour les juifs et les catholiques sans soulever autant d'émoi. Il y a donc clairement un deux poids deux mesures qui démontre l'étendue de l'islamophobie en Occident depuis les attentats du 11 septembre 2001.

Résistance 28, juin 2005 • www.socialiste.qc.ca

L'islamophobie et

Les tribunaux musulmans

En décembre dernier, après l’hystérie au sujet des tribunaux d’arbitrage musulmans en Ontario, l’ex-ministre de la justice de cette province Marion Boyd a écrit un rapport qui défendait le système d’arbitrage. L’Assemblée Nationale du Québec vient d’interdire cette pratique, seulement pour les Musulmans. Cette motion a eu le soutien de la droite et d’une grande partie de la gauche. Mais les arguments employés sont soit racistes soit des inquiétudes injustifiées. Comme progressistes, il nous faut défendre les oppriméEs, s’opposer à l’État, et comprendre les contradictions de la religion.

DÉLIRE RACISTE

De la part du gouvernement, c’est simplement un délire raciste qui justifie l’interdiction. La Libérale Fatima Houda-Pepin, qui a écrit la résolution, a dit: "Demander l’application de la charia au Canada est équivalent a une tentative de mainmise visant à ébranler notre démocratie, notre système de justice."

C’est simplement faux. Comme l’a écrit Boyd dans son rapport: "un arbitrage n’est pas une système parallèle, mais un méthode de résolution de disputes alternative… qui est subordonné au système juridique." En plus, ce n’est pas nouveau; l’Acte d’Arbitrage de l’Ontario a été rédigé en 1991. Boyd explique: "La conviction erronée que le gouvernement vient de faire des changements à la loi des arbitrages à été propagée largement. Les Juifs hassidique, les Catholiques et les Ismaéliens ont utilisé leurs doctrines religieuses pour résoudre leurs disputes pour une décennie sans la clameur d’une menace à l’État laïque."

Salam El Menyawi, président du Conseil des Musulmans de Montréal, a répondu a l’interdiction en disant: "Prendre une tel action est équivalent à la bigoterie religieuse et à la discrimination contre une minorité religieuse. Les Musulmans sont exclus des droits que possèdent d’autres religions."

L’ISLAMOPHOBIE

On doit voir l’interdiction dans le contexte de l’islamophobie, qui a explosé après le 11 septembre 2001. Les Musulmans sont vilipendé dans les médias, subissent des crimes haineux de la part des individus et la répression par l’État. En France, le gouvernement a interdit aux jeunes filles musulmanes de fréquenter l’école si elles portent le foulard (hijab), et le soutien à cette loi est similaire à la réponse aux arbitrages basés sur la charia. Les appels abstraits à la laïcité déguisent les opinions racistes et sexistes qui voient l’Islam comme exclusivement réactionnaire, ou les femmes musulmanes comme exclusivement des victimes passives qui ont besoin d’avoir leur libération imposée du dehors par les sociétés ´ civilisées ª.

La notion même de ´ Charia ª est très vague et peut signifier des choses différentes pour des personnes différentes. Dans les médias occidentaux on ne parle de Charia que dans les cas d'interprétations extrémistes comme la lapidation des femmes adultères. Mais prétendre qu'une loi inspirée de la religion musulmane (la définition de Charia) doit forcément conduire à des punitions barbares est tout simplement faux et dénote un racisme contre le milliard de Musulmans de la planète, considérés en blocs comme des barbares.

CRI DES OPPRIMÉS

Un élément du prpblème vient du fait que plusieurs à gauche ne peuvent pas expliquer l’attrait de la religion, et pourquoi une partie de la communauté musulmane voudrait le system d’arbitrage. En propageant les idées dominantes, toutes les religions possèdent des éléments réactionnaires, coercitifs et sexistes. Mais ceci est seulement un coté du phénomène religieux. Selon Boyd: "Plusieurs des Musulmans qui ont répondu à la consultation ont parlé du stress grave qu’ont subit leur communauté depuis les attaques terroriste du 11 septembre… et les mesures de sécurité prises par le gouvernement canadien…Cette peur de la discrimination par la société peut rendre plus attirant et réconfortant l’arbitrage privé sous une loi musulmane, surtout pour les jeunes gens voulant préserver leur identité comme une minorité dans un communauté plus large qui semble hostile."

