Le Parti communiste du Népal (maoïste), qui dirige depuis plus de neuf ans une guerre populaire prolongée contre le régime monarchique et féodal qui domine ce pays, vient d'annoncer un cessez-le-feu unilatéral, en vigueur depuis le 3 septembre et prévu pour une durée de trois mois. Selon le chef du Parti, cette décision a pour but de "créer un environnement favorable à une solution politique à long terme à la fois aux plans national et international, inciter les sept partis politiques officiels à coopérer dans la lutte contre la monarchie, renforcer le mouvement de la société civile, accroître la pression politique sur le vieil État, et consolider le rapport entre le Parti et les larges masses populaires".

Le Parti communiste du Népal (maoïste), qui dirige depuis plus de neuf ans une guerre populaire prolongée contre le régime monarchique et féodal qui domine ce pays, vient d'annoncer un cessez-le-feu unilatéral, en vigueur depuis le 3 septembre et prévu pour une durée de trois mois. L'annonce en a été faite dans un communiqué émis par le président du Parti, le camarade Prachanda. Celui-ci a également annoncé que le cessez-le-feu sera marqué par une intensification des mobilisations populaires en faveur des trois principales revendications actuellement mises de l'avant par le PCN (maoïste), à savoir la mise sur pied d'une gouvernement intérimaire, l'élection d'une assemblée constituante et la formation d'une république populaire et démocratique.

Pendant cette période, la guérilla maoïste n'entreprendra aucune action militaire offensive contre les troupes de l'Armée royale. Toutefois, l'ensemble des forces de l'Armée populaire de libération (APL) resteront en état d'alerte, prêtes à répondre à la moindre provocation ennemie. Le cas échéant, si le gouvernement décidait d'intensifier son activité militaire ou d'étendre ses bases d'opération actuelles, le cessez-le-feu prendrait fin sur-le-champ et la guérilla entreprendrait des actions offensives de plus grande envergure que celles qu'elle a menées jusqu'à présent.

Rappelons qu'il y a quelques semaines à peine, la guérilla maoïste a mené ce qui fut vraisemblablement la plus forte action de toute son histoire près du village de Pili, dans le district de Kalikot. En quelques heures, l'APL a alors éliminé pas moins de 159 soldats de l'Armée royale et fait une soixantaine de prisonniers de guerre, qui sont d'ailleurs toujours détenus par les forces révolutionnaires (voir Arsenal-express no 59, le 14 août 2005).

Le cessez-le-feu annoncé par le PCN (maoïste) est le troisième à intervenir depuis le début de la guerre populaire en 1996. Un premier cessez-le-feu avait tenu de juin à novembre 2001, suivi d'un deuxième de janvier à juin 2003. À chaque fois, il s'agissait d'un cessez-le-feu bilatéral, décrété d'un commun accord et doublé d'une période de négociations avec le régime.

Cette fois-ci, le cessez-le-feu est unilatéral, et aucune négociation n'est envisagée avec le monarque. Dans une entrevue accordée à l'hebdomadaire Janadesh, le camarade Prachanda explique que l'objectif du cessez-le-feu est de "créer un environnement favorable à une solution politique à long terme à la fois aux plans national et international, inciter les sept partis politiques officiels à coopérer dans la lutte contre la monarchie, renforcer le mouvement de la société civile, accroître la pression politique sur le vieil État, et consolider le rapport entre le Parti et les larges masses populaires".

Il est bon de souligner que cette décision intervient à un moment où la polarisation apparaît plus grande que jamais entre les deux grands camps qui s'affrontent - celui de la monarchie et celui la révolution. Comme le souligne un article publié par le service de presse du magazine A World to Win ("Nepal: Increasing polarisation between monarchy and revolution", 29/08/2005), des secteurs de plus en plus larges parmi la population népalaise se rangent derrière la révolution dirigée par les maoïstes, tandis que la poignée de supporters invétérés de la monarchie se trouvent de plus en plus isolés. Entre les deux, les forces liées aux partis parlementaires adoptent une position de plus en plus vacillante, certaines tendant même à tomber dans le camp de la révolution.

Le 24 août dernier, les responsables de ces partis, qui sont officiellement au nombre de sept, ont en effet annoncé qu'ils étaient prêts à engager le dialogue avec les maoïstes sur la formation d'un front uni contre le roi Gyanendra, répondant ainsi favorablement -- et pour une première fois -- à l'appel maintes fois réitéré par le PCN (maoïste). Les porte-parole du Palais royal ont alors réagi en implorant les partis parlementaires de revenir sur leur décision et de "cesser de faire le jeu de la guérilla" (Reuters, 24/08/2005).

Depuis quelques semaines, il n'y a pratiquement pas une journée qui passe sans que des manifestations violentes se déroulent à Katmandou. La plupart sont organisées par des associations étudiantes liées aux partis parlementaires. Des centaines de militantes et militants y ont été arrêtéEs, dont des responsables du Parti du congrès et du principal parti révisionniste -- "l'Union des marxistes-léninistes". Parties au départ d'un mouvement de lutte contre les hausses de prix et la répression, il semble que ces manifestations mettent de plus en plus mettre au premier plan l'exigence de la fin de la monarchie et l'instauration d'une république populaire démocratique.

En outre, des personnalités provenant des milieux littéraire, médical, professionnel et enseignant ont tenu récemment un important rassemblement à Katmandou, en dépit des interdictions décrétées par le régime, auquel des milliers de personnes ont participé. Les forces sociales intermédiaires entre la monarchie et la guérilla, qui étaient jusqu'ici restées plutôt silencieuses, semblent de plus en plus enclines à s'affirmer politiquement, en faveur d'un véritable changement.

Depuis un an, la guerre populaire dirigée par le PCN (maoïste) est passée à l'étape de l'offensive stratégique, se dirigeant vers la conquête du pouvoir dans tout le pays. Selon la conception mise de l'avant par le Parti, cette étape inclura nécessairement des soulèvements de type insurrectionnel, qui verront les masses populaires en milieu urbain jouer un rôle de plus en plus important dans le renversement du vieux régime et la mise en place du nouveau pouvoir populaire à l'échelle nationale. C'est dans ce cadre qu'il faut situer la décision, prise par le PCN (maoïste), de décréter l'actuel cessez-le-feu.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 63, le 11 septembre 2005.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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