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Le gratte-cielkatherine, Lundi, Mai 9, 2005 - 19:14 (Analyses)
Max Horkheimer
Sous les régions dans lesquelles crèvent par millions les coolies de la terre, il faudrait alors représenter l'indescriptible, l'inimaginable souffrance des animaux, l'enfer animal au sein de la société humaine, la sueur, le sang, le désespoir des animaux. Cet édifice, dont la cave est un abattoir et le toit une cathédrale, offre effectivement, depuis les fenêtres des étages supérieurs, une belle vue sur le ciel étoilé. Vue en coupe, la structure sociale du présent devrait apparaître à peu près ainsi : Tout en haut les grands magnats des trusts des différents groupes de pouvoir capitalistes qui sont cependant en lutte les uns contre les autres ; sous eux les magnats moindres, les grands propriétaires terriens et tout leur personnel de collaborateurs importants ; sous ces derniers - en couches séparées - les masses des professions libérales et des employés de niveau inférieur, du personnel politique, des militaires et des professeurs, des ingénieurs et des chefs de service jusqu'aux dactylos ; encore plus bas, les résidus des petites existences autonomes, les artisans, les boutiquiers, les paysans et tous les autres, puis le prolétariat, depuis les couches d'ouvriers qualifiés les mieux payés, passant par les manœuvres jusqu'aux chômeurs chroniques, aux pauvres, aux vieux et aux malades. Ce n'est qu'en-dessous de tout ceci que commence ce qui constitue l'authentique fondement de la misère, fondement sur laquelle repose cette construction ; car jusqu'ici nous n'avons parlé que des pays capitalistes développés, et toute leur vie s'érige sur l'horrible appareil d'exploitation qui fonctionne dans les territoires semi-coloniaux et coloniaux, en d'autres termes sur ce qui constitue de loin la part la plus grande du monde. De grandes zones des Balkans sont une chambre de torture ; en Inde, en Chine, en Afrique la misère de masse dépasse toute imagination. Sous les régions dans lesquelles crèvent par millions les coolies de la terre, il faudrait alors représenter l'indescriptible, l'inimaginable souffrance des animaux, l'enfer animal au sein de la société humaine, la sueur, le sang, le désespoir des animaux. Cet édifice, dont la cave est un abattoir et le toit une cathédrale, offre effectivement, depuis les fenêtres des étages supérieurs, une belle vue sur le ciel étoilé.
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