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Racisme et lutte de classe

Anonyme, Vendredi, Janvier 28, 2005 - 15:17

Ruptures

L’oppression raciale est sans aucun doute l’une des caractéristiques inhérentes du monde capitaliste moderne. Elle se manifeste de façon plus visible par des agressions de groupes fascistes contre les immigrant-e-s. Mais plus encore, les communautés immigrantes sont victimes de la discrimination systémique de la part des États capitalistes. Discriminations qui se traduisent par des attaques contre les droits des immigrants, des coupures dans les programmes sociaux, par des attaques policières et un système de justice raciste.

Comment vaincre le racisme?

Pour répondre à cette question, nous devons accorder une attention particulière aux forces qui ont produit et qui continuent de reproduire le raci-sme. Elle requiert aussi une analyse soignée des forces sociales qui peuvent bénéficier de l’oppression raciale.

Nous entendons par racisme soit une négation de l’égalité de tous les êtres humains ou une discrimination sociale, économique ou politique envers certains groupes raciaux.

Les racines du racisme

Le capitalisme s’est développé comme un système mondial basé sur l’exploitation des travailleurs-euses, des esclaves et des paysan-ne-s, qu’ils soient noir-e-s, brun-e-s, jaunes ou blancs/blanches. Au 16e et 17e siècles, le système capitaliste s’est d’abord développé en Europe de l’Ouest et dans les Amériques. Au 18e et 19e siècle, l’Afrique et l’Asie furent progressivement intégrés dans la zone d’influence du capitalisme. En Amérique, de vastes plantations furent mises sur pied. S’appuyant sur l’esclavage, il s’agissait d’entreprises capitalistes qui exportaient des produits agricoles.

C’est au sein du système esclavagiste que nous trouvons la genèse du racisme. D’après Éric Williams, «L’esclavage n’est pas le fruit du ra-cisme : c’est plutôt le racisme qui fut la conséquence de l’esclavage». (1)

À leurs tous débuts, les plantations esclavagistes n’étaient pas organisées sur des bases raciales. Malgré le fait que les premiers esclaves de possession espagnole dans les Amériques étaient généralement des Autochtones, l’esclavage était limité (du moins officiellement) à celles et ceux qui ne s’étaient pas convertis au christianisme.

Les Autochtones furent remplacé-e-s par des Européen-ne-s pauvres. Plusieurs de ces travailleurs-euses étaient mis en esclavage pour une période limitée, comme serviteurs asservis*, engagés par contrat pour une période qui dépassait souvent dix ans. D’autres étaient des prisonniers, coupables de crimes mineurs (tel que le vol de vêtements), ou des prisonniers de guerre capturés suite aux révoltes et à la colonisation de territoires comme l’Irlande et l’Écosse. Toutefois, on retrouvait également un nombre non-négligeable d’esclaves à vie d’origine européenne, et il y avait même un nombre considérable de serviteurs asservis qui furent kidnappés et vendus ensuite comme esclaves. (2)

La traversée par bateau de l’Atlantique pour les esclaves et les serviteurs asservis étaient, selon William, si mauvaise qu’elle devait « éliminer toute idée voulant que les horreurs des négriers étaient imputables au fait que les victimes étaient des nègres ». (3) Plus de la moitié des immigrants anglais dans les colonies américaines du 16e siècle étaient des serviteurs asservis. (4) De plus, jusqu’en 1690, il y a avait beaucoup plus d’Européens non-libres dans les plantations d’Amérique du Sud que d’esclaves noir-e-s. (5)

Les idées racistes se sont développées à travers le commerce d’esclaves au 17e et 18e siècle. À cette époque, les peuples d’Afrique sont devenus la principale source d’esclaves pour les plantations.

Le système de contrôle social encadrant la force de travail non-libre européenne et américaine fut alors appliqué aux africain-e-s.

