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COMMENT FAIRE ?calvaire01, Mardi, Mai 25, 2004 - 15:20
Tiqqun
''Ainsi, de grève humaine en grève humaine, propager l’insurrection, où il n’y a plus que, où nous sommes tous des singularités quelconques.'' ''Dans le squatt. Dans l’orgie. Dans l’émeute. Dans le train ou le village occupé. Nous nous retrouvons. Nous nous retrouvons en singularités quelconques. C’est-à-dire non sur la base d’une commune appartenance, mais d’une commune présence.'' I VINGT ANS. Vingt ans de contre-révolution. De contre-révolution préventive. Il y a vingt ans, c’était le punk, le mouvement de 77, l’aire de l’Autonomie, les Indiens métropolitains et la guérilla diffuse. D’un coup surgissait, comme issu de quelque région souterraine de la civilisation, tout un contre-monde de subjectivités qui ne voulaient plus consommer, qui ne voulaient plus produire, qui ne voulaient même plus être des subjectivités. La révolution était moléculaire, la contre-révolution ne le fut pas moins. ON disposa offensivement, puis durablement, toute une complexe machine à neutraliser ce qui est porteur d’intensité. Une machine à désamorcer tout ce qui pourrait exploser. Tout les individus à risque, les corps indociles, les agrégations humaines autonomes, Puis ce furent vingt ans de bêtise, de vulgarité, d’isolement et de désolation. Comment faire ? Se relever. Relever la tête. Par choix ou par nécessité. Peu importe, vraiment, désormais. Se regarder dans les yeux et se dire qu’on recommence. Que tout le monde la sache, au plus vite. On recommence. Finis la résistance passive, l’exil intérieur, le conflit par soustraction, la survie. On recommence. En vingt ans, on a eu le temps de voir. On a compris. La démokratie pour tous, la lutte « anti-terroriste », les massacres d’État, la restructuration capitaliste et son Grand Œuvre d’épuration sociale, par sélection, par précarisation, par normalisation, par « modernisation », On a vu, on a compris. Les méthodes et les buts. Le destin qu’ON nous réserve. Celui qu’ON nous refuse. L’état d’exception. Les lois qui mettent la police, l’administration, la magistrature au-dessus des lois. La judiciarisation, la psychiatrie, la médicalisation de tout ce qui sort du cadre. De tout ce qui fuit. On a vu. On a compris. Les méthodes et les buts. Quand le pouvoir établit en temps réel sa propre légitimité, quand sa violence devient préventive et que son droit est un « droit d’ingérence », alors il ne sert plus à rien d’avoir raison. D’avoir raison contre lui. Il faut être plus fort, ou plus rusé. C’est pour ça aussi qu’on recommence. Recommencer n’est jamais recommencer quelque chose. Ni reprendre une affaire là où on l’avait laissée. Ce que l’on recommence est toujours autre chose. Est toujours inouï. Parce que ce n’est pas le passé qui nous pousse, mais précisément ce qui en lui n’est pas advenu. Et parce que c’est aussi bien nous-mêmes, alors qui recommençons. Recommencer veut dire : sortir de la suspension. Rétablir le contact entre nos devenirs. Partir, à nouveau, de là où nous sommes, maintenant. Par exemple, il y a des coups qu’ON ne nous fera plus. Le coup de « la société ». À transformer. À détruire. À rendre meilleure. Le coup du pacte social. Que certains briseraient tandis que les autres peuvent feindre de le « restaurer ». Ces coups-là, ON ne nous les fera plus. Il faut être un élément militant de la petite-bourgeoisie planétaire, un citoyen vraiment pour ne pas voir qu’elle n’existe plus, La société. Qu’elle a implosé. Qu’elle n’est plus qu’un argument pour la terreur de ceux qui disent la re/présenter. Elle qui s’est absentée. Tout ce qui est social nous est devenu étranger. Nous nous considérons comme absolument déliés de toute obligation, de toute prérogative, de toute appartenance sociales. « La société », c’est le nom qu’a souvent reçu l’Irréparable parmi ceux qui voulaient aussi en faire l’Inassumable. Qui se refuse à ce leurre devra faire un pas d’écart. Opérer un léger déplacement d’avec la commune logique de l’Empire et de sa contestation, celle de