Il ne s’agit pas de soutenir le principe des arbitrages pour les Musulmans (ou d’autres groupes religieux) mais de comprendre pourquoi des gens veulent y recourir, et de défendre leur droit de le faire en s’opposant au racisme de l’État. On sait à quel point le système judiciaire et policier est profondément raciste au Canada. Il faudrait que la gauche débatte aussi de cette question.

NEOLIBÉRIALISME

Tarek Fatah, du Congres Canadien des Musulmans, a avertit que les tribunaux d’arbitrages musulmans vont créer "une sous-classe de population défavorisée qui peut rester dans son ghetto sans déranger" C’est une critique de l’Acte d’Arbitrage qui a permis à la cour de résoudre son manque de ressources en se délestant de ses responsabilité sur les communautés. C’est important de demander des ressources adéquates et l’accès aux services légaux, surtout pour les sections vulnérables de la population. Mais alors il faut condamner le néolibéralisme, et pas la religion.

Aussi, quand les hôpitaux catholiques refusent d’offrir des avortements (et il n’y a pas eu de campagne délirante au sujet de cette intervention de la religion dans la société), la solution n’est pas d’organiser un campagne anti-catholique mais de demander que le gouvernement fournisse des services d’avortement accessibles.

SOLIDARITÉ

Fatah est aussi inquiet que l’arbitrage sera "un cadeau de noël pour les Mullahs de l’Iran et de l’Arabie Saoudite qui se réjouiront de cette décision et l’utiliseront pour légitimer leurs propres gouvernements opprimants."

Mais on ne peut pas comparer les minorités religieuses au Canada avec les théocraties ailleurs, et on n’affronte pas ces dernières en s’opposants aux premiers. Israël cite l’Ecriture pour justifier son traitement sans scrupules du peuple Palestinien, mais cet argument n’est pas utilisé par les individus au Canada qui utilisent les cours rabbiniques de Beth Din. Et on ne confronte pas Israël en interdisant l’arbitrage juif au Canada.

Pour aider les peuples dans les régimes oppressifs, il faut nous unir contre l’ennemi commun de l’impérialisme. Quand des millions de gens ont manifesté contre la guerre le 15 févier 2003, ceci a envoyé un message fort de solidarité à ceux et celles défiant leur régime. Développer un mouvement anti-guerre unifié et inclusif est la meilleure façon de miner les arguments de ces régimes.

Ceci commence en affrontant notre propre gouvernement. Si on craint les activités qui "ébranlent notre démocratie, notre système de justice" comme disent les Libéraux, il faut commencer en interdisant les Certificats de sécurité–que le gouvernement utilise pour arrêter les Musulmans sans accusation, sans preuve, sans tribunal, et sans limite de temps.

L’impérialisme utilise la démagogie pour justifier les guerres ailleurs et pour ébranler les mouvements progressistes chez eux. Quand une grande partie de la gauche en France a soutenu l’interdiction du hijab–légitimant l’oppression par l’État des plus oppriméEs–ceci à ébranlé le mouvement contre le néolibéralisme et à crée des barrières au développement d’un mouvement anti-guerre unifié et multiracial. Maintenant les Libéraux de Charest, ébranlés par une grève étudiante victorieuse et craignant une confrontation avec les syndicats, cherchent un sujet qui peut dévier la colère contre le néolibéralisme. On a besoin d’un mouvement unifié contre le racisme, le néolibéralisme, et la guerre. Ceci commence avec la solidarité avec ceux et celles qui subissent les pires attaques.

Jesse McLaren

Résistance 28, juin 2005 • www.socialiste.qc.ca



Sujet: 
le fantasme multiculturaliste
Auteur-e: 
micheldenantes
Date: 
Mar, 2005-09-27 01:05

Français de France, je regarde toujours avec intérêt ce qui se passe de votre côté de l'atlantique, et la façon dont le premier ministre d'Ontario semble avoir compris qu'il n'y a pas de démocratie possible sans séparation des églises et de l'état et sans une égalité des droits entre chaque individu citoyen, et la façon d'en finir avec les tribunaux d'arbitrages religieux, de TOUTES les religions, mérite à mon sens d'être saluée par tous les démocrates.

