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Les étudiants du Canada et du Québec: Devrait-on vraiment comparer?Anonyme, Jeudi, Mars 3, 2005 - 22:09
Maxime
Suite à la grève générale illimitée des étudiants, je crois souhaitable d'informer la population des motifs et des réflexions soutenus par les étudiantEs en grève. Cet article est, je l'espère, le premier de plusieurs. Les étudiants du Canada et du Québec: Dans la foulée de la grève générale illimitée des étudiantEs, démarrée par la CASSÉE, j'ai cru nécessaire d’informer la population de la condition de l’endettement étudiant au Québec. Il m'apparaît évident qu’il convient de faire de cette problématique un débat de fond et de société, et d’informer les citoyens le mieux possible. Par-delà la pression d’une grève générale illimitée ou celle des manifestations, après tout, il y a celle des électeur-trice-s. Le principal problème du Québec est de se confondre dans des slogans obscurantistes, ceux qui lui permettent de se comparer avantageusement avec les nations moins favorisées que lui. Il règne donc, autour de la question sociale du Québec, un mythe fallacieux, donnant l’impression que notre belle province est le paradis des mesures sociales et humanitaires. On ne se gênera pas, par exemple, pour nous rappeler que « les études au Québec sont les moins chères en Amérique du Nord ». Cette habitude est fort agréable, et nous fait souvent croire que nous sommes privilégiés, mais masque d’autres problèmes de la société contemporaine. Il faudrait commencer par réaliser que l’Amérique du Nord n’est composée que de deux pays: les Etats-Unis et le Canada. Il n’est donc pas très difficile de toucher la position numéro 1 d’un continent de 2 pays. Par contre, en faisant un peu de recherche, on s’aperçoit que le Canada est le troisième pays où il est le plus cher de faire ses études internationalement, après les États-Unis et le Japon. On pourrait donc dire, avec hardiesse, que le Québec est un des meilleurs endroits pour étudier dans les pires pays du monde. Se comparer avec les États-Unis, en disant que nous payons trop de taxes ici, est un peu aberrant. Il faudrait aussi se rappeler que le contrecoup du taux plus bas d'imposition chez nos voisins du Sud est l'état lamentable des services offerts aux citoyens. Saviez-vous que la première cause de faillite personnelle aux États-Unis est le paiement de soins de santé par les particulier-ière-s? Voudrions-nous vivre dans les mêmes conditions? Ces taxes, qui font grogner tant de Québécois-es, les assurent de pouvoir vivre pleinement, sans avoir constamment à mettre de l'argent de côté, au cas où ils tomberaient malades. Quant au Canada, autant nous comparer avec lui jusqu'au bout. Le site Internet de la FEUQ explique que l’endettement étudiant moyen au Québec est passé de 13 000$ à 21 500$, suite aux coupures du gouvernement Charest. Il faut spécifier que 40% des étudiantEs du Québec utilisent ces prêts, tout comme le font 60% des étudiants en région. Pourtant, la dette moyenne des étudiantEs canadiens plafonne à 19 500$. On peut se demander quelle est la cause de cette disparité entre les différents endettements étudiants à la grandeur du Canada, malgré la croyance populaire qui veut que le Québec soit le bastion de l’État Providence d’Amérique du Nord. En fait, il a été relevé en 1997 que les emplois de production de biens de technologie supérieure employaient 21,3% des Québécois, et 33,1% des Canadiens, alors que les emplois de faible technologie employaient 78,7% des Québécois et 66,9% des Canadiens. Le niveau de technologie et de spécialisation étant proportionnel au salaire, il est normal que notre population ait plus de difficulté à financer les études de ses étudiantEs, et qu’elle ait besoin de plus de support gouvernemental. En coupant ainsi l’aide apportée aux jeunes Québécois, on retarde la spécialisation des futurs travailleur-se-s, accentuant ainsi l’écart existant entre le Québec et le Canada aux niveaux de l’éducation et de l’enrichissement de sa population. De plus, il convient d'observer le niveau de la production et le taux de chômage des deux territoires. Le PIB par habitant des Canadien-ne-s est de 31 887$, contre 28 044$ pour les Québécois. Le taux de chômage canadien est de 7,6%, alors qu’il est de 9,1% au Québec. Toutes ces conditions réunies expliquent le retard que le Québec a pris en matière d’éducation avant les coupures massives du présent gouvernement libéral, puisque ses habitantEs avaient besoin de plus d'argent que dans les autres provinces. Ils choississaient donc de ne pas faire de longues et coûteuses études. Qu’en sera-t-il dans la société de demain? Le site Internet de l’institut statistique du Québec fait d’ailleurs foi d’autres chiffres, si peu mentionnés par notre gouvernement. Les données furent recueillies avant la réforme de l’aide financière aux études. On y voit que 59% des Canadiens effectuent des études postsecondaires, alors que seulement 53, 7% des Québécois s’y inscrivent. Ce n’est donc pas le moment de couper le support dont les Québécois-es semblent avoir besoin pour étudier. Pendant que le gouvernement libéral tente de nous faire croire que la coupure n’est pas si importante et est minime par rapport à ce qu’expérimentent les autres étudiants canadien-ne-s, Tim McSorley, le responsable de la fédération des étudiants canadiens au Québec, exprime sa solidarité pour les étudiants en grève. « Ces coupures ont eu un effet désastreux sur les étudiants au travers de la province, et personne ne peut laisser cela se faire sans réagir. », a-t-il déclaré en anglais. Cette différence dans les deux discours a de quoi laisser perplexe, d’autant plus qu’on peut croire le responsable de la fédération canadienne plus au courant de ce qui se passe ailleurs dans le pays que nos représentants locaux. Malgré tout, le gouvernement Charest persiste à déclarer que l’aide financière est adéquate. Le premier ministre aurait même déclaré que «Les étudiants québécois sont les mieux traités au monde», malgré le fait qu'ils ou elles vivent dans le troisième pays le plus coûteux au niveau des études. Pourtant, selon les calculs de la FEUQ, ils ne sont pas si bien traité-e-s. Après avoir payé ses frais de scolarité, son loyer et les autres coûts fixes, à condition qu’il travaille et bénéficie d’une contribution parentale, il restera 5 $ à unE étudiantE recevant des prêts pour se nourrir quotidiennement. Il faudrait peut-être cesser de considérer que les limites du monde s'arrêtent à l'Amérique du Nord. Il ne faudrait sûrement plus forcer les étudiantEs à choisir entre être universitaire et anémique, ou repu, mais incapable de s’instruire.
Ce lien mène aux informations de la FEUQ, et permet de découvrir d'autres informations sur le sujet des études au Québec.
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