la mobilisation, d’avec leur commune temporalité, celle de l’urgence. Recommencer veut dire : habiter cet écart. Assumer la schizophrénie capitaliste dans le sens d’une croissante faculté de désubjectivation. Déserter tout en gardant les armes. Fuir imperceptiblement. Recommencer veut dire : rallier la sécession sociale, l’opacité, entrer en démobilisation, soutirant aujourd’hui à tel ou tel réseau impérial de production-consommation les moyens de vivre et de lutter pour, au moment choisi, le saborder. Nous parlons d’une nouvelle guerre, d’une nouvelle guerre de partisans. Sans front ni uniforme, sans armée ni bataille décisive. Une guerre dont les foyers se déploient à l’écart des flux marchands quoique branchés sur eux. Nous parlons d’une guerre toute en latence. Qui a le temps. D’une guerre de position. Qui se livre là où nous sommes. Au nom de personne. Au nom de notre existence même, qui n’a pas de nom. Opérer ce léger déplacement. Ne plus craindre son temps. « Ne pas craindre son temps est une question d’espace ». Dans le squatt. Dans l’orgie. Dans l’émeute. Dans le train ou le village occupé. À la recherche, au milieu d’inconnus, d’une free party introuvable. Je fais l’expérience de ce léger déplacement. L’expérience de ma désubjectivation. Je deviens une singularité quelconque. Un jeu s’insinue entre ma présence et tout l’appareil de qualités qui me sont ordinairement attachées. Dans les yeux d’un être qui, présent, veut m’estimer pour ce que je suis, je savoure la déception, sa déception de me voir devenu si commun, si parfaitement accessible. Dans les gestes d’un autre, c’est une inattendue complicité. Tout ce qui m’isole comme sujet, comme corps doté d’une configuration publique d’attributs, je le sens fondre. Les corps s’effrangent à leur limite. A leur limite, s’indistinguent. Quartier suivant quartier, le quelconque ruine l’équivalence. Et je parviens à une nudité nouvelle, à une nudité impropre, comme vêtue d’amour. S’évade-t-on jamais seul de la prison du Moi ? Dans le squatt. Dans l’orgie. Dans l’émeute. Dans le train ou le village occupé. Nous nous retrouvons. Nous nous retrouvons en singularités quelconques. C’est-à-dire non sur la base d’une commune appartenance, mais d’une commune présence. C’est cela notre besoin de communisme. Le besoin d’espaces de nuit, où nous puissions Nous retrouver Par-delà nos prédicats. Par-delà la tyrannie de la reconnaissance. Qui impose la re/connaissance comme distance finale entre les corps. Comme inéluctable séparation. Tout ce que l’ON - le fiancé, la famille, le milieu, l’entreprise, l’État, l’opinion - me Reconnaît, c’est par là que l’ON croit me tenir. Par le rappel constant de ce que je suis, de mes qualités, ON voudrait m’abstraire de chaque situation, ON voudrait m’extorquer en toute circonstance une fidélité à moi-même qui est une fidélité à mes prédicats. ON attend de moi que je me comporte en homme, en employé, en chômeur, en mère, en militant ou en philosophe. ON veut contenir entre les bornes d’une identité le cours imprévisible de mes devenirs. ON veut me convertir à la religion d’une cohérence que l’on a choisie pour moi. Plus je suis reconnue, plus mes gestes sont entravés, intérieurement entravés. Me voilà prise dans le maillage ultra-serré du nouveau pouvoir. Dans les rets impalpables de la nouvelle police : LA POLICE IMPÉRIALE DES QUALITÉS. Il y a tout un réseau de dispositifs où je me coule pour m’ « intégrer », et qui m’incorporent ces qualités. Tout un petit système de fichage, d’identification et de flicage mutuels. Toute une prescription diffuse de l’absence. Tout un appareil de contrôle comporte/mental, qui vise au panoptisme, à la privatisation transparentielle, à l’atomisation. Et dans lequel je me débats. J’ai besoin de devenir anonyme. Pour être présente. Plus je suis anonyme, plus je suis présente. J’ai besoin de zones d’indistinction pour accéder au Commun. Pour ne plus me reconnaître dans mon nom. Pour ne plus entendre dans mon nom que la voix qui l’appelle. Pour faire consister le comment des êtres, non ce qu’ils sont, mais