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Événements des 11-12 janvier à KanehsatakeAnonyme, Jeudi, Avril 1, 2004 - 02:42 (Reportage ind. / Ind. news report | Aboriginal Nations | Imperialism | Politiques & classes sociales | Racism | Repression | Resistance & Activism)
Ross Montour
L’arrivée à Kanesatake de forces policières de l’extérieur déclenche une criseJames Gabriel est accusé d’ « inciter à la guerre » Publié originellement en anglais dans le journal de Kahnawake `The Eastern Door’. Reproduit avec autorisation. Traduction par le Mouvement de solidarité avec les peuples autochtones/Indigenous People Solidarity Movement, i...@resist.ca. Une force policière de 60-65 (ndt 67) officiers en provenance de 18 communautés autochtones du Québec envahissant Kanehsata:ke a ravivé la discorde sur le territoire mohawk cette semaine (ndt semaine du 12 janvier). Les résidents en colère ont accusé le Grand Chef James Gabriel d’ « inciter à la guerre » en faisant ainsi appel à la force. Bien que, officiellement, la crise se soit terminée de manière pacifique mardi soir, l’action policière a tellement mis le feu aux poudres pour un certain nombre de protestataires qu’ils ont saccagé sa maison, fracassé les fenêtres et vandalisé une automobile stationnée dans sa cour, avant de mettre le feu au tout. Première journée : Après qu’une confrontation surgisse autour de l’enjeu du contrôle de la station de police mohawk de Kanesatake et que des tentatives soient faites par le contingent policier mené par Terry Isaac, l’homme que James Gabriel a choisi en tant que chef de police, de déloger des membres de la Commission de police mohawk de Kanehsata:ke du bâtiment, Isaac et ses officiers sont réduits à se barricader dans le bâtiment. Néanmoins, l’arrivée de la force policère n’était pas inattendue – tôt la semaine passée, près de 50 membres de la communauté en colère ont envahi les bureaux du Conseil de Kanehsata:ke après avoir appris qu’une entente, disent-ils, avait été signée en secret par James Gabriel et Peter Fisher, directeur général du Directorat de la police autochtone du bureau du Solliciteur général du Canada le 13 novembre 2003. D’après les chefs Pearl Bonspille et John Hardin, des adversaires du Grand Chef, ils avaient appris d’une source sûre que, après que l’entente ait été signée, James Gabriel avait appelé les chefs de police d’un certain nombre de communautés pour participer à un raid massif, possiblement contre les vendeurs de cigarettes établis sur le territoire. Ils disent que lorsque Gabriel fut confronté la semaine passée, il refusa de donner quelque détail que ce soit au sujet de la nature et l’étendue de l’entente. D’après Hardin, Gabriel refusa aussi de donner une réponse claire quant à savoir si l’action policière allait être dirigée contre les marchands de cigarettes. Néanmoins, l’on rapporte qu’il a déclaré que soit les vendeurs allaient se contrôler d’eux-mêmes, soit il aller le faire à sa façon. Pendant ce temps, Gabriel a semblé vibrer à un diapason différent lorsque parlant aux médias traditionnels. La résolution du Conseil de bande mentionne aussi que Ross doit être réintégré dans ses fonctions en tant qu’assistant chef de police qu’Isaac est nommé Chef de la police de Kanehsata:ke. Les réintégrations de Ross et Isaac, à elles seules, furent la goutte qui fit déborder le vase pour plusieurs dans la communauté, d’après ce que racontent plusieurs protestataires. Isaac a aussi fait mention du problème de la drogue. Issac dit que lorsque lui et Ross dirigeaient la police de Kanehsata:ke, la force policère avait fait des saisies de marijuana de l’ordre de 8 millions de dollars. « Depuis 2001, rien n’a été fait », argumente Isaac. Le retour d’Isaac et de Ross signifie le renvoie de Tracey Cross du poste de Chef de police. Mavis Etienne, une porte-parole de la Commission de police de Kanehsata:ke, a défendu les réalisations de Cross. Etienne a dit que la communauté a été calme, que le taux de criminalité était bas car les gens travaillent, en partie grâce au commerce des cigarettes. « Jimmy (Gabriel) ne pouvait pas le supporter. Il ne pouvait pas supporter [le fait qu`] il ne pouvait contrôler Tracey ou cette commission – voilà pourquoi il a fait ça ». Ce n’est qu’une interférence de Jimmy de plus », a-t-elle dit. Cross aussi a défendu ses réalisations. Le taux de criminalité baissé de 75 % durant la