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Retour sur les manifestations au congrès du PLQEric Smith, Mercredi, Novembre 24, 2004 - 01:20
Arsenal-express
La décision du SPVM de procéder à une arrestation de masse et au démantèlement de la manifestation du 19 novembre s'inscrit dans la continuité de sa politique habituelle de négation du droit de manifester. Qu'il soit dit que c'est la dernière fois qu'on les laissera brimer ainsi nos libertés fondamentales. Plus d'une centaine de manifestantes et de manifestants ont été interpelléEs et se sont vus remettre des contraventions de 138$ pour "avoir participé à un attroupement mettant en danger la paix, la sécurité ou l'ordre sur le domaine public", au terme d'une nouvelle arrestation de masse réalisée par le Service de police de la ville de Montréal (le SPVM). Vendredi soir dernier, à l'occasion de la tenue du congrès général du Parti libéral du Québec, la Convergence des luttes anticapitalistes (la CLAC) avait appelé à la tenue d'une manifestation, dont le point de départ avait été fixé à 17h00. Un peu plus tôt durant la journée, l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (l'ASSÉ) avait pris soin d'organiser un rassemblement séparé, qui devait ensuite rejoindre la CLAC. Plusieurs centaines d'étudiantes et d'étudiants s'y sont effectivement présentéEs, pour dénoncer les coupures sauvages effectuées par le gouvernement Charest dans le régime d'aide financière aux étudiantEs, qui affectent particulièrement comme on le sait les étudiantEs les plus pauvres. Les étudiantes et étudiants ont marché dans les rues du centre-ville en direction du Palais des congrès, où le congrès du PLQ s'apprêtait à débuter, pour finalement se diriger au point de rassemblement fixé antérieurement par la CLAC. La majorité d'entre elles et d'entre eux, toutefois, ont alors quitté les lieux, soit parce qu'elles et ils avaient l'impression que la manif était terminée, ou bien parce que les autobus devant les ramener dans leurs villes respectives s'apprêtaient à quitter (certaines et certains étaient venuEs de Sherbrooke, St-Jérôme et Ste-Thérèse, notamment). Entre 350 et 400 personnes ont néanmoins repris la rue, à l'appel de la CLAC, et se sont dirigées, dans un premier temps, en direction du bureau du Premier ministre Charest, situé en direction opposée du Palais des congrès, et qui bien sûr était fermé en ce vendredi soir. S'agissait-il d'une tentative de "déjouer" l'encadrement policier, alors que des centaines de flics, littéralement, quadrillaient le centre-ville? Toujours est-il que la manif s'est poursuivie, fortement encadrée par des flics en voiture, à moto, à pied, en uniforme ou en civil. Après quelques arrêts supplémentaires, qui se sont finalement avérés beaucoup moins longs que prévus (plusieurs manifestantes et manifestants ont exprimé le souhait de se rendre au Palais des congrès à temps pour l'ouverture officielle du congrès, prévue pour 19h), le contingent, fort de plusieurs douzaines de drapeaux rouges et noirs, s'est finalement dirigé aux abords du Palais des congrès où là aussi, une quantité impressionnante de flics étaient postés pour empêcher les manifestantes et manifestants de s'approcher du lieu où les déléguéEs devaient discuter des orientations que le gouvernement du Québec mettra de l'avant au cours des prochaines années (à savoir encore plus de coupures, la privatisation des services publics, et même le dégel des frais de scolarité universitaires). Au bout de quelques minutes, le comité organisateur de la CLAC a appelé les manifestantes et manifestants à reprendre la rue, ce qui fut fait, jusqu'à ce qu'à la faveur d'une certaine improvisation qui caractérise trop souvent les actions organisées par la gauche radicale à Montréal, les manifestantes et manifestants ne se trouvent pris au piège par la police sur une rue déserte (le boul. René-Lévesque). À l'évidence, les flics avaient soigneusement prévu le coup: ainsi, ils avaient pris la peine de se munir d'un tampon encreur portant le libellé exact de