comment ils sont ce qu’ils sont. Leur forme-de-vie. J’ai besoin de zones d’opacité où les attributs, même criminels, même géniaux, ne séparent plus les corps. Devenir quelconque. Devenir une singularité quelconque, n’est pas donné. Toujours possible, mais jamais donné. Il y a une politique de la singularité quelconque. Qui consiste à arracher à l’Empire Les conditions et les moyens, même intersticiels, de s’éprouver comme tel. C’est une politique, parce qu’elle suppose une capacité d’affrontement, et qu’une nouvelle agrégation humaine lui corresponde. Politique de la singularité quelconque : dégager ces espaces où aucun acte n’est plus assignable à aucun corps donné. Où les corps retrouvent l’aptitude au geste que la savante distribution des dispositifs métropolitains - ordinateurs, automobiles, écoles, caméras, portables, salles de sport, hôpitaux, télévisions, cinémas, etc. - leur avait dérobée. En les reconnaissant. En les immobilisant. En les faisant tourner à vide. En faisant exister la tête séparément du corps. Politique de la singularité quelconque. Un devenir-quelconque est plus révolutionnaire que n’importe quel être-quelconque. Libérer des espaces nous libère cent fois plus que n’importe quel « espace libéré ». Plus que de mettre en acte un pouvoir, je jouis de la mise en circulation de ma puissance. La politique de la singularité quelconque réside dans l’offensive. Dans les circonstances, les moments et les lieux où seront arrachés les circonstances, les moments et les lieux d’un tel anonymat, d’un arrêt momentané en état de simplicité, l’occasion d’extraire de toutes nos formes la pure adéquation à la présence, l’occasion d’être, enfin, là. II COMMENT FAIRE ? Non pas Que faire ? Comment faire ? La question des moyens. Que faire ? Babeuf, Tchernychevski, Lénine. La virilité classique réclame un antalgique, un mirage, quelque chose. Un moyen pour s’ignorer encore un peu. En tant que présence. En tant que forme-de-vie. En tant qu’être en situation, doté d’inclinations. D’inclinations déterminées. Comment faire ? La question du comment. Non pas de ce qu’un être, un geste, une chose est, mais de comment il est ce qu’il est. De comment ses prédicats se rapportent à lui. Et lui à eux. Laisser être. Laisser être la béance entre le sujet et ses prédicats. L’abîme de la présence. Un homme n’est pas « un homme ». « Cheval blanc » n’est pas « cheval ». La question du comment. L’attention au comment. L’attention à la manière dont une femme est, et n’est pas, une femme - il en faut des dispositifs pour faire d’un être de sexe féminin « une femme », ou d’un homme à la peau noire « un Noir ». L’attention à la différence éthique. À l’élément éthique. Aux irréductibilités qui le traversent. Ce qui se passe entre les corps dans une occupation est plus intéressant que l’occupation elle-même. Comment faire ? veut dire que l’affrontement militaire avec l’Empire doit être subordonné à l’intensification des relations à l’intérieur de notre parti. Que la politique n’est qu’un certain degré d’intensité au sein de l’élément éthique. Que la guerre révolutionnaire ne doit plus être confondue avec sa représentation : le moment brut du combat. La question du comment. Devenir attentif à l’avoir-lieu des choses, des êtres. À leur événement. À l’obstinée et silencieuse saillance de leur temporalité propre sous l’écrasement planétaire de toutes les temporalités par celle de l’urgence. Le Que faire ? comme ignorance programmatique de cela. Comme formule inaugurale du désamour affairé. Le Que faire ? revient. Depuis quelques années. Depuis le milieu des années 90, plus que Depuis Seattle. Un revival de la critique fait semblant d’affronter l’Empire avec les slogans, les recettes des années 60. Sauf que cette fois, on simule. On simule l’innocence, l’indignation, la bonne conscience et le besoin de société. On remet en circulation toute la vieille gamme des affects sociaux-démocrates. Des affects chrétiens. Et à nouveau, ce sont les manifestations. Les manifestations tue-désir. Où il ne se passe rien. Et qui ne manifestent plus