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Loto-Québec et le Cirque du Soleil : Quand le rêve devient cauchemarAlain Dubois, Lundi, Juillet 18, 2005 - 08:38 (Analyses | Alternatives constructives | Economy | Family | Néo-lib. | Politiques & classes sociales | Poverty | Resistance & Activism | Sante / Health / Salud)
Alain Dubois
Le projet de Loto-Québec et du Cirque du Soleil de déménager du casino de Montréal près du Centre-Ville (Pointe St-Charles) aura deux impacts majeurs: 1) accélérer l’embourgeoisement du quartier; 2) le rendre plus accessible à la population locale et donc augmenter les problèmes de jeu pathologique au sein de la population. Voici une analyse exhaustive de tous les aspects et impacts qui sont reliés à ce projet controversé. Le 22 juin se confirmait une rumeur qui circulait déjà depuis déjà quelques semaines… Loto-Québec sortait son atout (un joker) pour concrétiser son projet moribond de déménager le casino de Montréal au centre-ville. Cette carte c’est le Cirque du Soleil et le croupier en chef de l’industrie étatique du gambling, Alain Cousineau (président-directeur général de Loto-Québec), espère sans doute qu’elle sera suffisante pour lui faire gagner la partie… Ce projet implique l’implantation du casino à l’intérieur un immense centre récréotouristique de type Las-Végas dans un des quartiers les plus pauvres de Montréal, Pointe-St-Charles. Laliberté joue gros… Les liens étroits que le Cirque du Soleil entretient avec le monde des casinos de Las Végas n’ont jamais offusqué personne puisque cette ville - qui a été créée et développée par le crime organisé - fut conçue dès le départ comme une ville dédiée au gambling. Bien que cette industrie en soit une des plus sordides qui soient, la présence du Cirque ou de vedettes québécoises telles Robert Lepage et Céline Dion dans cet Eldorado de la création est même source de fierté… Si ce que l’on trouve à Las Vegas est un reflet de la société, des valeurs et de la culture états-uniennes, ce n’est assurément pas le cas pour le Québec… C’est peut-être le modèle de société qu’ espère, pour le Québec, le premier ministre Jean Charest qui passe ces temps-ci plus de temps aux États-Unis que chez lui et qui ne cache pas son admiration pour Arnold Schwarzenegger. Mais ce n’est assurément pas le genre de société que la majorité des québécois et Québécoises souhaitent…. Guy Laliberté qui a créé, le merveilleux Cirque du Monde (qui s’adresse aux jeunes de pays et milieux défavorisés) a toujours affirmé qu’il avait des préoccupations sociales importantes. Il devrait donc bien réfléchir aux conséquences que ce type d’association risque d’avoir sur sa compagnie et sa renommé… Car on ne peut défendre à la fois, action et justice sociale et s’associer à un projet qui créera à coup sûr misère et pauvreté… Actuellement, le Cirque du Soleil et Guy Laliberté jouissent d’une réputation sans tache au Québec et l’image corporative du Cirque contrairement à celle de Loto-Québec est sans doute une des meilleures du Québec… À vrai dire, les Québécois sont à juste titre très fiers de la réussite de Guy Laliberté et de son cirque rayonnant! Le contexte de ce projet… «La force de l’anneau» Malheureusement, ce projet s’inscrit dans un contexte où l’offre pour les «jeux» de hasard et d’argent est déjà beaucoup trop importante à Montréal et au Québec. Les appareils de loteries-vidéo (ALV), qui sont implantés dans tout le Québec, particulièrement dans des villes, villages et quartiers pauvres de Montréal, tels Pointe St-Charles font des ravages inimaginables au sein des populations… Déjà que, le gouvernement de Jean Charest projette d’augmenter encore davantage l’offre pour le «jeu» (gambling) en créant quatre nouveaux casinos régionaux en P.P.P. (que L-Q nomme habilement «salons de jeu») qui seront attenants aux hippodromes et, pour certains, à des centres récréotouristiques régionaux. Il est important ici de souligner qu’au Québec le pourcentage de toxicomanes du jeu (joueurs compulsifs) se situe, selon les études, entre 2.1% et 5% alors qu’il n’y a que 0.9% de toxicomanes de drogues illicites et 1.9% d’alcooliques au Québec… Pourtant, cette dépendance était presque inexistante à l’époque ou les casinos et les différents types de machines à sous étaient illégaux… Aussi incroyable que cela puisse l’être, ce sont nos gouvernements (péquistes et libéraux) et notre