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Palestiniens et Israéliens de la paix contre le Sharon-Hamas

Anonyme, Vendredi, Août 6, 2004 - 12:08

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Le Shalom Arshav palestinien
(NDT: Shalom Arshav= mouvement pour la paix Israeliens sionistes de l'utra gauche/ post-sioniste ou/et a-sioniste)

Au moment où la bande de Gaza s'enfonce dans le chaos, la Campagne populaire pour la paix et la non-violence lancee par Sari Nusseibeh obtient un soutien croissant parmi les leaders du Fatah en Cisjordanie.

Le moment ne pouvait mieux tomber, et le contraste ne pouvait être plus saisissant. Ce vendredi 16 juillet, la vague d'enlevements atteint son paroxysme dans la bande de Gaza, avec la breve retention de cinq volontaires français dans un cafe de Khan Yunis. Au même moment, a Qalqilyah, en Cisjordanie, des centaines de palestiniens sont rassembles dans une cour d'ecole pour la premiere manifestation nationale pour la paix.

A l'image des manifestations israeliennes de Shalom Arshav (La Paix Maintenant) au cours desquelles des sympathisants du mouvement sont amenes des quatre coins du pays, quinze bus et plusieurs voitures convergent vers un coin poussiereux de Qalqilyah. Se faufilant entre les charrettes, ils transportent un millier des manifestants palestiniens venus des villes et des villages de Cisjordanie. Plusieurs manifestants viennent du district d'Hebron et on y trouve egalement des jeunes Shebabs (la jeunesse du Fatah) de Jerusalem, ainsi que des personnes venues de Qualqilyah, de villages avoisinants (Jayyous et Zawiya) et de Ramallah, la "capitale" de la Cisjordanie.

La manifestation se tient le jour du premier anniversaire de la "Declaration de principes" elaboree par le Professeur Sari Nusseibeh et l'ancien chef du Shin Beth Ami Ayalon. Ce document fixe les conditions d'un reglement final du conflit israelo-palestinien, sur la base de deux Etats pour deux peuples, en partant des frontieres d'avant 1967 (avec, si necessaire, un echange equitable de territoires). Il formule egalement une solution au probleme des refugies, en affirmant leur droit au retour dans le nouvel Etat Palestinien, et non en Israël, solution controversee du côte palestinien.

Selon le dossier de presse de HASHD [1], le but de l'evenement d'aujourd'hui est de promouvoir cette initiative de paix a travers une manifestation non-violente et de souligner "les consequences negatives de la construction du Mur sur le dialogue israelo-palestinien et les efforts vers la paix".

Point de rendez-vous de la manifestation, l'ecole des filles de Shariqa se situe a l'extremite est de Qalqilyah et donne sur la barriere de securite separant Qalqilyah et Israël et qui, avec ses 8 metres de haut et ses tours de surveillance, empêche tout passage. La ville israelienne de Kfar Saba est situee a moins d'un kilometre de la, juste de l'autre côte de la principale autoroute traversant Israël. (…)

Côte israelien, sur la colline faisant face a l'ecole, environ 400 militants de la Voix du Peuple d'Ami Ayalon, homologue israelien de HASHD, sont venus temoigner de leur solidarite en essayant notamment d'engager un dialogue a travers des telephones portables relies a des hauts-parleurs. Un grand ballon porte le slogan en hebreu "Yesh im mi le daber" [2], une reponse a la position officielle israelienne selon laquelle il n'y a pas de partenaire palestinien et donc pas d'alternative possible a la construction unilaterale d'une barriere de separation.

En depit des evenements a Gaza, où des prises d'otages ont donne lieu a des manifestations de masse et a des incendies de postes de police de l'Autorite Palestinienne, les manifestants se sont presses sur le toit de l'ecole pour communiquer avec les Israeliens de la colline opposee par des signes de la main, des sifflets et des vols de cerfs-volants.

La presence du mur entraîne des signes de protestation de la part des Palestiniens ; plusieurs d'entre eux affirment être venus pour cela. En même temps, tous les manifestants demeurent fideles au mot d'ordre "Pas de violence" et pas une seule pierre n'a ete jetee vers les jeeps de l'armee patrouillant pres du mur. Tout le monde a exprime avant tout son soutien a l'initiative du HASHD.