Que le débat introduit par Jesse McLaren soit légitime, c'est une évidence. Nous avons connu le même de notre côté de l'atlantique. Je ne suis pas compétent pour porter des jugements sur des faits canadiens que je ne connais qu'imparfaitement, mais je ne peux pas laisser passer des jugements de valeur comme ceux portés par Jesse sur la loi française de 2004.

Sans développements superflus, je passe simplement la parole au quotidien algérien indépendant EL WATAN qui a publié un article pas plus tard qu'hier :

Loi sur l'interdiction du port de signes religieux ostensibles à l'école publique. Un entretien de Hanifa Cherifi, Inspectrice des établissements et vie scolaire , dans le quotidien Algérien EL WATAN, édition du 26 septembre 2005
http://www.elwatan.com/2005-09-26/2005-09-26-26936

Hanifa Cherifi, inspectrice générale des Etablissements et vie scolaire, revient sur l’application de la loi sur la laïcité dans les établissements d’enseignement public du 15 mars 2004, une loi qui a fait couler beaucoup d’encre et suscité des débats passionnés en France, mais aussi au niveau international.

Comment expliquez-vous que la loi sur la laïcité à l’école publique, après avoir soulevé tant de passion et de controverse, a été appliquée sans susciter de remous ?

C’est une loi qui n’est pas orientée contre une religion en particulier, en l’occurrence l’Islam, mais une loi qui impose la même règle à tous, la laïcité. L’école n’est pas un lieu de confrontations religieuses. L’application de la loi sur la laïcité a été accompagnée d’un important travail pédagogique, d’explication, de formation et de préparation du personnel éducatif. Un des 4 articles de la loi stipule que toute mesure disciplinaire doit être précédée d’une procédure de dialogue entre l’élève et sa famille, d’une part, et le milieu scolaire, d’autre part.

Le port du voile a reculé, écrivez-vous dans votre rapport. Par quels effets ce recul s’est-il produit ?

Dans la mesure où elle a été établie sur un principe d’égalité de traitement des religions, la loi sur la laïcité à l’école publique a eu des résultats tangibles. Ses retombées sont positives. Une dizaine de jeunes filles voilées et de sikhs ont eu besoin d’une procédure de dialogue, contre 639 en 2004. En 2003, 1465 filles portaient le voile, elles étaient plus de 3000 en 1994. Cette loi permet aux jeunes filles de poursuivre leur scolarité et d’assurer leur promotion sociale. Ce qui est important, c’est qu’elles trouvent leur place dans la société, et c’est par l’école qu’elles y parviendront. C’est une erreur que les personnes issues de l’immigration s’autoexcluent et rajoutent des obstacles à des discriminations sociales. Des courants religieux obscurantistes voulaient, en s’appuyant sur des difficultés d’insertion sociale, encourager la création de ghettos, couper les jeunes de leurs pays d’origine, de leurs parents, en leur disant que l’Islam de leurs parents n’est pas l’Islam, et de la société dans laquelle ils sont nés et vivent. Ils voulaient que ces jeunes tournent le dos à l’histoire qui les structure et structure leurs parents. On est passé par dix ans de terrible processus de déculturation, de tentative de démantèlement de filiation avec les parents et les pays d’origine. Aujourd’hui, on est dans une prise de conscience collective. Et c’est cette prise de conscience qui a fait reculer le port du voile à l’école. Les jeunes filles qui le portaient ou étaient susceptibles de le porter ont compris que c’était un obstacle à leur promotion sociale.

N’est-ce pas trop tôt pour juger du caractère durable des résultats obtenus en un an ?

C’est un travail à poursuivre, pour que ces jeunes retrouvent une certaine sérénité, leur place de citoyen et de citoyenne. Les institutions doivent pouvoir accompagner ceux qui sont dans un processus d’interrogation. Je pense que l’influence de l’idéologie obscurantiste est en train de régresser. Il faut planter dans le terreau du présent, comme disait Mouloud Mammeri, en acceptant que nous soyons le produit d’une histoire, que nous en sommes fiers, que l’Algérie se construit aussi avec nous, que nous sommes Français. La loi sur la laïcité dans les établissements scolaires de l’enseignement public a permis, contrairement à ce qu’on disait - c’est-à-dire que son application entraînerait l’exclusion de centaines de jeunes filles - de mieux comprendre l’état du rapport de l’immigration maghrébine à la société française, une immigration qui est en phase avec le modèle républicain. Si une minorité cherche à se singulariser, la majorité s’inscrit dans les valeurs de la société française, car ce sont des valeurs universelles. Il est important que la société française en prenne conscience.

