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Le Québec et le néolibéralismeinternationaliste, Mardi, Septembre 6, 2005 - 10:27 (Analyses) Les politiques actuelles du gouvernement Charest ne sont pas nouvelles. Elles s'inspirent largement de ce que les gouvernements précédents ont fait depuis le début des années 80. La volonté de lutte à la base parmi les travailleurs et travailleuses du secteur public est très claire malgré les tergiversations et les divisions au sein de la bureaucratie syndicale. La question de l'alternative politique progressiste est maintenant posée pour en finir avec les politiques néolibérales tant du PLQ que du PQ et de l'ADQ. Résistance 29, septembre 2005 • www.socialiste.qc.ca Chronique militante Le Québec et le néolibéralisme Les politiques dites néolibérales, de privatisation, déréglementation, précarisation du travail, compression des salaires, tarification des services publics, etc., ont été mises en place par tous les gouvernements du Québec et du Canada, conservateurs, péquistes ou libéraux, depuis le début des années 1980. Dans les années 1970, des tentatives d’adoption de telles politiques avaient été mises en échec par la mobilisation syndicale et populaire; la principale exception étant la réduction des impôts des grandes entreprises, qui donna naissance aux déficits à répétition qui servirent ensuite de prétexte pour les coupures. La logique d’ensemble de ces politiques consiste à réduire la part de la richesse collective accordée aux travailleuses et travailleurs (avec ou sans emploi, aux études ou à la retraite…) de manière à contrer la tendance à la baisse des taux de profit dans un contexte de concurrence internationale intense qu’on appelle la mondialisation. Le gouvernement de Jean Charest ne représente qu’une manière particulièrement arrogante et ouverte de gérer la plus récente phase de cette politique à long terme partagée par l’ensemble de la classe dirigeante. Comme le disaient les porte-parole de l’Union des Forces Progressistes (UFP) il y a déjà deux ans : le PLQ s’appuie sur les actions du PQ pour appliquer le programme de l’ADQ. Face au rouleau compresseur néolibéral, la classe ouvrière québécoise dispose de deux instruments principaux : la lutte des mouvements sociaux et l’action politique. Du côté des mouvements sociaux, on a assisté à de très grandes mobilisations et à de nombreuses actions audacieuses du côté syndical dans la période allant de novembre 2003 à mai 2004, incluant l’adoption d’une kyrielle de mandats de principes pour une grève générale d’un jour contre le gouvernement. On a aussi assisté, entre février et avril 2005, à la plus grande mobilisation étudiante de l’histoire du Québec, menant à l’échec de la tentative de réforme néolibérale du régime d’aide financière aux études. Cet automne, les 400 000 syndiquéEs du secteur public doivent renouveler leurs conventions collectives. Du côté du gouvernement, on s’entête à maintenir un ´ cadre budgétaire ª de 12,6% sur six ans, incluant les augmentations de salaire, le règlement de l’équité salariale et tout autre changement ayant des implications financières, comme la réduction de la taille des classes dans les écoles, par exemple. Cette politique correspond à la nouvelle phase du néolibéralisme en matière de finances publiques, soit la réduction des impôts des particuliers en vue de relancer la consommation et d’argumenter en faveur de la privatisation des services publics. De l’autre côté du conflit, le mouvement syndical est unanime à demander au minimum le maintien du pouvoir d’achat de ses membres (ce qui demanderait déjà le 12,6% au complet), en plus de l’équité salariale et d’améliorations dans les services et les conditions de travail. Il y a aussi la question d’un rattrapage salariale avec le secteur privé, où les salaires sont supérieurs d’environ 12%, et de la précarité du travail qui affecte environ la moitié des emplois dans le secteur public. Les mobilisations et les débats auxquelles on a assisté depuis deux ans dans le mouvement syndical indiquent une volonté de lutte très forte à la base. Par contre, les syndicats sont divisés au somment entre