société d’état, Loto-Québec qui ont créé ce grave problème de santé publique… Il est évident qu’aucun citoyen le moindrement soucieux du bien commun ne peut ce réjouir de cette situation où l’État profite de la misère et des faiblesses humaines pour financer ses activités, et ce même si l’industrie du gambling est celle qui parmi ses consoeurs (les industries du sexe, du tabac et des drogues illicites) a vraisemblablement a le taux de croissance le plus élevé… Nos gouvernements lorsqu’ils légalisent une ou des activités liées à ce type d’industrie doivent le faire strictement pour des motifs de santé et de sécurité publiques... Leur légalisation ne doit surtout pas servir à remplacer les impôts et ainsi à devenir des vaches à lait du gouvernement… En apprenant cette annonce de L-Q et du cirque, je ne pouvais m’empêcher de penser au film «Le Seigneur des anneaux» et aux pouvoirs dangereux et maléfiques qu’exerce l’anneau (l’argent du jeu) sur celui qui en a le contrôle… L’explosion des casinos et du gambling dans le monde Dans la plupart des pays monde on assiste à une véritable explosion de l’industrie du gambling : casinos, casinos virtuels et paris sportifs en ligne, etc… Deux facteurs principalement expliquent ce phénomène. Le premier est d’ordre économique et est relié à l’adoption par la plupart des pays occidentaux de mesures économiques néolibérales qui ont eu pour conséquences la réduction de la taille de l’État et surtout une diminution de la part d’impôt payé par les entreprises (et par conséquent l’augmentation du fardeau fiscal pour les particuliers). Ici au Québec la légalisation des loteries-vidéos et casinos est intervenue dans la foulée de l’accord de libre échange avec les États-Unis, des accords sur les marchés publics, de la TPS, TVQ, de l’instauration et l’augmentation de frais administratifs (et autres) pour l’utilisation de services publiques (utilisateurs payeurs). Les «jeux» de hasard et d’argent que le maire Drapeau nommait «taxe volontaire» entrent donc dans cette catégorie des taxes dites régressives… Le second facteur est d’ordre technologique. C’est le cas non seulement pour les «jeux» en lignes, mais aussi pour les différents types de machines à sous et ALV que l‘on retrouve dans les casinos et dans les bars qui utilisent aujourd’hui des programmes (logiciels) tellement efficaces que plus le taux de retour théorique est élevé (actuellement +/-92%) , plus le taux d’encaissement est faible (+/-75%) ! Selon le docteur et chercheur Jean Leblond (1), ces machines ont été créées et développées pour capter un maximum de joueurs pathologiques et de personnes à risque de le devenir… La question est complexe, mais ce qu’il faut retenir, c’est que l’essor incroyable de l’industrie du gambling repose sur ces machines qui représentent aujourd’hui entre 80% et 95% des revenus des casinos et évidemment des sociétés qui gèrent les loteries vidéo que l’on installe dans les bars. Cela est comparable à l’industrie du tabac qui a prospéré en bonne partie en développant la dépendance des fumeurs grâce à de nouveaux types de tabac recélant un taux plus élevé de nicotine et en l’altérant grâce à des additifs conçus pour en maximiser le pouvoir addictif. Pour les machines à sous, c’est le perfectionnement des programmes informatiques basé sur des principes de psychologie et de neuropsychologie qui est responsable du succès de ces appareils et évidemment du nombre élevé de personnes qui en sont dépendantes. Ces machines à sous sont tellement dangereuses qu’elles sont responsables de près de 95% des cas de jeu compulsifs… Une personne sur deux qui s’y adonne sur une base régulière éprouve un problème de dépendance au «jeu» (gambling) . On peut donc affirmer sans se tromper qu’une bonne partie des revenus que l’État tire des machines à sous que l’on trouve dans les bars, hippodromes ou casinos provient de personnes qui éprouvent un problème de dépendance au «jeu»… c-à-d de toxicomanes du «jeu»! Le gambling un jeu qui n’en est pas un… Une arnaque légalisée… Jeu: «Activité physique ou mentale purement gratuite, qui n’a dans la conscience de celui qui s’y livre, d’autre but que le plaisir qu’elle procure» (Petit Robert, 1988: 1046). Comme le soulignait pertinemment l’auteur d’une lettre d’opinion publié dans un quotidien: «Pour que ce soit un «JEU», une activité doit être totalement gratuite et n’avoir d’autres