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Les entraves à la circulation de l'information sur le réseauSylvain, Dimanche, Septembre 5, 2004 - 16:01 (Analyses) Les entraves à la circulation de l'information sur le réseau Appel à la vigilance Internet a mauvaise réputation. Auprès des régimes autoritaires, on ne s'en étonnera pas. Que la vieille dictature de Pékin - il faut bien appeler les choses par leur nom, n'en déplaise aux aficionados du « miracle » économique chinois - ait mis en place une véritable cyberpolice, ne surprendra personne. Des dizaines d'internautes y croupissent en prison pour des crimes imaginaires : ils n'ont fait que surfer sur des sites interdits ou encore, audace insensée, ont osé diffuser des informations sur des sujets toujours tabous, du massacre de la place Tiananmen à la répression au Tibet. La Chine n'est malheureusement pas seule à traquer les messages dissidents sur la Toile. Du Viêt-nam à la Tunisie, les potentats - galonnés ou non - n'ont guère de goût pour cet espace d'échange et d'information qu'ils ont tant de mal à circonscrire. Dans cette trop longue liste des régimes liberticides, on retrouvera les habitués des violations des droits de l'homme - Birmanie, Ukraine, Biélorussie… - mais aussi ces destinations de rêve, mer bleue et sable blanc garantis, que les touristes occidentaux aiment fréquenter. Aux Maldives, par exemple, le verso de la carte postale est peu ragoûtant : deux internautes ont été condamnés… à la prison à vie pour avoir critiqué un pouvoir aux manettes de cette dictature paradisiaque depuis la bagatelle de quarante ans ! Mais jusqu'ici, rien que de très logique. Qui sera surpris que le bon docteur Castro impose sa loi au Réseau comme il le fait sur toute l'île, à l'exception, bien sûr, des « imbéciles utiles », ces compagnons de route chers à Lénine, habitués des voyages organisés, cigares et jeunes filles tarifées compris ? Plus inquiétante, à première vue du moins, est la méfiance suscitée par le Web dans les démocraties bien installées d'Europe ou d'Amérique du Nord. Que les Etats-Unis, la France ou la Grande-Bretagne côtoient, dans ce rapport, de sinistres canailles toujours prêtes à embastiller le premier opposant venu, mérite explication. Il y a d'abord ces sites pédophiles, xénophobes, racistes qui prolifèrent sur le Web, suscitant consternation et réprobation. Même s'ils restent ultraminoritaires - moins de 3 % du trafic, affirment des spécialistes -, ils inquiètent, à juste raison. Les pouvoirs publics ne peuvent, ne doivent les ignorer, même si cela n'a pas l'heur de plaire aux nouveaux ayatollahs d'un Internet vierge de tout contrôle, de toute ingérence. Les appels à la violence, les messages de haine se combattent. Mais en respectant les libertés, en évitant les confusions. On recense dans les pages qui suivent les ratés en la matière. Mais le motif invoqué le plus souvent pour justifier une certaine mise sous tutelle d'Internet dans les pays de tradition libérale ne relève pas de cette argumentation. C'est d'abord, on le sait, au nom de la lutte contre le terrorisme qu'a été justifié l'encadrement réglementaire et législatif le plus draconien. Non sans raison : chacun a encore en mémoire les e-mails échangés entre ceux qui allaient détruire les deux tours du World Trade Center. Que notre sécurité se paie de certains empiètements sur nos libertés ne devrait pas nous choquer a priori. Mais à deux conditions. Le législateur doit encadrer toutes ces mesures, ce ne fut pas toujours le cas. La police doit agir sous le contrôle des magistrats, on l'a parfois oublié. On l'aura compris, ce rapport décrit des situations très différentes, nullement comparables. On ne peut mettre sur le même plan, dans le même sac, des régimes où l'arbitraire est la règle et d'autres où des erreurs peuvent être commises, mais aussi rectifiées. Il ne doit pas être lu comme une sorte de palmarès des régimes les plus répressifs du cyberespace. Mais plutôt comme un appel à la vigilance dans les pays, à l'image de nos démocraties, où il est toujours possible de dénoncer les abus et les fautes. Et un appel à la solidarité à l'égard de ceux qui souffrent d'un manque criant de liberté, comme la soixantaine de cyberdissidents actuellement emprisonnés. Robert Ménard
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