Visiblement rejouit, Nusseibeh est entoure de militants desireux de se presenter a lui ou de lui être presentes. Davantage associe au monde academique de Jerusalem qu'au militantisme populaire de Qalqilyah, ce dernier a visiblement reussi son coup.

"Les Israeliens font tout le temps cela" dit-il, "mais, pour nous, c'est la premiere manifestation nationale. C'est un bon debut, même s'il n'est pas facile de faire passer du monde a travers les check-points de l'armee."

De fait, sept bus venant de Salfit, Tulkarem et Jerusalem n'ont pu arriver, arrêtes par l'armee en cours de route. Ses representants ont explique aux organisateurs de la manifestation qu'ils craignaient que le rassemblement d'autant de Palestiniens dans un même endroit mene a la violence. (...)

Point encourageant pour Nusseibeh : on a vu defiler des personnalites locales, des ouvriers, des paysans, des employes, des marchands, des ingenieurs, hommes et femmes de tous âges. Quelques policiers de l'Autorite Palestinienne sont egalement la, armes uniquement de leur telephone portable.

(...)

Tandis que sur les murs interieurs de la cour de l'ecole on aperçoit des dessins representant Tweetie Pie et des Pokemons, la partie donnant sur la rue est ornee des graffitis a la gloire du Hamas, de diverses brigades armees et maintenant de HASHD.

Deux des personnes ayant parle au megaphone ne sont visiblement pas issues de l'elite intellectuelle palestinienne. La premiere est Abd Al-Karim Shamasna qui dirige la campagne populaire contre le mur a Jayyous ; l'autre est Yasser, un jeune militant du village de Zawiya (...)

Les deux parlent d'un Etat palestinien independant vivant en paix au côte d'Israël, du besoin d'une nouvelle voie pour parvenir a une paix des peuples, a defaut de celle des gouvernements. Selon Shamasna, même si les Palestiniens de Haifa, Jaffa et Saint Jean d'Acre font entierement partie de la famille palestinienne, le prix a payer pour un Etat independant est d'abandonner a tout jamais le rêve d'y retourner.

Aussi rebutant que soit le mur dresse a Qalqilyah, il embrasse la ligne de 1967, ce qui le rend moins sujet a controverse que les parties de la barriere de securite qui s'enfoncent ailleurs en Cisjordanie. Sari Nusseibeh reconnaît que cette partie du mur est "acceptable", le lieu ayant ete choisi de façon a laisser suffisamment d'espace a chacun. Il ajoute neanmoins : "Le mur n'est pas une solution et ne remplace pas une frontiere negociee qui garantirait aux deux parties ce qu'elles recherchent : la securite pour Israël, la liberte et la dignite pour nous".

Au moment même où Nusseibeh prend la parole, la bande de Gaza vit des scenes de chaos et d'anarchie inedites ; des miliciens armes, combattant la corruption du regime de Yasser Arafat, menacent de provoquer l'effondrement l'Autorite Palestinienne.

C'est en effet le 16 juillet a midi que des hommes armes proches de la faction du Fatah fidele a Arafat ont pris en otage Ghazi Jabali le chef de la police de Gaza recemment nomme par Arafat ; ce dernier est meprise par la population et accuse de longue date de corruption et d'abus de pouvoir. Ceux-ci l'ont emmene au camp de refugies de Bureij, exigeant son renvoi. Bien que congedie une premiere fois l'annee derniere par le gouvernement d'Abu Mazen, Arafat a de nouveau nomme Ghazi Jabali suite a la demission du premier ministre.

Apres la prise d'otage des volontaires français a Gaza et d'un autre membre de la police, tous relaches quelques heures plus tard, Arafat a decide de nommer un nouveau responsable de la securite, son cousin Moussa Arafat, tout aussi impopulaire (...). Des manifestations de colere et des emeutes ont alors eclate dans la Bande de Gaza.

