Selon toute vraisemblance, c'est cette semaine que le Premier ministre désigné, Paul Martin, va enfin déclencher les élections fédérales. Après des semaines et des semaines de tergiversations, l'appel aux urnes sera lancé officiellement dimanche prochain, le 23 mai, pour un scrutin devant avoir lieu le 28 juin.

Ce qu'on nous présente comme étant la quintessence ultime de la "démocratie" et le moment privilégié où on peut enfin s'exprimer et décider dans quel type de société on veut vivre, aura donc fait l'objet de toutes les manipulations possibles avant que le parti au pouvoir choisisse, en fonction de son unique intérêt, le moment qui lui apparaît le plus propice pour assurer sa propre réélection.

Après l'arrestation fort opportune de deux acteurs (parmi bien d'autres, qui eux vont s'en tirer indemnes) du désormais célèbre "scandale des commandites" et le saupoudrage de toute une série de mesures visant à impressionner l'électorat -- incluant la mise à contribution de l'innocent chanteur Bono, du groupe U2, qui est venu apporter son soutien à ce "grand humaniste et tiers-mondiste" qu'est Paul Martin! -- le successeur de Jean Chrétien a donc évalué que le temps était venu de monter le grand chapiteau et d'appeler la horde de clowns et de chevaux savants à venir refaire leur tour de piste, de façon à s'attirer la faveur du bon public que nous sommes...

Qu'importe si les gouvernements qui se succèdent à la tête de l'État défendent systématiquement les intérêts des riches et qu'ils se consacrent à assurer le pouvoir et la prospérité de la minorité de bourgeois qui nous dominent, l'important est qu'on nous donnera enfin la "chance" de nous prononcer quant à savoir quel parti aura désormais le droit de parler en notre nom, pour mieux nous écraser!

Car tel est l'objectif essentiel des élections et du système parlementaire qui constituent un des fondements du système de dictature de la bourgeoisie dans lequel on vit et qu'on appelle généralement la "démocratie": les élections, en fait, sont un moyen privilégié pour la classe dominante d'obtenir que la majorité laborieuse, exploitée et dépossédée de tout pouvoir réel, consente à jouer le jeu du capitalisme et qu'elle se soumette à ses règles. Combien de fois a-t-on pu entendre les politiciens bourgeois affirmer, à l'intention de ceux qui se plaignent et qui protestent contre leurs politiques anti-populaires, qu'on a en fait que ce qu'on mérite, puisque "la majorité a voté pour eux"; ou encore, qu'on ferait mieux de se tenir tranquilles, plutôt que de lutter pour défendre nos droits, et d'attendre patiemment les prochaines élections, où on aura enfin la chance de "rendre notre verdict"? Sauf que bien sûr, une fois rendu aux dites élections, on se rend compte que les dés sont pipés, qu'on a le choix entre trois ou quatre marques de savon aux propriétés identiques et que de toutes façons, ce sont toujours les mêmes qui en sortent vainqueurs.

Voilà pourquoi les communistes révolutionnaires disent qu'il faut boycotter les élections et lutter contre le parlementarisme bourgeois! Comme travailleurs et travailleuses, on n'a rien à gagner à essayer d'améliorer les conditions de notre exploitation -- ce à quoi on n'arrivera jamais en se pliant à ce petit jeu ridicule. Ce qu'il faut, c'est de s'organiser et de lutter pour mettre fin au système d'exploitation, le plus vite possible, et construire une société où tout le pouvoir nous appartiendra -- à nous, travailleurs, travailleuses, jeunes prolétaires, pauvres et excluEs.

Et justement, on est de plus en plus nombreuses et nombreux à avoir compris que *leurs élections, c'est du bidon*! Ainsi, au cours des quatre derniers scrutins sur la scène fédérale, le taux de participation a chuté constamment, passant de 75%, à 70%, 67%, et finalement 63% il y a quatre ans. Cette année, il faudra qu'on soit encore plus nombreuses et nombreux à refuser de participer à ce cirque, même si les apprentis-politiciens bourgeois "de gauche" (certains s'appelant même "communistes", voire "marxistes-léninistes") vont tenter de nous faire croire qu'en votant pour eux et leurs programmes édulcorés, la bourgeoisie en sortira "affaiblie": mais si c'était le cas, si la participation électorale des petits partis de gauche menaçait le pouvoir dominant de quelque façon que ce soit, alors les élections seraient annulées, purement et simplement, et ces partis seraient mis hors-la-loi!

Alors, contre la fausse démocratie des riches, contre un système qui ne répand que la misère et l'oppression du plus grand nombre, nous, du PCR(co), appellerons encore une fois au boycott des élections! Et nous comptons prendre toutes les initiatives nécessaires pour que les milliers des travailleurs et de travailleuses qui rejettent la farce électorale et qui veulent se battre pour un avenir meilleur expriment leur opposition, clairement, là où ça compte, i.e. dans la rue!

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Article paru dans Arsenal-express, nº 7, le 16 mai 2004.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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