La principale raison derrière ce changement de cap est d’ordre économique: ces esclaves étaient obtenus à moindre coût et en plus grand nombre, répondant ainsi aux besoins grandissants des plantations capitalistes. (6) La classe dirigeante africaine joua un rôle central dans le commerce lucratif des esclaves : « le commerce fut (...) un commerce africain jusqu’à ce qu’il atteigne la côte. Il était très rare que les Européens soient directement impliqués dans l’acquisition d’esclaves, et quand ce fut le cas, cela se limitait à l’Angola. » (7)

C’est au 17e siècle que l’idéologie raciste a commencé à se développer, la première fois par «les planteurs de canne à sucre anglais et leurs idéologues résidant toujours en Angleterre.» Ces derniers se référaient aux différences physiques pour développer le mythe que les noir-e-s étaient des sous-hommes méritant d’être mis en esclavage : « voici donc une idéologie : un système de fausses idées servant des intérêts de classe. » (8)

Le racisme fut utilisé pour justifier la capture et la mise en esclavage de millions de personnes pour les fins propres au capitalisme. La mise en esclavage des Autochtones a été justifiée par leurs croyances païennes; l’esclavage des Européen-ne-s a été justifié par le fait que c’était le sort des classes inférieures; l’esclavage des Noir-e-s a été justifié par le racisme.

Une fois développées, les idées racistes furent utilisées plus largement pour justifier l’oppression. Les Juifs, par exemple, ont commencé à être opprimés en tant que minorité raciale, et non comme groupe religieux.

Les bénéficiaires de l’esclavage ne furent pas les Européen-ne-s au sens large, mais bien la classe dirigeante capitaliste d’Europe de l’Ouest et la classe dirigeante africaine qui en retira également des bénéfices non-négligeables. En effet, chez les Européen-ne-s, il y avait des marins travaillant dans la traite des esclaves, pour qui les conditions de vies étaient, selon Williams, à peine différentes de celles des esclaves. Il y avait aussi un nombre considérable de « blancs pauvres », des ouvrier-e-s agricoles qui furent écrasé-e-s économiquement par la compétition des grandes plantations esclavagistes (9). Enfin, la grande majorité des Européen-ne-s n’a jamais possédé d’esclaves : seulement 6% des blancs possédaient des esclaves dans le sud des États-Unis en 1860 (10). En outre, il y avait des propriétaires d’esclaves Autochtones et Afro-américains.

Lire la suite...

www.nefac.net


Sujet: 
Un peu court!
Auteur-e: 
RiouxYves/Bleuler
Date: 
Ven, 2005-01-28 18:56

Madame Anonyme,

Anonyme: "L'oppression raciale est sans aucun doute l'une des caractéristiques inhérentes du monde capitaliste moderne."

Bleuler: En quoi et pourquoi serait-elle inhérente? Le capitalisme profite certainement du racisme. Le capitalisme est un modèle opportuniste qui exploite toutes les contradictions. Mais de là à dire qu'il est à l'origine de toutes les contradictions qu'il exploite... Votre diabolisation du capitalisme va vous conduire à une erreur systématique. Vous allez finir par croire que, sans le capitalisme, les contradictions qu'il exploite vont disparaître. Ce serait naïf!

Anonyme: "C'est au sein du système esclavagiste que nous trouvons la genèse du racisme. D'après Éric Williams, «L'esclavage n'est pas le fruit du ra-cisme : c'est plutôt le racisme qui fut la conséquence de l'esclavage». "

Bleuler: En Europe, les communautés juives ont fait l'objet de persécutions raciales. Les juifs n'ont pourtant jamais été les esclaves des possédants européens, sauf quelques exceptions notables. Et ces exceptions sont justement apparues lorsque ces communautés étaient préalablement victimes de campagnes antisémites. Par ailleurs, certaines communautés européennes médiévales ne connaissaient pas l'esclavage et ne l'avaient jamais connu. Elles ont pourtant développé des réactions franchement antisémites au contact des communautés juives de la diaspora.

En ce qui regarde les Tsiganes, ils n'ont jamais été l'objet d'une exploitation esclavagiste. Ils n'ont même jamais été soumis à une autre forme de servage (sauf quelques exceptions notables présentant les mêmes caractéristiques que pour les juifs). Croyez-vous qu'ils n'ont jamais été victimes de racisme? Et les sociétés russes et chinoises postmonarchiques, vous croyez qu'elles ne portaient pas ou ne portent plus de contradictions raciales?

Mateo Richi, premier européen à vivre dans la société chinoise au début de la renaissance, rapporte les nombreuses manifestations de racisme dont-il a été victime. Je ne me rappel pas que des Européens aient été les esclaves des possédants chinois?