l'infraction pour laquelle ils avaient décidé d'arrêter tout le monde et de les ficher, photos à l'appui, avant de les libérer au bout de quelques heures (pour ne pas avoir à rédiger les constats d'infraction à la main, les pôvres...). Notre organisation, le PCR(co), avait choisi de soutenir la manifestation organisée par la CLAC, en dépit du fait que cette organisation s'affiche désormais comme une coalition d'orientation explicitement anarchiste, parce que ses objectifs nous semblaient justes et qu'ils témoignaient d'une volonté certaine de poursuivre la lutte contre l'ensemble des politiques réactionnaires implantées par le gouvernement Charest au profit de la grande bourgeoisie québécoise. Quelques douzaines de maoïstes s'y sont donc jointEs, organiséEs dans ce que nous appelons des "poings rouges" (i.e. des petits groupes autonomes formés de cinq ou six camarades), voués au succès de la manifestation et à l'atteinte de ses objectifs. Éventuellement, une fois la manifestation repliée rue Ste-Catherine, et à partir du moment où il nous est apparu évident que le rapport de force entre les flics et les manifestantEs ne permettrait pas d'aller plus loin, le commandement des "poings rouges" en a appelé à leur démembrement. La décision du SPVM de procéder à une arrestation de masse et au démantèlement de la manifestation s'inscrit dans la continuité de sa politique habituelle de négation du droit de manifester, qu'il poursuit depuis déjà quelques années. Les flics n'ont pu faire la preuve d'aucun méfait, ni d'aucun geste qui aurait été commis et qui aurait pu justifier leur décision d'intervenir, au nom même de la loi qu'ils sont censés appliquer. Aucun avis, ni aucun ordre de dispersion n'ont été communiqué aux manifestantes et manifestants. Simplement, celles-ci et ceux-ci se sont retrouvés encercléEs, privéEs de leur droit de manifester, menottéEs et pénaliséEs par des contraventions injustifiées. Ce dénouement pose encore une fois la question de l'importance de planifier et d'organiser autrement et beaucoup mieux qu'on a l'habitude de le faire, les manifestations de rue. On ne doit plus accepter qu'une bande de flics à gros casques et à petites têtes, protecteurs de l'ordre établi et de la réaction, et qui ne cherchent qu'à engranger quelques heures de temps sup' de plus afin de s'offrir plus de chevaux-vapeur dans leurs prochains VUS, puissent dicter leurs "lois" et brimer ce qui constitue une de nos libertés fondamentales. Dans les heures qui sont suivi les arrestations, l'Équipe de support légal de la CLAC et le collectif Libertas ont appelé tous ceux et celles qui ont reçu des contraventions à les contester et à entrer en contact avec eux pour organiser leur défense (par téléphone au 514 262-4746, ou par courriel à mailto:clac@taktic.org). Une rencontre des accuséEs est en outre prévue le 2 décembre prochain à compter de 18h30 au 916, rue Ontario Est, près du métro Berri. À noter que le lendemain samedi (le 20), une autre manifestation, organisée celle-là par le Réseau Vigilance et par la coalition bizarrement nommée "J'ai jamais voté pour ça" ("bizarrement", parce que formée de péquistes et d'UFPistes qui n'ont certainement jamais voté pour le PLQ, de toutes manières), a rassemblé entre 3000 et 4000 personnes devant le Palais des congrès, pour dénoncer les fameux "partenariats public-privé" et les récentes coupures faites par le PLQ dans le régime d'aide sociale. Cette manifestation, qui se voulait hautement symbolique et pacifique (ce qu'elle fut), fut néanmoins l'objet d'un encadrement et d'une surveillance policière de tous les instants, y compris même par des flics en tenue de combat. Gageons qu'après ce qui s'est produit à la dernière manif du 1er mai (voir Arsenal-express no 5, 02/05/2004), les flics sont moins portés à faire confiance aux services d'ordre syndicaux pour encadrer leurs troupes... * * * Article paru dans Arsenal-express, nº 27, le 21 novembre 2004. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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