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Le conseil de presse retient la plainte de l'ADDS-MM contre la revue Allô

Richard, Vendredi, Mai 14, 2004 - 11:39

Richard

Le 20 janvier 2004, l'ADDS du montréal métropolitain portait plainte contre la revue Allô et son journaliste Patrick Mahony pour un article vraiment sale contre les pressonnes assistées sociales. Finalement, le conseil de presse du Québec a retenu la plainte de l'ADDS-MM.

Voici la décison du conseil de presse

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Conseil de presse du Québec

COMITÉ DES PLAINTES ET DE L’ÉTHIQUE DE L’INFORMATION

DÉCISION
Numéro de dossier : D2004-01-028

Association de défense des droits sociaux du Montréal-Métropolitain (ADDS-MM)
M. Richard Miron, coordonnateur
Plaignant

et

M. Patrick Mahony, journaliste
M. Richard Desmarais, éditeur
Le magazine Allô!
Mis-en-cause

RÉSUMÉ DE LA PLAINTE

M. Richard Miron, au nom de l’Association de défense des droits sociaux du Montréal-Métropolitain (ADDS-MM), porte plainte contre le journaliste Patrick Mahony et le magazine Allô! pour avoir publié « un article fallacieux qui dépeint les personnes assistées sociales comme fraudeuses ».

GRIEFS DU PLAIGNANT

M. Miron accuse le journaliste d’avoir utilisé l’émission de télévision « Les Bougon » « pour colporter des faussetés sur les personnes assistées sociales » et d’avoir cité des données partielles du Ministère de l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille (MESSF) hors contexte, qui laisserait entendre que la grande majorité des personnes assistées sociales seraient des fraudeuses. De plus, critique le plaignant, il y est écrit en gros caractères et en jaune « Des anomalies dans 67,2 % des dossiers! » sans que le journaliste mentionne qu’il s’agit de dossiers enquêtés. Le journaliste écrit aussi qu’il y a eu 3 % des dossiers qui ont été enquêtés et que ces « non-conformités » au dossier auraient coûté 78 millions aux contribuables. Le plaignant souligne que le journaliste termine son article par cette phrase aberrante : « Le plus malheureux, c’est que le nombre de dossiers non conformes et les sommes dues au gouvernement doivent être 30 fois le montant mis de l’avant par le gouvernement puisque seulement trois pour cent des prestataires de la Sécurité du revenu sont enquêtés. »

Selon le plaignant, il est clair que le journaliste tire comme conclusion, à partir d’un petit échantillon de personnes enquêtées, que 67,2 % de toutes les personnes assistées sociales sont fraudeuses. Il apparaît donc au plaignant qu’il s’agit d’une information non pondérée, sensationnaliste, inexacte, non rigoureuse et fallacieuse et que le journaliste a omis de dire que le ministère enquête des dossiers où il a une chance de prouver des anomalies. Il ajoute que si le gouvernement enquêtait davantage de dossiers, il est fort probable que les taux d’anomalies seraient de beaucoup inférieurs au taux de 67,2 %. C’est donc dire, aux yeux du plaignant, qu’il est complètement fallacieux de supposer que la majorité des personnes assistées sociales soient des fraudeuses à partir d’un échantillon qui ne concerne qu’une partie infime de la population bénéficiaire d’aide sociale. De plus, le plaignant reproche au journaliste « de ne pas caractérisé la gravité des anomalies ».

M. Miron conclut que l’information colportée par M. Mahony constitue un manque de respect flagrant pour les personnes assistées sociales et que c’est tout un groupe social qui est attaqué par l’article.

COMMENTAIRES DES MIS-EN-CAUSE

Commentaires de Patrick Mahony, journaliste

Selon le journaliste, la plainte envoyée par l’ADDS, semble être beaucoup plus motivée par la justification de subventions que par une défense propre des droits des assistés sociaux. Il se dit accusé d’avoir cité des données partielles hors contexte, alors qu’il a posé deux questions : Y’a-t-il des gens sur l’Aide sociale qui fraudent le gouvernement, et si oui, pour combien?