L'esclavage n'est pas le résultat du racisme. Il y a de l'esclavage en l'absence de tout racisme. Les possédants trouvent simplement d'autres prétextes que des prétextes pour profiter des personnes vulnérables. Mais le racisme n'est pas pour autant le résultat de l'esclavage. L'exploitation apparaît secondairement comme une simple récupération opportuniste. Des exploitants se cherchent de la "chaire à produire". Ils voient dans les contradictions raciales une opportunité de se trouver de la main d'oeuvre à bas pris. D'ailleurs, dans une communauté, ce ne sont pas nécessairement les possédants qui entretiennent les pires préjugés raciaux.

Dans, UNE HISTOIRE DES JUIFS, Paul Johnson montre comment de simples incidents, comme la disparition d'un enfant, pouvaient dégénérer en pogrome.

Je crois que le racisme est un pur produit de la psychologie des êtres humains. Le racisme c'est une façon de composer avec l'autre, celui qui est différent de soi, celui qui ne nous ressemble pas. Les communautés ont des contradictions, des stress, des angoisses. Lorsque la pression est forte, les gens se cherchent des boucs émissaires. Ils en trouvent! L'autre, celui que l'on ne connait pas bien, celui dont on se méfis, celui qui est si "bizarre", ouvre toutes les posibilités à notre esprit. L'autre offre toujours un bel écran pour projeter les angoisses, pour projeter les partis de soi avec lequel on ne peut pas composer.


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Sujet: 
Allons un peu plus en profondeur effectivement...
Auteur-e: 
katherine
Date: 
Sam, 2005-01-29 07:54

Je pense que vous voyez juste à ce propos Bleuler...

Le capitalisme n'est pas LA source de tous les maux... Il faut voir plus loin, il faut regarder davantage à l'intérieur de soi... Si tout un chacun s'en donnait la peine, le capitalisme, le racisme, le sexisme, le spécisme, bref, toutes les formes d'exploitation et de discrimination, bref, tout ce qui exclut hors de la sphère du respect et de l'amour disparaîtrait ou aurait grand peine à exister.

Il ne peut survenir une véritable révolution, donc une ère de liberté et d'égalité, sans remise en question des idées reçues, sans regard intègre sur soi, sans observation des "mécanismes" en jeu dans nos processus psychologiques. Tant que cela ne sera pas compris par une vaste majorité, la crainte de l'AUTRE, son assujettissement et sa destruction se donneront amplement libre cours...


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Sujet: 
Katheirne, Diable! On a f
Auteur-e: 
RiouxYves/Bleuler
Date: 
Sam, 2005-01-29 10:21

Katheirne,

Diable! On a fini par partager le même point de vue sur un sujet. Il faut croire que rien n'est impossible.

:)


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Sujet: 
Erreur de conceptualisation
Auteur-e: 
Big brother
Date: 
Dim, 2005-01-30 01:00

Bonjour camarades,

Quelques petits mots sur le sujet. Bien que la définition de racisme donnée par la NÉFAC semble, a priori juste, je crois qu'elle est erronée ou trop élargie. En fait parler de racisme, pour des périodes dans lesquelles le termes «races» n'existe pas, me semble être un anachronisme.

Bleuleur parle de racisme envers les juifs au Moyen-Age, comme la NÉFAC l'indique, cela n'est pas une forme de racisme. On ne s'attaquait pas au juif parce qu'il était une race inférieure, mais bien parce qu'il était adepte du judaisme. C'était une discrimination religieuse.

Le terme race dans son sens moderne, n'apparait que plus tardivement, donc le racisme aussi. Est-ce à dire que l'on ne voyait pas de différence entre un noir et un blanc? Ou qu'il n'y avait pas une idée de hiérarchie entre ceux-ci? Certe non.

Le racisme, n'est pas seulement une discrimination, il est plutôt une soi-disant science, ou du moins emprunte aux sciences certains principes. Les théoriciens du racisme vont écrire moult ouvrages sur le sujets et développer une vaste théorie avec des grilles de races basées sur une méthode scientifique d'observation directe. Souvent, on va se baser sur des traits significatifs physionomiques: Cheveux, grandeurs, couleurs, nez, levres, yeux... Parfois sur des traits moraux et intellectuels; technologie, moeurs, religion, traditions, système politique, etc. De ces classifications va découler une hiérarchie des races entre elles, bien évidemment les blancs, et à leurs têtes les aryens, y occupent toujours la plus haute place.

