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" le progrès, un moyen au service de l’homme. "Louise-Ann Maher, Mardi, Mai 11, 2004 - 14:38 (Analyses)
Alex Khan
le progrès n'est pas une fin, ni un moyen pour s'accaparer de toutes les richesses, le progrès est un moyen pour améliorer la vie des humains. Axel Khan Directeur de recherche à l’Inserm, directeur de l’Institut Cochin, directeur de l’IFR Alfred Jost. La devise du philosophe positiviste Auguste Comte figure encore aujourd’hui inscrite sur le drapeau brésilien : " Ordem y Progresso ", le progrès comme but et l’ordre comme moyen. La foi en les promesses de ce " pas collectif du genre humain ", comme Victor Hugo le chantait en des poèmes lyriques, est alors partagée, et cela en réalité depuis les hommes des Lumières du XVIIIe siècle, par toutes les forces qui se réclament de la libre pensée, de la République, de la démocratie et des luttes populaires. Il est émouvant de relire les déclarations de la révolutionnaire Louise Michel face au tribunal qui va la condamner à la déportation en Nouvelle-Calédonie pour sa participation active à la Commune de Paris. Institutrice, elle s’est donnée corps et âme à l’éducation des défavorisés dans les quartiers populaires, avant que de participer au combat sur les barricades parisiennes. Louise Michel lance à ses juges le défi de son espoir en un monde où, le peuple ayant eu accès au savoir, brisera ses chaînes et préparera un monde nouveau et solidaire. Il s’agit là si évidemment de l’élément central des convictions de tous ceux qui sont engagés dans le combat social et républicain qu’ils se définiront eux-mêmes comme appartenant au camp des hommes de Progrès. Le terme progressiste deviendra d’ailleurs synonyme de partisan de ces luttes ; les progressistes seront des femmes et des hommes de gauche. L’Humanité, le journal de Jaurès, se situait bien entendu, à sa naissance, au céur de cette mouvance. Or, un siècle après, le bilan est bien différent de ce qu’en espéraient ces femmes et ces hommes généreux et engagés. L’éducation a fait des progrès remarquables dans presque toutes les régions du monde, au moins dans tous les pays d’un certain niveau de développement et, pourtant, ni la violence, ni l’égoïsme n’ont diminué, quel qu’ait été le régime politique de ces nations. Dans d’autres contrées, l’accès à la culture continue d’être un combat d’actualité. Cependant, les dix-neuf jeunes hommes de l’attentat sanglant du 11 septembre à New-York, issus de ces régions, n’appartenaient pas aux couches défavorisées de leurs peuples. Bien au contraire, ils avaient tous eu accès à un enseignement supérieur dans de grandes universités occidentales. A l’évidence, cela n’a pas suffit à faire naître en eux l’amour de l’Autre et de la liberté. Quant au Progrès scientifique et technique, tout à fait remarquable durant les 100 dernières années et dont les bienfaits ne peuvent être niés, ils ont aussi été à la source de nouvelles contraintes et de nouveaux dangers. Aujourd’hui, peu nombreux sont de ce fait ceux qui manifestent une confiance absolue en un avenir radieux. Les plus optimistes reconnaissent que le futur est, pour le moins, incertain. Certes, la plupart des enfants échappent aujourd’hui à une mortalité périnatale qui restait redoutable il y a 100 ans, les femmes ne meurent pratiquement plus en couche et ont acquis la maîtrise de leur fertilité. Dans les pays développés, l’espérance de vie à la naissance a pratiquement doublé en 100 ans, quoiqu’elle reste à peine améliorée en d’autres zones défavorisées telle que l’Afrique noire. La dimension physiquement pénible du travail a diminué, pour trop souvent laisser place à une pression psychologique devenant aujourd’hui souvent intolérable. Le mythe d’un progrès industriel générateur de bien-être et d’émancipation sociale a eu des conséquences écologiques dramatiques, dans les pays du camp socialiste comme dans le reste du monde. Des citoyens peuvent dialoguer à 20.000 kilomètres de distance, ouvrant la voie à la constitution de communautés en réseaux mondiaux. Cependant, les mêmes canaux de cette société de la communication et de l’information véhiculent en permanence, et là encore dans le monde entier, des appels à l’exclusion, à la haine, au meurtre.. Enfin, l’un des fleurons du progrès technique se manifeste toujours par le perfectionnement des armes qui constituent un efficace moyen de domination.
http://www.humanite.presse.fr/journal/2003-10-14/2003-10-14-380633
L'article au complet, sur le site d'Humanité
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