Depuis le déclenchement de l'élection fédérale, tous les soi-disant grands partis disent aux Québécois que voter pour le Bloc québécois (sans parler de voter pour les petits partis!) n'est pas une option car il serait ainsi dans l'opposition et donc exclus du pouvoir décisionnel.

 
- Claude Brunelle* -

Depuis le déclenchement de l'élection fédérale, tous les soi-disant grands partis disent aux Québécois que voter pour le Bloc québécois (sans parler de voter pour les petits partis!) n'est pas une option car il serait ainsi dans l'opposition et donc exclu du pouvoir décisionnel. Le Parti libéral de Paul Martin est le plus véhément dans cette campagne, profitant de chaque occasion pour agiter l'épouvantail déplumé de la « séparation » et de la « rupture du Canada ». Il prétend que si les Québécois votent pour le Bloc, cela voudrait dire qu'ils sont contre le reste du peuple canadien et qu'ils veulent briser le pays. Et pour le comble, il prétend que la promotion de l'affirmation de la souveraineté du Québec est un « objectif caché » du Bloc.

Dire que le mouvement pour la souveraineté du Québec est un « objectif caché » alors que depuis dix ans les Québécois votent massivement pour l'option souverainiste, que ce soit à l'élection fédérale ou au référendum de 1995, c'est faire l'autruche face aux problèmes qui se posent pour le corps politique québécois et canadien. C'est aussi un affront à l'intelligence des Québécois et des Canadiens. Les arrangements constitutionnels anachroniques sont une réalité, pas de la fiction. Il est impossible d'aborder le moindre problème sans que la bataille n'éclate sur le partage des pouvoirs entre les différents paliers de gouvernements, chacun tirant la couverture de son côté pour assumer un plus grand contrôle des richesses du pays et plaire à des intérêts particuliers. Et il est toujours plus évident chaque année que la négation du droit du Québec à l'autodétermination et des droits ancestraux des Premières Nations est un obstacle au progrès vers une société moderne. D'autant plus que le vol des terres des Premières Nations se poursuit sans arrêt et que les tentatives de faire disparaître complètement leurs droits ancestraux se multiplient.

Au lieu de s'attaquer à ces problèmes et de leur trouver des solutions qui ouvriront la voie au progrès, les libéraux de Paul Martin ressuscitent le vieux spectre du séparatisme pour inciter à la division. C'est précisément cet acharnement des libéraux qui a mené au scandale des commandites. Ils s'embourbent à chaque pas qu'ils font parce que c'est une politique sans issue qui va à contre-courant du développement historique.

Au fond, plus que toute autre chose, la reprise du vieux discours libéral montre que Paul Martin a une peur horrible que le peuple québécois trouve les moyens d'affirmer sa souveraineté, prenne contrôle de ses affaires et s'attaque aux problèmes du développement économique, politique, national et culturel du Québec. Les libéraux sont pris de panique à l'idée que les peuples qui forment le Canada puissent s'investir du pouvoir souverain. Ils recourent à l'intrigue, la peur et l'ingérence comme armes de choix pour bloquer ce mouvement.

Le Québec d'aujourd'hui n'est plus ce qu'il était. Le peuple a accumulé pas mal d'expérience depuis l'époque du gouvernement Trudeau. Il connaît bien maintenant la méthode libérale — duperie, ultimatum, mensonge et corruption. Le scandale des commandites qui a révélé que des millions de dollars ont été dépensés pour bloquer la marche avant des Québécois leur a pour ainsi dire rafraîchi la mémoire. Ils se rappellent que les libéraux ont utilisé la Cour suprême contre le droit du Québec à l'autodétermination, y compris la menace d'intervention militaire. C'est la possibilité que cet éveil puisse se répandre au reste du Canada qui crée tant d'agitation chez les libéraux.

En cette période d'offensive tout azimut pour forcer les peuples du monde à s'agenouiller devant le diktat américain et à sacrifier leurs droits nationaux sur l'autel de la mondialisation néolibérale et du droit de monopole, où le plan des libéraux est d'accélérer l'annexion du Canada aux États-Unis, un peuple qui défend ses droits nationaux est un obstacle majeur. Les Québécois doivent élire des candidats qui défendront leurs droits et les droits de tous afin d'avoir des porte-étendards des droits de tous au parlement canadien.

* Claude Brunelle est l’agent principal du Parti marxiste-léniniste du Canada.