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La prévention des drogues : l’approche Nez RougeAnonyme, Mercredi, Décembre 8, 2004 - 10:11
Maurice Hotte, travailleur social spécialisé en prévention des toxicomanies
Cette approche de sensibilisation a prouvé son efficacité et devrait, souhaitons-le même être disponible à l'année ! Dans le jargon des toxicomanies, cette approche de réduction des conséquences est utilisée dans différents types d'interventions préventives. Que ce soit par des programmes d'échanges de seringues qui ont favorisé une diminution extraordinaire de la propagation du VIH sida. Même son de cloche du programme de prévention du tabagisme que les Direction de la santé publique des différentes régions du Québec avec le programme ‘'Le 1er mars j'arrête''. Ce programme mise sur le respect des fumeurs et offre de l'information précise (médecins, infirmières et autres intervenants compétents) et est, en même temps, respectueux à l'égard des fumeurs. Depuis des années ces différents programmes de prévention/éducation connaissent un franc succès et une diminution importante des fumeurs. Au Québec en ce moment près de 40 % des jeunes des écoles secondaires consomment du cannabis alors qu'au début des années 90, c'était environ 10 % qui en faisaient usage; soit une augmentation quadruplée c'est-à-dire de plus de 300 % d'augmentation en 10 ans ! Ce qui signifie que, sur une école de 1000 élèves, 400 de ces élèves consomment du cannabis et ce, à part ceux qui consomment de l'alcool, des amphétamines, de l'ecstasy, etc. Récemment, la direction de la santé publique de la Montérégie a constaté suite à des évaluations que le programme de prévention sur les drogues PRISME offert dans les écoles de la Montérégie n'était pas efficace. La directrice du département de santé publique de la Montérégie, la Dre Jocelyne Sauvé, a expliqué qu'il est impératif de mettre à jour ce programme vieux de 15 ans. «Nous remettons en question l'approche qui consiste à mener des séances de sensibilisation auprès des jeunes de 6e année. Des études démontrent les effets pervers de cette approche, encourageant dans bien des cas la consommation», a-t-elle expliqué. Le programme Prisme est pourtant très présent dans d'autres régions du Québec. Il dessert plus de 35 commissions scolaires et implique près de 800 animateurs bénévoles chaque année. En Montérégie, 14 CLSC et 50 policiers sont également mis à contribution. Toutes les études sur la consommation de drogues illicites chez les jeunes démontrent clairement que la consommation des drogues illicites va en augmentant depuis les 20 dernières années. Les différentes campagnes de prévention tenues dans les écoles ou encore dans les médias n'ont pas réussi à stopper ce phénomène qui augmente beaucoup plus rapidement que... l'essence ! Le problème de programmes de prévention sur les drogues illicites est qu'ils ont toutes les mêmes approches qui visent uniquement à diminuer le taux de prévalence et à inciter les jeunes à ne pas consommer de drogues; le restant n'est pas important! Toutefois, l'approche utilisée face à l'alcool dans ces programmes de prévention vise davantage à responsabiliser les jeunes. Pourtant, le taux de consommation d'alcool chez les jeunes est d'environ 60 % sans oublier que l'alcool est illégal chez les jeunes de moins de 18 ans. Par le fait même, la grande majorité des jeunes qui consomment du cannabis sont tous d'accord sur un point : la consommation modérée de cannabis a beaucoup moins de conséquences morbides que la consommation l'alcool lors d'une soirée entre amis. Ils n'ont pas tout à fait tord ! Ce phénomène de l'augmentation de l'usage du cannabis est clairement attribuable à une plus grande tolérance sociale entre autre sur les drogues douces comme le cannabis. Il faut comprendre qu'en 2004 dans une société moderne qui évolue où 50 % des adultes canadiens (donc des parents) sont en faveur de la légalisation pur et simple du cannabis. Que depuis près de 20 ans que les écoles font de la prévention sans pour autant faire peur aux jeunes. Le gouvernement fédéral s'apprête à décriminaliser la possession simple de cannabis, qui permettra de ne plus considérer les utilisateurs comme des criminels. Et, que de plus en plus d'adultes (donc des parents) consomment du cannabis contrairement à il y a 20 ans passés. Dans la pratique, nous connaissons bon nombre des parents qui font pousser du cannabis et en procurent ainsi à leur enfant. C'est sous prétexte que, leur jeune aura à tout le moins un produit de qualité non adultéré et que leur jeune ne sera pas en danger de se faire offrir des drogues dangereuses s'il allait se procurer du cannabis chez un revendeur. Plusieurs études dont le rapport Nolin du Comité spécial du Sénat sur les drogues illicites ont démontré que le cannabis n'est pas la drogue que tous pensaient. En effet, les études démontrent que l'alcool et la nicotine causent des dépendances plus accentuées et pas mal plus sévères que la marijuana. Le rapport Nolin souligne également que le cannabis n'était pas en soi une cause de délinquance, de criminalité et qu'il n'était pas une cause de violence. Il est de plus établi par le