buts que le plaisir qu’elle procure. Ces deux fondements sont tout à fait contraires avec les supposés «JEUX» qui sont exploités par notre Société d’État.» Aujourd'hui on remet en question l'idée que le fait de pratiquer des jeux de hasard et d'argent (gambling) représente une activité ludique et/ou récréative. L’arrivée massive des machines à sous et autres appareils électroniques de "jeux" a beaucoup modifié l’image que nous avions autrefois des «jeux» de hasard et d’argent… Si auparavant les casinos étaient réservés à une clientèle bourgeoise qui s’y rendait pour socialiser et s’amuser, ce n’est assurément plus le cas aujourd’hui. Les «ludiques» jeux de tables ont laissé place aux populaires, lucratives et très addictives machines à sous… S’adonner aux machines à sous et autres appareils de loteries électroniques ne semble pas représenter pour la majorité des «joueurs» une activité récréative et ludique… On s’adonnerait à ces «jeux» populaires d’abord dans le but d’y gagner de l’argent et rapidement plusieurs tomberaient dans le piège de l’addiction. Bien entendu l’industrie fait tout pour susciter une certaine confusion sur la nature des «jeux» de hasard et d’argent… On met beaucoup d’effort pour faire en sorte que ces «jeux» soient perçus comme de véritables jeux, c.-à-d. une simple activité ludique… Aux États-Unis et de plus en plus au Canada, l’industrie et les associations qu’elle finance remplacent le mot gambling de leur vocabulaire, jugé trop péjoratif, par gaming, une expression utilisée pour les jeux vidéo d’adresse et de stratégie… mais il ne faut pas être dupe: le «gambling» n’et pas du «gaming»… Et si vous allez dans un bar qui offre des loteries vidéo ou au casino et regardez attentivement les gamblers vous constaterez, tout comme moi, que peu d’entre eux semblent réellement s’amuser et qu’une bonne partie d’entre eux on l’air de véritables junkies… Les mensonges de Loto-Québec Le premier argument de Loto-Québec pour justifier ce projet est que celui-ci attirera les touristes étrangers et de gros joueurs internationaux… Dans les faits, la réalité risque d’être bien différente. Le déménagement du casino au Centre-Ville aura comme première conséquence de rendre le gambling encore plus accessible aux Montréalais et aux banlieusards, et ce, afin d’en accroître davantage les profits. Montréal n'est pas Las Vegas ou Atlantic City. Les gros joueurs et les touristes étrangers ne se rendront jamais à Montréal pour son unique casino… Ce type de casino s'adressera toujours principalement à la population locale. Il n’y, à ma connaissance, hormis Las-Vegas et peut-être Atlantic city, aucun casino situé en Amérique du Nord qui attire un gros volume de touristes étrangers. Cet argument des gros joueurs et des touristes a déjà été utilisé il y a quelques années lorsque le casino a décidé d’ouvrir la nuit… En fait, si vous visitez le casino à ces heures vous constaterez qu’il n’y a pratiquement aucun touriste étranger sauf quelques jeunes Américains qui viennent y boire et y jouer puisque chez eux l’âge légal pour fréquenter ce type d’établissement est 21 ans… En fait, les seuls gros joueurs que l’on y retrouve ne sont pas des multimillionnaires, mais les joueurs pathologiques. Tout comme le font les industries polluantes, Loto-Québec et le gouvernement évoquent, pour faire avaler la pilule aux citoyens de ce quartier pauvre de Montréal, que ce projet donnera un essor économique bénéfique au quartier, à la ville et qu’il créera plusieurs centaines d’emplois pour sa population… Mais encore là rien n’est moins certain puisque les études non financées par l’industrie ou des fondations qui lui sont associées démontrent que les coûts sociaux et sanitaires qu’impliquent les casinos et autres implantations de «jeu» sont dramatiques… Rapprocher le casino du centre-ville augmenterait inévitablement la fréquentation de celui-ci par la population locale... et le nombre de joueurs pathologiques à Montréal. Le sociologue français Jean-Pierre Martignoni démontre, dans une enquête, qu'il existe un lien direct entre proximité géographique et fréquentation du casino: «Un fait d'évidence qui se vérifie au nouveau casino lyonnais. «80 % des joueurs de notre établissement ne jouaient pas auparavant. Ils se sont découvert un nouveau passe-temps», reconnaît Guy Benamou, le P.D.G. (...) du (casino) Pharaon."»'