C'est la rentrée et la grève étudiante est finie depuis des mois, mais les procès des grévistes arrêtéEs ne font que commencer cet automne... Cet article publié en mai par le COBP fait un retour sur la répression et lance un appel à soutenir ceux et celles qui font toujours face à des accusations.
Nous venons de vivre la plus grande grève générale étudiante dans l'histoire du Québec qui aura touché plus de 200 000 étudiants et étudiantes. CertainEs ne voulaient que les 103 millions de $ coupés le 30 mars 2004 dans les bourses et d'autres demandaient la gratuité scolaire. Entre le 24 février et le 14 avril, des manifestations, occupations et autres actions ont eu lieu presque à tous les jours. Les policiers de l'escouade anti-émeute ont été mobilisés en conséquence, faisant des heures supplémentaires à temps double pour réprimer toute action qui dépassait le cadre symbolique et perturbait l'économie ou l'ordre social. La police a utilisé presque tous les moyens pour mater la frange la plus radicale du mouvement : surveillance, intimidation, menaces, coups de matraques, boucliers, poings, pieds, poivre de cayenne, etc. Le COBP vous invite à faire un bref mais impressionnant retour sur la répression de cette grève…
La répression du mouvement étudiant n'a pas commencé avec la grève de 2005. Rappelons brièvement que : la SQ a blessé un étudiant en lui tirant un lacrymogène dans la face devant le parlement en février 2004; deux étudiants ont été tabassés et arrêtés le 14 octobre 2004; 191 personnes ont été encerclées et ont reçus des contraventions le 19 novembre 2004 lors du congrès du Parti Libéral du Québec à Montréal; 6 étudiants ont été arrêtés à Jonquière en janvier 2005; 15 février, 6 personnes ont été arrêtées à Ville Saguenay en occupant le bureau de la députée libérale Françoise Gauthier; le lendemain, des étudiants sont poivrés et reçoivent des coups de matraque après avoir défoncé la porte du caucus du PLQ au Château Montebello, bilan : 7 arrestations, 17 étudiants blessés (l'un d'eux s'est même fait passer par la fenêtre par un garde du corps de Charest!), de même que 18 gardes du corps et 7 policiers de la SQ.
La grève générale illimitée est déclenchée le 24 février. Les 5 et 7 mars, le ministre de l'Éducation Jean-Marc Fournier menace d'annuler la session puis demande aux étudiants de retourner sur les bancs d'école. La réponse ne se fera pas trop attendre... Le 8 mars, des grévistes qui occupaient le bureau de Fournier à Montréal sont arrêtéEs, fichéEs, puis relâchéEs. Le lendemain, 10 personnes sont arrêtées en occupant le bureau de Fournier à Châteauguay, plus 3 dans la manif d'appui à l'extérieur et un devant le poste de police. Ils et elles seront accusées de " méfait ", " entrée par effraction ", " entrave " et " voie de fait armé " (pour une balle de neige lancée sur Yannick, le policier de Châteauguay qui est passé à Love Story…).
Après cette action (et sa répression), Fournier rompt le dialogue avec les représentantEs de la CASSÉE sous prétexte qu'ils refusent de se dissocier de la " violence " de leurs membres. (Le gouvernement, lui, ne s'est jamais dissocié de la violence des policiers…) Dans la nuit du 10 au 11 mars, à la demande de l'administration, l'anti-émeute rentre dans l'UQAM et arrête 48 étudiantEs dans les locaux des associations étudiantes, y compris des gens qui étaient la pour une soirée d'improvisation et ceux qui travaillaient au Café Aquin! Tous et toutes sont identifiéEs, prisES en photo et accuséEs de " méfait " et " attroupement illégal " (des accusations qui seront retirées au mois de mai).
Le 16 mars, Fournier propose 40 millions aux étudiantEs, une offre ridicule qui ne fait rien pour calmer la situation. Le 17 mars, 4 personnes sont arrêtées et la police donne 84 contraventions à St-Jérôme lors d'une manif d'étudiantEs du secondaire et du CEGEP. Le 21 mars, la police disperse brutalement un piquet de grève devant le CEGEP de St-Jérôme, faisant une arrestation et une vingtaine de blessés. Le 18 mars, des grévistes bloquent le pont de la Concorde qui mène au Casino pendant plusieurs heures. Les policiers tentent de les intimider (un policier sort son poivre de cayenne, ils font un avis de dispersion…), ils mentent en disant qu'il faut laisser une femme malade, mais les étudiantEs finissent par quitter le pont volontairement, à cause du froid plus que de la police! Le 21 mars, la CASSÉE annonce une campagne de " perturbation économique " pour faire plier le gouvernement. Le même jour, le pont du Casino est de nouveau bloqué pendant quelques heures, et les grévistes se dispersent encore eux et elles-mêmes.
