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Pas si bêtes que ça, ces étudiants!Laurie Duguay, Mardi, Avril 5, 2005 - 09:11
Laurie Duguay
Les étudiants ne sont pas si dupes! Ils ont rapidement remarqué les dessous de cette entente entre les fédérations étudiantes et le ministre Fournier. Pas si bêtes que ça, ces étudiants! Que veut réellement dire cette entente entre les fédérations et le gouvernement québécois? À priori, nous devons dire à haute voix que les étudiants ont refusé en grande majorité la dernière offre du ministre Fournier à la mi-mai puisque les montants mis sur la table étaient jugés insuffisants (41,5 millions en 2005/2006 jusqu’à 95 millions en 2009/2010). Pour l’entente survenue il y a quelques jours, le gouvernement québécois ne met pas un sou de plus sur la table qu’à la mi-mai ce qui est interprété par les étudiants comme un désintérêt du gouvernement Charest face à l’éducation. En effet, le ministre Fournier arrive à combler le manque à gagner grâce au gouvernement fédéral, plus précisément à la Fondation canadienne des bourses du millénaire et au Programme canadien de prêts aux étudiants. Ces derniers investissent les montants nécessaires pour atteindre les 103 millions, sauf pour l’année 2005-2006 où les étudiants auront seulement 70 millions en poche pour les bourses. Nous nous devons d’indiquer ici que lors de la réforme des prêts et bourses du gouvernement Charest (c'est-à-dire la transformation des 103 millions de bourses en prêts), la Fondation canadienne des bourses du millénaire a décidé de geler les 70 millions par année qu’elle donnait habituellement aux québécois. Par conséquent, auparavant, les étudiants avaient 103 millions de bourses ET 70 millions ce qui faisait une caisse totale de 173 millions accordés seulement en bourses. Maintenant, nous nous retrouvons avec 103 millions, point à la ligne. Ce qui signifie une perte de 70 millions par année pour les étudiants. De plus, les étudiants qui ont été touché par la réforme du gouvernement Charest en 2004/2005 ne se verront aucunement indemnisés. À cela nous rajoutons un investissement dans le programme des bourses pour l’année scolaire 2005/2006 à la hauteur de 70 millions seulement. Cela est nettement insuffisant quand ce que les étudiants revendiquent n’est pas un investissement supplémentaire, mais un simple remboursement. Comme Michel Chartrand le figure si bien : « Le gars vient te voler dans ta poche, puis il te dit: « À c't'heure, on va négocier comment je te rembourse". C'est assez fort, hein? ». Il est aussi important de souligner que cette entente ne souligne en aucun cas une vision et un investissement en éducation à long terme. Cette entente se termine dans 5 ans. Alors, s’il y a un changement de gouvernement ou pas d’ici 5 ans, ce dernier n’aura aucune obligation de poursuivre cet investissement dans le programme de bourses. Ce qui signifie que nous léguons une autre lutte à la cohorte étudiante de 2010 pour environ les mêmes revendications que nous avons en ce moment. N’est-ce pas remettre à plus tard ce que nous pouvons accomplir maintenant? . Dans le même ordre d’idées, nous ne pouvons terminer ce texte sans discuter de la légitimité des fédérations étudiantes et de la CASSEE. Comme nous le disions au début, c’est la CASSEE qui a fait naître ce mouvement de grève. C’est aussi celle-ci qui s’est vu retirée des négociations par le ministre Fournier. Je déplore le rabaissement que les fédérations étudiantes ont fait envers la CASSEE. Si elles étaient vraiment POUR la réussite de la grève et surtout si elles avaient des principes démocratiques bien ancré, elles auraient exigé auprès du gouvernement Charest que si des négociations devaient avoir lieu, la CASSEE devait être à la table tout comme eux. Les membres de la CASSEE se dénombrent aujourd’hui à près de 70 000 étudiants ce qui représentent près de 1/3 de la population étudiante. Je dénonce aussi le corporatisme des fédérations étudiantes et tout particulièrement de la FEUQ. Celle-ci ne voit pas plus loin que son nez, fait preuve d’une mollesse incroyable et d’une solidarité décevante. Les fédérations n’ont pas utilisé l’ampleur historique du mouvement de grève pour accroître le débat en éducation et un réinvestissement massif dans ce dernier. Ils ont, au contraire, gâché ce mouvement étudiant avec leur « entente à rabais » où plusieurs s’en contenteront avec un goût amer au fond de la gorge. C’est à se demander, à ce moment-ci, si les fédérations étudiantes de la FEUQ et la FECQ possèdent encore la légitimité pour représenter les étudiants et protéger leurs intérêts et valeurs. En conclusion, nous rejetons catégoriquement l’offre mis sur la table par les fédérations étudiantes et le ministre Fournier la jugeant insuffisante et surtout ne répondant en aucun lieu aux revendications des étudiants puisque le statu quo n’est même pas maintenu. Par conséquent, cela constitue un recul. De plus, le gouvernement québécois ne réinjecte aucun argent neuf et c’est grâce au gouvernement fédéral que nous réussissons à obtenir après quelques années les 103 millions d’auparavant. Le gouvernement fédéral qui, selon ce qui est enchâssé dans la constitution canadienne, ne possède pas les pouvoirs pour intervenir dans les domaines de juridiction provinciale dont l’éducation. Peut-être croyait-on que les étudiants allaient accepter cette entente à rabais croyant que le gouvernement Charest avait compris le message. Mais bien au contraire, les étudiants ne sont pas tombés dans le piège tendu par le ministre Fournier…et les fédérations étudiantes!!! Laurie Duguay
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