. Une étude a été réalisée par l'économiste Ernie Goss et par le professeur en droit Edward Morse de l'Université Creighton entre 1990 et 2000 démontre que les comtés (counties) américains qui renferment un casino ont affiché un nombre de faillites personnelles deux fois plus élevé que les autres régions urbaines en tout point semblables économiquement. Les auteurs de cette étude intituée The Impact of Casino Gambling on Bankruptcy Rates: A County Level Analysis sont arrivés à cette conclusion après avoir analysé près de 250 comtés américains avec ou sans casino. Selon le célèbre professeur, économiste et ex-conseiller de Ronald Reagan Earl L. Grinols (Gambling in America: Costs and Benefits) ces coûts socio-sanitaires sont l'équivalent d'une récession aux quatre ans… Cet économiste de droite conclut que, dans ce contexte, trop peu de gens profitent réellement des bénéfices de cette industrie… Presque toutes les études démontrent aussi que là où il y a des casinos, on dénote non seulement une augmentation de la criminalité mais aussi de la violence domestique… Ce n’est pas un hasard si les plus belles et grandes villes du monde tel Berlin, Londres, New York, Paris n’ont pas de casinos… À ma connaissance, aucun pays dans le monde, sauf les républiques de bananes, n’ont comme au Québec une si grande part de leur budget qui provient de l’industrie du gambling. Une décision éclairée Refuser que le casino s’implante à 10 minutes du centre ville et de Ponte St-Charles démontre que la population du quartier et les groupes communautaires sont bien informés des impacts qu’auraient l’implantation d’un casino dans leur quartier. Néanmoins, si Loto-Québec voulait les convaincre du contraire par une discussion honnête et équitable, il faudrait alors qu’elle donne aux citoyens et ciyoyennes du quartier les moyens requis pour participer vraiment à une telle discussion. Notamment:
Le Cirque du Soleil en panne d’imagination… En s’associant, à Loto- Québec pour réaliser ce projet de centre culturel et récréotouristique le Cirque du Soleil et Guy Laliberté ont démontré pour la première fois un manque d’imagination dans le montage financier d’un de leur projet… S’ils tiennent réellement à leur projet, ils devraient illico briser leur association avec Loto-Québec et trouver d’autres sources de financement (2)… Stop ou encore… et le bien commun dans tout ça ? Le gouvernement doit non seulement cesser ses demandes de dividendes supplémentaires à Loto Québec mais il doit de façon urgente réduire l’offre de «jeu» au Québec et ce, quitte à voir ses revenus provenant de Loto-Québec baisser substantiellement. L’industrie du gambling n’apporte aucune plus-value à notre société. Le gambling, la consommation de tabac ou de drogues ne sont pas des activités saines et ce n’est certainement pas le rôle de l’État d’en faire la promotion. Retirer l’ensemble des appareils de loteries vidéo des bars, ne pas construire de nouveaux casinos (attenant aux hippodromes) et ne pas déménager le casino de Montréal au centre ville apparaissent comme des mesures normales pour tout gouvernement qui a des préoccupations éthiques et un sens minimum du bien commun. Alain Dubois, (3) –Référence disponible sur demande: editeur@jeu-compulsif.info À LIRE: Lysiane Gagnon dénonce le projet de déménager le Casino au Centre-Ville Déménagement du casino : Belle arnaque, Michel Auger, Journal de Montréal Petite pensée sur ce Méga projet de Casino à Montréal Les citoyens du sud-ouest de Montréal rejettent le déménagement du casino dans leur quartier Le Casino, version pour adultes-par Yves Boisvert, La Presse Le shylock et le Casino -par Yves Boisvert, La Presse Projet d'agrandissement à l'étude au Casino de Charlevoix - Un autobus "gratuit" pour l'enfer... Le rapport scientifique de l'expert (Jean Leblond, Ph.D. psychologie) engagé par le recours collectif "Évaluation de la dangerosité des ALV" celui-ci démontre de façon sans équivoque que les machines à sous et les appareils de loteries-vidéo on été concus et paramétrés pour développer une forte dépendance envers eux. »» sous la section "Recours collectif" du site www.jeu-compulsif.info À regarder:Le crack de la loterie vidéo -Un reportage troublant de Anne Panasuk de la société Radio-Canada Le site portail du jeu pathologique: JEU COMPULSIF INFOLe site portail des toxicomanies: TOXICO INFO
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