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Élections: Le boycott s'affiche haut et fort dans les rues de Montréal

Eric Smith, Dimanche, Juin 27, 2004 - 21:45

Eric Smith

 
Près d'une centaine de militantes et de militants, réuniEs au Square Phillips dans le centre-ville de Montréal, ont pris la rue vendredi soir dernier pour appuyer le boycott des élections fédérales.

 
"Ça fait maintenant cinq semaines qu'on voit et qu'on entend à tous les jours les politiciens bourgeois nous raconter leurs mensonges: ce soir, c'est à notre tour de crier haut et fort notre rejet de la farce électorale!" C'est sur cet appel que près d'une centaine de militantes et de militants, réuniEs au Square Phillips dans le centre-ville de Montréal, ont pris la rue vendredi soir dernier pour appuyer le boycott des élections fédérales.

Convoquée à l'appel du "Comité pour le boycott" -- un comité ad hoc mis sur pied pour la durée de la campagne électorale -- la manifestation a principalement rassemblé des militantEs et supporters du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation), qui ont brandi haut et fort le drapeau rouge. Une douzaine de militantEs libertaires, provenant notamment du collectif Reclus/Malatesta, ont également participé à la manifestation, défiant ainsi le sectarisme ambiant qui traverse plusieurs milieux anarchistes à l'endroit des révolutionnaires maoïstes.

Comme de raison, la manifestation a attiré la présence indésirable d'une bonne quantité de flics: au moins 13 véhicules de l'unité d'intervention du Service de police de la Ville de Montréal étaient présents pour suivre les manifestantes et manifestants, qui ont arpenté les rues du centre-ville tout en criant des slogans, en diffusant des tracts et en portant le message en faveur du boycott auprès des passantes et des passants qui se trouvaient dans les environs.

En défilant sur la très huppée rue Crescent, les manifestantEs se sont attirés les quolibets de quelques jeunes parvenus, littéralement horrifiés par le fait que des révolutionnaires aient osé marcher sur leur rue proprette et surtout qu'elles et ils aient osé affirmer clairement que les élections sont un piège et que la seule solution pour les pauvres et les oppriméEs, C'EST LA RÉVOLUTION ! Le contraste était frappant entre ces bourgeois faussement chics, qui vont sans doute voter à 99 % lundi, et les jeunes et les prolétaires qui constituaient l'essentiel de la manifestation et qui feront partie des 40 % de Canadiennes et de Canadiens (des pauvres, surtout) qui resteront chez eux et refuseront de se prêter à cette mascarade.

Dans une intervention faite tout juste avant le départ de la manifestation, le porte-parole du Comité pour le boycott s'est exprimé en ces termes :

"Notre manif a pour but d'exprimer notre rejet du cirque électoral et en même temps notre refus d'en être complices. On arrive au terme d'une campagne dont l'insignifiance fut directement proportionnelle à la quantité de mensonges et de mots creux dont on nous a abreuvés tout au cours des cinq dernières semaines.

"Cinq longues semaines, pendant lesquelles il n'y a pas un bulletin de nouvelles, à la télé comme à la radio, qui n'a pas donné toute la place aux politicienNEs bourgeois ; où les journaux, quotidiennement, ont rapporté tous leurs propos -- même les plus vides. Cinq semaines pendant lesquelles on a été condamnés, quand on en avait assez lu ou entendu et qu'on décidait de sortir pour aller prendre un peu d'air, à voir leurs faces à claque sur les milliers de pancartes qu'ils ont accrochées sur tous les poteaux -- des pancartes qui heureusement, ont perdu bien de morceaux en cours de route et qui se sont vues recouvertes, à juste titre, de graffitis, de slogans, d'injures et de dénonciations aussi variées que pertinentes.

"Certains nous reprochent de faire fi des différences entre les grands partis, de ne pas voir par exemple que Harper représente un danger encore plus grand que les autres. Mais oui, on le sait bien que Stephen Harper est un 'redneck', qu'il n'est pas Paul Martin, que Paul Martin n'est pas Jack Layton, que Jack Layton n'est pas Gilles Duceppe, que Gilles Duceppe n'est pas Lucien Bouchard, que Lucien Bouchard n'est pas Stephen Harper -- cela, même s'ils viennent tous les deux du même parti !

"Le problème, de toutes façons, c'est pas leurs programmes, qui se ressemblent ou se distinguent, selon les époques ; le problème, c'est le système capitaliste, qu'ils défendent et dans lequel ils s'inscrivent tous. Une fois au pouvoir, ils gouvernent tous pour le bien des détenteurs du capital. Paul Martin peut bien dire qu'il investira dans la santé, dans le logement social, dans la lutte contre la pauvreté, ça fait dix ans qu'il est au pouvoir et qu'il a fait le contraire de ce qu'il promet. Harper, on le sait, représente un parti qui n'a vraiment pas fait mieux quand il était au pouvoir (c'est le même parti qu'avant, même s'il se dit 'nouveau' : rappelons-nous la TPS et les taxes régressives qu'il a adoptées, l'ALENA, et les juteux scandales dans lequel il a lui aussi été impliqué). Quant à ceux qui se présentent comme étant des 'alternatives' comme le NPD et le Bloc, ils se disent 'purs et propres', ce qui est bien facile étant donné qu'ils n'ont jamais été au pouvoir à Ottawa ; mais il faut se rappeler qu'ils l'ont quand même détenu, le pouvoir, à Queen's Park, en Saskatchewan et en Colombie-Britannique dans le cas du NPD ; au Québec, dans le cas du Bloc (oups ! il s'agit de son grand frère, le PQ) : et on a bien vu ce que ça a donné !

