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VENEZUELA : CE QUE DOIT ÊTRE NOTRE SOCIALISMEfranz, Samedi, Avril 23, 2005 - 21:47 (Analyses | Democratie)
Franz J. T. Lee
Traduit par Gérard Jugant. "Nous devons inventer le nouveau socialisme pour le XXIe siècle. Le capitalisme n’est pas un modèle de développement soutenable" (Hugo Chavez Frias, le 4 mars 2005). Une chose est d’inventer quelque chose de nouveau, d’original, d’authentique et d’indigène, qui n’a pas d’équivalent et n’a jamais existé nulle part. Autre chose, complètement différente, est d’ "inventer un nouveau socialisme" au Venezuela et en Amérique Latine. Au niveau global cela signifie précisément que nous devons inventer "notre socialisme", créé par notre réalité historique contemporaine, servant nos nécessités révolutionnaires et émancipatrices et par là-même les intérêts prolétariens des classes travailleuses et de tous les peuples exploités, dominés, discriminés et aliénés de la planète. Pour atteindre ce but capital, une condition sine qua none est de savoir ce qu’est le socialisme, ce qu’est le capitalisme, ce qu’est une révolution socialiste et ce qu’est une révolution capitaliste partout. Premièrement, nous devons identifier scientifiquement le socialisme lui-même comme une réalité historique et seulement alors nous pouvons différencier philosophiquement notre nouveau socialisme. Nous ne devons pas oublier qu’au travers des 150 dernières années nous avons expérimenté une galaxie de différentes apparences du socialisme : "socialisme vrai", "socialisme utopique", "démocratie sociale", "communisme", "socialisme soviétique", "Marxisme", "Marxisme-Léninisme", "socialisme chinois", "socialisme arabe", "socialisme chrétien", "socialisme africain", "socialisme international", "socialisme démocratique", "démocratie socialiste", "socialisme coopératif", "socialisme révolutionnaire", et le pire de tous, le "socialisme national" du Nazisme et du Fascisme. En fait, pour couronner le tout, à une époque Carlos Andrés Pérez était un "socialiste international" et en outre, nous avons fait prêter serment à un nouveau Premier Ministre "socialiste" dans le Portugal capitaliste ! Il est extrêmement dangereux d’utiliser imprudemment des concepts philosophiques comme "révolution", "théorie" ou "socialisme", et en conséquence de les transformer en inutile façade idéologique ou coquilles vides, en armes réactionnaires qui ne peuvent servir que les campagnes de désinformation des agences de presse internationales comme Reuters, Fox News, CNN, etc., au service des intérêts de classes impérialistes. Si nous ne connaissons pas la signification d’un concept spécifique, nous ferions mieux d’éviter complètement son usage et de prendre nos concepts théoriques pour leur donner nos connotations révolutionnaires propres. C’est ce que fit le Président Julius Nyerere en Tanzanie il y a 40 ans, en donnant simplement à son projet de libération le style africain : Ujamaa. Cela était nouveau parce que ce n’était pas la résurrection de quelque façade idéologique obsolète ou de dogmes et de doctrines usées, archi-usées. Si nous savons avec précision scientifique et incision philosophique ce que nous faisons et de quoi nous parlons au sujet du Socialisme au Venezuela et en Amérique Latine, alors il nous faut appliquer cela dans sa réalité totale, dans son contexte trans-historique, comme processus global révolutionnaire et émancipateur. Alors, le Socialisme n’a même pas besoin des adjectifs "scientifiques" et "philosophiques", parce qu’il est essentiellement et existentiellement science et philosophie prolétarienne, des travailleurs, c’est-à-dire praxis citoyenne créatrice et théorie créative populaire. A l’époque de l’Inquisition Espagnole, alors que l’Europe était tombée dans la barbarie, dans l’obscurité totale et dans la contemplation, la méditation, la théologie et la métaphysique catholique, romaine, impériale, absolutiste et idéaliste, déjà Avicenne et Averroès, les ancêtres matérialistes aristotéliciens de