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CONGO-BRAZZAVILLE : LE BAL DES VAUTOURSMayima-Mbemba, Dimanche, Août 29, 2004 - 00:29
Jean-Claude Mayima-Mbemba
Le 15 août dernier, M. Sassou Nguesso a célébré le 44ème anniversaire de l'Indépendance du Congo. Vu la situation politique qui prévaut dans le pays où il n'y a que le chaos, cette fête dite "nationale" n'a été que "LE BAL DES VAUTOURS". Le "Bal des vautours" [10/08/2004] Le 15 août 2004, comme un humain, le Congo-Brazzaville va avoir 44 ans d'âge. Dans les 44 ans, si on enlève les trois ans du président Youlou et les cinq ans du président Massamba-Débat, il reste 36 ans à l'actif du pouvoir dit du "Nord" comme aiment à le dire eux-mêmes nos compatriotes originaires des régions nord du Congo. Quel bilan de ces 36 ans de gouvernance nordiste? Discrimination ethno-tribale, ségrégation tribale, vols, viols, détournements, blanchiments d'argent, corruption, assassinats, crimes contre l'humanité, génocides... Néanmoins, ce 15 août 2004 a une consonance et un goût très particuliers. Sous le patronage de M. Denis Sassou Nguesso, comme le fit son prédécesseur quelques années auparavant, la République du Congo va commémorer avec faste le quarante-quatrième anniversaire de son indépendance, sa Fête Nationale, non à Brazzaville mais à Pointe-Noire cette fois-ci. Pourquoi Pointe-Noire ? A ce choix, trois raisons principales : Première raison : A la suite des guerres successives qu'ils ont activées et alimentées eux-mêmes, la majorité des européens ont déserté Brazzaville et sont allés s'installer à Pointe-Noire, poumon névralgique de toutes les magouilles économiques et financières, mais aussi porte d'accès et de sortie moins périlleuse. L'insécurité volontairement créée, instaurée et entretenue à Brazzaville ne rassure plus personne. Deuxième raison : Ce n'est pas pour faire plaisir aux populations de la région du Kouilou en Troisième raison : Depuis 1965, le Congo n'a jamais connu d'autre climat que celui du complot permanent. C'est d'ailleurs feu Président Jacques Opangault, sur son lit d'hôpital à Paris, qui avait dit à ce sujet : "Tant que ce petit au signe du diable sur le front sera toujours là, le Congo ne connaîtra jamais de paix". En effet, depuis le retour au pouvoir par procuration de M. Sassou Nguesso, les rumeurs de coups d'Etat vont bon train. Des femmes, des enfants, et des hommes, voire des officiers disparaissent, sans laisser de traces. D'autres meurent sous la torture. C'est le cas du colonel Basile Ossombo, entre autres. La "main noire" a repris du service. Aujourd'hui, le général de brigade Essongo, le signataire de l'opération "Mouebara", est sous les verrous. Motif : "Atteinte à la sécurité de l'Etat". En clair, il est donc accusé, avant d'être jugé, de préparer un coup d'Etat contre son maître qui, lui-même, est un "Affranchi". Tout cela ne rassure pas. D'où le choix de la ville de Pointe-Noire, mieux couverte et plus sécurisée par d'autres pour des motivations bien connues. Quel sera donc le message de Sassou Nguesso au "Bal des Vautours" ? 1- Comme à son habitude et comme il sait si bien le faire, nous vous le garantissons, M. Sassou Nguesso va pour la énième fois débiter et proférer des mensonges qu'il placera au-dessus d'autres mensonges. Comme c'est tout ce qu'il sait si bien faire, il va encore charger ses ennemis - au lieu d'être des adversaires politiques - de tous les maux, les accusant de vols, de viols, de détournements de fonds, d'assassinats, de crimes de toutes sortes, de génocides aussi, etc… Lui-même, blanc comme neige, ne s'accusant de rien du tout, parce que n'ayant commis aucun crime, n'ayant détourné aucun centime, n'étant pas non plus le pivot central de la corruption généralisée au Congo, et surtout du génocide des populations