Que l’absence collective. À jamais. Pour ceux qui ont la nostalgie de Woodstock, de la ganja, de mai 68 et du militantisme, il y a les contre-sommets. ON a reconstitué le décor, le possible en moins. Voilà ce que commande le Que faire ? aujourd’hui : aller à l’autre bout du monde contester la marchandise globale pour revenir, après un grand bain d’unanimisme et de séparation médiatisée, se soumettre à la marchandise locale. Au retour, c’est la photo dans le journal... Tous seuls ensemble !... Il était une fois... Quelle jeunesse !... Dommage pour les quelques corps vivants égarés là, cherchant en vain un espace à leur désir. Ils en reviennent un peu plus ennuyés. Un peu plus vidés. Réduits. De contre-sommet en contre-sommet, ils finiront bien par comprendre. Ou pas. On ne conteste pas l’Empire sur sa gestion. On ne critique pas l’Empire. On s’oppose à ses forces. Là où l’on est. Dire son avis sur telle ou telle alternative, aller là où l’ON nous appelle, cela n’a plus de sens. Il n’y a pas de projet global alternatif au projet global de l’Empire. Car il n’y a pas de projet global de l’Empire. Il y a une gestion impériale. Toute gestion est mauvaise. Ceux qui réclament une autre société feraient mieux de commencer par voir qu’il n’y en a plus. Et peut-être cesseraient-ils alors d’être des apprentis-gestionnaires. Des citoyens. Des citoyens indignés. L’ordre global ne peut pas être pris pour ennemi. Directement. Car l’ordre global n’a pas de lieu. Au contraire. C’est plutôt l’ordre des non-lieux. Sa perfection n’est pas d’être global, mais d’être globalement local. L’ordre global est la conjuration de tout événement parce qu’il est l’occupation achevée, autoritaire du local. On ne s’oppose à l’ordre global que localement. Par l’extension des zones d’ombre sur les cartes de l’Empire. Par leur mise en contact progressive. Souterraine. La politique qui vient. Politique de l’insurrection locale contre la gestion globale. De la présence regagnée sur l’absence à soi. Sur l’étrangeté citoyenne, impériale. Regagnée par le vol, la fraude, le crime, l’amitié, l’inimitié, la conspiration. Par l’élaboration de modes de vie qui soient aussi des modes de lutte. Politique de l’avoir-lieu. L’Empire n’a pas lieu. Il administre l’absence en faisant partout planer la menace palpable de l’intervention policière. Qui cherche dans l’Empire un adversaire auquel se mesurer trouvera l’anéantissement préventif. Etre perçu, désormais, c’est être vaincu. Apprendre à devenir indiscernables. À nous confondre. Reprendre goût à l’anonymat, à la promiscuité. Renoncer à la distinction, Pour déjouer la répression : ménager à l’affrontement les conditions les plus favorables. Devenir rusés. Devenir impitoyables. Et pour cela, devenir quelconques. Comment faire ? est la question des enfants perdus. Ceux à qui l’on n’a pas dit. Ceux qui ont les gestes mal assurés. A qui rien n’a été donné. Dont la créaturalité, l’errance ne cesse de se trahir. La révolte qui vient est la révolte des enfants perdus. Le fil de la transmission historique a été rompu. Même la tradition révolutionnaire Nous laisse orphelins. Le mouvement ouvrier surtout. Le mouvement ouvrier qui s’est retourné en instrument d’une intégration supérieure au Processus. Au nouveau Processus, cybernétique, de valorisation sociale. En 1978, c’est en son nom que le PCI, le « parti aux mains propres », lançait la chasse à l’Autonome. La critique est devenue vaine. La critique est devenue vaine parce qu’elle équivaut à une absence. Quant à l’ordre dominant, tout le monde sait à quoi s’en tenir. Nous n’avons plus besoin de théorie critique. Nous n’avons plus besoin de professeurs. La critique roule pour la domination, désormais. Même la critique de la domination. Elle reproduit l’absence. Elle nous parle de là où nous ne sommes pas. Elle nous propulse ailleurs. Elle nous consomme. Elle est lâche. Et reste bien à l’abri quand elle nous envoie au carnage. Secrètement amoureuse de son objet, elle ne cesse de nous mentir. D’où les si courtes idylles entre prolétaires et intellectuels engagés. Ces