l’actuel honoré Président de la République Islamique d’Iran Mohammad Katami, savaient ce que cela signifie réellement et ce qu’est le Socialisme partout : ils connaissaient la Natura Naturata (Nature Naturée) et la Natura Naturans (Nature Naturante), la nature et la société dialectique, créatrice, créative et créée (ces concepts de la philosophie antique ont été repris par Spinoza, qui en a fait sa base systémique, cf. L’Ethique, Partie I, De Dieu, Ndt). Dans un commentaire précédent sur Vheadline, sous le titre "Venezuela : Le Talon d’Achille de l’Empire"[http://www.vheadline.co/readnews.asp?id=26528], j’expliquais les processus trans-historiques et les liens révolutionnaires du Socialisme comme Opposé, comme Négation du Capitalisme. "Le fait est que le Socialisme est la Négation dialectique d’un véritable Processus et Système Mondial défini, qui partout prend des formes apparemment variées d’une même réalité, le Capitalisme. Son trait d’union global est l’argent, les relations d’agent, les relations de choses et l’aliénation. En tant que Socialisme la Révolution Bolivarienne doit nier : le Capitalisme au Venezuela, en Amérique Latine et dans l’Univers". De là, à l’échelle mondiale, le Socialisme comme Négation s’identifie à travers sa propre Affirmation qu’est le Capitalisme. Quand on sait ce qu’est le Capitalisme au Venezuela, on sait ce qu’est le Socialisme en Amérique Latine. Et cela nous savons que c’est la Révolution Mondiale Permanente de Trotsky, le processus dialectique, les luttes de classes violentes et inexorables entre les deux versants d’une même chose : de la Globalisation, de la Production, du Processus de Travail, de l’Histoire. Nous devons en urgence introduire une "Mission Marx et Engels" dans nos Universités Bolivariennes. Ici à Mérida on a déjà apporté notre petite contribution à cette nécessité émancipatrice internationale [cf. : http://www.franzlee.org/titulo2.html] . Tout ceci révèle précisément ce que le Président Chavez est en train de nier, ce qu’est le quo vadis de la Révolution Bolivarienne, ce que sont l’Anti-Capitalisme, l’Anti-Impérialisme, l’Anti-Corporatisme, et ce qu’est le Socialisme qui, dans tous les cas, ab ovo est nôtre. Alors nous savons aussi ce qui doit être surpassé, dépassé et annihilé, pour réaliser la Constitution Bolivarienne et atteindre l’Emancipation. Cependant, la vieille Constitution puntofijiste (de la IVe République, ndt) et l’actuelle Constitution Bolivarienne continuent de coïncider sur un sujet essentiel très délicat : toutes deux protègent la quintessence du capitalisme, à savoir la propriété privée des moyens de production. Cela, Compatriotes, est quelque chose sur lequel nous devrions réfléchir sérieusement. Bien sûr, la Révolution Bolivarienne offre de multiples alternatives, mais le mode de production dominant au Venezuela reste le Capitalisme. C’est pourquoi le Socialisme est une nécessité révolutionnaire au Venezuela. Tout autre type de "socialisme" entraînerait sans aucun doute la ruine et la destruction totale de l’Amérique Latine, conduirait à la Seconde Conquête et à l’Empire Orwélien Nord-Américain. Un "socialisme" qui a besoin d’un adjectif spécial pour son identification n’est pas sur ses propres pieds dialectiques, mais est logico-formel, boiteux, idéologique et dès lors ne peut ni survivre ni exister. Actuellement, bien que nous nous trouvions au pied de la tour de guet émancipatrice et qu’ainsi nous ne puissions pas voir très clairement son signal lumineux, que nous ne puissions pas comprendre son véritable anti-capitalisme, son authentique socialisme, il n’en reste pas moins que la Révolution Bolivarienne, dans l’accélération de son impulsion, de son élan et de sa vélocité, poussée par les féroces attaques de la Globalisation, s’est transformée, dans une progression géométrique, en la pointe même de l’iceberg de la Révolution Globale Permanente qui vient choquer mortellement le Titanic capitaliste, lequel sombre rapidement. |
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