du Pool. M. Sassou Nguesso ne parlera pas des troupes étrangères qu'il a importées, ni des mercenaires qu'il a recrutés, qui sont toujours là et qui continuent de sévir dans le pays, au grand mépris de toutes les résolutions de l'ONU et de l'Union Européenne, encore moins des Conventions internationales. Il ne parlera pas des mines antipersonnelles qu'il a répandues dans toute l'étendue des régions sud du Congo. Il ne parlera pas non plus de l'affaire des "Disparus du Beach" de Brazzaville, encore moins de l'accord tripartite qu'il a signé avec le HCR et le gouvernement de la RDCongo-Kinshasa. Au contraire, dans cette affaire, il dira et maintiendra que ces malheureux jeunes enlevés et disparus depuis le Beach de Brazzaville sont soit partis en exil, soit qu'ils se sont suicidés, ou qu'ils ont été anéantis par les "rebelles", comme il a voulu avancer et soutenir cet argument un moment donné, mais très vite abandonné, la pression intérieure et extérieure étant trop forte. N'empêche aussi qu'il déclare urbi et orbi que c'est le HCR qui les assassinés, tous. Donc l'ONU. Il en est très capable. 2 - M. Sassou Nguesso parlera de démocratie et de paix. De quelle paix ? Evidemment et très certainement de celle des cimetières qu'il ne cesse de remplir tous les jours, 24heures sur 24. Car, c'est le propre de tout individu maniant sans sourciller la démagogie et la langue de bois. Mais qui, au jour d'aujourd'hui, le croira, avalera ses mensonges grotesques et éhontés dignes d'un Goering ? Personne, à l'exception peut-être de ceux qui profitent, se goinfrent et vivent de lui. Et encore… ! Or, pour nous, le vrai démocrate : C'est cela qu'être un dictateur doublé de criminel impénitent et indécrotable. M. Sassou NGuesso ne dira jamais qu'il avait été le tortionnaire de Bernard Kolélas qui, au nom de la réconciliation nationale et de la paix pour tous, lui avait ouvert les bras pour l'accueillir au sein de l'URD. Cela se passe au moment où Sassou Nguesso était au creux de la vague, après la rupture de l'accord de gouvernement avec l'UPADS. Il le sait. Certains Congolais en ont fait un grief contre cet homme au cœur en or (Kolelas), pour ce geste de paix à l'égard de Sassou Nguesso, l'ingrat. A l'inverse et à la place de Kolélas, Sassou Nguesso aurait-il été capable de faire la même chose ? La réalité nous prouve le contraire. M. Sassou Nguesso ne dira pas que Pascal Lissouba, pourtant président de la République, a fermé les frontières, encore moins interdit aux avions le transportant d'atterrir à Brazzaville, à son retour d'exil en France, pour ensuite aller lancer les guerres organisées depuis Paris, et qui coûtent encore aujourd'hui la vie à des centaines de milliers de Congolais. Pourtant, Pascal Lissouba n'a pas agi ainsi. On peut maintenant faire la différence entre tous ces hommes. C'est donc que la haine n'est ni du côté de Bernard Kolélas, ni du côté de Pascal Lissouba, ses ennemis jurés. Ainsi donc, en observant la situation de ces trois hommes (Kolelas, Lissouba, Sassou), on est en droit de la comparer à un film Western au Ceci dit, une question : Entre Sassou et les deux autres, qui est ou qui En tout cas, une chose est vraie et sûre : quand on est sûr du pouvoir que l'on détient parce qu'on l'a acquis dans des conditions légales, légitimes et incontestables, on n'a pas peur de voir et de regarder ses adversaires politiques en face. Enfin, malgré tout cela, malgré tous ces manquements, toutes ces atrocités, tous ces crimes de sang commis, M. Sassou Nguesso va nier tout en bloc. Il n'a rien fait. Tout va bien au Congo. Et le "Bal des Vautours" va battre son plein à Pointe-Noire, le 15 août 2004, loin des populations. Peur et Sécurité mêlées obligent Jean-Claude Mayima-Mbemba
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