Le Darwinisme va donner un solide coup de main aux racistes modernes, en intégrant le principe de lutte entre les races pour leur survie, la plus forte va réussire à s'imposer sur les autres. Par la plus forte, on sous-entend, du moins dans le darwinisme biologique: la mieux adaptée. C'est donc la naissance d'eugénisme et plus tard du fascisme et du nazisme.

Sur la question du capitalisme et de son lien avec le racisme, je ne peux m'exprimer, je vais continuer à réfléchir sur le sujet.

BB


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Sujet: 
Tient donc!
Auteur-e: 
RiouxYves/Bleuler
Date: 
Dim, 2005-01-30 10:09

Monsieur Brother

Minute! Vous confondez la cause et l'effet. Les choses n'apparaissent pas comme par magie le jour où l'on invente un mot. Les choses existent longtemps avant que l'on ne sente le besoin de les désigner par un mot. C'est la chose qui précèdent le mot qui la désigne, pas le contraire. Le racisme n'avait pas besoin du mot "race" pour exister. Comme le viol, le vol et le meurtre et l'exploitation n'avaient pas besoin des mots modernes qui leur correspondent. Les termes "homosexuel" et "homosexualité" n'existaient pas dans la haute antiquité juive. Croyez-vous que ce phénomène n'existait pas? La Bible en parle simplement en utilisant d'autres termes.

Quant à votre idée de restreindre le racisme au discours pseudo "scientifique" auquel il a donné lieu dans certains milieux, c'est un peu limitatif. La haine existait bien avant que n'existe l'idée même de science. Et le racisme c'est bien plus le phénomène entourant la haine de ceux qui sont différents que la manière plus ou moins intellectuelle dont cette haine s'articule dans un discours.

Pour ce qui est de l'histoire de la haine contre les juifs, elle est aussi ancienne que le sont leurs relations interethniques. Sous la domination Égyptienne, Hécatée d'Abdère ( IVe siècle avant J-C), auteur d'une histoire de l'Égypte, accusait Moïse d'isoler ses disciples du reste des hommes et d'encourager la xénophobie. La relation entre le juif et les Grecs, après les conquêtes d'Alexandre, tourna vite à la méfiance mutuelle puis à la haine. Les choses ne s'arrangèrent pas après le passage aux mains des Romains. Mais c'est après la diaspora que les choses s'envenimèrent vraiment. Les Juifs n'avaient plus de territoire d'appartenance, mais ils continuaient à s'entêter à se maintenir "en marge", à être différents. Sous l'empire romain, la généralisation du christianisme ouvrait la porte à l'intolérance religieuse. Tous les païens et les marginales essuyèrent des persécutions. La communauté juive était simplement plus importante, plus organisé et plus "entêté". C'est parce qu'elle a survécu et s'est développée en Europe que la haine contre les juifs a survécu et s'est développée en parallèle. À un certain moment donnés, les hérétiques étaient presque tous disparus. Il ne restait que les juifs à haïr. Ils sont devenus le déversoir de tous les ressentiments psychologiques, économiques, sociaux, médicaux et religieux. Ils sont devenus les boucs émissaires de service : Ceux qui sont assez différents culturellement pour être haïs, mais assez proches géographiquement pour qu'on leur tombe dessus.

Vous dite que l'antisémitisme s'articule principalement autour de la question religieuse? La belle affaire! Durant des millénaires tout s'articulait autour d'un discours religieux. Est-ce pour autant moins l'expression d'une haine de l'autre? Est-ce pour autant moins une manifestation de racisme?

Et le religieux n'était que distinctif, parce que ce qui était reproché aux juifs dépassait de beaucoup leurs petites manies religieuses. On leur reprochaient de manière parfois farfelu, des pratiques, économiques et sexuelles "occultes" qui n'avaient rien à voir avec le judaïsme. On les a mis, au centre d'un complot politique imaginaire (les sages de Sion). On leur a reproché leur intérêt pour le commerce (alors que les autres activités professionnelles et économiques leur étaient interdites par la loi). Quel prétexte n'a ton pas trouvé pour justifier la haine qu'on avait contre eux?

