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Révolution en BolivieAnonyme, Mardi, Juin 7, 2005 - 22:04 (Analyses)
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La démission de Mesa n'a pas ralentit la lutte populaire. Le plan de l'Église pour désarmer la révolte et appeler à des élections non plus. La COB, les mineurs et les secteurs mobilisés ne veulent pas d'un autre néolibéral dans le Palais et ils avancent dans la construction du pouvoir populaire et révolutionnaire. Des milliers de paysans et de mineurs arrivent à La Paz pour renforcer la lutte du peuple. Ni élections ni succession constitutionnelle. L'unique sortie du fond de la profonde crise et en faveur des plus pauvres, c'est la prise du pouvoir par les ouvriers, les paysans et les classes moyennes appauvries, a assuré hier soir la Fédération des Mineurs, l'avant-garde révolutionnaire du peuple rebelle de Bolivie. "Nous sommes sûrs que notre actuelle lutte avec les milliers de boliviens conduira aux changements structurels et, face au vide de pouvoir, les secteurs mobilisés, devons discuter et imposer le gouvernement populaire et révolutionnaire qui doit se substituer au président Mesa", d'après un communiqué émis dans les dernières heures par la direction du prolétariat mineur, qui a une énorme influence politique et idéologique dans tous les secteurs qui se sont emparés, virtuellement, des villes de La Paz et de El Alto. Après que le président Mesa ait présenté hier soir sa démission au Congrès et donnait corps à la croisade nationale dans laquelle l'Église Catholique est engagée, pour éteindre l'insurrection populaire et pour unir tous les pouvoirs autour de la convocation à de nouvelles élections avant la de l'année, les syndicats et les organisations sociales et populaires ont clairement fait entendre qu'elles n'arrêteront pas les manifestations ni la pression pour la nationalisation des hydrocarbures. "Avec les élections, la classe dominante veut faire disparaître la demande du peuple pour nationaliser les hydrocarbures", a avertit Miguel Zubieta, secrétaire de la Fédération des Mineurs. LIGNE REVOLUTIONNAIRE A leur tour, les dirigeants de la Centrale Ouvrière Bolivienne (COB), de la Centrale Ouvrière Régionale de El Alto, de la Fédération des Assemblées de quartiers de El Alto et toutes les organisations qui luttent pour récupérer plus de cent milliard de dollars qui sont aux mains des transnationales pétrolières, ont ratifié que l'anticipation des élections ne résout rien et se sont prononcés, avec quelques nuances, en faveur de la ligne révolutionnaire projetée par la Fédération des Mineurs. Hier, aux heures de la nuit, l'assemblée élargie de la COB a décidé de former le "Commando Révolutionnaire du Peuple", qui aura la mission de commencer à articuler les syndicats, les organisations populaires et les secteurs politiques et corporatifs autour d'une stratégie de pouvoir des ouvriers, des paysans et des classes moyennes appauvries. "Nous devons convoquer les mouvements combattants à faire partis de la Grande Assemblée Populaire Nationale qui remplace l'actuel Parlement corrompu et néolibéral", comporte le document de la Fédération des Mineurs, avalisé par une Assemblée Ouverte imposante, célébrée ce lundi au centre du siège du gouvernement et qui a attiré au moins de 400 000 travailleurs et habitants de la campagne et des villes de La Paz et de El Alto. PLUS DE PRESSION SOCIALE L'Assemblée de la COB a aussi défini, avant que la démission de Mesa ne soit officialisée, de ne pas assister au dialogue convoqué par l'Église, qui cherche avec ardeur à désarmer la protestation et à les aligner autour des élections. Les syndicalistes ont décrété, au contraire, de grossir les mobilisations pour le gaz, le pétrole et la révolution. L'appel a eu un écho immédiat chez les milliers de paysans des provinces de La Paz et les milliers de mineurs salariés et coopérativistes qui sont arrivé maintenant dans la capitale, au son des détonations de dynamites. Dans le centre de la ville, les attendaient des milliers de manifestants d'autres secteurs comme les maîtres urbains et ruraux, les étudiants, les