mariages de raison où l’on n’a la même idée ni du plaisir ni de la liberté. Plutôt que de nouvelles critiques, c’est de nouvelles cartographies que nous avons besoin. Des cartographies non de l’Empire, mais des lignes de fuite hors de lui. Comment faire ? Nous avons besoin de cartes. Non pas de cartes de ce qui est hors carte. Mais de cartes de navigation. De cartes maritimes. D’outils d’orientation. Qui ne cherchent pas à dire, à représenter ce qu’il y a à l’intérieur des différents archipels de la désertion, mais nous indiquent comment les rejoindre. Des portulans. III NOUS SOMMES le mardi 17 septembre 1996, peu avant l’aube. Le ROS (Regroupement Opérationnel Spécial) coordonne dans toute la péninsule l’arrestation de 70 anarchistes italiens. Il s’agit de mettre un terme à 15 ans d’enquêtes infructueuses au sujet des anarchistes insurrectionalistes. La technique est connue : fabriquer un « repenti », lui faire dénoncer l’existence d’une vaste organisation subversive hiérarchisée. Puis accuser sur la base de cette création chimérique tous ceux que l’on veut neutraliser d’en faire partie. Encore une fois assécher la mer pour prendre les poissons. Même quand il ne s’agit que d’un étang minuscule. Et de quelques gardons. Une « note informative de service » a échappé au ROS sur cette affaire. Il y expose sa stratégie. Fondé sur les principes du général Dalla Chiesa, le ROS est le type même du service impérial de contre-insurrection. Il travaille sur la population. Là où une intensité s’est produite, là où quelque chose s’est passé, il est le french doctor de la situation. Celui qui pose, sous couvert de prophylaxie, les cordons sanitaires visant à isoler la contagion. Ce qu’il redoute, il le dit. Dans ce document, il l’écrit. Ce qu’il redoute, c’est le « marécage de l’anonymat politique ». L’Empire a peur. L’Empire a peur que nous devenions quelconques. Un milieu délimité, une organisation combattante. Il ne le craint pas. Mais une constellation expansive de squatts, de fermes autogérées, d’habitations collectives, de rassemblements fine a se stesso, de radios, de techniques et d’idées. L’ensemble relié par une intense circulation des corps, et des affects entre les corps. C’est une autre affaire. La conspiration des corps. Non des esprits critiques, mais des corporéités critiques. Voilà ce que l’Empire redoute. Voilà ce qui lentement advient, avec l’accroissement des flux de la défection sociale. Il y a une opacité inhérente au contact des corps. Et qui n’est pas compatible avec le règne impérial d’une lumière qui n’éclaire plus les choses que pour les désintégrer. Les Zones d’Opacité Offensive ne sont pas à créer. Elles sont déjà là, dans tous les rapports où survient une véritable mise en jeu des corps. Ce qu’il faut, c’est assumer que nous avons part à cette opacité. Et se doter des moyens de l’étendre, de la défendre. Partout où l’on parvient à déjouer les dispositifs impériaux, à ruiner tout le travail quotidien du Biopouvoir et du Spectacle pour exciper de la population une fraction de citoyens. Pour isoler de nouveaux untorelli. Dans cette indistinction reconquise se forme spontanément un tissu éthique autonome, un plan de consistance sécessionniste. Les corps s’agrègent. Retrouvent le souffle. Conspirent. Que de telles zones soient vouées à l’écrasement militaire importe peu. Ce qui importe, c’est à chaque fois de ménager une voie de retraite assez sûre. Pour se réagréger ailleurs. Plus tard. Ce que sous-tendait le problème Que faire ?, c’était le mythe de la grève générale. Ce qui répond à la question Comment faire ?, c’est la pratique de la GRÈVE HUMAINE. La grève générale laissait entendre qu’il y avait une exploitation limitée dans le temps, et dans l’espace, une aliénation parcellaire, due à un ennemi reconnaissable, et donc vincible. La grève humaine répond à une époque où les limites entre le travail et la vie achèvent de s’estomper. Où consommer et survivre, produire des “textes subversifs
.. brochures subversives à lire, imprimer, propager
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