L'antisémitisme ne serait pas du racisme? Tient donc!


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Sujet: 
Ne me faites pas dires des choses que je n'ai pas dites.
Auteur-e: 
Big brother
Date: 
Dim, 2005-01-30 23:04

Premièrement, sur votre dernier commentaire, comme quoi je distingue antisémitisme et racisme, au point de ne pas considéré le premier comme étant un manifestation du deuxième. C'est faux, je suis tellement convaincu que l'antisémitisme est une forme de racsime que je me demande bien pourquoi on en fait un mot particulier alors qu'il n'existe aucun mot pour décrire un racisme envers les noirs, les asiatiques, etc. Au contraire, je prône l'arrêt de l'utilisation du terme antisémitisme, pour n'utiliser que le terme racisme.

Deuxièmement, je fais une différence entre antijudaisme et racisme, la discrimination du juif à l'époque médiéval et avant n'avait pas pour prémisse un caractère racial. Les histoires qui concernaient les juifs et certains soi-disant traits qui les caractérisaient comme le commerce et l'usure s'explique par des motifs religieux, du moins au Moyen-Age. En effet, la religion chrétienne interdisait de pratiquer l'usure, le judaisme non. Ainsi les juifs n'ont fait que répondre à une demande qui existait en se livrant à l'usure et du même coup ils se sont attirés la colère des usager de cette usure. La religion chrétienne n'hésitant pas à dénoncer ces usuriers.

Pour ce qui est du commerce, là encore au Moyen-Age et avant, l'explication tire racine dans une interprétation religieuse. L'église qui était omniprésente faisait interdire les juifs dans plusieurs professions. Souvent dans ces cas, les exclus se réfugient dans le commerce. (C'est le cas notament en Jordanie, là-bas les palestiniens sont exclus des professions publiques et libérales et se sont réfugiés dans le commerce, ils se promènent en mercedez devant les Jordaniens qui sont plus pauvres et qui les haissent pour leur richesse)

Dans votre énumération d'évènement concernant le racisme anti-juif, vous faites mention du protocole des sages de Sions. Celui-ci n'intervient qu'au début du XXe siècle, période sous laquelle je considère exacte de parler de racisme.

Pour le reste de votre commentaire, je m,accorde quelques temps de réflexions. Je vous reviendrai, si cela interesse toujours.

BB


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Sujet: 
Je reviens avec mes réflexions
Auteur-e: 
Big brother
Date: 
Lun, 2005-01-31 11:42

Je reviens dans le débat, avec mon explication sur le point que j’ai soulevé, c’est-à-dire à savoir si la chose précède l’existence du terme. Sur ce point, je crois que vous avez, en partie, raison on peut parler de racisme bien avant l’existence du terme racisme. J’essai de toujours demeurer matérialiste, et en ce sens je crois m’être mal exprimé car je n’ai pas voulu insinuer que le racisme est apparu avec la création du mot. Mon point de vue concerne le concept de race, qui selon est préalable à l’existence de racisme.

En fait, je pense que parler de racisme pour une discrimination qui n'est pas basé sur des critères raciaux me semble inexacte. Je crois qu'il faut qu'il y ait une préexistence d'une idée qui se rapporte à une certaine conception de «races». Pas seulement, le «nous» et l'«autre», qui ne serait qu'une forme de xénophobie, mais bien sur le terme de races ou quelque chose de similaire. Est-ce à dire que je nie l’existence de facteurs matérielle comme cause du racisme? Certes que non, mais je pose comme essentiel l’existence d’une conception raciale préalable. Là encore, je ne crois pas qu’il faille attendre la création du mot race, en fait je crois qu’il pouvait y avoir racisme avant, mais l’idée devait y être.

