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Catastrophe de BHOPAL, 20 ans de laisser-aller criminelAnonyme, Mercredi, Décembre 1, 2004 - 11:19
RESISTANCES-Lyon
ACTION-SURPRISE POUR LES 20 ANS DE LA CATASTROPHE DE BHOPAL. 1984-2004 La catastrophe de Bhopal (nuit du 2 au 3 décembre 1984) est malheureusement toujours d’actualité puisque les effets néfastes se font encore sentir aux abords de l’usine restée en l’état après l’explosion d’une cuve de 42 tonnes d’isocyanate de méthyle qui a provoqué la mort de 20 000 personnes, et 200 000 handicaps graves. L’entreprise états-unienne, Union Carbide (UC), qui possédait l’usine, s’est volatilisée physiquement et financièrement après l’explosion et n’a jamais pris en charge le nettoyage du site. Seuls les impacts médicaux avaient été pris en compte, en 1989, pour établir le montant de la compensation financière, qui avait alors été réglée à 470 millions de dollars (alors que la compensation avec la prise en charge du nettoyage du site est estimée à plus de 2 milliards de dollards). Depuis 2001, les actifs financiers et les bénéfices d’UC ont été repris par Dow Chemical, qui a toujours refusé de reprendre les responsabilités dans la catastrophe de Bhopal. Une campagne internationale de soutien pour la justice à Bhopal s’est développée ces 5 dernières années pour laquelle Greenpeace a réalisé une série d’analyses chimiques des sources d’approvisionnement en eau aux alentours de l’usine. Un certain nombre de substances perpétuent la contamination et les impacts sur les populations. Quand cette tragédie va t’elle être justement prise en compte ? L’étau se resserre sur Dow Chemical alors que le gouvernement indien a enfin pris ses responsabilités. Soutenons la Campagne Internationale pour la Justice à Bhopal et les demandes des victimes de Bhopal : En 1982, déjà, une inspection détaillée fait apparaître dix déficiences sérieuses dans les systèmes de sécurité de l’usine. La population, elle, s’habitue à entendre le signal d’alarme qui, peu à peu, "fait partie du paysage". De surcroît, elle n’a pas une éducation suffisante pour bien comprendre ce que peut signifier une véritable alerte dans cette usine. Un autre problème apparaît. À partir de 1982, l’usine devient largement déficitaire à cause de la mévente de ses produits. UCC, la maison mère, envisage sa fermeture mais le gouvernement indien refuse car cela constituerait un très mauvais exemple pour d’autres investisseurs étrangers potentiels, un précédent défavorable. Pour rééquilibrer ses comptes, la filiale indienne UCIL décide alors de réduire les frais d’exploitation et, pour ce faire, licencie progressivement une bonne partie du personnel qualifié, soit pour le remplacer par du personnel de moins bon niveau, soit pour ne pas le remplacer et simplement diminuer les effectifs. De ce fait, chacun s’habitue peu à peu à travailler avec des effectifs réduits. Il est donc probable qu’à partir de cette époque le personnel est conduit à ne plus faire que ce qui est directement contrôlable ou immédiatement nécessaire... En 1984, après de multiples fermetures temporaires, on constate que deux des dix déficiences signalées en 1982 n’ont toujours pas été corrigées. Mais les directeurs pensent qu’il n’y a pas d’urgence, alors que l’unité de refroidissement du MIC continue à mal fonctionner et fait donc peser une menace permanente sur la sécurité. Il faut savoir que, dans le même temps, la maison-mère, UCC, gère une installation similaire à Institute en Virginie Occidentale ; par conséquent elle devrait être à même de peser très exactement les risques et les conséquences de chaque incident survenant à Bhopal. La nuit tragique du 2 au 3 décembre 1984 : Peu à peu les différents éléments du futur drame se mettent en place. Le premier incident significatif a lieu dans la journée du 21 octobre 1984 durant laquelle les opérateurs échouent dans leur tentative d’accroître la pression dans le réservoir 610 pour en extraire le MIC qui y est stocké. Il semble que les causes de cet échec, tout à fait anormal, ne seront pas examinées en profondeur et qu’aucune mesure ne va être prise. Manque de personnel peut-être. Arrive enfin la fatale nuit du dimanche 2 au lundi 3 décembre, alors que l’usine est partiellement fermée et tourne au ralenti avec des effectifs encore plus réduits que de coutume. 21h15 : Un opérateur de MIC et son contremaître procèdent au lavage d’un tuyau à grande eau. Ce tuyau communique avec le silo 610 et il semble malheureusement que la valve soit inexplicablement restée ouverte, contrairement à toutes les consignes de sécurité. L’eau va donc couler pendant plus de 3 heures et environ mille litres d’eau vont se déverser dans le réservoir. Ce premier fait fera ensuite l’objet de nombreuses contestations (et nous verrons pourquoi) ; en revanche les faits suivants sont, eux, incontestés. 