J’ai beau chercher, je n’arrive pas a saisir ce que les ‘‘valeurs libérales’’ peuvent représenter. Un peu comme si l’on parlait de la délicatesse du Pentagone. Ou du Choix du président : imaginez-vous un président qui, des petits pois au papier-cul, ne choisi invariablement QUE ce qu’il y a de plus cheap...

La première fois que j’ai entendu parler des valeurs libérales je me suis dit : Enfin. Enfin un gouvernement a décidé d’agir selon des valeurs culturelles propres. Il a décidé d’affirmer la spécificité de notre coin de planête devant les diktats de l’implacable, l’insensible marché international.
Immédiatement je me suis mis a rêver des lois promulgées : va-t-on taxer sans peur toutes les entreprises qui produisent des Pop-tarts, des Big macs et autres leurre alimentaire vide de sens comme du reste ? Va-t-on voter des réductions de taxes pour ceux qui produisent bio, pour les petits fermiers qui respectent l’environnement québécois et humanitaire ? Va-t-on abolir par décrêt les véhicules publicitaires qui se pavanent jour après jour sans égard aux catastrophes écologiques qu’ils provoquent ?
Je me trompais.
J’ai beau chercher, je n’arrive pas a saisir ce que les ‘‘valeurs libérales’’ peuvent représenter. Un peu comme si l’on parlait de la délicatesse du Pentagone. Ou du Choix du président : imaginez-vous un président qui, des petits pois au papier-cul, ne choisi invariablement QUE ce qu’il y a de plus cheap...
En parlant de cheap, M. Charest, quelle valeur voulez-vous donc défendre en ouvrant toute grande la porte au marché, et en déreglementant tout ce qui faisait le mince contrepoid de notre société aux puissances financières internationales ? Reprenons au début M.Charest : vous vous souvenez de Ethyl, cette compagnie pétrolière qui a poursuivie le gouvernement canadien quand celui-ci a voulu, selon ses critères de santé publique et d’environnement –ses valeurs - interdire l’importation d’un additif chimique jugé dangereux ? Hé bien voilà ! Le Parti libéral du Canada a donné, au nom des canadiens, $13 milions US à Ethyl puis a retiré son interdiction, grâce à l’ALENA et aux lois du marché que vous louangez.
Parce qu’elles sont naturellement subjectives, les valeurs culturelles sont contraire à la liberté du marché. Les structures financières internationales, le marché, reposent entièrement sur une logique rationnelle de gain et de perte qui évacue, par définition, tous facteur subjectif et par conséquent, toute ethique. La subjectivité culturelle comme affirmation, comme de prise de position, devient la seule preuve de l’existence autonome devant les pressions d’une méthode mathématique sans âme.
Comment pouvez-vous prétendre à des valeurs libérales quand chacunes de vos législations réduisent impitoyablement les fragiles véhicules de la culture québécoise. Le gouvernement du Québec que vous dirigez menace même la propre télévision publique québécoise, d’être larguée aux requins du marché. Télé-Québec est la seule télévision de notre paysage médiatique qui se permet de nous offrir un certain luxe de la qualité en ces temps chargés de gras saturé –et avec des budgets insignifiants.
Votre récent passage à Star académie en dit long sur les valeurs libérales. M. Charest, a-t-on encore le droit d’espérer un soutient étatique à la culture ou avons-nous déjà vendu le concept à une industrie en pleine croissance ? Le marché a-t-il déjà paradé de ses bottes étoilées sur les trépieds de la musique, du cinéma, de la danse québécoise ?