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Selon un rapport européen, il faut freiner la croissance de l'industrie du sexe

Sisyphe, Samedi, Mai 15, 2004 - 09:45

Sisyphe

La députée Marianne Eriksson a présenté, en avril, un rapport sur les conséquences de l'industrie du sexe dans l'Union européenne. L'analyse qu'elle fait de la situation rejoint des études antérieures sur les liens de la mondialisation avec l'expansion de la traite des femmes et des enfants à des fins de prostitution. Une réflexion utile quel que soit le pays concerné.

À Athènes, il y a 600 ans avant J.C., la prostitution était imposée comme "profession" à certaines catégories de femmes : « Des femmes esclaves, des prisonnières de guerre, ou bien encore des femmes sans liens familiaux qui avaient été achetées ainsi que des femmes originaires d'autres pays étaient utilisées à des fins de prostitution. Ces femmes étaient réparties en différentes catégories et surveillées par des gardiens spécialement affectés à cette tâche, tandis que leurs revenus étaient soumis à impôt. » C'est ce que rappelle ou nous apprend la députée européenne Marianne Eriksson dans son "Rapport sur les conséquences de l'industrie du sexe dans l'Union européenne", déposé en avril dernier au Parlement européen.

Concernant la situation au XXIe siècle, Marianne Eriksson déplore qu'on ignore les "demandeurs": « Si des mesures de différentes sortes ont été prises et commencent à être appliquées en vue de mettre en garde et de protéger les femmes, il n'existe encore guère d'actions énergiques axées sur les demandeurs. Le rapporteur est convaincu que ce n'est que si de telles actions sont entreprises que des changements positifs auront lieu. »

«La globalisation de l'économie entraîne également une globalisation de l'esclavage sexuel et de l'industrie du sexe.  Ces dernières années, plusieurs États membres de l'UE ont baissé les bras et, au lieu de lutter contre cette exploitation de l'être humain, ont accepté la situation qui règne et, en procédant à une légalisation ou une réglementation de la prostitution, ont contribué faire entrer dans le circuit économique légal une activité auparavant considérée comme criminelle. Ce faisant, les États membres deviennent un élément de l'industrie du sexe et, de plus, tirent profit du marché.»

L'auteure du rapport s'attarde également sur les liens entre la traite des femmes et des enfants, la croissance de l'industrie prostitutionnelle et les multiples facettes de l'industrie pornographique, cette dernière étant banalisée et tolérée, elle envahit maintenant jusqu'à nos messageries sur Internet, dit-elle.

Marianne Eriksson souligne également que des groupes emploient des subventions destinées à la lutte contre le VIH/SIDA pour promouvoir plutôt la légalisation de la prostitution et d'activités liées au système proxénète et à l'industrie du sexe, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur des États membres de l'Union européenne.  (Au Québec, les travaux de Richard Poulin mentionnent également que certains groupes emploient les fonds publics, destinés à d'autres fins, pour se créer des sites Internet qui font la promotion de la prostitution comme "profession" et dirigent les visiteurs/visiteuses vers des secteurs de l'industrie du sexe. Voir sous cette rubrique).

La députée européenne presse les parlementaires d'adopter des mesures pour arrêter l'expansion de cette industrie et protéger les personnes exploitées.  Son rapport contient maintes recommandations à cette fin.

On peut en lire de larges extraits et télécharger le rapport intégral depuis Sisyphe

ou en PDF ici: Parlement européen. (J'avoue avoir eu du mal à le trouver sur ce site et je suis passée par l'intermédiaire de quelques personnes avant de l'obtenir finalement en pièce jointe par courriel. C'est ce document que Sisyphe propose en format Word pour vous épargner la recherche).

On lira aussi avec intérêt

«Sanctionner les clients de la prostitution et renforcer les politiques contre le proxénétisme», par le Lobby européen des femmes.

« Le trafic sexuel des femmes n'épargne pas le Québec » (voir également les commentaires dans cette page où il est question des acheteurs ou prostitueurs).

Tout le dossier de Sisyphe sur la prostitution.

Les plus récents titres de Sisyphe.

Micheline Carrier
Sisyphe

Site féministe d'expression, d'analyse et de documentation
www.sisyphe.org


Sujet: 
À propos de l'entrevue avec Sheila Jeffreys
Auteur-e: 
Bleuler
Date: 
Lun, 2004-05-17 14:16

Je n'ai pas de difficulté à suivre madame Jeffreys lorsqu'elle affirme la politisation de la sphère privée. Je trouve inquiétant, cependant, le fait que madame Jeffreys rejoint les personnes qu'elle critique sur un point : madame Jeffreys semble estimer que la subordination psychologique, l'assujettissement, est une condition de "l'orgasme au féminin" dans les sociétés patriarcales. Monsieur Dufresne a déjà défendu des croyances semblables.

C'est probablement vrai pour plusieurs femmes. Est-ce vrai pour toutes les femmes vivant en occident? Ce serait un peu décourageant. Pour lutter contre l'oppression de la femme dans la sphère privée, nous serions obligés de condamner les comportements conduisant à l'orgasme des femmes, une sorte "d'excision" comportementale. Méchant problème! J'espère qu'elle se trompe ou encore l'avoir mal comprit!


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