N’êtes-vous pas trop optimiste, quand vous parlez de régression de l’idéologie obscurantiste ?

De la part des jeunes filles concernées par le port du voile, on observe une distance par rapport à un discours idéologique qui les encourageait à se démarquer du reste de la société. Elles étaient dans la confiance de ce discours. Elles ont fini par comprendre que revendiquer le port du voile à l’école était une impasse, voire les desservait. Dans un premier temps, ces jeunes filles étaient prêtes à faire don de leur féminité, si en compensation elles obtiendraient un meilleur être social, un meilleur être intime, une forme de reconnaissance et de valorisation de soi . La loi les a libérées de l’obligation de porter le voile. C’est l’institution publique qui décide de la règle commune de l’école. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de filles voilées, mais la loi sur la laïcité à l’école a fait reculer le discours des associations et des idéologues qui disaient à l’adresse de ces jeunes filles : « C’est par le voile que vous allez vous retrouver ». Or, que constatons-nous. Les effets de la loi ont permis à ces jeunes filles, écartelées, de trouver leur place entre leur foi et la société en tant que femmes et enfants issus de l’immigration. Leur affirmation et leur promotion sociale ne passent pas par ce qui les sépare des autres. On ne se construit pas uniquement avec la religion.


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Sujet: 
Pour la laïcité...
Auteur-e: 
stirnerfreuk
Date: 
Mar, 2005-09-27 09:04

Je ne crois pas que le fait d'interdire l'établisseent de la charia au Canada soit un acte islamophobe et raciste. C'est plutôt logique dans une société qui se veut laïque de dissocier religion et justice. La religion est affaire privée aujourd'hui et selon moi c'est mieux ainsi puisque les croyances spirituelles et convictions morales de chacun n'ont pas à intervenir dans les choses sociales et politiques. Toutefois je dois dire que dans la même veine, notre gouvernement est fondamentalement contradictoire lorsqu'il propose par exemple de financer desw écoles privées juives et que d'un côté il interdit la charia. Il faudrait qu'il y ait égalité et justice pour tous, s'il désire traiter toutes les croyances religieuses sur un pied d'égalité il ne doit pas favoriser l'une plutôt que l'autre, cela ne sert qu'à nous faire perdre confiance en nos institutions et attiser les tensions entre mouvements religieux. Dans un autre ordre d'idées je ne pense pas qu'instituer un tribunal à caractère religieux dans un système de justice à visage séculaire soit un geste très responsable. Ca serait aller à l'encontre du fondement de notre société qui est de dissocier le sacré du profane, le religieux du social, etc. Pour qu'une plus grande diversité culturelle s'installe il ne faut pas créer des tribunaux propres à chaque religion et se fermer dans ses croyances, il faut créer ensemble une communauté unie et diversifiée culturellement. Le spectre de la religion autoritaire ne doit pas refaire surface... Regardez seulement où l'extrémisme religieux de bush mène... Voulez-vous vraiment vous cloîtrer dans une doctrine religeuse exclusive, qui limite et restreint la capacité d'agir et de penser...(et là je ne parle pas uniquement de lLIslam, mais du christianisme, du judaïsme et de toutes les grandes religions). Nous devons surpasser l'état religieux des choses pour devenir des être humains qui se donnent àeux même leurs lois et leurs règles plutôt que de les recevoir passivement d'un livre (Bible, Coran, etc) , de prêtres et d'Églises.
Stirnerfreuk


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Sujet: 
Réplique
Auteur-e: 
internationaliste
Date: 
Mar, 2005-09-27 09:26

Merci pour votre commentaire. Ce qui est une manifestation d'islamophobie selon nous c'est le fait que les tribunaux religieux sont interdits seulement pour les musulmans. Comme mentionné dans l'article les tribunaux religieux existent en Ontario depuis 1991 pour les juifs et les catholiques sans que ça soulève des remous. Il y a donc clairement un deux poids deux mesures face aux musulmans qui doivent subir le racisme et la persécution de l'État capitaliste notamment avec les certificats de sécurité.

Internationaliste


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