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Les femmes, le pouvoir politique et la prise de décision : le cas de la Sierra LeoneJoseph Kerline, Mardi, Juillet 19, 2005 - 14:17
Kerline Joseph
De nos jours, les individus, dans presque toutes les parties du monde, tendent à acquérir de plus en plus d’expériences leur permettant non seulement de s’accomplir personnellement mais aussi de se perfectionner professionnellement. D’autant plus qu’il est bien connu que le respect accordé à une personne dans sa société est souvent relié à ses différents accomplissements. Or, en Afrique, des pratiques religieuses et traditionnelles rétrogrades sont susceptibles d’empêcher les femmes d’exprimer leur opinion, d’exercer leur droit en tant que citoyennes et de participer pleinement au développement de leur société. Les organes législatifs, exécutifs et administratifs sont, à prédominance, mâles avec une minime représentation des femmes. De ce fait, l’organisation sociale du pays, y compris le secteur politique, continue à être un terrain peu expérimenté par celles-ci. Il est vrai que la politique est une série de techniques, un phénomène très complexe lequel, dans chaque région du monde, est profondément enraciné dans le développement historique et institutionnel. Toutefois, un travail de sensibilisation soutenu est susceptible d’amener à une évolution des mentalités, pour permettre aux femmes elles-mêmes de mieux intégrer les habiletés de direction et de politique. Ici pour une possible amélioration de la condition des Africaines, nous prendrons en exemple le cas de la Sierra Leone qui pourrait s’apparenter, à bien des égards, à la condition des femmes dans plusieurs pays africains. A- L’évolution des femmes sierra léonaises en politique Il est intéressant de constater le progrès qui a été accompli en Sierra Leone. En fait, avant les élections de mai 2002, le Ministère des affaires sociales, de la condition féminine et de l’enfance a entrepris une série de compagnes de conscientisation dans tout le pays pour rehausser les chances des femmes au niveau de la politique. Des séminaires furent organisés, en février et en avril 2002, dans toutes les trois régions et aussi dans la partie Ouest du pays, pour encourager les femmes pouvant aspirer à un poste politique. A chaque arrêt, un message clair fut transmis : les femmes ont un droit égal aux hommes dans la participation et représentation politique . Ce qui signifie que celles-ci peuvent s’enregistrer en tant qu’électrices, mais aussi en tant que candidates aux élections. En tant que résultat de cette campagne assidue, le nombre de sièges obtenus au Parlement du pays par les femmes est passé de neuf à dix-huit. B- Techniques pour évoluer en politique Il devrait être noté, cependant, que le changement dans le système électoral de la Sierra Leone ne constitue seulement qu’une partie d’une stratégie plus large pour améliorer la représentation des femmes dans le pays. La politique requiert énormément de travail et de sacrifices de la part de toute aspirante. Qui plus est, il est souvent difficile de conjuguer un poste en politique avec le rôle d’épouse et de mère de famille. Les femmes en Sierra Leone, comme presque partout dans le monde, sont perçues comme étant les principales responsables de l’éducation et du développement des enfants. En outre, très souvent, les partis politiques ont de la réticence à endosser une candidature féminine et optent pour celle d’un homme. Cette situation est en partie due à ce que nous appelons la masculinisation de l’arène politique et des pouvoirs de décisions. Les partis politiques optent pour les hommes car nous sommes dans le cas d’une société où les votes, incluant les votes féminins, préfèrent invariablement les hommes. Cette situation est le reflet d’une conception sociale très ancrée. La société est arrivée à établir l’équation selon laquelle une candidature féminine serait synonyme de défaite politique anticipée et celle masculine serait égale à l’assurance d’une victoire. Seulement elle ignore que l’un ou l’autre cas n’est pas lié au genre mais aux qualités et ressources de l’individu. Pour remédier à cette tendance discriminatoire et entrer dans la vie politique, les femmes doivent aussi user désormais des voies moins structurées, auxquelles les hommes ont depuis longtemps eu recours, notamment le développement des réseaux de relations, l’établissement de contacts en société avec des personnes actives en politique, la participation aux campagnes électorales de celles-ci, l’établissement des relations dans des clubs et associations professionnels. En outre, le support de diverses organisations féministes susceptibles d’atteindre un pourcentage élevé des votes féminins peut aussi constituer un atout. En Sierra Leone, il est nécessaire d’impliquer les acteurs politiques eux-mêmes pour non seulement analyser les causes de ce rarissime de femmes en politique, mais aussi et surtout identifier les voies et moyens pour corriger ce déséquilibre. Au niveau politique, il est essentiel d’avoir un plus grand dialogue avec les hommes détenant des positions clés, en considérant ceux qui sont favorables à la cause féminine, mais aussi ceux qui ne l’endossent pas ou craignent l’inclusion des femmes et qui préfèrent avoir le statu quo. En Sierra Leone, lors des campagnes électorales, il est aussi souhaitable de prendre en considération le poste de chef coutumier. Ce dernier peut contribuer, avec une utilisation à bon escient, à l’atteinte de l’égalité des droits pour les femmes dans différentes régions éloignées du pays. Ces chefs coutumiers ont l’autorité de diriger leurs affaires avec peu d’interférence extérieure et ils sont responsables du bien-être de leur communauté. Les fonctions de ceux-ci incluent notamment la supervision de tout contrat légalement en vigueur sur leur territoire . D’autant plus, comme c’est le cas dans plusieurs régions rurales de la Sierra Leone, le gouvernement central est relativement faible et éloigné des affaires locales et est, en quelque sorte, dépendant du chef coutumier pour l’exercice du pouvoir étatique. Ainsi, des femmes, occupant ces positions dans les régions éloignées ou entretenant des liens étroits avec ceux les détenant, pourront mieux travailler surtout avec les groupes sociaux internes du pays et faire évoluer la condition féminine. Un effet immédiat ne peut être garanti, ceci spécialement dans un pays sous-développé où les femmes, en tant que citoyennes, ne sont pas toujours vraiment bien organisées. Cependant, les femmes sierra léonaises doivent continuellement viser à s’intégrer à tous les niveaux politiques de leur pays, pour amener progressivement à un changement des mentalités qui sont discriminatoires à leur endroit.
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