Actuellement, trop d'éducateurs s'investissent d'un pouvoir vis à vis des plus meurtris, notamment les Jeunes. La notion de Respect semble avoir disparue pour donner place au forcing social. Ce ne sont nullement les éducateurs qui sont responsables de cette situation,les états poussent à donner des résultats tangibles. Cependant, ce qui est à regretter est que la profession d'éducateur de Rue tend à disparaître. Les travailleurs sociaux ont peurs des violences dans certains quartiers. Or, c'est dans le vécu de ces jeunes que, se trouvent les solutions. Le social est en panne faute de réels combattants. Et les Jeunes se retrouvent livrés à eux-mêmes se sachant délaissés. La plupart des violences commises par les ados sont les résultantes de nos démissions d'adultes.Les éducateurs sont devenus technocrates et c'est dangereux pour l'avenir de ces Jeunes.
L'exclusion n'est pas que conjoncturelle, elle est structurelle. Notre
continent est une machine à fabriquer l'exclusion. Saurons-nous
oeuvrer à la construction d'une Europe et d'un monde de solidarité
des citoyens ?
Nous sentons que notre système fonctionne dans le délire : d'un
côté, la rationalité des techniques et la rentabilité ; de l'autre
, l'absurdité et l'irrationnel. Ne pas être dans ce délire, c'est
être hors du réel, un exclu qui n'a que le droit de se taire. Comment
faire entendre une parole ? Les personnes en difficulté veulent vivre
autre chose et sortir de leur état qui ne les satisfait pas.
Nous avons à consentir à un changement de civilisation, c'est
dérisoire de le dire. Il faut travailler dans une perspective
d'ensemble à long terme, sans déserter notre lieu. C'est une
mentalité neuve qui décourage fanatisme et sectarisme : créer,
susciter, innover, savoir que c'est du provisoire, mais jamais vain et
insignifiant, toujours nécessaire et indispensable.
Si accompagner une personne en difficulté est de l'ordre d'une
naissance, nous devons allier savoir, faire et savoir-faire, avoir
équipements, matériaux et outils nécessaires. Il nous faut sortir de
la logique économique de rentabilité pour une autre logique qui n'est
plus marchande, mais humaine : que chacun puisse naître à lui-même,
trouver sa voie, sa consistance, sa taille.
Accepter de parier sur des rêves et d'avancer de pari en pari,
d'aventure en aventure, d'épreuve en épreuve, se laisser altérer,
mettre à mal ses certitudes et renverser les tables de la loi...Oser
la relation de confiance, emmagasiner son lot de joies, de souvenirs
heureux, d'expériences nouvelles, retrouvailles avec et dans le chemin
de la personne. N'est-ce-pas de l'ordre du regard qui désarme et ne
juge pas ? Plein de joie et d'intelligence, il autorise l'autre à
naître à lui-même et à exister. Ce regard qui ne se contente pas de
soutenir le nôtre, mais l'appelle, est présence et discrétion. Ce
regard ne tue jamais, il élargit l'espace des possibles.
Pourquoi un délinquant voudrait-il se réinsérer dans la société ?
Il est inséré dans cette société, en tant que délinquant,
N'oublions pas que la marge fait partie de la page. Notre rôle
d'adulte éducateur est la réinsertion du jeune dans son propre être
: lui faire découvrir la formidable potentialité de l'être humain,
lui faire pointer du doigt que sa situation de jeune en difficulté lui
fait développer des capacités de résistance et de vie étonnantes
dont nous ne serions peut-être pas capables. Notre rôle est de faire
un bout de chemin avec eux pour leur montrer autre chose, leur ouvrir
d'autres horizons, leur amener de la culture. Pour cela tous les moyens
sont bons, toutes les portes sont possibles, à une condition : le
partage des vécus. Le travail social n'est pas de dire : " Tu devrais
faire " . Il faut faire- avec, aller-avec. Notre présence active c'est
la reconnaissance de l'autre, c'est ce qui fait grandir qu'on ait douze
ou trente ans. Il faut aller au devant d'eux, se mettre en situation
difficile de déséquilibre d'où surgira la réflexion à deux, adulte
et jeune.
Nous devons avant tout retrouver la personne. La pratique éducative ne
devrait fonctionner en tout premier lieu qu'avec cette conviction.
Toute société se vit de mythes et d'histoires constitutives, l'être
humain ( et le jeune qui nous préoccupe ici ) est à la fois plus
simple et plus complexe que la société. S'il a besoin " d'histoire "
, pourquoi cette histoire que nos sommes sensés aider à restituer ne
serait-elle que pragmatique, normative, adaptée aux besoins de la
marche sociale ? Pourquoi ne serait-elle pas, au niveau de notre tâche
éducative, la recherche de moments heureux, de souvenirs marquants, de
déstabilisations consenties avec la protection d'un adulte ? Toute
joie emmagasinée est un sacré pas sur le chemin du grandir. Nous
l'oublions souvent. Nos prétentions de réinsertion des jeunes en
difficulté sont souvent éloignées de la réalité. Or, la réalité,
ce sont eux. Nos convictions mises en oeuvre et nos paroles étant
vraies, les exclus pourront être associés aux mesures économiques,
remis dans le circuit de leur responsabilité. Le cercle infernal de
l'exclusion pourra être brisé, ouvert. Si les éducateurs de rue
partent du principe que l'exclusion n'est pas une fatalité, elle peut
se combattre. Mais il y a nécessité et urgence à renouveler notre
conception de la vie et du travail social. Seul, notre regard
anticonformiste sur les raisons et les causes de l'exclusion des
jeunes, nous fera changer nos relations éducatives et nous empêchera
de penser la réinsertion en terme de production, comme souvent la
société nous le demande. Je suis, de part mes fonctions, au service
des jeunes et non de politiques capitalistes qui rêvent de rendre
productives toutes les machines humaines. Je travaille pour
l'épanouissement des jeunes et non leur aliénation au nom de quelques
idéologies que ce soient, c'est mon regard d'éducateur de rue qui
aime voir grandir l'adolescent en fonction de sa personnalité
intérieure en pleine liberté de son devenir, qui me donne la force de
continuer à temps et contre-temps.
BRUNO LEROY.
Éducateur de Rue.
Dossier G20
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