22h20 : Le réservoir 610 est rempli de MIC à 70% de sa capacité. [6] On y mesure une pression intérieure de 2 psi [7] ce qui est bien puisque la pression admissible est comprise entre 2 et 25 psi. 22h45 : La nouvelle équipe de nuit prend la relève. 23h00 : Un contrôleur note que la pression du réservoir 610 est de 10 psi, soit cinq fois plus qu’à peine une heure auparavant. Étant habitué à ce que de nombreux appareils de contrôle ne fonctionnent pas bien, il ne tient pas compte de ces 400% d’augmentation en une heure !!! Quelques gènes ressenties par le personnel, telles que des picotements des yeux, signalent également une petite fuite de MIC près de ce réservoir. Mais cela est également assez courant dans l’usine ; personne ne se préoccupe donc de ces picotements des yeux pas plus que de la pression anormalement élevée. 23h30 : La fuite est localisée et le contrôleur est prévenu. Celui-ci décide qu’il s’en occupera à minuit et quart, après sa pause thé. 00h15 : La pression intérieure du réservoir 610 dépasse la limite admissible : elle atteint 30 psi et semble continuer à augmenter. 00h30 : La pression atteint 55 psi. Le contrôleur, bravant les instructions reçues de ne pas déranger inutilement son chef de service, se décide enfin à lui téléphoner pour le prévenir. Il sort ensuite pour aller observer l’état du réservoir et entend celui-ci trembler alors qu’il ressent un fort dégagement de chaleur. C’est la panique. Le couvercle en béton du réservoir se fend, puis la valve de sécurité explose, laissant échapper un nuage mortel. 01h00 : Le chef de service arrive, constate rapidement les fuites de gaz toxiques du réservoir 610 et fait sonner l’alarme. 02h30 : On réussit enfin à fermer la valve de sécurité du silo 610. 03h00 : Le directeur de l’usine arrive enfin et donne l’ordre de prévenir la police, ce qui n’avait pas été fait jusqu’alors car la politique officieuse de l’usine était de ne jamais impliquer les autorités locales dans les petits problèmes de fonctionnement. Mais il est déjà bien trop tard ! La majorité de la population alentour dormait à cette heure-là et sera frappée dans son sommeil par un nuage toxique qui s’abat sur elle, sur une étendue de vingt-cinq kilomètres carrés. Quant aux personnes qui ne dormaient pas, elles n’ont pas réagi car elles sont habituées depuis longtemps à ce signal d’alarme. Les ouvriers de l’usine, conscients du danger, s’enfuient en courant dans la panique et personne ne songe même à utiliser les quatre autobus garés dans la cour. Comble de malchance, il sera difficile de prévenir les autorités car les lignes téléphoniques de l’usine fonctionnent mal. La panique s’étend à toute la ville et, dans la plus totale incompréhension, des centaines de milliers de personnes sont prises au piège, errant dans les ruelles étroites du bidonville, cherchant des secours qui tarderont beaucoup à se mettre en place, essayant de sauver un proche agonisant, tout cela souvent à l’aveuglette car le gaz attaque d’abord les yeux, entraînant une cécité, provisoire dans les cas favorables, avant de s’engouffrer dans les poumons pour provoquer de graves insuffisances respiratoires. Les trois cent cinquante médecins de la ville qui peu à peu se mobilisent perdent beaucoup de temps à comprendre ce qui se passe car aucun d’entre eux n’a été informé sur la nature exacte du sevin et les dangers qu’il présente. Quant aux installations médicales disponibles, déjà insuffisantes en temps normal, il est inutile de préciser qu’elles apparaissent alors très en deçà des besoins. Le gouvernement du Madhya Pradesh a établi le détail du bilan humain de cette nuit d’horreur sous une forme administrative qui, dans sa sécheresse et sa précision, donne quelques frissons. Il ne prend pas évidemment en compte les nombreuses morts dûes à cette explosion survenues peu de temps après l’établissement de cette liste. 3828 morts 40 incapacités totales définitives 2680 incapacités partielles définitives 1313 incapacités partielles temporaires avec invalidité définitive 7172 incapacités partielles temporaires avec invalidité temporaire 18922 invalidités définitives sans incapacité 173382 invalidités temporaires sans incapacité 155203 blessures temporaires sans invalidité Soit, au total : 362 540 victimes à des degrés divers. Dès le 4 décembre, Warren Anderson part sur les lieux avec une équipe d’experts pour essayer de faire la lumière sur le drame. Mais ce déplacement se fera en vain. Anderson est arrêté et emprisonné puis finalement expulsé. Ce n’est que le 20 décembre que les autorités laisseront venir la commission d’enquête sur les lieux. Dès le 6 décembre, l’usine a été fermée