période où il menait la barque, affirme-t-il. Bien que démi de ses fonctions de Chef de police, Cross insiste qu’il restera en place. « Mon souci est pour la sécurité et le bien-être de cette communauté », a déclaré Cross lundi soir. « Ces gens (Isaac et Ross) sont plus mortels que les policiers de l’extérieur » a affirmé une personne, en faisant référence à la Sécurité du Québec (S.Q.) et à la Gendarmerie Royale du Canada (G.R.C.) « Il y a des tireurs d’élite dans et hors du bâtiment. Ce n’est pas joli à voir » a dit Cross. Etienne a aussi accusé Gabriel de violer l’entente de police en passant outre la Commission. Elle et Bonspille ont dit que seul le Chef de police, en conjonction avec la Commission de police, a l’autorité nécessaire pour faire appel à un support policier extraordinaire en vertu de l’entente policière de Kanehsata:ke. Isaac, toutefois, a contredit ce point de vue. Il prétend qu’il est stipulé clairement dans l’entente policière que le Conseil mohawk de Kanehsata:ke a l’autorité ultime pour agir lors de tels événements. Les critiques de Gabriel ont aussi mentionné d’autres inquiétudes à propos de la résolution du Conseil de bande. Le document, qui porte aussi les signatures des chefs Clarence Simon, Doreen Canatonquin et Marie Chéné, fut signé le 2 janvier 2004. Ils ont noté que le bureau du conseil de bande était fermé cette journée-là et que, en conséquence, c’était une document illégal car il n’avait pas été produit lors d’une réunion dûment programmée. Bonspille et ses collègues chefs, qui s’opposent à Gabriel, ont dit que le peuple « en a au assez des ententes secrètes de James. Il est le seul qui trouble la paix ici ». Tôt lundi soir, comme les protestaires étaient rassemblés autour d’un feu, un groupe d’environ 20 policiers, se placèrent en position sur deux rangées, en habit anti-émeute de pied en cap. Il semblait alors qu’ils étaient sur le poids d’initier une action contre les protestataires. Au lieu de ça, des canettes de gaz lacrymogène furent lancés en direction des protestataires de l’autre côté de la barrière verrouillée qui entoure le stationnement de la station de police. Des protestataires et des représentants de médias s’éloignèrent des fumées caustiques. Peu de temps après, une deuxième salve fut tirée. Des protestataires en colère lancèrent des morceaux de bois brûlant par-dessus la barrière en guise de réaction. Peu après 19h00, un grand nombre de protestataires commença à envahir la route. Une femme qui demande à quelques uns des hommes de s’en revenir est interrogée quand à la destination de la foule. Elle répond simplement : « Ils s’en vont à la maison de James ». La maison de Gabriel est la proie des flammes à peine une demi-heure plus tard. Bien qu’un contingent de la SQ est censé être en route vers la station de police « pour prendre les choses en main », il ne matérialisera jamais, et les tensions demeurèrent élevés jusqu’à tard dans la soirée. De retour dans le bâtiment, Isaac a déclaré à « The Eastern Door » et à Regan Jacobs des Productions Loud Spirit qu’il a été en contact avec le Chef des Peacekeepers de Kahnawake John K. Diabo dans un effort pour garanti du support. Bien que barricadé dans le bâtiment, Isaac était au courant du brasier. Isaac met en valeur la destruction de la maison du Grand Chef qui a déguerpi comme preuve du besoin d’un fort contingent de policiers de l’extérieur. Il a déclaré aux journalistes qu’il a aussi gardé contact avec Gabriel et a confirmé que le contact avec les agences policières de l’extérieur est en cours. « Ce soir, nous ne faisons qu’attendre – nous nous entretenons avec d’autres organisations policières. Mais c’est très fluide maintenant ». Bien que Gabriel ait parlé aux médias du besoin de contrôler les drogues et les « cigarettes illégales », Isaac a dit : « Je peux vous assurer que nous ne sommes pas ici pour les magasins de cigarettes . Nous avons une résolution du Conseil de bande nous autorisant à réintégrer Larry Ross et à voir à ce que la paix et la sécurité dans la communauté soient restaurés, car la police n’a pas été à la hauteur. » Isaac a ajouté qu’ « il y a beaucoup de membres de la communauté qui veulent que nous restions. Depuis que j’ai quitté, de nombreuses personnes m’ont appelé à la maison pour me demander de revenir. Nous ne sommes pas ici pour se battre avec la communauté. Nous voulons simplement commencer à