deux groupes. D’un côté, la FTQ et la CSN ont formé un front commun qui travaille depuis le début en vue d’une mobilisation cet automne. De l’autre, la CSQ, le SPGQ et le SFPQ se sont regroupés pour tenter de régler en juin, mais sans succès. Si l’ensemble des syndicats du secteur public pouvait se donner quelques revendications communes et coordonner les plans d’action, la force du mouvement, face à un gouvernement appuyé par à peine 25% de la population, pourrait être considérable. En décembre 1995, en France, un mouvement de grève dans le secteur public, appuyé largement dans la population, a mis un frein aux politiques du gouvernement conservateur de l’époque. Le premier gouvernement Berlusconi en Italie avait subi un sort semblable quelque mois plus tôt. Dix ans plus tard, par leur NON retentissant à la constitution européenne, l’électorat de la France et des Pays-Bas a infligé une autre défaite cinglante au néolibéralisme. Dans plusieurs pays d’Amérique Latine, depuis quelques années, plusieurs gouvernements ont été renversés par la mobilisation populaire. Au Venezuela, le gouvernement de gauche de Hugo Chavez a été sauvé d’une tentative de coup d’état et d’un lock-out politique du patronat, également par la mobilisation. Le temps est-il venu pour que la population du Québec dise un gros NON à l’ensemble des politiques néolibérales et mettent le régime Charest en échec? On peut l’espérer. Et on peut y travailler au cours des prochaines semaines en participant aux mobilisations du secteur public et en développant la lutte dans d’autres secteurs. Du côté de l’action politique, la population québécoise est aux prises avec un défi semblable à celui qui confronte les mouvements de résistance en Europe et en Amérique Latine. Les partis traditionnels de la social démocratie (NPD) ou du nationalisme progressiste (PQ) sont en crise et se présentent comme des gestionnaires plus humains du néolibéralisme et non comme une composante de l’opposition à ces politiques. Mais tant que la lutte elle-même ne donnera pas naissance à une nouvelle structure politique ouvrière et populaire, on ne peut ignorer le terrain électoral et le laisser tout entier aux promoteurs du néolibéralisme. C’est pourquoi il nous faut développer de nouveaux partis politiques de gauche qui soient enracinés dans les mouvements et participent aux luttes. Ces nouveaux partis doivent rejeter en bloc la logique néolibérale et devenir des lieux d’élaboration et de débats sur les alternatives qu’on peut y opposer. C’est dans cet esprit que les membres de Socialisme International et les collaborateurs et collaboratrices au journal Résistance! participent à l’UFP et seront parti prenante de la fusion de l’UFP avec Option citoyenne (OC). Nous avons de bonnes raisons d’espérer que le nouveau parti sera une grande coalition d’opposition au néolibéralisme et à l’impérialisme, et fera une place aux diverses tendances politiques présentes dans le mouvement, incluant l’orientation révolutionnaire que nous mettons de l’avant. Le défi principal pour la gauche québécoise au cours des prochains mois sera de jouer un rôle constructif dans le développement des luttes, notamment en travaillant pour l’unité de tous les mouvements contre le gouvernement Charest, tout en procédant à la fondation du nouveau parti. Ce ne sera pas facile, ne serait-ce que parce qu’il n’y a que 7 jours dans une semaine. Mais l’effort de mener des interventions conjointes UFP-OC dans le contexte des négociations du secteur public, notamment en liant cette lutte avec la campagne dans les élections partielles d’Outremont et de Verchères, serait le meilleur moyen de montrer que l’action politique et la lutte sociale peuvent se compléter et se renforcer mutuellement. Une gauche confiante et unie serait un atout pour la lutte sociale, tout comme une mobilisation unitaire et audacieuse (pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée) renforcerait considérablement la gauche politique, à la veille du congrès de fusion prévu pour janvier 2006. Benoit Renaud Résistance 29, septembre 2005 • www.socialiste.qc.ca
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