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Le temps des bouffons, prise deuxAnonyme, Samedi, Septembre 24, 2005 - 13:00
Arsenal-express
À lire les journaux et à écouter les médias électroniques depuis dix jours, on a l'impression que la scène politique québécoise est monopolisée par toute une série de clowns, qui défilent et se font la lutte pour divertir le bon public que nous sommes: la course à la chefferie du Parti québécois, rendue nécessaire suite à la démission surprise de (Saint-)Bernard Landry en juin dernier, est désormais officiellement ouverte! À lire les journaux et à écouter les médias électroniques depuis dix jours, on a l'impression que la scène politique québécoise est monopolisée par toute une série de clowns, qui défilent et se font la lutte pour divertir le bon public que nous sommes (et on ne parle pas nécessairement ici de cet autre illuminé, qui est resté perché pendant plus de douze heures en haut du pont Jacques-Cartier, à Montréal, pour dénoncer la soi-disant "dictature féministe" qui règne au Québec!): la course à la chefferie du Parti québécois, rendue nécessaire suite à la démission surprise de (Saint-)Bernard Landry en juin dernier, est désormais officiellement ouverte pour les huit candidats et la candidate qui ont choisi de se livrer à ce combat de coqs. Si l'objectif de tout ce beau monde était effectivement de nous divertir, force est d'admettre qu'ils (et elle) ont déjà fort bien réussi leur coup: il est en effet particulièrement jouissif de les voir s'entre-déchirer ainsi sur la place publique. Après les fuites bien calculées qui ont eu comme résultat de mettre dans le trouble celui qui apparaît comme l'aspirant numéro un, André Boisclair, ce n'est vraisemblablement qu'une question de jours avant que l'un ou l'autre des candidats ne ressorte le scandale des "toilettes silencieuses", dont la candidate Pauline Marois avait exigé l'aménagement, à fort prix, alors qu'elle était titulaire du ministère de la Santé, dans ses bureaux de Montréal et Québec. Lors du premier débat public qui a eu lieu ce mercredi à Sherbrooke, ce fut particulièrement réjouissant de les voir s'asséner mutuellement quelques pures vérités en plein visage -- Jean-Claude Saint-André accusant André Boisclair d'avoir appliqué aveuglément la politique du "déficit zéro" et d'avoir coupé sauvagement dans l'aide sociale, la santé et l'éducation alors qu'il faisait partie du Conseil des ministres (ce qui est rigoureusement exact), et Boisclair lui répliquant que comme député d'arrière-ban, Saint-André avait quant à lui toujours soutenu le gouvernement (ce qui est tout aussi vrai): tous coupables, donc, les uns autant que les autres... À ce jeu, les candidats dits "marginaux" qui proviennent de l'extérieur de la députation péquiste, n'ont pas plus de mérite que les autres. Le rédacteur en chef de L'aut'journal et responsable des "Syndicalistes et progressistes [sic] pour un Québec libre", Pierre Dubuc, n'est pas moins coupable qu'un Boisclair ou une Marois, même si ça fait juste un an qu'il a pris sa carte du PQ (et qu'il tente, par la même occasion, de dissimuler le macaron de Staline qu'il portait sur le revers de sa veste): en voulant ramener toute la "gauche", le mouvement syndical et plus largement, les travailleurs et les travailleuses dans ce parti bourgeois, anti-ouvrier et notoirement corrompu (voir l'argent sale que le PQ a accepté en provenance de ce fraudeur professionnel qu'est Jean Brault), Dubuc risque de s'attirer lui aussi les tomates et les œufs pourris, au même titre que les grands bonzes qu'il côtoie durant cette campagne. Outre les prétentions de chacunE des candidatEs, qui semblent pleinement convaincus de leurs capacités individuelles absolument phénoménales à "conduire le train du Québec sur les rails de la souveraineté" (ou à "coacher notre équipe lors du septième match", dirait plutôt Richard Legendre -- celui qui est incapable d'exprimer quelque idée autrement qu'en recourant à des allégories sportives), le "débat" qui les met aux prises a surtout porté, jusqu'ici, sur le rythme d'accession du Québec à la souveraineté, sans égard au contenu ni à la justification de ce projet. Le référendum se tiendra au cours du premier mandat suivant l'élection d'un gouvernement péquiste, promet Marois; le plus rapidement possible, lui répond Boisclair; pas plus tard qu'après un premier budget, renchérit Legendre; et ce pauvre Louis Bernard, qui cherche à se faire remarquer autrement que pour sa morphologie pour le moins particulière, répète inlassablement que ce sera trois mois, au maximum, après l'élection du PQ! Mais dans tout ce concert de professions de foi inébranlables, personne ne répond, ni même ne semble se poser la question de fond, à savoir *pour quoi faire* -- sauf pour ce qui est, peut-être, de mettre un terme au "déséquilibre fiscal" avec Ottawa. C'est comme si ça y était presque et que tout ce qui manquait, c'est un leader charismatique qui saura "faire mieux que René Lévesque" (dixit Boisclair, dont la fatuité n'a d'égale que le vide abyssal du discours). Il est vrai que dans un certain sens, le Québec n'a jamais été "si proche" de la souveraineté. Le développement de l'État québécois moderne, la transformation et la consolidation des institutions politiques québécoises, la montée en force de la bourgeoisie nationale francophone et son intégration pleine et entière dans le cadre du capitalisme canadien: tout cela alimente le discours péquiste, qui cherche à montrer que "le pays" est déjà "quasi existant" et qu'il ne reste plus qu'à le "parachever", comme le disait Bernard Landry lui-même (certains, tel le Conseil de la souveraineté, allant même jusqu'à affirmer que "le Québec possède déjà tous les atouts d'un pays"). Mais comme nous avons déjà eu l'occasion de le mentionner dans un article paru l'an dernier dans la revue Arsenal (disponible sur http://www.pcr-rcpcanada.org/fr/publications/arsenal/a3a.php), en situant le débat sur ce terrain, le PQ et ses supporters se trouvent à scier la branche sur laquelle ils sont assis: si "le Québec est capable", s'il a atteint un niveau de développement politique, économique, social et culturel tel qu'il soit envisageable de concevoir la création d'un État national séparé qui soit à la fois viable et bien intégré au sein du système impérialiste mondial, cela veut dire aussi que le projet indépendantiste est d'autant moins nécessaire et incontournable. En d'autres mots, que la base objective de mobilisation autour de ce projet s'atténue, au fur et à mesure que le capitalisme québécois se développe. Ceci ne veut pas dire, pour autant, que le projet indépendantiste n'ait plus aucune utilité pour la bourgeoisie québécoise: il reste toujours un puissant facteur de cohésion sociale, qui sert au maintien de la paix sociale si chère aux capitalistes. C'est d'ailleurs là une des principales raisons pour lesquelles les prolétaires du Québec, qui doivent se soumettre aux caprices de tous ces bourgeois (anciens et nouveaux) formant ce qu'on appelle le "Québec inc.", devraient rester bien à l'écart du PQ et rompre avec son projet collaborationniste. _____ Article paru dans Arsenal-express, nº 65, le 25 septembre 2005. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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