Donc, poser la préexistence de l’idée race, est en soi essentiel pour prétendre à l’existence du racisme. Cela n’explique pas du tout pourquoi le racisme est appliquée par les individus et la société, pour cela il faut rechercher dans les rapports sociaux eux-mêmes déterminer par les conditions de production. Donc, je ne suppose pas que la haine n’existait pas, je ne suppose pas que l’existence de l’idée explique les raisons des manifestations matérielles du racisme, je ne suppose pas que la discrimination basée sur d’autres conceptions n’ait pas préexisté. Ce que je suppose c’est que pour qu’il y ait du racisme il faut qu’il y ait une idée quelconque de race.

Le racisme n'est pas simplement une forme de haine, en fait dans votre critique vous prétendez que mon interprétation est limitative, moi je trouve la votre trop expansive. Je crois que vous tuer le caractère spécifique du racisme en l'associant à n'importe quel forme de haine impliquant des personnes de différentes ethnie ou provenance. C’est exactement ce qui s’est produit avec le terme fascisme, utilisé aujourd’hui pour désigner toutes formes d’autoritarisme, alors qu’il s’agit d’un corpus d’idées dont l’autoritarisme.

Cependant, je me rétracte sur la question des sciences, certes le racisme existait bien avant que des pseudo-théoriciens prétendent utiliser la science pour justifier leur haine.

BB


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Sujet: 
Xénophobie
Auteur-e: 
RiouxYves/Bleuler
Date: 
Lun, 2005-01-31 12:43

Monsieur Brother,

Je crois que vous cernez bien nos points de discorde.

Je partage votre réticence face à l'utilisation abusive du mot "fasciste". Je trouve d'ailleurs que l'on sort cet épouvantail parfois un peu trop vite, ce qui a pour effet de dédramatiser une période de l'histoire politique qui mérite d'être connu et compris pour tout ce qu'elle avait de dramatique.

Par contre, pour le mot "racisme", j'avoue l'utiliser comme synonyme de xénophobie. Je ne partage pas votre préoccupation à propos de la nécessité d'en préserver la spécificité. Je ne vois pas ce qu'on y gagne, pas plus que je ne vois ce qu'on gagne à maintenir le terme "antisémitisme", comme si la xénophobie contre les juifs avait une spécificité telle qu'il fallait maintenir un terme qui lui soit propre.


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Sujet: 
Dernier commentaire
Auteur-e: 
Big brother
Date: 
Lun, 2005-01-31 15:02

Je suis heureux de voir que vous semblez d'accord sur ma position relativement au terme antisémitisme.

Pour ce qui est de l'intérêt qu'il y a à préserver la spécificité du terme racisme, j'avoue que je souffre peut-être de forte déviance universitaire. Je fais peut-être un peu trop d'enculage de mouche en ce moment. J'en suis désolé.

Par contre, lorsque j'entend parler de racisme envers les homosexuels, de racisme envers les riches ou les pauvres, bref lorsque racisme est mis à la place de discrimination, je rage un peu en dedans de moi. Par rapport à la xénophobie, il y a certe une ressemblance, mais par rapport à toute forme de discrimination c'est exagéré.

BB


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Sujet: 
Brother: "Par contre, lorsque
Auteur-e: 
RiouxYves/Bleuler
Date: 
Lun, 2005-01-31 16:46

Brother: "Par contre, lorsque j'entend parler de racisme envers les homosexuels, de racisme envers les riches ou les pauvres, bref lorsque racisme est mis à la place de discrimination, je rage un peu en dedans de moi."

Bleuler: Pour votre santé, il vaudrait mieux éviter de lire les textes de Martin Dufresne...

:)


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Sujet: 
Monsieur Brother, Je compr
Auteur-e: 
RiouxYves/Bleuler
Date: 
Mar, 2005-02-01 09:30

Monsieur Brother,

Je comprends mieux votre critique. Vous ne disiez pas que la "xénophobie" n'existait pas avant le concept de race. Vous disiez plutôt, qu'en toute rigueur, on devrait réserver le terme "racisme" à la xénophobie qui se caractérise par une "théorie" raciale.


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Sujet: 
Antisémitisme et racisme
Auteur-e: 
Alceste
Date: 
Lun, 2005-02-07 19:11

Je m'insère dans cette passionnante discussion.
Effectivement il y a abus de langage et donc brouillage idéologique lorsqu'on utilise le sentiment attaché à un mot pour l'utiliser dans un tout autre contexte.