Le 22 mars, des étudiantEs bloquent une entrée du Port de Montréal pendant plusieurs heures, puis ils et elles marchent jusqu'au métro l'Assomption. L'anti-émeute les poursuit et arrête brutalement 6 personnes pas loin du métro. La patience des policiers semble être sérieusement entamée… Le 23 mars est une grosse journée : 5 étudiantEs sont arrêtées à Sherbrooke et accusées d'avoir vandalisé le bureau de la députée Monique Gagnon-Tremblay; 3 personnes sont arrêtées a Gatineau lors d'une manif d'étudiantEs du secondaire; une vingtaine de grévistes sont arrêtées en occupant les bureaux du Conseil du Patronat à Montréal, l'anti-émeute charge violemment la foule pour dégager la porte d'entrée, une personnes est ciblée et arrêtée par 12 policiers pour des motifs bidons en quittant la manif d'appui (dans le char de police, il les entend dire " on a fait l'enlèvement, où est-ce qu'on amène le colis? " puis il se fait dire " m'as te crisser mon poing dans la face! "…). Le 24 mars, 2 personnes sont arrêtées lors d'une occupation du Complexe G à Québec.
Les derniers jours de mars sont marqués par des nuits chaudes à la barricade du CEGEP du Vieux-Montréal qui est debout depuis plus d'un mois. Le CEGEP est occupé jour et nuit depuis le début de la grève par des étudiantEs et des punks de la rue. Le 29 mars, la rue Ontario est barrée pendant toute la journée devant le CEGEP. Le soir venu, quelques policiers interviennent pour dégager la rue, ils arrêtent un gars qui jouait de la guitare sur le trottoir (il sera relâché près du pont Champlain avec une contravention pour " avoir refusé de circuler "), ce qui provoque une vive réaction. Les grévistes se retranchent derrière la barricade et un policier reçoit une chaise en pleine gueule. Il est emmené en ambulance pour une commotion cérébrale. Les policiers prennent la fuite, mais ils ne vont pas tarder avant de revenir…
Le lendemain, pendant un show de la FEUQ au Parc Lafontaine, l'anti-émeute prend d'assaut la barricade du Vieux. Ils utilisent du poivre de cayenne et enferment des gens dans le CEGEP. Pendant ce temps, des lignes d'anti-émeute ferment la rue Ontario et des cols bleus commencent à défaire la barricade. Une foule se rassemble, proteste et d'autres policiers sont déployés pour la contenir. Puis, à la surprise générale, la police demande aux gens de " rentrer a la maison " et commence a se retirer! Dans le temps de le dire, la barricade est reconstruite deux fois plus grosse qu'elle était et la rue Ontario est de nouveau bloquée pendant plusieurs heures. Le lendemain, la barricade sera finalement démantelée par un sous-traitant (Excavation Castonguay) suite à un vote pris en conseil de grève sous la pression de l'administration et de la police qui menaçait de donner 30 000$ de tickets et de porter des accusations criminelles contre des représentants de l'association étudiante…
Le 31 mars, 14 grévistes sont arrêtées durant une occupation de la permanence du PLQ à Québec. Le 1er avril, 14 personnes sont encore arrêtéEs à Québec au Ministère du Revenu; le même jour, la police arrête 24 étudiantEs qui occupent le Ministère des Finances au Centre du Commerce Mondial et encercle et donne des contraventions à 91 personnes présentes à la manif d'appui à l'extérieur; toujours le 1er avril, un policier en civil en furie casse l'appareil photo d'un journaliste pigiste lors d'une manif à Montréal.
