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Les fédérations, CASSÉ ça donne ?Anonyme, Dimanche, Avril 3, 2005 - 23:51
Le Trouble
Dans ce contexte, il n'est pas surprenant d'apprendre que ce sont les militantes et les militants de l'ASSÉ qui ont travaillé d'arrache-pied pour convaincre la population étudiante du Québec de ne pas avaler la couleuvre anti-sociale que le gouvernement tentait de leur enfoncer dans le gorgoton. Alors que la FECQ-FEUQ se contentait, comme à son habitude, de rencontrer les députés, hauts fonctionnaires et ministres qu'ils aspirent à devenir un jour. Quant il est devenu évident, dans les premières semaines de mars, que le mouvement de grève allait emporter aussi les associations membres de la FECQ-FEUQ, celles-ci se sont empressées de tenter de prendre le contrôle de tout le mouvement. Pour ce faire, elles ont appelé leurs membres à entrer en grève alors que, dans les faits, ceux-ci n'attendaient pas leur mot d'ordre pour débrayer. Puis, sautant avec joie sur la perche que le ministre Fournier leur tendait pour isoler la CASSÉ, perçue par les cravatés comme trop radicale, les fédérations étudiantes se sont empressées d'accoler l'étiquette de " violent " sur un mouvement qui, somme toute, ne l'était pas du tout. Cette collaboration avec le pouvoir pour freiner le mouvement social, que la FECQ-FEUQ partage avec notamment la FTQ, a amené naturellement le ministre Fournier à reconnaître les fédérations étudiantes comme les seules interlocutrices du gouvernement dans la crise actuelle. Cette situation n'est pas sans danger pour le mouvement, car les appareils de la FECQ-FEUQ vont certainement mettre leurs intérêts personnels de futurs politiciens devant les intérêts réels du mouvement. Plutôt que de revendiquer le retrait total de la réforme de l'aide financière aux études, ils centrent le discours sur les 103 millions de dollars sans toucher le centre du problème : l'endettement de plus en plus difficile dont sont victimes les étudiantes et étudiants issus des classes populaires. Les appareils de la FECQ-FEUQ ont donc tout intérêt à passer pour des leaders " parlables " et " raisonnables ", au risque de brûler leur image et de ne plus pouvoir progresser vers les sommets du pouvoir politique. Fondées dans les années 80 comme des scissions de droite de l'ANEEQ, considérée comme trop à gauche et trop radicale par les jeunes péquistes de l'époque, la FECQ et la FEUQ ont été l'école du pouvoir pour toute une génération de députés péquistes. De André Boisclair (ancien président de la FAECQ, ancêtre de la FECQ, ancien ministre péquiste) à Nicolas Girard (député péquiste de Gouin, ex-président de la FAÉCUM, un gros membre de la FEUQ), de Francis Côté (attaché politique de Serge Ménard, ex-ministre péquiste, élu étudiant qui fit adhérer l'AGEUQAM à la FEUQ) à Patricio Salgado (ex-président de la FEUQ), la réputation de pépinière à carriéristes de la FECQ-FEUQ ne s'est jamais démentie. Pour les étudiantes et les étudiants, la solution se trouve dans la rue plutôt que vers les fédérations qui tentent de résoudre la crise à travers les négociations au sommet. C'est d'ailleurs le chemin qu'a choisi de suivre la CASSÉ, qui a multiplié récemment les actions directes de perturbations économiques susceptibles de nuire au seul véritable appui qui reste au gouvernement libéral : la bourgeoisie. -------------- Cet article est paru dans le numéro 28 du journal anarchiste Le Trouble, disponible aux endroits suivants: Montréal: QUÉBEC: |
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