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Huntingdon: l'alliance de deux crapulesEric Smith, Dimanche, Mai 15, 2005 - 21:57 (Analyses)
Arsenal-express
Le week-end dernier, le maire de Huntingdon Stéphane Gendron a profité de la tenue de son "blocage de route" pour annoncer le recrutement, par la municipalité de Huntingdon, de l'ex-syndicaliste Marc Laviolette, qui agira dorénavant comme "porte-parole des ex-travailleurs du textile". Ex-président de la CSN, et surtout ex-porte-parole du Parti communiste ouvrier (une organisation marxiste-léniniste active dans les années 1970, dont ont fait partie d'autres célèbres personnages comme le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe), Laviolette est désormais membre en règle du Parti québécois, dont il souhaite ouvertement briguer les suffrages lors des prochaines élections provinciales. Le week-end dernier, le maire de Huntingdon Stéphane Gendron s'est livré à une opération en tous points révoltante en "organisant", de son propre chef et sans jamais que les travailleurs et travailleuses concernéEs aient eu leur mot à dire, un "blocage" de la route 138, pour protester contre la lenteur des autorités fédérales et provinciales à venir en aide aux travailleurs et travailleuses des six usines de textile qui ont été misES à pied au cours des cinq derniers mois. Nous ajoutons, à dessein, des guillemets au mot "blocage" parce qu'en réalité, celui-ci n'en était pas un: la circulation n'était pas bloquée, mais seulement détournée vers une route secondaire, cela, avec la complicité des flics de la SQ et du gouvernement libéral lui-même. Bref, il s'agissait surtout d'une mise en scène destinée aux médias. Pour Gendron, ce fut l'occasion d'afficher son populisme, une fois de plus, et de donner l'impression qu'il est "prêt à tout" pour défendre la population de Huntingdon. Le maire caractériel et désormais animateur d'une émission de radio-poubelle pourrait en effet se retrouver dans l'eau chaude, après avoir promis solennellement, en décembre, qu'il s'assurerait personnellement que chacunE des quelque 900 travailleurs et travailleuses touchéEs par les mises à pied retrouve une aussi bonne job dans la région, d'ici un an tout au plus. Cinq mois plus tard, tous les "projets d'investissement" sur lesquels il disait travailler avec acharnement, se sont envolés en fumée: disparus, les mystérieux investisseurs chinois et israéliens qui n'attendaient supposément qu'un coup de pouce pour se ruer sur Huntingdon! Pendant ce temps, les travailleurs et les travailleuses ont été et sont effectivement laisséEs à eux-mêmes et elles-mêmes, attendant une aide qui n'arrive jamais. Ce vendredi, soit quatre jours après le "blocage", le maire Gendron s'est satisfait de ce que ses pressions aient "porté fruits", selon ses dires, lorsque le ministre libéral Claude Béchard a confirmé l'octroi éventuel d'une somme de 3 millions de dollars pour appuyer les projets de relance, si projets il y a. C'est pourtant le même 3 millions $ que la ministre Courchesne avait annoncé il y a quelques semaines, et encore le même que le ministre Audet s'était engagé à octroyer en décembre. On parle d'une vingtaine d'emplois, qui pourraient être créés dans les prochaines semaines... et cela a suffi pour que Gendron change de ton et devienne tout à coup beaucoup plus conciliant. Le maire a par ailleurs profité de la tenue de son "blocage" pour annoncer le recrutement, par la municipalité de Huntingdon, de l'ex-syndicaliste Marc Laviolette, qui agira dorénavant comme "porte-parole des ex-travailleurs du textile" (Le Soleil de Valleyfield, 07/05/2005). Ex-président de la CSN, et surtout ex-porte-parole du Parti communiste ouvrier (une organisation marxiste-léniniste active dans les années 1970, dont ont fait partie d'autres célèbres personnages comme le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe), Laviolette est désormais membre en règle du Parti québécois, dont il souhaite ouvertement briguer les suffrages lors des prochaines élections provinciales. Laviolette ne se fait donc aucun scrupule de se mettre au service d'un maire populiste de droite comme Gendron, dans la mesure où cela lui servira à se faire du capital politique. En fait, les deux compères ne sont pas nécessairement si éloignés que ça politiquement, Gendron ayant déjà travaillé comme conseiller politique des ministres péquistes Jean Garon et Pauline Marois. L'un et l'autre ne voient aucun problème à dénoncer l'incurie des Libéraux, si ça peut servir d'une part à favoriser leurs adversaires (péquistes ou adéquistes), d'autre part à mousser leurs propres carrières politiques. Sauf que les intérêts des travailleurs et des travailleuses, dans tout ça, on ne les retrouve nulle part. Car pour Laviolette et Gendron, il n'est pas question que les travailleurs et les travailleuses s'organisent eux-mêmes et elles-mêmes et se battent pour défendre leurs propres intérêts. Tout comme il n'a jamais été et il n'est aucunement question d'organiser quelque action que ce soit qui ciblerait les intérêts des capitalistes -- ceux qui ont profité des travailleurs et des travailleuses pendant des dizaines d'années et qui les ont tout bonnement jetéEs à la rue dès qu'ils ont vu leurs profits diminuer. Gendron décide seul, sans même consulter les membres du conseil municipal, qu'il va tenir un "blocage"; c'est aussi lui qui décide quand il sera levé; et nul doute qu'il décidera encore tout seul, en temps et lieu, quand le moment sera propice à ce qu'il nous livre un autre de ses ridicules coups de gueule. Quant à Laviolette, n'est-ce pas étonnant que cet individu, qui fut un temps partisan du pouvoir ouvrier (c'est du moins ce qu'il prétendait), se retrouve du jour au lendemain "porte-parole des ex-travailleurs du textile" alors que ceux-ci n'ont jamais eu l'occasion de l'élire, et encore moins de se prononcer sur leur avenir suite aux fermetures dont ils ont été victimes? Dans toute cette histoire, on retrouve une constante, à savoir que les travailleurs et les travailleuses n'ont jamais leur mot à dire et que le seul "droit" qu'on leur reconnaît, c'est celui d'exécuter ce qu'on leur ordonne de faire: ce sont les boss qui ont toujours décidé pour eux; ce sont les boss qui ont décidé de les congédier; et encore aujourd'hui, ce sont les p'tits boss comme Gendron et Laviolette qui prétendent parler en leur nom! Les militantes et militants du PCR(co) de la région du Suroît font campagne depuis plusieurs mois déjà à Huntingdon, autour de l'idée que les travailleurs et les travailleuses doivent s'organiser de manière autonome pour pouvoir se battre efficacement contre les intérêts des capitalistes. On voit bien là deux conceptions radicalement opposées, en même temps que tout le gouffre qui sépare une politique authentiquement prolétarienne, au service des exploitéEs, du parasitisme des politiciens, des grandes gueules et de tous ces "spécialistes" autoproclamés, qui font leur beurre en maintenant les masses populaires sous leur joug. -- Article paru dans Arsenal-express, nº 49, le 15 mai 2005. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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