Durant la fin de semaine du 2-3 avril, la FECQ et la FEUQ acceptent une entente avec le gouvernement, suite à des négociations secrètes desquelles la CASSÉE était exclue. Dès le matin du 4 avril, 5 personnes sont arrêtées en occupant le bureau de la FEUQ sur Ste-Catherine, accuséEs d'" entrée par effraction ", " méfait ", " complot " et " déguisement illégal " (!) et se voient imposer un interdit de communiquer entre eux et elles. Le même jour, le bureau de la FEUQ est de nouveau occupé par des étudiantEs membres de la FEUQ qui ont une manif d'appui et ne sont pas inquiétés par la police. Plusieurs associations étudiantes rejettent l'entente bidon, mais rentrent quand-même en classe. Pour les médias, la grève est terminée. La police se charge de mater ceux et celles qui pensent autrement…
Le 7 avril, des grévistes bloquent l'accès à la Tour de la Bourse pendant plusieurs heures. L'anti-émeute intervient brutalement : commotions cérébrales, ecchymoses, foulures, dent cassée… La police frappe, matraque et insulte, mais n'arrête personne. Une fille est poussée du haut d'un muret de 10 pieds de haut. Un photographe du Devoir avec sa carte au cou est matraqué à deux reprises. Le lendemain, environs 70 étudiantEs bloquent l'entrée d'un Wal-Mart près du métro Namur pendant quelques heures. Ils marchent vers le métro, mais la police leur bloque l'accès, puis les encercle et leur donne des contraventions de 141$ pour le règlement municipal P-6 (le même que le 19 novembre 2004). Quatre personnes sont ciblées dans l'encerclement pour leur participation à des actions passées et accusées de " voies de fait ", " agression armée ", " menace de mort " contre des policiers et " méfait ". Ensuite, les encercléEs sont fichés et détenuEs dans des autobus de la STM. Des policiers hommes fouillent des filles, ce qui entraîne des protestations. À un moment, des policiers rentrent dans un bus où sont détenuEs des grévistes. Ils tentent de sortir une fille, puis menacent, humilient et frappent les détenuEs à coups de poings et de pieds. Des gens pleurent face à la violence psychologique et physique employée par les policiers.
Le 14 avril, 3 personnes sont arrêtées à Québec, 5 lors du blocage du CEGEP de Sherbrooke et 5 autres pendant une manif contre Charest à Montréal. Une autre personne est arrêtée par des policiers en civil dans la toilette de la Place Dupuis pour sa participation à un " commando-bouffe " la veille au resto de l'Hôtel des gouverneurs. Il a été reconnu par des gardiens de sécurité et est accusé de " vol ". La grève se termina ainsi le 14 avril dans un triste " repli stratégique ", après presque 7 semaines de grève et plus de 260 arrestations.
Si la grève est terminée pour le moment, la répression et la lutte continue dans les tribunaux pour bien du monde. Si vous voulez soutenir ceux et celles qui doivent faire face à des accusations ($, présence en cour, etc.), si vous avez été victime ou témoin d'abus policiers durant la grève, ou encore si vous constatez des lacunes ou des erreurs dans cet article, veuillez contacter le COBP.
SOLIDARITÉ AVEC LES GRÉVISTES RÉVOLTÉ-E-S!
À BAS CHAREST ET SES POLICIERS ENRAGÉS!
Site web du Collectif Opposé à la Brutalité Policière. L'AGENT PROVOCATEUR, le bulletin du COBP, est disponible au DIRA (2035 St-Laurent) et à votre association étudiante. Sinon, contactez-nous! (514) 859-9065 - cobp@hotmail.com Aussi dans ce numér
De plus en plus citoyen le COBP. La répression a commencé bien avant Charest; celui-ci n'a fait qu'entériner les coupures dans les mesures sociales déjà préparées par le gouvernement précédent. Le Capitalisme n'est pas neutre et c'est ce système économique qui dicte les (grandes lignes) politiques que nous aurons à subir en tant que société. Que ce soit Charest ou Landry, que ce soit Françoise David ou Mario Dumont, ce qu'il faut c'est abattre l'état bourgeois pour le remplacer par des conseils ouvriers et détruire le capitalisme pour édifier le communisme. Charest on s'en crisse!
Le capitalisme peut très bien intégré, au même titre que l'autogestion, les entreprises gérées par des conseils comme forme économique alternative. Et une phrase de transition étatique encore une fois pour repousser la réalisation du communisme toujours plus loin et construire le pouvoir de la bureaucratie ? Sinon, sur Charest, généralement d'accord bien sûr avec toi, Windigo.
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