De nombreux observateurs soupçonnent Mohamed Dahlan, l'homme fort de Gaza et l'ancien chef de la police preventive, d'être a l'origine de ces troubles. Dahlan est en effet un vieux rival de Jabali et de Moussa Arafat et l'une des voix les plus eminentes prônant des reformes politiques et securitaires au sein du Fatah et de l'Autorite Palestinienne. Lui et ses hommes se sont attaches a occuper les postes clefs de l'appareil securitaire, afin de prendre le contrôle de la Bande de Gaza lors du retrait israelien.

Nous avons appris ces dernieres semaines que Yasser Arafat soutenait son cousin dans sa rivalite avec Dahlan. Parallelement, des supporters du plan de desengagement d'Ariel Sharon, ainsi que des diplomates occidentaux, ont place leurs espoirs en Dahlan, car il pourrait incarner une nouvelle forme de leadership a Gaza, independante de Yasser Arafat. (...)

S'exprimant sous anonymat, un vieux dirigeant de l'Autorite palestinienne a Ramallah, soutient qu'il existe deux theories au sujet de la lutte pour le pouvoir dans la bande de Gaza.

Selon la premiere theorie, une rivalite entre generations au sein du Fatah oppose les jeunes militants reformistes ayant grandi dans les territoires occupes aux anciens revenus d'exil avec Arafat au milieu des annees 90. "Pour la jeune garde du Fatah, les anciens sont la cause de tous les problemes et doivent ceder leur place. Si les jeunes prenaient les choses en main, la situation s'ameliorerait", explique le dirigeant. "Ils veulent montrer a Arafat qu'ils ont leur mot a dire sur tout, y compris sur les nominations officielles. "

Selon la deuxieme theorie, des vieux dirigeants proches de Yasser Arafat poussent le rais a rompre avec une pratique autocratique du pouvoir et a partager certaines de ses prerogatives. "Pour convaincre Arafat, ils doivent mener des actions sur le terrain. Arafat croit aux actes, pas aux paroles. Selon moi, nous sommes devant une combinaison des deux theories."

(...)

C'est dans ce climat incertain que se developpe le mouvement de la paix palestinien dirige par le professeur Sari Nusseibeh, un homme tout a la fois humble, modere et rationnel.

Contre toute attente, on trouve desormais pratiquement autant de Palestiniens (140.000) que d'Israeliens (192.000) parmi les signataires du plan Nusseibeh-Ayalon. " Initialement, on s'attendait pourtant a deux fois plus d'Israeliens " affirme Dimitri Diliani, administrateur du HASHD. " Des militants du HASHD commencent a se presenter aux elections locales dans certaines zones de Cisjordanie " ajoute-t-il.

Dans un recent scrutin designant les membres du Conseil des syndicats du sud de la Cisjordanie, 11 des 27 personnes elues faisaient partie au HASHD. Le nouveau directeur du Conseil est par ailleurs Jamil Rushdie, dirigeant du Fatah pour le camp d'Arroub pres d'Hebron, egalement membre du bureau directeur du mouvement dirige par Sari Nusseibeh.

Fin juillet, Jamil Rushdie devait inaugurer un camp d'ete du HASHD denomme "Smarter Without Violence" [3]. Destine a plus de 150 enfants âges de 9 a 14 ans des environs d'Hebron, ce camp d'une duree de trois semaines doit se tenir dans les locaux du Lycee agricole d'Arroub où 28 jeunes leaders, ayant tous suivi une preparation donnee par HASHD, devaient eduquer les enfants a la paix, la democratie et la non-violence a travers des activites artistiques, sportives...

Loin de l'horreur des fameux camps d'entraînement pour enfants a Gaza où ceux-ci s'exercent a traverser des flammes, a tirer au pistolet et a attaquer les colonies juives, l'initiative "Smarter Without Violence" vise, selon Jamil Rushdie, a enseigner a la generation future "comment vivre avec nos voisins".

Jamil Rushdie (39 ans) qui se decrit comme "un homme du Fatah a lui-même passe neuf ans dans une prison israelienne pour activites contre l'occupant (il a ete relâche en 1992). Comme beaucoup d'anciens prisonniers, il parle bien hebreu. Lui-même refugie - sa famille est originaire d'Al-Fallujeh, aujourd'hui Kiryat Gat en Israël - il n'en considere pas moins que la question des refugies devrait être traitee "avec logique".