patrouiller dans la communauté pour garantir sa sécurité. » Interrogé au sujet du lieu où pourrait se trouver Gabriel et s’il pouvait être contacté pour commentaires, Issac a répondu qu’il ne pouvait révéler cette information mais a accepté de prendre la carte du journaliste et de transmettre cette demande pour commentaires à Gabriel. Isaac n’est pas le seul qui ait contacté John K. Diabo. Bonspille et Cross aussi ont dit qu’ils avaient été en contact avec lui. Ils espéraient qu’il puisse agir en tant que médiateur. A l’extérieur, près du feu, un protestataire exprime sa colère. « Les gens sont frustrés. Ils en ont eu assez que Jimmy mettent leurs vies en danger. Les gens ne veulent pas que ce &%?$/ revienne – il ne reviendra pas. S’il n’en tient qu’à nous, il est banni. C’est toujours la même histoire d’entente secrète avec lui. Les fédéraux l’adore car il est prêt à signer tout ce qu’ils lui demanderont de signer – mais bon, à quoi peut-on s’attendre, c’est Jimmy ». Et comme les températures extérieures continuèrent de sombrer, les protestataires se rassemblèrent près du feu ou dans les automobiles en préparation à la longue nuit les attendant. Journée No. 2 Le Chef Diabo des Peacekeepers de Kahnawake est contacté mardi, pendant que les journalistes du « Easter Door » sont en route vers Kanehsata:ke. Il confirme que les deux côtés l’ont contacté et qu’on lui a demandé de servir de médiateur entre les deux groupes. Diabo révèle aussi qu’il a été en contact avec le Chef de police d’Akwesasne, Louis Mitchell. Bien que Diabo n’est pas tenté de servir de médiateur, il dit qu’il attend de savoir quel rôle lui et les Peacekeepers de Kahnawake pourront jouer pour mettre résoudre la crise. Plus tôt dans la journée, une source révèle que le Grand chef de Kahnawake Joe Tokwiro Norton, accompagné des membres du Conseil mohawk de Kahnwake, jouait le rôle principal dans la mise au opint d’une résolution pacifique à l’impasse de Kanehsata:ke. « Je peux vous dire, officieusement, que le Grand Chef est l’un de ceux qui fait les appels téléphoniques à tous les partis en présence pour essayer d’amener une résolution pacifique », nous confie la source. Peu de temps après être arrivé à Kanehsata:ke, un individu, qui répand l’information que le ministre de la Sécurité publique du Québec tient une conférence de presse au Sheraton de Laval, approche « The Eastern Door ». La conférence de presse va impliquer une annonce au sujet de la résolution de la crise, dit-il. En attendant que la conférence de presse début, les chefs du Conseil Mohawk de Kanehsata:ke Lindsay Leborgne, Kaniatariio Gilbert, Tiorakwathe Gilbert et Marvin Zacharie entrent dans le lobby. Le chef Mike Bush, Billy Two Rivers, Alwyn Morris, Joe Delaronde et le Grand Chief Norton les rejoignent bientôt. Norton et l’entourage du CMK ont passé la journée en conférence avec les membres de la Commission de police de Kanehsata:ke Mavis Etienne, Susan Oke and Barry Bonspille. Vers la fin de la journée, on aboutit à un entente à trois volets. Cette entente est rendue publique à la conférence de presse où le ministre de la sécurité publique Jacques Chagon est présent. Ce plan, apprend-on, implique l’arrivée d’une force combinée Kahnawake-Akwesasne sous la direction de J.K. Diabo à Kanehsata:ke autour de 22h00. Bien qu’Isaac demande que lui et ses collègues officiers soient autorisés à quitter de leur propre volonté, les protestataires insistent pour qu’ils attendent et bloquent la sortie avec leurs camions jusqu’à ce que les Peacekeepers arrivent. Des délais dans l’arrivée des Peacekeepers de Kahnawake signifient qu’Isaac et son entourage ne peuvent quitter avant minuit passé. Alors que les véhicules bordent la route et que les Peacekeepers escortent Isaac et son entourage sur leur départ, il y a peu de place pour la jubliation. À l’intérieur de la station de police, les chefs de Kanehsata:ke et les membres de la commission de police expriment leur gratitude au peuple de Kahnawake et Akwesasne pour leur aide dans la résolution pacifique de la crise. Ce furent deux longues, très froides journées, à Kanehsata:ke et pour le moment tout le monde ne veut qu’une bonne nuit de sommeil bien au chaud. Le travail de longue haleine pour mettre fin à la mésentente déchirant Kanehsata:ke peut bien attendre au lendemain matin.
Journal de Kahnawake
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