"La vérité, c'est que sur le fond, il n'y a pas de différences : entre l'un et l'autre, il n'y a pas de rupture, mais continuité. Depuis que le Canada existe, deux partis, les Libéraux et les Conservateurs, se sont partagés le pouvoir, se succédant à tous les 4, 8 ou 12 ans. En fait, on pourrait dire qu'on vit dans un régime de parti unique, composé de deux principales factions, qui alternent en fonction des besoins et de leur capacité à duper la population.

"Si on regarde ça d'un point de vue général, on peut se représenter le Canada comme une pyramide, avec une petite minorité, tout en haut, qui détient le pouvoir, qui possède le capital (l'un allant avec l'autre). Une minorité qui est supportée, c'est le cas de le dire, par la grande majorité des travailleurs et des travailleuses, des pauvres, de ceux et celles qu'on fait travailler de temps en temps pour des salaires de misère, tant qu'on en a besoin, après quoi on les retourne à la rue, au chômage (quand on y a accès), à l'aide sociale et à la charité publique (qui est sans doute 'l'industrie' qui se développe le plus rapidement au Canada). Et au bas de cette pyramide, on retrouve les peuples autochtones, qu'on a dépossédé de leurs biens, de leur culture et de leurs territoires pour asseoir le pouvoir de la bourgeoisie canadienne et qu'on continue à traiter de la même manière afin que nos capitalistes puissent tenir leur place dans le contexte de la mondialisation impérialiste et de l'intensification de la concurrence entre les grandes puissances.

"Cette pyramide, certains voudraient l'escalader, grimper vers les plus hauts sommets pour essayer d'en attraper les morceaux qui s'effritent et la rafistoler un peu. En boycottant les élections, nous, ce qu'on exprime, c'est notre volonté de la renverser, de la virer de bord en bord, de telle sorte que ceux et celles qui présentement sont en bas, puissent enfin définir et exercer leur propre pouvoir, et contrôler leurs vies.

"Alors, nous disons NON ! Lundi, on n'ira pas voter, malgré les incantations des différents partis, malgré la publicité du Directeur général des élections, malgré les appels de la classe politique qui panique parce qu'on commence à être une méchante gang à voir clair dans leur jeu et à refuser d'y participer.

"S'abstenir de voter, c'est légitime. Ce n'est une attitude ni apathique, ni indifférente, comme on nous le reproche avec un certain mépris. On n'est pas apathique : on se bat à tous les jours pour défendre nos droits ! On n'est pas indifférents : c'est justement parce qu'on est conscient de ce qui se passe autour de nous qu'on ne veut plus jouer leur jeu !

"Boycotter les élections, c'est exprimer un refus. Un refus des mensonges, de la misère, de la corruption. Un refus du mauvais cirque qui se joue devant nous. Un refus des règles qu'on nous impose, d'une démocratie-bidon, d'une opération factice dont on sait qu'au bout de compte, le résultat ne changera rien par rapport à la situation qu'on connaît et qu'on vit quotidiennement.

"Boycotter, c'est aussi refuser de leur accorder quelque légitimité supplémentaire, parce que tel est le résultat de notre participation : une fois qu'on a voté, on nous dit après coup qu'on a eu ce qu'on mérite !

"Boycotter, c'est lutter ! C'est dire haut et fort qu'on va continuer, à tous les jours, pendant les 1 460 jours qui viennent et non pas seulement une fois à tous les quatre ans, à se défendre contre les attaques dont on est victimes, et aussi à se battre pour une vie et un monde dans lequel il n'y aura plus d'exploitation, plus d'oppression, plus de rapports de domination !"

À noter enfin qu'en préparation de la manifestation, des milliers de tracts et d'affiches (plus de 15 000, en fait) ont été distribués ou posées un peu partout au Québec, notamment à Québec, Sherbrooke, Trois-Rivières, dans la région du Suroît ainsi que dans les Basses-Laurentides. Un salut rouge à tousTES les camarades et amiEs qui ont participé à cette intense campagne !

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Article paru dans Arsenal-express, nº 12, le 27 juin 2004.

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Sujet: 
photos
Auteur-e: 
simms
Date: 
Lun, 2004-06-28 06:08

j'avais pas le temps de les publier tout de suite vendredi, mais voici quelques photos prises lors de cette manif, surtout de la « présence policière » démesurée (au moins une dizaine de véhicules remplis de robocops...) :

  


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