Le journaliste souligne que les réponses sont claires et sans équivoque et qu’il ne s’agit pas de données partielles, mais de statistiques fournies par le Ministère de l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille.

Selon M. Mahony, le plaignant l’accuse d’avoir tiré des conclusions à partir d’un petit échantillon de personnes enquêtées, par la phrase qui suit : « Le plus malheureux, c’est que le nombre de dossiers non conformes et les sommes dues au gouvernement doivent être 30 fois le montant mis de l’avant par le gouvernement puisque seulement trois pour cent des prestataires de la Sécurité du revenu sont enquêtés. » Il précise que statistiquement, un échantillonnage de 13 627 (3 %) sur environ 453 779 prestataires représente, selon les lois de la statistique, un échantillonnage convenable. Il mentionne que les sondages d’opinion publique se font avec un échantillonnage de 1 000 à 1 500 personnes pour donner une idée de la tangente politique d’une province de sept millions d’habitants.

En ce qui concerne le manque de rigueur, les propos fallacieux et inexacts, le mis-en-cause souligne que le plaignant n’a pas de leçon à donner à personne, lorsqu’il mentionne « qu’il avait oublié de dire que le ministère enquête des dossiers où il a une chance de prouver des anomalies ». Pourtant, précise le mis-en-cause, à la page 3, il y est cité la porte-parole du MESSF, Ève Desmarais, qui indique que « Les dossiers dont ils enquêtent viennent principalement de dénonciations qui sont faites par des proches de la personne visée par l’enquête. »

Il est tout aussi faux, selon le mis-en-cause, qu’il « ne caractérise même pas la gravité des anomalies », puisque encore à la page 3, Mme Desmarais mentionne que « Plus souvent qu’autrement, la faute reprochée en est une de mauvaise foi comme on dit. Ce n’est pas que les gens travaillent au noir, même si ce groupe représente cinq à 10 pour cent de nos enquêtes, mais plutôt des gens qui vivent ensemble et qui ont omis de le déclarer à la Sécurité du revenu. »

Le mis-en-cause souligne qu’il est loin de manquer de respect pour les assistés sociaux, mais il n’en reste pas moins que peu importe la gravité des infractions relevées par le MESSF, les anomalies aux dossiers des assistés coûtent 78 millions aux contribuables québécois. Il ajoute que c’est presque aussi honteux qu’un scandale de commandite de 100 millions... sauf que dans le cas des assistés sociaux, c’est récurrent, bon an mal an. Il ajoute que ce n’est pas lui qui le dit mais le gouvernement.

Il termine en ajoutant qu’il trouve cette plainte farfelue et que le Conseil a tous les motifs de la rejeter.

Commentaires de Richard Desmarais, éditeur

M. Desmarais mentionne que le journaliste a écrit son article à partir de faits et de statistiques existantes et qu’il a aussi fait comme tout citoyen raisonnable pouvait le faire, une extrapolation des chiffres officiels en indiquant bien que l’enquête gouvernementale ne portait que sur une partie des bénéficiaires. D’après M. Desmarais, le journaliste n’a rien à se reprocher.

Selon M. Desmarais, la série à succès « Les Bougon » fait état de certains comportements de la part de profiteurs du système et certains d’entre eux sont des bénéficiaires de l’aide sociale, ajoute-t-il. Donc, où est le mal pour un journaliste d’en parler, de constater et même de juger certains comportements condamnables? À moins que ceux qui leur reprochent de le faire souhaitent tout simplement que le silence serve à camoufler les abuseurs que le plaignant semble vouloir représenter et défendre! Belle attitude sociale, si c’est le cas, souligne-t-il.

Loin d’eux l’idée de mettre tous les bénéficiaires de l’aide sociale dans le même panier, « ce que tout lecteur intelligent du magazine Allô! pouvait comprendre », explique le mis-en-cause. Mais en même temps, précise-t-il, ils ne sont pas obligés de se comporter en aveugle silencieux comme le plaignant souhaiterait que le reste de la société le fasse.

