Est-ce ce que l'on apelle un texte à lire au second niveau?

pour moi, ce touriste de l'Arriéristan est bourré d'arrières-pensées.

la catchez vous ?

hohoho

ron

L'avis du CSF sur la politique en matière d'égalité

Je ne sais pas quelle est l'intention de la ministre Courchesne et du gouvernement Charet. Par contre, j'ai lu "l'Avis" produit par le conseil du statut de la femme en collaboration avec les 5 femmes invitées par la ministre. L'avis du conseil me fait penser au nouveau MONSIEUR NET. Il a changé de couleur, mais c'est toujours le même produit qu'il y a dans la bouteille.

La couleur du produit me plaît. Les auteurs ont fait un effort sensible pour changer le vocabulaire auquel nous avions habitué le CSF. Reste à savoir si le produit lui-même n'aurait pas mérité aussi d'être changé.

Il est certain que des étapes restent à franchir pour atteindre l'égalité. Mais je crois que l'analyse actuelle du CSF constitue paradoxalement un obstacle aux changements socio-culturels.

Je suis clinicien. Je rencontre régulièrement des personnes profondément blessées par des traumatismes survenus durant leur enfance. L'un des pires stigmates que peut présenter une personne est ce que nous appelons le "syndrome de la victime". Ce syndrome se présente comme une configuration cognitive, affective et émotionnelle particulière (schème) qui conduit la personne qui en souffre à percevoir rétrospectivement son histoire personnelle uniquement en fonction d'un scénario où elle est le personnage principal d'un drame : J'ai été victime! La conclusion que retient la personne atteinte de ce syndrome n'est pas fausse. La conclusion contient une part importante de vérité. Mais cette vérité est tordue, dramatisée jusqu'à la caricature. Cette vérité est surtout cultivée comme réalité unique. La victime ne se rappelle plus que ce qui correspond à son schème. Si la victime pathologique a été parfois traitée avec justice ou compassion, elle a tendance à l'oublier ou à le négliger dans le bilan de sa vie.

La configuration conduit également cette pauvre personne à lire leur situation actuelle et à envisager son avenir en fonction de ce scénario de victime : "Les gens que j'aime m'ont toujours abandonné, je serais toujours abandonné!" ou "J'ai toujours été mal traité, je serais toujours maltraité!"

Les enfants de Duplessis présentent souvent ce profil.

Le syndrome de la victime conduit les personnes qui en souffrent dans une impasse. Elles se déresponsabilisent de leur vie. Elles expliquent tous leurs échecs par leur état de victime : "J'ai raté ma vie amoureuse, familiale et professionnelle parce que je suis un orphelin abandonné!" Encore ici, la conclusion n'est pas fausse. Mais cette conclusion néglige de tenir compte du rôle transitif de la personne elle-même.

Les personnes atteintes de ce syndrome ne sont pas très persévérantes dans leurs entreprises. Elles ne perséverent vraiment que dans deux types d'actions : Se "plaindre" d'être des victimes et demander "réparation". Si d'aventure elles obtiennent justice et réparation, elles cherchent simplement un nouvel objet de plainte et une nouvelle demande de réparation. Le schéma se répète sans fin. C'est leur mode de relation au monde. De toutes les conséquences psychologiques fâcheuses d'un abus ou d'une négligence, le syndrome de la victime est peut-être le pire.

Il y a, bien sûr, des facteurs socio-culturels qui jouent un rôle. Certaines sociétés valorisent beaucoup les victimes. La société québécoise en est un exemple.

Le racisme et le sexisme existent. Ces formes de discrimination font de véritables dégâts. Mais il y a aussi des personnes qui, tout en ayant été de vraies victimes de discrimination, ont tendance à dramatiser leur histoire personnelle en fonction d'un schéma déformant très pathologique.

Le CSF et certains milieux dont il dépend me semblent présentés une forme collective du syndrome. L'oppression de la femme est une réalité à la fois historique et actuelle. Mais à négliger le caractère transitif du phénomène ont fini par l'entretenir.

À ce chapitre, je crois devoir souligner que les stéréotypes sexuels sont interdépendants. Il est impossible d'en finir avec les stéréotypes féminins dévalorisant sans avancer aussi sur la question des stéréotypes masculins. Ici le CSF joue double jeu. Épisodiquement, les auteurs de l'avis dénoncent les stéréotypes masculins, mais parallèlement, elles entretiennent ces stéréotypes. Il est impossible d'être victime sans se trouver un bourreau que l'on peut dénoncer ou à qui l'on peut demander réparation.