et on a entrepris son démantèlement. Les questions qui se posent : Avant de poursuivre le récit de cette sinistre affaire et d’en voir les développements juridiques, financiers, légaux ou autres, il est utile de poser d’abord quelques questions. Les acteurs de cette catastrophe l’ont fait. Mais les intérêts en jeu et les différences de vision entre Américains et Indiens font que bien souvent aucune réponse n’a été apportée, ou bien deux réponses contradictoires : l’indienne et l’américaine ! Le rôle et le comportement des dirigeants de Union Carbide . Les dirigeants d’Union Carbide ont-ils accepté que des économies soient faites sur les systèmes de sécurité lors de la construction de l’usine et, si oui, pourquoi ? Peut-être ont-ils agi par souci de rentabilité à court terme ou encore pour minimiser le coût d’un projet dont, à l’origine, ils ne voulaient pas et que le gouvernement indien leur a imposé. Comment les différents responsables d’Union Carbide n’ont-ils pas vu que l’usine de Bhopal courrait droit à des ennuis très sérieux sinon à la catastrophe puisque dès le départ rien n’a jamais fonctionné correctement dans une installation potentiellement meurtrière ? Et s’ils l’ont vu, il faut alors sèrieusement se demander pourquoi ils n’ont pris aucune mesure préventive. ...ALORS CELA VAUT LE COUP DE SE BOUGER LE VENDREDI 3 DECEMBRE A LYON !!! (18H, PLACE DES TERREAUX) ...surtout qu’à Lyon, après les explosions de Feyzin et du Port Edouard Herriot, il est important aussi de reparler des risques encourus si près du couloir de la chimie... PRINCIPAUX SINISTRES INDUSTRIELS MAJEURS : * 4 janvier 1966 : Explosion dans l’usine pétrochimique de FEYZIN, près de Lyon : 18 morts - Phénomène du "bleve" (explosion de gaz liquéfié sous pression). * 4 février 1971 : Brunswick (Géorgie, Etats-Unis) - 25 morts dans l’explosion dans une usine de produits chimiques. * 23 février 1972 : Poznan (Pologne) - 16 morts dans une usine d’amidon. * 1974 : Accident de Flixborough (G.B.) * 20 juillet 1974 : Zalusi (Tchécoslovaquie) - 14 morts dans une usine chimique. * 1er juin 1974 : Scunthorpe (Angleterre) - Au moins 50 morts dans une usine de produits chimiques. * 10 juillet 1976 : Seveso (Italie) - L’explosion d’un réacteur dans l’usine chimique d’Icmesa (groupe pharmaceutique Roche), près de Milan, fabricant de l’hexachlorophène provoque un nuage de dioxine, substance hautement toxique, qui contamine 1.800 personnes mais ne provoque pas de décès * 19 nov 1984 : Mexico - 452 morts à la suite d’explosions dans des installations de gaz liquide à San Juanico (banlieue nord de la capitale) qui provoquent un nuage toxique. * 3 décembre 1984 : BHOPAL (Inde) - Près de 20 000 morts et quelques 100 000 handicapés permanents à la suite d’une fuite de gaz mortels (MIC) dans une usine de pesticides de la firme américaine Union Carbide. * 1986 : TCHERNOBYL , 31 morts (directs), mais de nombreuses victimes indirectes, au delà des frontières. * 1986 : Incendie d’un entrepôt de produits chimiques à BALE, avec pollution du Rhin * 1987 : NPK à Nantes : incendie dans un stockage d’engrais tertiaires,qui a conduit à l’évacuation de 30 000 personnes * 1987 : TOURS : Incendie et l’explosion dans une usine chimique qui a conduit à priver d’eau la ville pendant quelques jours * 14 août 1987 : Corée du Sud - Au moins dix morts à la suite d’une explosion dans une décharge de produits chimiques, à l’ouest de Séoul. * 9 juillet 1990 : Houston (Etats-Unis) - 40 morts au total à la suite de trois explosions en neuf mois d’usines chimiques dans la région. * 2 novembre 1992 : Explosion à la raffinerie de LA MEDE, 6 morts et dommages matériels étendus * 26 nov 1993 : Chine - 61 morts dans une explosion de produits chimiques dans la province de Yunan. * 1995 : France - St Herblain : Explosion dans un dépots de liquides pétroliers * 23 juin 1995 : Zemun (Serbie) - 10 morts dans l’usine de produits chimiques Grmec. * 31 mai 1996 : Bombay (Inde) - Une explosion détruit une usine de produits chimiques à Pune (ouest de l’Inde) faisant onze morts. * 1997 : BLAYE - Explosion dans le silo de stockage de céréales : 11 morts et 1 blessé et des dégâts étendus * 1998 : Incendie dans le Tunnel sous la Manche * 1999 : Incendie dans le Tunnel du Mont Blanc * 1998 : Explosion confinée de gaz dans une installation chimique reliée à une torchère. MAZINGARBE : fuite d’ammoniac de trente tonnes survenue lors d’un déchargement de wagon * 21 septembre 2001 : Explosion de l’usine de Nitrate d’Ammonium AZF à TOULOUSE : 29 morts, 450 blessés, dégâts matériels considérables. ******* Cette action est proposée par le Collectif des RESISTANCES de Lyon ******* resi...@no-log.org
resistancesdelyon@no-log.org
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