Le racisme s'est dévelopé comme une idéologie à partir d'un mode de fonctionnement que François Bourricaud rapproche de la Pensée Sauvage.

Levi-Straus utilise pour cela la métaphore du "bricolage".

Il oppose le Bricoleur qui utilise ce qu'il a sous la main pour résoudre un problème concret et immédiat à l'Ingénieur qui anticipe et conçoit des outils spécifiques avant de mettre en route le processus de fabrication.
Le racisme s'est apuyé sur Darwin,d'une part, pour "créer" la notion de hiérarchie des races et sur l'Anthropologie Physique pour "classer" les races.

Cette idéologie s'est superposé,plutôt que substitué, aux autres idéologies de justification de la domination.

L'Appareil Idélogique d'Etat de l'Université allemande et, dans une moindre mesure française a donc produit tout une série de Travaux qui ont eu un écho que l'on a aujourd'hui peine à comprendre.

Dans un roman de Jules Verne "Les millions de la Bégum" le "méchant" est un Professeur Allemand qui a pour obsession de faire la démonstration de la supériorité raciale des Allemands sur les les Français métissés .

La persistance de la réédition régulière et donc de l'achat de "L'homme cet inconnu" d'Alexis Carrel (Plon ed.) est à cet égard inquiétante.

L'Antisémitisme est lui aussi précisément datée et superpose à la notion de hiérarchie des races ,le mythe du Complot qui fut Franc -Maçon puis Jésuite (Le Juif Errant d'Eugéne Sue) mais ausi Protestant (Raoul Girardet).

Il y a donc une spécificité de l'antisémitisme qui a conduit au meurtre organisé que l'on sait.

L'antijudaïsme Antique reposait sur la haine,supposée, du "genre humain" et s'appuyait sur la séparation étanche entre le Peuple élu(chosi) par Dieu et le reste de l'Humanité,les Gentils. Voltaire reprend d'ailleurs cette expression.

Le terme important est "genre" .Il manifeste l'unité de l'Humanité qui est au fondement du mythe de la Genèse.

Le fait que cette"Vision du Monde" se traduise par des rites de séparation et/ou de purification,le refus de partager la table, l'interdit frappant les alliances matrimoniales en dehors du peuple Juif était contraire à la vision universaliste de l'Antiquité.
La pratique de la circoncision ,un temps interdite, sous l'Empire Romain, choquait plus que les jeux du cirque.

L'antijudaïsme chrétien, purement religieux, s'est progressivement durci quand les Chrétiens ont compris que la conversion des Juifs étaient à reporter à la Fin des Temps dans une perspective eschatologique.

La mutation institutionnelle de l'Eglise lorsque le Christianisme est devenue Religion d'Etat a permis aux Chrétiens de se venger à bon compte de la bénédiction des "Minims" introduites par les Rabbins pour exclure le prosélytisme des premiers Chrétiens dans les Synagogues et, plus grave, de la rédaction et de la diffusion des "Toledoth Ieshoua " qui présentaient Jésus comme le fils adultérin d'une prostituée juive et d'un soldat romain devenue charlatan et escroc justifant ainsi la crucifixion.

Ces textes, oubliés pendant des siècles , révélés par des convertis aux autorités religieuses du XIème siècles expliquent les bûchers de Talmud à Paris souvent cités comme une preuve de l'antisémitisme chrétien.

Il est curieux que , sauf erreur de ma part, personne n'ait remarqué que le film hilarant des Monthy Python "Life of Brian" est construit autour de cette trame narrative.

L'hostilité de l'Evêque Agobard de Lyon ,aux environs du VIéme siècle s'explique,mais ne se justifie pas, par le fait que les Juifs utlisaient des esclaves domestiques qu'ils circoncisaient pour des motifs strictement religieux.

De même les negociants juifs ,qui pratiquaient la traite des esclaves , s'opposaient, au grand scandale d'Agobard, au baptême des païens slaves qui affranchissait ceux-ci de facto ,un Juif n'ayant pas le droit de posséder des esclaves chrétiens.

En ce qui concerne l'usure on oublie généralement de préciser que, d'une part, les trois religions du Livre la condamne unanimement mais que le Talmud l'autorise à l'égard des Gentils et que ,d'autre part, il ne s'agissait pas de crédits destinés à l'investissement mais d'un emprunt de survie lorsque la production agricole s'effondrait dans les campagnes ou que les prix montaient dans les villes ce qui la rendait simultanément indispensable et haïssable.

