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Le RUUV, au secours du vélo

Lidia Croteau, Mercredi, Octobre 6, 2004 - 21:30

Lidia Croteau

Vous serez peut-être déçus d’apprendre que le RUUV n’est pas une nouvelle espèce de moustique tonkinois. Mais réjouissez-vous que trois étudiants de l’École Polytechnique ont fondé le Regroupement–Réseau-Uni des Usagers du Vélo, visant à identifier les besoins des cyclistes du campus et des environs. Ils ont profités de la Journée internationale «En ville, sans ma voiture», du 22 septembre dernier, pour inaugurer la naissance de leur groupe.

Les trois co-fondateurs, Erik Bélanger ,Gabriel Teyssedou et Pierre-Luc Soucy, sont des usagers du vélo comme mode de transport quotidien. Malheureusement, le manque de supports à vélo et de douches ainsi que l’absence de pistes cyclables, sur le campus et dans les quartiers environnants, sont une réalité quotidienne pour nos trois amis et autres cyclistes du campus. Ces obstacles découragent l’usage quotidienne de la bicyclette. Le groupe désire donc évaluer les besoins des cyclistes dans la perspective d’une amélioration des ressources et de la sécurité. D’après Gabriel, «Le fait que les infrastructures actuelles sont déficientes incite peu de gens à tenter l’expérience du vélo comme véritable mode de transport. Les propriétaires ont peur du vol ou du bris de leur bicyclette à cause des mauvaises conditions ou de l’absence d’espaces de stationnement pour vélos».

Infrastructures déficientes sur le campus
Le RUUV a fait le tour du campus pour recenser les supports à vélo. Résultat; peu nombreux et mal situés. « D’après les pratiques de l’aménagement recensées par Vélo-Québec, me dit Erik, les cégeps et universités devraient pouvoir loger les bicyclettes de 6% des étudiants et 3% des employés. Donc, pour les quelques 60 000 étudiants et employés de l’Université de Montréal, 3000 places de stationnement pour vélos seraient nécessaires, alors qu’on en trouve que 750.» Quant aux douches, «on a fait le tour de la Polytechnique, où quatre douches sont accessibles, ce qui n’est pas si mal. Par contre, on ne sait pas précisément ce qui en est des autres pavillons pour le moment». La superficie du campus étant difficile à couvrir pour les trois têtes du groupe, on désire former des «cellules» RUUV dans plusieurs pavillons. Chaque cellule s’assurerait que son pavillon possède stationnements sécuritaires et douches. Désireux d’inciter les citoyens et campusiens à utiliser le vélo, RUUV veut «former une cause commune pour les cyclistes qui sera un agent catalyseur pour un projet durable d’amélioration des infrastructures, autant sur le campus que le quartier Côte-des-Neiges» qui profitera également aux citoyens.

Un sondage rigoureux
Quels moyens le RUUV utilise-t-il pour identifier les besoins des cyclistes? Plus 250 personnes ont déjà visité leur site web où un sondage permet de cibler les déplacements des cyclistes, le support à vélo utilisé, ses accrochages et d’informer de l’emplacement des douches dans les pavillons. Erik et Gabriel se sont inspiré de la méthodologie des grandes «Enquêtes origine/destination» de l’ATM (agence métropolitaine des transports) dans le but d’identifier les besoins des usagers. L’objectif principal du groupe est donc «de prendre le pouls des cyclistes du campus afin de définir leur besoins». Suite à cela, le RUUV entend réunir ses membres pour partager les points de vue et rencontrer la direction des HEC, Université de Montréal et Polytechnique pour en venir à une entente.

Les fondateurs du RUUV sont également outrés de constater l’espace et l’argent que l’on consacre à l’automobile, alors que l’on néglige les infrastructures nécessaires aux cyclistes. «L’Université a l’air de croire que ce ne sont que les marginaux qui utilisent leur vélo comme mode de transport.» Le fait est que le vélo est un moyen de transport au même titre que l’automobile et que l’Université doit l’assumer. D’après Erik, « si on permettait aux usagers de stationner leurs vélos dans seulement deux espaces pour voiture du stationnement couvert de l’université, environ 20 bicyclettes pourraient y prendre place. Celles-ci seraient, au même titre que les automobiles, à l’abri des vols, bris, et intempéries.» Au lieu de cela, plusieurs usagers doivent accrocher leur vélo aux clôtures et arbres, bafouant à contre-cœur la campagne Arbre-Vélo de la ville de Montréal. D’après le RUUV, automobilistes, cyclistes et piétons peuvent partager les routes du campus et du quartier Côte-des-Neiges. Mais pour l’instant, «le partage semble inequitable, c’est le bon vieux tout-à-l’auto nord-américain».

L’idéologie du RUUV est également pertinente d’un point de vue écologique. En milieu urbain, le vélo est une excellente alternative à l’automobile; elle permet à la fois d’être en forme, d’éviter les embouteillages et de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Le groupe a également d’autres projets; des capsules-info sur le web concernant l’entretien du vélo et une clinique hivernale qui donnera trucs et conseils aux courageux cyclistes de l’hiver. Avec leur remarquable politique conciliante et leur projet d’harmonie pour l’auto-vélo-piéton, ces trois joyeux ne sont définitivement pas de petits rigolos, ni de petits moustiques tonkinois.

Pour répondre au sondage en ligne.
step.polymtl.ca/~ruuv/
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