Selon M. Desmarais, le plaignant a le droit de s’exprimer et ils sont prêts à l’écouter. Mais de là à reconnaître qu’il représente tous les bénéficiaires de l’aide sociale et qu’ils auraient dû le contacter avant « d’exercer leur profession », « c’est un peu prétentieux de la part du plaignant ».

Le mis-en-cause, conclut en précisant que le Conseil a tous les motifs pour rejeter cette plainte qu’il qualifie de farfelue.

RÉPLIQUE DU PLAIGNANT

Le plaignant n’a soumis aucune réplique.

DÉCISION

En ce qui a trait à la nouvelle et au reportage, les médias et les professionnels de l'information doivent s'en tenir à rapporter les faits et à les situer dans leur contexte sans les commenter. Quel que soit l’angle de traitement retenu pour une nouvelle ou un reportage, les médias et les journalistes doivent transmettre une information qui reflète l’ensemble d’une situation et le faire avec honnêteté, exactitude et impartialité.

Au premier grief, le plaignant reproche au journaliste d’avoir donné une information non pondérée, sensationnaliste, inexacte, non rigoureuse et fallacieuse, par le biais de données partielles tirées des statistiques du Ministère de l’emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille (MESSF) qui laisserait entendre que la majorité des personnes assistées sociales seraient des fraudeuses. Le journaliste rétorque qu’il a utilisé des statistiques provenant du MESSF et que ses propos ont été corroborés par une porte-parole de ce ministère.

Après analyse, le Conseil considère que l’ensemble des données comprises dans l’article en cause apparaissent conformes aux faits, à l’exception toutefois d’une extrapolation fallacieuse de l’auteur laissant entendre que les fraudes devraient être « 30 fois le montant mis de l’avant par le gouvernement puisque seulement 3% des prestataires de la Sécurité du revenu sont enquêtés ».

Au deuxième grief, le plaignant estime que le journaliste, par ses titres et photos et sa comparaison avec la télé-série « Les Bougon », démontre un manque total de respect envers les personnes assistées sociales. Le journaliste considère que le plaignant semble être beaucoup plus motivé par la justification de subventions que par une défense propre des droits des assistés sociaux.

De l’avis du Conseil, l’amplification de certains titres et l’ajout de photos de la télé-série « Les Bougon » tout au long de l’article accentuent les anomalies relevées et contribuent ainsi à renforcer les préjugés et stéréotypes envers les personnes assistées sociales. Le Conseil tient à préciser que les médias doivent faire preuve de circonspection afin de ne pas juxtaposer illustrations et événements qui n’ont pas de lien direct entre eux et qui risquent ainsi de créer de la confusion sur le véritable sens de l’information transmise pour ainsi éviter le sensationnalisme et veiller à ce que les manchettes, titres et photos ne servent pas de véhicules aux préjugés et aux partis pris.

Le troisième grief relevé concerne « l’appel à la dénonciation ». À la fin du reportage, dans un encadré, on peut y lire la phrase suivante : « Vous connaissez des Bougon? Dénoncez leurs magouilles! ». Le Conseil n’est pas sans s’étonner de cette invitation à la délation lancée aux lecteurs du magazine. Poursuit-on ici un objectif journalistique parfaitement légitime? Le Conseil émet quelque doute à ce sujet et invite la direction du magazine à la plus grande prudence, de manière à ne pas porter éventuellement atteinte à la réputation de personnes sur la base de dénonciations plus ou moins fondées et non vérifiables, et cela même si le magazine Allô! allègue ne pas avoir l’intention de « dénoncer ces gens aux autorités ».

Pour l’ensemble de ces raisons, le Conseil de presse retient la plainte contre le journaliste Patrick Mahony et le magazine Allô!.

Robert Maltais,
Secrétaire général
Au nom du Comité des plaintes et de l’éthique de l’information



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