Du 17 au 19 septembre 2004 s’est tenue à Beyrouth une réunion internationale d’une grande importance pour le mouvement altermondialiste. Plusieurs organisations, venus de 43 pays à travers le monde, ont participé à cet événement portant le thème:

''Quelles stratégies contre la guerre et la mondialisation?''

Aux côtés de plusieurs associations habituées aux rassemblements altermondialistes (ATTAC, Social Forum, groupes contre la ZLÉA…), l'importante présence du monde arabe fut le caractère distinctif de cette réunion. Malgré leurs idéologies divergentes, voire contradictoires, des partis politiques tels le Parti Communiste du Liban, le Parti Socialiste Progressiste (de Walid Jumblat), la Coalition Al Liqaa et le Hezbollah, soient des organisations qui n’avaient jamais collaboré ensemble auparavant, ont décidé d’œuvrer conjointement, à la recherche de solutions alternatives à des plaies communes.

Bien que cette rencontre fut, pour ces susnommés partis, une merveilleuse opportunité de tisser et renforcer des liens de solidarité, il m’est difficile de concevoir comment une organisation telle que le Hezbollah pourrait s’arrimer, intégrer et être représentative des mouvements altermondialistes.

L’objectif ultime du Hezbollah suppose l'élimination de toute présence non-islamique sur le territoire libanais. Or, par le simple fait que les Cheikh (dirigeants du Hezbollah), exigent la création d'un État islamique (Shi’a), basé sur des lois musulmanes (charia), il m’est évident que le Hezbollah ne peut être compatible au mouvement altermondialiste, dont les visées sont beaucoup plus larges et les valeurs fondatrices trop divergentes. Comprenant que ce précepte entre en contradiction avec les valeurs qui sous-tendent le concept d’altermondialisme, il est absolument incohérent de considérer ce partenariat comme approprié ou efficient.

De plus, que le Hezbollah bénéficie de l’aide d’États dictatoriaux et intégristes, dont la Syrie et l’Iran, me parait d’autant plus aberrant. Qu’ils commettent des attentats terroristes au nom de Dieu et du Bien, (tout comme le fait Georges W Bush), le parait davantage. On est ici confronté ici à une énorme contradiction, à moins que l’on considère, comme dans le 1984 d'Orwell, que la paix c'est la guerre.

Étant fervent du principe de la liberté d’expression, je ne cherche pas ici à condamner de telles organisations, ni à revendiquer la censure. Ceci parce qu’il m’apparaîtrait irraisonné qu’avant un réel débat éthique sur la question des limites de la liberté d’expression ainsi que sur les causes de leurs actions, qu'il soit juste de censurer voire empêcher l'existence de telles organisations.

Par contre, de reconnaître le Hezbollah comme étant altermondialiste me semble impossible. Ceci viendrait élargir de manière démesurée la définition de l’altermondialisme, au point d’en contredire l’essence même. Ce ne serait donc qu’une aberration insoutenable que d’accorder le statut d’altermondialiste à des organisations telles que le Hezbollah, puisque cela ne ferait que semer plus de confusion quant aux notions relatives à l’altermondialisme, et ainsi brouiller encore davantage le rôle déjà complexe des altermondialistes dans les relations internationales.