Là encore l'exclusivisme rigoureux du Judaîsme rabbinique s'est historiquement retourné contre les Juifs.

On oublie aussi souvent de noter que, historiquement, la naissance du Judaîsme rabbinique est légérement postérieure à la naissance du Christianisme; c'est seulement après la destrucion du Temple ,provoquée par l'insurrection des Zélotes ,que les Pharisiens ont réorganisé spirituellement et socialement le Judaîsme privé de son lieu sacré.
La diaspora est largement antérieure à la destruction du Temple puisque les Historiens s'accordent pour estimer à 10% la proportion des Juifs dans la population de l'Empire.

Son existence explique la traduction de la Septante, absolument hétérodoxe, pour la forte communauté juive d'Alexandrie qui ne lisait et n'écrivait que le grec.

Ces précisions démontre donc qu'il ya bien une spécificité de l'antisémitisme qui renaît dans les banlieues françaises du fait de la radicalisation du conflit israélo palestinien et de l'existence d'une forte minorité arabo-musulmane dont les pères et les grands péres sont venus travailler en France depuis le début des Trente Glorieuses et qui n'a pas oublié la sanglante conquëte de l'Algérie et la non moins sanglante guerre d'Indépendance

La formation de quartiers juifs remonte à l'Antiquité elle s'explique notamment par la recherche de la pureté et la nécessité de réunir un minimum de dix hommes pour dire valablement certaines prières et particulièrement le "kaddish ",prière des morts.
Certains historiens communautaristes expliquen pourtant t avec le plus grand séreux que dans le Midi de la France on parquait les Juifs dans des carrières (sic) oubliant que une "carreira " est une "rue" en dialecte occitan.

On obtient le même effet exotique en utlisant le terme "lakoo" pour désigner un espace domestique propre à Haïti en oublianr qu'il s'agit d'un terme créole qui vient de l'expression bien française "la cour" .

Même anachronisme linguistique lorsque l'Eglise Catholique qui employait le terme "perfidus" depuis des siècles avec le sens "infidèle" a laissé traduire en Français ce mot,qui figurait dans une prière pour les Juifs, par "perfide" dont la connotation ne pouvait que renforcer l'expression de l'antisémitisme.

Max Weber soulignait que le judaïsme rabbinique est une orthopraxie.

Cette orthopraxie ,qui exigeait la maîtrise de la lecture et de l'écriture dès le plus jeune âge explique ,partiellement ,la persistance du judaîsme à travers les siècles.

Les Assyro -Chrétiens, qui utlisent encore l'Araméen ,ont eux aussi survécu en Terre d'Islam durant un millénaire et demi.

L'antisémitisme ne résulte donc que très partiellement de facteurs économiques.

Seule une approche multi-disciplinaire ,analysant les interaction des facteurs culturels,sociaux, économiques et, surtout, évitant le "péché" de l'anachronisme est susceptible de donner un début d'explication rationnelle à la persistance de cette hostilité récurrente envers les Juifs.qui, sous des formes diverses traverse l'histoire de l'Occident et de l'Orient.

En conclusion je soutiens que ces mots doivent être utilisés dans leur sens originel ; Employer des termes comme racisme anti-jeunes ,ou anti-vieux, est une duperie intellectuelle;

Par contre la xénophobie, qui est peur de l'étranger et non haine, est malheureusement une "pulsion" universellement répandue.

Peut-être faut il y voir une manifestation archaîque de l'instinct de survie des mamifères supérieurs que nous sommes.

Seule la culture et le respect des valeurs universalistes nous permettront d'échapper , peut-être ,en temps de paix à notre condition animale.

Précautions.
1-Je n'avais pas prévu lorsque j'ai commencé à rédiger ce commentaire les difficultés d'écriture propre à ce traitement de texte. Il doit êre considérés comme des notes qui mériteraient une sérieuse restructuration.
2- Malgré ma vigilance il doit rester quelques fautes de frappe et/ou d'orthographe. je prie le Lecteur de ne pas m'en tenir rigueur.


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