comité Nolin que la consommation de cannabis n'est pas une drogue d'escalade qui mène vers des drogues plus fortes. Le cannabis non adultéré a un indice de sécurité aux environs de 40,000 ; en d'autres termes, il est presque qu'impossible de faire une surdose de cannabis. De plus le rapport Nolin propose une légalisation contrôlée du cannabis et d'interdire la vente au moins de 16 ans. L'organisation internationale de police criminelle (Interpol) notait en 2000 que plus de 1 000 sites Web proposaient la vente de drogues illicites, principalement du cannabis. En 1995, les rédacteurs du journal médical britannique le Lancet s'appuyant sur plus de 30 ans de recherche scientifique, ont conclu que « la consommation de cannabis, même à long terme, n'est pas néfaste pour la santé ». En novembre 1998, ce même journal médical a déclaré dans un éditorial que l'usage modéré de cannabis avait peu d'effet sur la santé et que la décision d'interdire ou de légaliser le cannabis devrait se fonder sur d'autres considérations. Sans banaliser, il faut maintenant comprendre que la majorité des gens (les jeunes et les adultes) ne se laissent plus impressionner et infantiliser par des campagnes de peurs et de désinformations que font souvent entre autre les écoles et les services policiers sur le cannabis par exemple. Indépendamment des programmes de prévention sur les drogues offertes en ce moment, ceux-ci (les préventionnistes), ont la fâcheuse tendance à marginaliser d'un côté, les bons, c'est à dire ceux qui ne touchent jamais aux drogues illicites (mais l'alcool c'est correcte) et les méchants de l'autre côté. Alors, aussitôt qu'un nouveau jeune s'initie au cannabis et qu'il trouve cela plaisant, la prévention infantilisante ne fonctionne plus. Le phénomène de l'augmentation de l'usage du cannabis chez les jeunes et les adultes s'explique simplement que ces gens consomment de la marijuana sans craintes car ils savent rationnellement que tous ce qui est dit concernant le cannabis dans les écoles et dans les médias ne leur fait plus peurs. Il faut aussi comprendre que la très grande majorité des gens sont aussi responsable et qu'ils n'abusent pas du cannabis mais qu'ils en consomment au même titre que l'alcool pour le plaisir et pour la détente. Assurément la consommation de pot à 12-13 ans est une chose, tout comme la consommation d'alcool est aussi à proscrire chez ce groupe d'âge. Cela va de soi également pour les drogues dures qui sont à éviter pour tous les groupes d'âge. Incontestablement, le cannabis est une drogue qui peut causer la dépendance au même titre que l'alcool et la nicotine et il serait préférable que les gens s'abstiennent de consommer ces produits. L'augmentation spectaculaire du cannabis chez les jeunes n'est pas un adon mais bien parce que les jeunes (et les adultes) savent de plus en plus que le cannabis n'est pas la drogue démentielle qu'on a tentée dans les écoles ou dans les médias de leur faire croire. Alors indépendamment du programme de prévention sur les drogues qui vise à diminuer le taux de consommation, il faut comprendre qu'il est possible de faire de la véritable prévention dans un contexte où les jeunes ont fait le choix de fumer du pot mais, de tenir un discours honnête et rationnel. Il faudra dorénavant tenir compte de cette nouvelle réalité dans l'application des programmes d'éducation et de prévention. Les préventionnistes devront partir du principe que l'usage du cannabis peut être quelque chose de plaisant au même titre que l'alcool. Cela veut dire que la prévention des drogues doit se faire de la même façon que la prévention de l'alcool avec des campagnes de responsabilisation des personnes. Dans les années à venir, nous continuerons comme société à assister à une augmentation substantielle de l'usage du cannabis chez les jeunes et chez les adultes car eux, ils partent du principe que le cannabis est aussi plaisant que l'alcool à consommer. Alors d'ici 10 ans, ce ne sera pas 40 % des jeunes qui fumeront du pot, mais bien 50 à 60% tout comme l'alcool ! Malgré cette fulgurante augmentation, fait intéressant à signaler, toutes les études montrent clairement qu'environ 4 à 5 % des gens développent une toxicomanie, que la drogue soit ou non légale. Ce qui veut dire, que malgré l'augmentation du taux de consommation des usagers de cannabis, le taux de ceux qui développent une dépendance est demeuré inchangé. Les programmes de prévention/éducation sur les drogues offerts aux jeunes devront se renouveler en tenant compte de ces nouvelles réalités sociales. Il faudra plus que jamais que les véritables spécialistes soient consultés pour la mise en place de programmes efficaces. Il faudra d'abord éduquer concrètement les éducateurs de nos jeunes (parents, direction d'école, enseignants et autres adultes significatifs) à ce phénomène d'une plus grande tolérance sociale. La loi votée sur la prohibition du cannabis date de près de 90 ans. Elle a été votée sans connaissance scientifique mais plutôt sur une base de préjugé. Tout comme l'a été lors de la prohibition de l'alcool entre 1920 et 1933 aux Etats-Unis et au Canada anglais.
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