travailleurs et les habitants de plusieurs quartiers de La Paz et de El Alto, des villes paralysées, sans transport ni aliments et entourées par les barrages de routes qui s'étendent dans tout le territoire national. Les rapports officiels du Service National des Routes indiquent qu'il existe 61 points de blocage et que sont totalement coupées les routes principales des huit des neuf départements de la Bolivie. Les manifestations en faveur de la nationalisation secouent déjà six des dix grandes villes du pays et déjà plusieurs puits pétroliers sont pris par des paysans et des indigènes. EVO, L'ELECTORALISTE Dans le camp populaire, seulement les secteurs de paysans, de cocaleros et de "colonisateurs" (sans terres) liés au Mouvement au Socialisme (MAS) du député Evo Morales soutiennent la réalisation d'élections, bien que subordonnées aux démissions simultanées des présidents de la Chambre des Députés et de celle des Sénateurs, liés à l'ex président Gonzalo Sanchez de Lozada, renversé en octobre 2003 par une insurrection populaire. Selon Morales et le MAS, le Congrès devrait accepter la démission de Mesa et placer comme nouveau Président le premier homme du Pouvoir Judiciaire (président de la Cour Suprême), l'avocat Eduardo Rodriguez, qui aurait la mission de convoquer à de nouvelles élections. C'est aussi le plan de l'Église Catholique, développé depuis le week-end dernier et qui conterait sur l'aval des partis néolibéraux qui soutiennent les présidents des Députés et des Sénateurs qui renonceraient à succéder à Mesa. SUR LE DOS DU PEUPLE "La Fédération des Mineurs a prévenu qu'elle ne permettrait pas des négociations sur le dos du peuple comme c'est le cas à Santa Cruz, à l'appel de l'Eglise. Ce n'est pa possible que Hormando Vaca Diez, Président des Sénateurs, Mario Cossío, Président des députés, Eduardo Rodríguez, Président de la Cour Suprême et Carlos Mesa définissent le gigantesque mouvement de masses dans toute la Bolivie. Ces personnages n'ont rien fait dans leurs fonctions dans leur Pouvoirs respectifs et maintenant, devant la convulsion engendrée par la pauvreté et le chômage, prétendent devant le Cardinal (et l'Eglise) donner des solutions sans satisfaire la demande centrale des manifestants : la nationalisation des hydrocarbures", dit le communiqué. Selon l'analyse des mineurs, "l'avancée des élections nationales est une forme entre autres superficielle et temporelle. Le système démocratique en vigueur a dégénéré et s'est effondré parce qu'il ne défend d'aucune manière les intérêts des majorités qui ont été celles qui ont réussi à arracher aux dictatures la démocratie convoitée. Aujourd'hui il s'est transformé en outil qui alimente un système déshonorant, injuste, de prébende et terriblement discriminateur". "Des élections à l'intérieur de ce cadre signifie seulement que se maintiennent les maîtres éternels du pays, ceux qui ont les ressources pour manier les moyens et au final pour perpétuer l'injustice du système régnant. En somme, c'est une manoeuvre pour éviter de porter en avant la grande mesure que les masses proclament : la nationalisation", ajoute-t-il. Les critiques contre le Président sortant, qui se maintiendra en poste jusqu'à ce qu'il y ait une décision du Congrès, sont aussi directes. "Carlos Mesa est le personnage néfaste, coupable du futur saignement du pays. Avec le prétexte trompeur de ne pas avoir de morts dans son gouvernement, il arme les groupes fascistes et paramilitaires pour occasionner une guerre civile qui est sur le point de se produire. Nous dénonçons devant le monde que ce gouvernent, vendu honteusement aux compagnies pétrolières, est le promoteur de l'affrontement régional, sous le faux argument des autonomies. Ce drapeau est impulsé et manié par les transnationales comme une autre forme d'éluder le sujet central de la nationalisation ", ajoute le document de la Fédération des Mineurs, qui croit qu'"est venu le moment du grand saut qualitatif et révolutionnaire incarné dans la grande consigne de la nationalisation des hydrocarbures". www.econoticiasbolivia.com
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