"Ramener les refugies [palestiniens] en Israël signifierait la fin de l'Etat d'Israël" explique-t-il, reprenant a son compte le vieil argument israelien selon lequel un retour massif des refugies mettrait fin a la majorite juive et la raison d'être de l'Etat juif. "Le plus important pour nous est de posseder notre propre Etat dans les frontieres de 1967" soutient-il "Y ramener les refugies [palestiniens] ne serait pas une si mauvaise chose".

Jamil Rushdie affirme ne pas avoir suscite trop de reactions hostiles apres avoir exprime ces idees dans le camp d'Arroub. Parmi les 9000 habitants du camp, note-il, 1.100 ont adhere au HASHD.

"Toutes les personnalites du HASHD en Cisjordanie sont membres du Fatah et ont ete des leaders de la premiere Intifada, ajoute-il. Vous serez surprise d'apprendre que la plupart d'entre eux (environ 70%) ont même sejourne dans les prisons israeliennes pendant 4 ou 5 ans."

(...)

Même si la Campagne du Peuple de Sari Nusseibeh s'affiche ouvertement comme reformiste [sur le fonctionnement de l'Autorite Palestinienne], un grand nombre de militants demeurent fideles a Arafat. Aussi fragmentee que la famille Fatah aujourd'hui, Arafat incarne toujours la figure du pere et est respecte en tant que tel. "Il est notre symbole et est le premier a avoir fait la paix. Il est aussi notre president elu, ce qui est la premiere regle en democratie", dit Jamil Rushdie.

S'agissant de Nusseibeh, Jamil Rushdie le decrit comme "un homme issu du Fatah et un de ses leaders. La plupart des militants croient en lui parce qu'il est conscient de la situation et qu'il parle le langage de la verite sans envisager pour autant qu'il prenne la place d'Arafat."

Nusseibeh, de son côte, affirme : " Le Fatah a besoin d'une definition claire de [l']identite [palestinienne] et de ce que pourquoi nous nous battons. Sur ces sujets, nous sommes dans le brouillard et manquons de perspectives. HASHD propose une solution. Nous sommes tres clairs sur l'Etat que nous voulons et sur le chemin a prendre pour y arriver." De plus, selon Nusseibeh, HASHD pese de plus en plus sur l'agenda de l'Autorite Palestinienne. "Au debut, [les leaders] nous critiquaient et desormais ils expriment de plus en plus [comme nous] leur opposition a la violence."

Le representant officiel de L'Autorite Palestinienne a Ramallah confirme que HASHD gagne du terrain. "Quiconque souhaite creer un mouvement populaire offrant des nouvelles perspectives suscitera l'adhesion. Les gens veulent des solutions."

A 17 heures, au moment où les otages français sont relâches a Khan Younis, les manifestants pour la paix a Qalqilyah se dispersent et remontent dans leur bus. Beaucoup d'entre eux tarderont cependant a rentrer chez eux, des check-points mobiles ayant ete installes par l'armee israelienne tous les quelques kilometres sur la principale route menant a Ramallah.

Les bus se garent le long de la route, le temps que les soldats verifient l'identite des passagers. Des sources militaires affirment que les barrages ont ete installes pour des "besoins operationnels". Les manifestants se sont sentis "harceles" nous dira Dimitri Diliani du HASHD mais cela ne les decouragera pas de revenir la prochaine fois.

[1] http://www.hashd.org : HASHD est l'acronyme arabe de la Campagne populaire pour la Paix et la Democratie dirigee par Sari Nusseibeh Voir aussi sur notre site : http://www.lapaixmaintenant.org/communique186

[2] "Il y a avec qui parler"

[3] "Plus malin sans violence"

Sources:

Site web de La Paix Maintenant (France) : http://lapaixmaintenant.org/

Site web de shalom akhshav (Israel) : www.peacenow.org.il

par Isabel Kershner

Traduction du " Jerusalem Report", le 18 juillet 2004
http://www.jrep.com/Palaffairs/Article-0.html

post by l'ortographiste degeneré



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